Alors, je sens que je vais encore créer une polémique, mais tant pis, allons-y : abordons le thème épineux que je souhaite consacrer à la très controversée Makiko Uchidate !
Makiko Uchidate est cette écrivaine japonaise, auteur dramatique, qui devint, en septembre 2000, la première femme à devenir membre du conseil de délibération des yokozuna et pouvoir décider donc de l'élection d'un yokozuna et de s'assurer que son comportement et ses résultats sont dignes de son rang. Or, Mme Uchidate a fait beaucoup parler d'elle à plusieurs reprises !
Elle a par exemple pris le contre-pas du gouverneur d'Osaka qui est une femme à tendance libérale et qui souhaite que les femmes puissent enfin marcher sur un dohyo, ce que la religion shinto ne permet pas du fait de l'impureté considérée de la femme. Mme Uchidate est très conservatrice, comme la plupart des gens de la Kyokai et elle a donc eu des positions diamétralement opposées à la gouverneur Fusae Ota que voici en photo :
Ainsi, Mme Uchidate a déclaré dans Asahi, journal libéral proche des opinions de Mme Ota :
"The rule banning women from the sumo ring belongs to the domain of traditional culture, it does not constitute a case of sex discrimination against women in the modern sense."
de même qu'elle déclara ailleurs également à peu près la même chose, à savoir :
"It's a natural decision, based on trying to preserve the traditions. It has nothing to do with sex discrimination. This is a problem of different order."
Il ne faut donc pas, d'après Mme Uchidate, considérer le bânissement des femmes du dohyo, dans le sens moderne de discrimination, et que celà rentre dans le domaine de la culture traditionnelle.
(autrement dit, c'est de la vieille discrimination religieuse et pas de la discrimination moderne, donc ça va)
Je fais de l'humour !
Mme Uchidate a même surenchéri plus tard :
"If we let conventions like this fall to pieces, it'll only mean women in their high heels will be up there fighting on the dohyo."
Plus récemment, elle a beucoup critiqué Asashoryu, ce qui est déjà plus dans son rôle, en tant que membre du conseil de délibération des yokozuna et condamné son comportement et revendiqué le besoin de protéger les valeurs japonaises du sumo qui trouvent leurs racines dans le shintoïsme.
"Sumo is not merely a Western-type competitive sport, it is a game that has a sense of beauty of the Japanese in its core, with a competitive factor and a religious factor. A yokozuna has to keep them completely."
On apprenait d'ailleurs qu'elle avait été reçue à l'Université de Tohoku Graduate School au printemps 2003 pour faire un "master degree" en littérature. Sa thèse porterait sur "la théologie Yokozuna" et elle chercherait en premier à développer pourquoi les femmes n'ont pas le droit d'être sur un dohyo depuis une perspective théologique.
"I understand Ms Uchidate's research objective is to identify the relationships between Sumo and Shinto rituals and then to delve further into the reasons from an academic point of view for such subject matters as Sumo barring women from the dohyo. I am hoping that she learns the theology from the basic level just like all of the other students do," déclarait le Professeur Iwayumi Suzuki de cette Université, au Département des études théologiques.
Makiko Uchidate est originaire d'Akita Prefecture et elle est diplômée de Musashino Fine Arts University. En 1992 son scénario sur le sumo, "Hirari", avait été sélectionné comme série dramatique du matin parmi les plus populaires sur la NHK TV.
Il y a eu l'affaire d'Asashoryu portant une queue de cheval à l'aéroport, au lieu du classique chon-mage, qui la fit bondir :
"I think there are several things I have to ask Takasago at the next deliberation council meeting. If Asashoryu says he didn't know he wasn't allowed to wear a suit, that would mean a lack of training from his stable master."
"If he continues to cause misunderstandings in a way resembling crimes of conscience, the remaining responsibility lies with his stable master and the sumo association"
Source: Mainichi Shimbun, Japan, Jan. 19, 2004
Bon, sincèrement, je me place généralement du côté des conservateurs et pas des libéraux comme Mme Uta qui veulent sans cesse réformer et le sumo n'a pas besoin d'être autant réformé. (elle est favorable à la libéralisation du sumo dont la présence massive de gaijins dans le sumo) Il est très bien comme il est, le sumo, je trouve. Bon, concernant les femmes comme êtres impurs, je pense qu'il ne faut évidemment pas lire les textes shinto au pied de la lettre, tout comme il faut du recul quand on lit le coran ou la bible au pied de la lettre. Les prophètes de toutes les religions ont donné des lignes directrices et toutes les principales religions actuelles sont respectables mais quand on prend du recul pour les réfléchir, les méditer, et ne pas leur obéir au pied de la lettre car depuis leur écriture par des prophètes qui transmettaient des inspirations divines, dans leur pensée à eux, les prophètes de l'époque, le monde a bougé et il faut prendre du recul sur les textes, et ce, dans toutes les religions, et c'est mon opinion.
Il y a des musulmans et des catholiques tolérants, des shintoïstes intelligents et conscients des réalités et s'ils en sont encore à appuyer le fait que la femme soit impure, c'est vraiment dommage de continuer de véhiculer ça dans la religion shinto et à fortiori, dans le sumo. Enfin, je ne voudrais pas créer un consensus là-dessus et si des fans ont l'avis contraire, merci de l'exprimer et de l'argumenter.
Je ne juge aucune religion en elle-même mais son interprétation.
De même qu'elle n'y va pas avec le dos de la cuillère avec Asashoryu. Même si elle a en partie raison sur l'attitude du yokozuna, et que j'apprécie Mme Uchidate pour ce qu'elle tente de représenter, c'est à dire, une personne conservatrice et garante des traditions, je pense qu'elle aurait dû, en cette période délicate pour le sumo, ménager un peu un yokozuna qui porte à bout de bras le sumo, tant il domine en qualité.
Mais bon, là encore, je ne saurais créer un consensus et tous les avis sont évidemment défendables. Car Asa a sa part de culpabilité, il est vrai, mais de grandes qualités également.
Je réponds donc "Je suis partagé." en attendant de voir ses décisions et propos futurs.
Je reste étonné qu'elle veuille être plus royaliste que le Roi en tant que femme qui maintient aux femmes l'interdiction de pénétrer sur un dohyo.
C'est un personnage intriguant, cette madame Uchidate, elle mérite assurément ce post !
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