En passant, un petit article sympa issu du NY Times, sur le Koen de LV. Dommage, je n'ai pu récupérer la photo de Futeno avec son pastrami... elle était édifiante...
Enjoy !
Las Vegas au cœur de la folie sumo
Par Jenny Hontz
Futeno a passé des années à construire sa carcasse de sumotori de 160 kilos à base de repas surprotéinés et de siestes après les repas. Mais en explorant les curiosités – et la cuisine – du Strip à Las Vegas, la semaine dernière, il s’est rendu compte qu’il n’était pas de taille face au sandwich au Pastrami du Carnegie Deli.
Kasugao et 37 autres sumotori ont participé ce week-end à Las Vegas au premier événement majeur du sport aux Etats-Unis depuis vingt ans.
L’Est face à l’Ouest
« C’est aussi la taille pour les Américains ? » demande le lutteur, qui doit se résoudre en fin de compte à partager la pile de viande et de pain avec un autre poids lourd qui l’accompagne au Mirage. « Bien sûr que c’est trop gros ».
Futeno fait partie des 38 rikishi – chevaliers de la lutte – à se présenter à Las Vegas pour le premier Grand Championnat de Sumo à se tenir depuis vingt ans aux Etats-Unis. L’exhibition, qui s’est tenue au Mandala Bay Resort and Casino durant tout le week-end, a rassemblé près de 25000 spectateurs sur les trois jours.
Les spectateurs américains présents – un savant mélange de fans purs et durs et de néophytes venus par curiosité – ont tapé du pied et encouragé les hommes forts qui, revêtus de leurs ceintures appelées mawashi, entrechoquaient leurs chairs nues dans d’explosifs corps à corps.
Ils ont sifflé d’admiration quand les lutteurs frappaient leurs ventres, se penchaient en avant et fonçaient l’un contre l’autre. Et ils ont sursauté quand Asashoryu, e yokozuna, ou grand champion de sumo, s’est fait battre en finale par deux lutteurs différents vendredi et samedi soir. Il est revenu pour l’emporter dimanche, mais certains fêtent encore ses défaites.
« c’était sympa de voir le yokozuna mordre la poussière » dit Tal Ronnen, 30 ans, un fan de longue date qui a fait le voyage de Norfolk pour voir le sport national japonais en live pour la première fois.
« en fait, pouvoir entendre le choc des corps est prodigieux » ajoute M. Ronnen, qui n’a jusqu’alors pu voir des compétitions que sur le web.
Les lutteurs font encore plus de raffut en dehors de l’arène.
Des touristes pourtant accoutumés au carnaval de Las Vegas restent cois et s’arrêtent pour prendre des clichés des rikishi flânant dans le casino en kimono, les cheveux tirés en arrière et rassemblés en chignon.
« C’est complètement surréaliste de se balader dans l’hôtel et de voir ces gars assis aux tables de black jack ou faisant la queue au buffet » nous dit encore M. Ronnen.
Les rikishi ont passé le plus clair de leur semaine à Vegas à aller aux spectacles (dont l’un est « Zumanity », spectacle pour adultes du Cirque du Soleil), à draguer les hôtesses et à claquer des milliers de dollars en sacs Vuitton aux boutiques du Caesar Palace.
Ils ont fumé, bu, joué au poker et aux machines à sous – une entorse radicale à leurs strictes conditions d’entraînement au Japon, où les rikishi vivent dans des chambres collectives et se lèvent à cinq heures du matin pour cinq heures d’entraînement avant un solide repas de midi composé de chanko-nabe, un ragoût très protéiné.
« Je n’ai pas fait un seul entraînement ici », déclare Iwakiyama, un lutteur de 170 kilos venant de gagner 100 dollars à la roulette avant d’aller faire des emplettes à la boutique Coca-Cola. « J’ai pris un caleçon Coca – le plus grand ».
Une foule de chasseurs d’autographe se rue sur Iwakiyama alors qu’il déambule à travers les couloirs du Mandalay Bay après le tournoi.
« Il est si beau, il me fait chavirer le cœur », nous dit Sally Young, 57 ans, qui vient d’assister au tournoi avec ses deux grandes filles. « Toutes les deux, elles avaient l’habitude de me taquiner avec ça, ‘Maman, tu regardes des gars en couches-culottes’. Maintenant, elles en pincent ».
Au Japon, les lutteurs de sumo sont considérées comme des superstars sexy, au même titre que Michael Jordan, nous dit Kurt Bakken, de Napa, Californie, qui fut professeur d’anglais au Japon. « ils sont vénérés ».
Mais Futeno, qui a fait le voyage en compagnie de groupies du sumo, nous dit que les Américains l’ont plus considéré comme une curiosité qu’une célébrité.
Au milieu des rues, les sumotori cadrent bien avec l’ambiance ‘plus c’est gros meilleur c’est’ qui règne aux buffets de Las Vegas. Bien des touristes américains apparaissent comme plus enrobés – et portent des assiettes plus remplies – que les rikishi eux-mêmes.
Bien que les chefs cuisiniers du Mandalay Bay aient pris soin de stocker force riz japonais, soupe de miso et radis marinés, les plats made in US se sont avérés en fin de compte bien plus appréciés des lutteurs.
« Je pensais qu’ils resteraient vraiment sur la nourriture asiatique », déclare Sean DiCicco, chef cuisinier du Mandalay Bay, « mais ces gars ont eu la main sacrément lourde sur la bidoche ».
Entre temps, Futeno s’est bien mieux débrouillé au poker à trois cartes que sur le dohyo lui-même. « J’ai gagné 3000 dollars », dit-il. « la chance des débutants ».
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