Nombre d’entre vous auront remarqué le classement officieux qui fleurit dans ces colonnes depuis quelques basho. Parmi eux, certains se demanderont sans doute la raison ou même l’utilité d’un tel classement puisque le banzuke existe déjà et que c’est son rôle que de nous informer de la performance relative des lutteurs entre eux.
La première raison de sa parution est qu’il – le banzuke – ne nous – Amoncarthage et moi-même – satisfaisait pas. Le fait qu’il ne tienne compte que du résultat du dernier tournoi et de la position obtenu au précédent ne donne pas, à notre avis, une idée réelle des forces en présence. Qu’un ozeki qui vient d’aligner 14-1 Y, 13-2 J, 8-7 & 0-15 soit moins biens classé que celui qui à obtenu 9-6, 9-6, 1-14 & 10-5 est, pour nous, peu représentatif de la réalité.
La deuxième est que visiblement nous ne sommes pas seuls dans ce cas, la lecture des multiples révoltes concernant l’ascension de tel ou tel lutteur au sein de la hiérarchie est en soi édifiante.
Et enfin la troisième est que nous sommes raisonnablement fiers de notre travail et que nous ne résistons pas au plaisir de vous le faire partager.
Cependant si pour nous deux sa lecture est aisée, il est vraisemblable que pour vous il soit d’une approche délicate.
Je prends donc mon courage à deux mains et mon clavier de l’autre pour vous expliciter les rouages mystérieux de nos comptes d’apothicaire.
Après de nombreux essais plus ou moins cohérents, plus souvent moins que plus d’ailleurs, nous nous sommes fixés comme objectif un résultat simple et compréhensible de tous.
Si j’ai longtemps défendu l’idée qu’un tournoi parfait devait donner 15 points à un lutteur, valeur hautement symbolique à mes yeux, j’ai finalement convenu que ce nombre nous obligeait à de trop nombreuses manipulations afin d’obtenir un résultat qui corresponde à nos attentes.
Je ne souhaitais pas néanmoins un score trop élevé, car d’une part je ne m’intéresse réellement qu’aux hautes performances et d’autre part les grands nombres sont moins faciles à manipuler.
Nous avons donc tranchés pour un maximum de 20 points par tournoi, valeur simple et habituelle pour quiconque est allé un tant soi peu à l’école dans notre pays.
Une fois ce point établi, nous avons essayé de réduire un des effets pervers que peuvent occasionner les blessures sur un classement à moyen terme.
Il nous semblait impensable d’évaluer la performance d’un blessé et donc nous devions pondérer ces accidents de parcours sur une année, pour nous faire six 8-7 est moins bon que de faire deux 12-3, à rang égal bien entendu.
Il nous fallait un moyen de favoriser les hautes performances et nous avons opté pour une notation non linéaire ne partant pas de zéro, je ne souhaitais pas, de plus, attribuer de point à un lutteur n’ayant pas obtenu son kachi-koshi.
Un autre point délicat concerne la position du lutteur en début de tournoi : selon son rang, un rikishi ne rencontre pas le même niveau d’opposition. Nous avons donc créé un barème qui prenne en compte la position du lutteur, en divisant les makuuchi en quatre :
1) du yokozuna aux maegashira 3
2) des maegashira 4 à 7
3) des maegashira 8 à 11
4) au-delà des maegashira 12
Nous n’avons pas choisi uniquement les sanyaku pour définir le groupe (1) car les premiers maegashira rencontrent globalement les mêmes lutteurs qu’eux, même si ce n’est pas dans le même ordre et que la limite varie. Le choix est discutable, amis il fallait un seuil et nous avons choisi celui qui nous semblait le plus juste.
Enfin, seule la victoire étant belle, nous avons attribué une prime au vainqueur, ainsi qu’une un peu moindre pour un kettei-sen et une autre plus faible encore pour un jun-yusho si celui-ci est à un point du vainqueur.
Nous n’avons pas attribué de prime pour les gino-sho, kanto-sho & shukun-sho du fait de leur condition d’obtention.
La difficulté majeur des primes st qu’elles risquent de fausser les résultats, et qu’il n’est pas évident d’estimer si un zensho-yusho du yokozuna suivit d’une absence vaut deux kettei-sen à 13-2 d’un maegashira 11 puis 4.
C’est à peu prêt ce qui résulte de notre calcul bien que ce ne soit pas le genre d’argument avec lequel nous avons pris notre décision.
Notre classement se compose donc de la somme des résultats des 6 derniers tournois.
Ce système permet d’éviter l’écueil de l’instantané, image très nette mais forcément imprécise, ainsi que celui d’une durée trop longue qui donne une image avec des effets de rémanence trop importants.
Deux défauts que l’on retrouve conjointement dans le banzuke puisque une blessure peut faire tomber un lutteur et que dans les cas les plus extrêmes un ozeki pourrait conserver son rang en alternant les 8-7 & 0-15.
Maintenant des chiffres :
- le kachi-koshi 1 pt
- pour le groupe (1) ,1 pt par victoire à partir de la 8éme, 2 pts à partir de la 11éme
- pour le groupe (2) ,1 pt par victoire à partir de la 9éme, 2 pts à partir de la 12éme
- pour le groupe (3) ,1 pt par victoire à partir de la 10éme, 2 pts à partir de la 13éme
- pour le groupe (4) ,1 pt par victoire à partir de la 11éme, 2 pts à partir de la 14éme
- 15 victoires 1pt supplémentaire
- le yusho 5 pts
- le kettei-sen 3 pts
- le jun-yusho à une victoire du vainqueur1 pt
Nous sommes bien conscients des lacunes de ce système, et sommes persuadés qu’une victoire contre le yokozuna vainqueur du tournoi ou contre un maegashira blessé n’ont pas la même valeur, pas plus qu’un double digit obtenu en fin de parcours plutôt qu’après un départ en fanfare, mais pondérer cela demande soit des calculs complexes, soit une subjectivité que nous ne souhaitions pas.
Nous n’avons pas non plus la moindre prétention quant à donner un jugement sur la valeur de tel ou tel rikishi, au mieux apportons-nous l’indication d’une performance réalisée.
Notre système de calcul est également inadapté pour le bas du banzuke. Mais pour être tout à fait franc, choisir qu’un maegashira 16 qui réalise un 4-11 est meilleur que le maegashira 5 qui lui obtient un 2-13, n’était absolument pas un de nos objectifs.
Notre choix s’est donc porté sur une donnée objective, unique, simple d’accès et officiellement base du banzuke, le nombre de victoire qui avait l’autre avantage de la limitation du nombre de données.
Malgré touts ses défauts, nous vous demandons de bien vouloir l’accueillir avec sympathie, et surtout sans oublier qu’il n’a d’autre importance que celle que vous voudrez bien lui accorder, car hélas, les plus hautes instances du sumo n’ont toujours pas aligné leur système sur le notre.
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