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Sujet : Will Ferguson Vs Chiyonofuji

  1. #1
    Senior Member Avatar de Hoshifransu
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    Will Ferguson Vs Chiyonofuji

    Will Ferguson est un écrivain canadien (passionné par le Japon) récemment primé et dont les oeuvres sont traduites et vendues dans plus de trente pays.

    Dans cet article, il raconte son amour du sumo et son coup de foudre pour Chiyonofuji !

    Le sumo décrit par un écrivain talentueux, ça donne un article vraiment passionnant. Merci à vous, Sir Ferguson !


  2. #2
    Senior Member Avatar de Asafan
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    super article, plein d'humour. Merci Hoshi.

    Mais ce Monsieur Ferguson est tout de même bien impertinent : abréger les noms des illustres frères Hanada en Wak et Tak! C'est du sous Walt Disney!! Empêchez Info-sumo de lire ça!!!

  3. #3
    Senior Member Avatar de Kaiowaka
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    Citation Envoyé par Asafan
    en Wak
    On parle de moi ?????
    Kaio pour toujours dans ma mémoire et maintenant place sur le dohyo à Kaisho, Enho et Hokuseiho

  4. #4
    Modérateur Avatar de toonoryu
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    Superbe articke. Merci Hoshi !

  5. #5
    k-nada
    Guest
    Très bel article effectivement. Je trouve que l'auteur met bien le doigt sur la manière dont quelqu'un qui ne connaît absolument rien au sumo ou qui ne s'est jamais spécialement intéressé aux arts martiaux peut se retrouver totalement scotché par ce spectacle (c'est un peu ce qui m'est arrivé quand j'étais au Japon...)

    Deux passages de ce texte m'ont soudain rappelé une amie que j'avais à Genève et qui étais non seulement de Mito, la ville de Mitoizumi (d'où le shikona), de Musoyama et de Miyabiyama, mais aussi du même quartier que les deux derniers (je n'abrège plus, je pronominalise ) et allait en classe avec la soeur du Lard of the Ring alias le Blob alias qui vous savez. Elle m'avait raconté 2 ou 3 trucs marrants ; c'est notamment d'elle que j'avais appris que les deux compères de Musashimaru (je n'abrège plus, je périphrase ) étaient, de manière inhabituelle dans le monde du sumo, des fils de notable.

    Cet article m'a en fait rappelé deux anecdotes à propos de son père, un grand fan de sumo :

    "Alas, in 1991--just after I decided to devote my life to Chiyonofuji--he retired. He was only one win shy of the all-time victory record, and in a sport with a 1,200-year old history, breaking any record is a major achievement. I cried when I watched the topknot-cutting ceremony on television."


    C'est ce même jour du dampatsu de Chiyonofuji que l'amie en question a vu, pour la première fois, son père pleurer comme un gosse devant sa télé. En bonne Japonaise, elle me parlait de cette "situation embarrassante" en rigolant, mais on sentait bien que ça avait été une espère ce choc pour elle... A cette époque-là, Chiyonofuji avait expliqué qu'il avait continué de combattre jusqu'à un âge avancé en mémoire de la fille qu'il avait perdu, et c'est apparemment ce qui émouvait le plus le père de cette amie. "Calme-toi papa, je suis toujours vivante" lui avait-elle dit en le voyant dans cet état...

    "The Wolf, alas, is long gone. The two reigning superstars of sumo, known affectionately as Tak and Wak, are a pair of spoiled, spoon-fed brothers groomed for stardom. Their father was once a grand champion and their uncle was the president of the Sumo Association. Or maybe it was the other way. It doesn't matter, I hate them both, especially pouty-faced little Tak, who was (at that time) a media darling."

    Malgré le fait que Muso et Miyabi, tous deux yama de leur shikona (je n'abrège plus, je déconne ), étaient des "compatriotes", le même monsieur ne les aimait pas, pas plus que les Hanada bros., pour les mêmes raisons que Fergusson exprime : pour lui, des rikishis élevés et programmés pour devenir des stars de la discipline ne représentaient pas le véritable "esprit du sumo". Je crois que pour une partie du public le plus traditionnaliste, le "vrai" rikishi, c'est le fils de pauvres - pêcheurs - qui s'en sort grâce au sumo. Suivez mon regard...

    Tout ça et quelques autres choses encore me font penser que Ferguson a une vision très juste du sumo, dans sa façon de l'apprécier comme de le décrire ("
    He faked to the right, stepped to the left, thrust his hand into Onokuni's blubbery chest and then-- suddenly--he jumped back and let the larger man's momentum work against him. This wasn't burlesque. This was poetry in motion.", c'est joliment dit :P )

    Karekinada (qui ne trouve plus son mot de passe...)

  6. #6
    Senior Member Avatar de empiryu
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    mantes la jolie
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    merci hoshi pour la trouvaille,une de plus et k-nada pour ton humour (lard of the ring )
    j ai suivi ton regard mais pas dans la bonne direction je ne vois que mon voisin, il a bien une casquette de marin mais 65kg tout trempe( apres une grosse vague brestoise comme je les aimes) sur le doyo avec la gitane au museau ça le fait pas
    asa taka waka koto de qui parles tu papa

  7. #7
    Modérateur Avatar de toonoryu
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    Ayant un peu de temps, je vous propose ci-après la traduction de ce splendide article, pour ceux qui seraient rétifs à la langue anglaise (canadienne, en l'occurence). La suite rapidement. Enjoy !


    A mon avis, c’est la chevelure.
    Leur longue queue de cheval, huilée, est ramenée vers l’avant et travaillée habilement en une crête en forme d’éventail. Lorsque le Shogun Tokugawa modernisa le Japon à la fin du XIXème siècle, seuls les rikishi du sumo furent autorisés à conserver le chignon samurai. Aujourd’hui, ce style de coiffure particulier leur donne une certaine allure médiévale.
    La chevelure est également une source de leur puissance. Lorsqu’un rikishi (lutteur ne peut véritablement les décrire) prends sa retraite, son chignon est cérémonieusement coupé à l’aide d’une paire de ciseaux en or.
    Ca doit vraiment être la chevelure. Quoi d’autre pourrait bien faire hurler les jeunes filles et faire tomber les dames en pâmoison ? Quoi d’autre pourrait bien faire que les hôtesses de l’air et les top models les épousent ? Quoi d’autre pourrait bien provoquer une telle frénésie envers ces hommes flasques, à demi-nus, porteurs de strings minutieusement confectionnés et attachés entre leurs fesses ?
    Lorsque j’ai déménagé au Japon en 1990, j’ai passé les premiers mois troublé et désorienté par le choc culturel. De la bouffe plastifiée aux vitres des restaurants. Des pizzas au maïs. Des patins dans les toilettes. C’était très étrange. Mais le plus étrange était le bizarre spectacle qui envahissait mon salon tous les deux mois : les éternels tournois de sumo du Japon, une farce élevée au rang de sport.
    Comme beaucoup d’autres choses au Japon, le sumo apparaissait comme très simple. Deux hommes font leur entrée sur un ring ; le premier à en sortir ou à être projeté au sol perd. Mais, comme je le découvris bien vite, retirer une couche de sens ne faisait qu’en réveler une autre. Essayer de comprendre le Japon, comme l’a noté un écrivain, c’est comme essayer de peler un oignon.
    Les combats de sumo excèdent rarement les trente secondes, mais les préparatifs peuvent être atrocement longs. Je trouvais ces atermoiements absolument insupportables – les rikishis rinçaient leur bouche avec de l’eau, balançaient du sel en l’air, frappaient le sol avec leurs pieds, s’essuyaient les aisselles et faisaient tout sauf combattre.
    « allez-y maintenant » avais-je l’habitude de crier devant mon écran.
    Les combats de sumo sont comme un ressort que l’on comprime lentement. La tension monte, monte, et alors, dans un assaut soudain, la victoire se décide.
    Il y avait un rythme bien défini, mais j’étais fichtrement incapable d’y comprendre quoi que ce soit. Et mes amis japonais ne m’étaient pas d’un grand secours.
    « comment savent-ils que c’est le moment de charger ? »
    « tu veux dire le tachiai ? quand le moment est venu, ils le savent »
    « comment ? »
    « ils le savent »
    Je commençai à changer d’attitude quand je vis pour la première fois Kyokudozan en action. Il n’y a pas de catégories de poids dans le sumo. Le plus petit rikishi peut être indifféremment opposé au plus gros, et personne ne trouve cela injuste ou déséquilibré.
    A l’encontre des stéréotypes usuels du sumo, Kyokudozan n’était pas obèse. Pour tout dire, il était plutôt décharné, avec ses 112 kilos. Il était opposé à un géant de 210 kilos nommé Onokuni, et je m’installai pour contempler le massacre.
    Ce qui arriva ensuite fut pour moi comme une décharge électrique. Pour reprendre une analogie canadienne propre au hockey, le tout tout petit Kyokudozan mystifia Onokuni.
    Il feinta sur la droite, s’avança sur la gauche, agrippa sa main dans la ceinture violette d’Onokuni et – soudainement – bondit en arrière et laissa l’élan du géant l’emporter. Ce n’était pas une farce. C’était de la poésie en mouvement.
    Ces gars ne s’accrochaient pas simplement comme des hippopotames en chaleur, ils employaient des techniques : feintes, leviers, vitesse. C’était incroyable. David Benjamin, auteur de La Joie du Sumo, le décrit comme une combinaison de danse classique et de combat de taureaux.

  8. #8
    Guest
    J'avais eu la flemme de lire l'article en anglais, je suis ravi de découvrir enfin le texte. Drôle, intéressant, et qui nous renvoie à notre propre vision du Sumo...
    Merci Hoshi* de nous avoir dégotté ça, merci à toonoryu de l'avoir traduit, merci à Will Ferguson de l'avoir écrit!



    *Hoshifransu, je veux dire...

  9. #9
    Modérateur Avatar de toonoryu
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    Suite de la traduction...


    Je commençais à reconnaître certains lutteurs : Kirishima, un rikishi plus âgé, très musclé qui se sert de la difficile technique du « soulever-porter ». Mitoizumi, surnommé « La Salière » parce qu’il lance d’énormes poignées de sel dans le cercle (sous les rugissements d’approbation de la foule). Terao, le Typhon, qui terrifie ses adversaires par de foudroyantes prises de bras. Mainoumi, le petit rikishi qui s’est fait implanter du silicone sous la peau du crâne pour atteindre la taille minimum requise.
    Dans un pays ou l’esprit d’équipe et le consensus sont censés être si importants, le sumo est on ne peu plus individualiste. Les combattants ne tombent ou ne restent debout que par leur seul mérite. Chacun possède son propre style, ses propres petits trucs, ses propres points faibles.
    Après cinq tournois, j’étais devenu l’équivalent pour le sumo d’un fan de base. Je suivais les tournois. Je conservais les posters les posters des stars. Je découpais les articles de journaux et dépensais d’épaisses liasses de billets pour les empreintes de sumotori, les jeux de cartes sumo, les T-shirts sumo et les tasses à café commémoratives en éditions limitées. J’aime le sumo de la façon dont certaines personnes aiment leur pays. C’est – et je crois que je suis objectif – le sport ultime de l’histoire de l’univers. Il renferme tout ce que l’on peut attendre d’un spectacle : conflit, rites et gros bonshommes en sueur et à demi-nus.
    Comme tant d’autres fans étrangers, David Benjamin inclus, mon premier coup de foudre a été pour un lutteur nommé Chiyonofuji, plus connu comme Le Loup. Chiyonofuji, fils d’un pêcheur d’Hokkaido, était petit, trapu et solidement bâti. Là où les autres lutteurs se servait de leur masse pure pour l’emporter, Chiyonofuji utilisait sa force. Son corps plus petit lui donnait un avantage dont il se servait pour faire basculer ses adversaires hors du ring.
    S’il s’emparait avec son bras droit de l’intérieur de la ceinture de son adversaire, le combat était pour ainsi dire terminé. Chiyonofuji se penchait, les biceps tendus, les jambes ramassées, et il balançait ces géants cul par dessus tête, restant seul et immobile au centre du ring. Voir Chiyonofuji en action avait quelque chose de religieux.
    Hélas, en 1991, au moment ou j’avais décidé de consacrer ma vie à Chiyonofuji, il prit sa retraite. Il n’était plus qu’à une victoire du record absolu, et pour un sport vieux de 1200 ans, battre un record est un accomplissement énorme. Je pleurai en voyant son dampatsu-hiri à la télévision. Comme tout fan enragé et irrationnel, je souhaitais devenir l’objet de mon adoration. Qui ne voudrait pas devenir un rikishi ? ils sont des hommes massifs, puissants et arrogants. Ils boivent beaucoup et s’amusent comme des gosses. Ils sont les derniers samurai. Une senteur de sueur et d’huile parfumée les entoure, telle une aura de… ben, de sueur et d’huile parfumée. Les femmes se jettent aux pieds des rikishis. Enfin, les rikishis mangent autant qu’ils veulent, quand ils veulent, et n’ont jamais à se préoccuper du cholestérol. Je pourrais faire n’importe quoi pour renaître rikishi tellement ça me fait envie.
    Pour certaines raisons, une proportion énorme des rikishis viennent des extrémités de l’archipel nippon :Hokkaido au nord et Kagoshima au sud. Même leurs styles de lutte ont été décrit comme « chaud » et « froid », avec les plus petits rikishis du sud renommés pour leurs attaques fulgurantes, et les lourds rikishis du nord plus accoutumés aux prises lentes et éléphantesques. Le Loup était du nord, mais son style fut toujours décrit comme méridional pour son intensité.
    Le Loup, hélas, est parti depuis longtemps. Les deux superstars actuelles du sumo, connus sous les surnoms affectueux de Tak et Wak, sont deux frères gâtés, élevés depuis leur plus jeune âge pour aller vers la gloire. Leur père fut autrefois un grand champion et leur oncle était président de l’association du sumo. Ou l’inverse. M’en fiche, je les déteste tous les deux, en particulier le petit Tak, au visage boudeur, qui était (à cette époque) un chouchou des media. A la suite du dernier tournoi, Wak a été promu yokozuna aux côtés de son frère Tak, ce qui en faisait la première fratrie à atteindre le rang le plus élevé du sumo.

  10. #10
    Senior Member Avatar de Hoshifransu
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    Remarquable traduction ! Merci à toi. C'est un plaisir que de le relire et en français cette fois. Ah, si je pouvais comprendre l'english aussi bien !

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