Envoyé par
toonoryu
Le sumo n'est certes pas une religion, mais permets moi de penser qu'il est également plus qu'un spectacle sportif. Sinon, je ne vois pas bien pourquoi tant de gens qui s'intéressent à l'Ozumo ne montrent que peu d'enthousiasme envers l'Amasumo...
... j'ai raccourci pour alléger, mais il y a ici des arguments qui ne consistent pas à écraser ceux qui ne les partagent pas... Ce qui est fabuleux dans le sumo, c'est qu'il y en a pour tous les goûts. Il y a une dimension sportive, humaine et émotionnelle incroyable dans ce come-back d'Asashoryu. J'aurais tendance à voir que dans ce cas précis, il froisse la tradition, mais que les traditions peuvent l'être dans des circonstances exceptionnelles, que la magie des instants d'exception c'est aussi de "sortir du cadre"... le yusho de Takamiyama a créé des exceptions à la tradition, et avec le recul, on trouve (moi en tous cas) ça fabuleux. Les ressources qu'Asashoryu doit mettre en oeuvre pour revenir ainsi (et par "ressources", je ne parle pas d'argent pour acheter des combats comme certains esprits chagrins le penseront fatalement), le déroulement de ce tournoi, en font un parfait scénario de film. L'émotion et la qualité du sumo sont au rendez-vous, la dimension humaine prévaut.
Pour autant, ce triomphe de l'affectif ne permet pas de dire que les valeurs défendues par certains "traditionnalistes" sont forcément mauvaises ou même simplement anachronique. Il n'est pas rare de voir dans le sumô une extension de la recherche typiquement japonaise de la beauté dans la pureté, la simplicité. Quand la grâce peut se trouver dans la simple courbe d'un bol sans ornements, quand l'angle de coupe de la tige d'une fleur peut émouvoir l'esthète qui recherche la perfection, on peut aussi la concevoir dans le dépouillement du sumo. La nudité du lutteur sans artifices, mais aussi la pureté du geste, où le plus simple et le plus "net" techniquement ira à l'essentiel, peut se concevoir ainsi. Et on peut considérer comme légitime de voir dans l'expression de ses émotions un de ces artifices dont on cherche à se défaire dans la recherche de la pureté, de la perfection dans la pureté. Ca peut sembler puéril ou idéaliste à certains, ça peut sembler être une revendication esthétique d'un autre âge, mais si on se permet de critiquer cela il faut être prêt à se faire traiter de bourrin si on n'aime le sumo que pour l'exploit physique, le muscle et la chair qui claquent. L'autre option, qu'on est libre de choisir ou pas, est de respecter ceux qui ont une vision différente, en se disant que peut-être eux aussi respecteront la notre...
Liens sociaux