Les plus

- Un basho passionnant et suivi : le musubi-no-ichiban, et surtout l'exceptionnel combat de kettei-sen (mais peut-on parler d'exception tant les combats entre les deux yokozuna sont toujours de grands moments...) ont été le pinacle d'un basho qui a bien fonctionné. La rivalité entre les deux yokozuna mongols – qu'il faut définir par « le feu contre la glace » plus que par « méchant/gentil yokozuna » a permis au sumo de retrouver des audiences et des fréquentations qu'il n'avait pas connus depuis quelques temps. On n'est pas au niveau du basho de retour remporté par Asashoryu en janvier, mais on n'en est pas loin. 31.7% d'audience pendant le kettei-sen, 23.7% de moyenne, à comparer avec 36.7 et 27.1 au Hatsu 2009. Au total, huit jours ont vu monter la bannière qui annonce « salle comble ». Même si la période de vacances au Japon s'y prêtait, cela incline à l'optimisme...

- Asashoryu bel et bien de retour : Vif, puissant, faisant preuve d'un exceptionnel esprit d'adaptation en modifiant parfois son sumo jusqu'à combattre presque contre nature (combat d'épuisement face à Kaio iirc), Asashoryu a en sus montré lors du kettei-sen que ses ennuis de coude gauche, en dépit du strap, sont peut-être bien derrière lui, au vu de ce seul combat mené quasi de bout en bout sur son bras censément blessé. Un bémol, cependant, mais qui ne le concerne pas lui-même : comme à la grande époque où il dominait de la tête et des épaules et tout seul, on peut s'interroger sur les aptitudes de la concurrence face à un yokozuna dont le keiko d'avant-basho a été clairement remarqué comme nettement insuffisant aux standards habituels. Soit la concurrence est vraiment faible, soit Asashoryu a caché son jeu de brillantissime façon.

- Hakuho n'est pas en reste : S'il confirme une fois de plus une (rare) faiblesse dasn son sumo, soit sa capacité à gérer les combats « winner takes all » de kettei-sen (il en a perdu une large majorité jusqu'ici), Hakuho montre toutefois globalement en honbasho une régularité de montre suisse. Il a d'ailleurs battu un record qui n'a pas fait beaucoup de bruit : Hakuho est devenu le premier lutteur de l'histoire à ne pas concéder plus d'une défaite en honbasho sur cinq basho consécutifs. C'est dire sa régularité, d'autant qu'il n'était clairement pas au top (blessure à l'épaule confirmée ce jour). Il est actuellement au niveau qu'avait Asashoryu en 2007, et ne doit son score relativement inférieur en terme de tournois remportés cette année qu'à l'opposition sensiblement meilleure, avec Asashoryu et la surprise Harumafuji. S'il reste loin des blessures (ce qui est incertain, Asashoryu l'a bien montré), des sommets l'attendent, car on peine à voir un véritable nouveau rival émerger.

- Changement d'attitude vis à vis d'Asashoryu : Il avait déjà créé la polémique pour une gestuelle identique, les deux bras levés sur le dohyo. Le débat n'a pas sa place dans ce bilan, mais il convient de noter une certaine évolution dans l'attitude à son égard. Si madame Uchidate n'a pas changé d'un iota et lâche son venin sur le Mongol et son atitude selon elle déplacée, le président actuel du YDC, Tsuruta, a lui exprimé un certain soutien à Asashoryu, dont il est un fan reconnu. Or, Mme Uchidate quittera ses fonctiosn à la limite de son cinquième mandant de deux ans, en septembre 2010. Tsuruta a lui encore du temps devant lui. Les temps changent. Même Kitanoumi a refusé d'en faire toute une histoire.

- Baruto semble avoir acquis la maturité : auteur d'un 12-3 qui l'a vu battre les cinq ozeki présents sur le basho, l'Estonien entre en course pour un sixième poste à ce grade (ce qui serait une première dans l'histoire). Mais ce qui m'a impressionné le plus est qu'il semble avoir gagné en maturité tout en conservant sa puissance. Il ne s'est jamais précipité, mis à part contre Kakuryu où il a payé cash son péché d'orgueil de vouloir placer un tsuridashi dans le basho, alors que sa prise ne lui permettait pas de la faire dans des conditions optimales. Baruto a largement les moyens, s'il reste dans cet état d'esprit, de rééditer une performance identique. Il ne lui reste plus qu'un palier à franchir, le plus difficile : battre un yokozuna, exploit encore inédit pour ce qui le concerne.

- Quasiment tous les rikishi à 7-7 ont perdu au senshuraku : étrange de mettre ce fait en point positif, mais cela permet de mettre un peu de modération dans la polémique sur les « petits arrangements entre amis ». On verra plus loin que la question est différente pour ce qui concerne les ozeki.

- Kakuryu reviendra en sanyaku, après un basho superbe. Vif et physique, il progresse régulièrement et apprend très vite. A plusieurs égards, il me paraît semblable à Ama dans son évolution vers les sommets, peut-être même en plus rapide.

- Tochinoshin est auteur d'un basho bien meilleur qu'il n'y paraît au vu de son score brut. Souvent bien placé dans ses combats contre l'élite de l'élite, le Géorgien aura beaucoup appris durant ce tournoi, comme durant les dures séances de keiko subies contre Asashoryu et Hakuho, qui en avaient vanté les qualités. Son basho est meilleur que son homologue shin-joi Shotenro, qui est apparu assez dépassé, à l'exception de son exploit contre un Hakuho sans doute victime d'un gros péché d'orgueil.

- Goeido pourrait être placé en plus ou en moins, au choix. Côté plus, son score final de 10-5 qui va le replacer au portes des rangs sanyaku. Côté moins, une irrégularité contre certains adversaires pourtant à sa portée. Dans l'état actuel des choses, il risque fort de beaucoup souffrir en novembre.

- Je dirais quelque chose d'approchant de Wakanosato, dont le 10-5 est apparu toutefois poussif par moments face à une adversité du même acabit que lors de son yusho à 14-1 en juryo. Le banzuke a été clément en lui offrant une opposition de transition cette fois, les choses risquent de se compliquer pour lui au prochain tournoi.

- A l'instar de Goeido, Tochiozan a fait un très bon basho, avec le même bémol d'une opposition à sa portée. Hors des joi-jin au prochain basho, il pourrait bien aligner une deuxième performance analogue avant de véritablement tester ses limites actuelles. Basho solide également de Takekaze, qui se retrouvera au contact de la broyeuse des sanyaku en novembre.

- Hokutoriki et Bushuyama sont sans doute les deux surprises du basho. On savait Hokutoriki, un maître des dents de scie du banzuke, capable de produire un sumo de puissance propre à balayer la concurrence dans le marigot hiramaku. Il l'a confirmé, il fallait le faire quand même. Pour Bushuyama, c'est quand même nettement plus surprenant, au vu de son âge et de son parcours. Ceux qui le voyaient atteindre ses limites à son grade actuel en sont pour leurs frais. Difficile de savoir s'il connaîtra sa limite aux portes des joi-jin où il devrait être en novembre. Ilm a perdu l'occasion d'un sansho par la grâce d'un Aran retombé dans ses travers.

- Superbe tournoi en juryo, indécis jusqu'au bout comme bien souvent, avec des forces assez équilibrées. En tête une bonne partie du tournoi, Tamawashi, sa promotion acquise, baisse de régime et voit la meute revenir sur lui, avant de réagir et de s'éviter un dangereux kettei-sen au dernier jour. Au rayon des bonnes surprises, j'y ajouterai Okinoumi, qui semble enfin s'être adapté au haut niveau, et Toyozakura à un degré moindre.

- En minarai, en dehors de la performance de Gagamaru, qui a su profiter à plein d'une position préférentielle hors de la moulinette des makushita-joi qui se sont neutralisés entre eux, pour décrocher un zensho-yusho qui lui ouvre les portes du paradis, j'ai noté le basho de rêve de Kaisei, qui se trouvera à un classement inédit pour lui en novembre, et globalement de la « génération janvier 2009 », que j'ai déjà mentionnée dans mes chroniques minarai. A l'instar des « Quatre Fantastiques », dont deux sont sekitori aujourd'hui, il y a de futurs salariés dans cette promotion. Takarafuji devrait tenter sa chance dans quatre mois en principe.