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Sujet : mondialisation du sumo

  1. #1

    mondialisation du sumo

    J'espère parvenir à vous intéresser par ce nouveau sujet. Je n'en suis pas sûr car je vais d'abord vous parler d'autre chose que de sumo: de judo.
    Non! Ne vous sauvez pas ! Accordez-moi quelques minutes, vous allez voir de très amusantes similitudes. Tout d'abord, un peu d'histoire.
    En 1964, les Jeux Olympiques se déroulent à Tokyo. Le judo, sport où les Japonais font plus qu'exceller, sont pour la première fois en démonstration au JO (le judo sera officiellement sport olypique en 1972 à Munich). Le judo n'est que pratiqué que par peu de pays à cette époque, les Japonais doivent simposer dans toutes les catégories. En toute catégorie, l'épreuve reine pour les Nippons, c'est le géant Hollandais Anton Geesink qui remporte la médaille d'or à la consternation des Japonais. Geesink devient un héro national au Pays-Bas, il se fait filmer en train de dévoiler la plaque de la rue qui portera désormais son nom. Il remportera par la suite de nombreux tournois. A la fin de sa carrière, il changera de discipline, et fera des combats de catch, sport (?) beaucoup plus rémunérateur. Spectacle navrant, que ces simulacres de combat où les lutteurs sont plus des comédiens que des sportifs. Celà ne vous fait penser à rien, un lutteur qui pour la première fois bat des Japonais dans un de leur sport traditionnel et qui se reconvertit en fin de carrière ? Je vous l'avais dit qu'il y aurait des similitudes!
    Une fois le judo définitivement sport olypique, de nombreux pays se mettent "sérieusement" au judo. Ils organisent des stages au japon pour leurs champions. En France, le judo connait un engouement extraordinaire et devient ,après le foot, le second sport français en nombre de licencié. 10 fois plus par exemple qu'en rugby, sport traditionnel dans le sud ouest de la France. D'autre pays, possèdent un sport national proche du sumo. Par exemple la Russie avec le sambo. Les champions de ces pays, abandonnent leur sport national pour se consacrer au judo, sport olypique. Ces lutteurs arrivent au premier plan international avec de nouvelles prises inconnues des Japonais (je vous avais prévenu, en ce qui concerne les similitudes). La marque des points change. La façon même de combattre change, les Japonais n'ont pas le choix, ils doivent s'adapter. Ils sont fréquemment battus lors des grands évènements: championnat du monde et jeux olympiques.
    Que devaient penser alors les Japonais ? Que c'était la fin du judo tel qu'ils le connaissaient ? Les plus traditionnalistes devaient certainement regretter l'introduction du judo aux JO de Tokyo en 64 !! Mais les Japonais redressent la tête et se mettent à faire des stages à l'étranger. Un comble ! On arrive même à voir des Japonais qui placent des techniques de Sambo dans des compétitions internationales. En ce moment , c'est les JO à Athène. Les Japonais font un malheur: déjà 6 médailles d'or et 3 d'argent pour le judo. Les judokas Japonais à eux seuls remportent plus de médailles que l'ensemble des sportifs français dans toutes les disciplines. Nos Japonais traditionalistes doivent être bien fiers!!
    Faisons maintenant le bilan de la mondialisation du judo, point de vue Japonais s'entend: le japon reste, et de loin, la nation la plus forte en judo, et le japon et la culture japonaise s'est fait connaitre par des millions de personnes via le judo. Si vous aller faire du judo, vous entendrez (en France !!) l'arbitre dire "Hajime" au debut du combat , puis "mate" puis annoncer "ippon". A la fin du combat, le proffeseur expliquera au combattant malheureux qu'après avoir tenté de faire un balayage en "de-ashi-barai" il aurait dû enchainer par "uchi mata". Certes, celà n'étonnera pas les habitués d'info-sumo, où l'on use (abuse ? ) des termes japonais. Mais c'est un formidable moyen de faire envie à un jeune de découvrir un pays. C'est du moins ce qui m'est arriver. Le judo m'a incité à m'interresser au Japon.
    Maintenant, revenons au sumo . Qui a dit "enfin" ?
    En s'ouvrant aux étranger, le sumo et la culture japonaise se font connaitre dans le monde. Je suis persuadé (il faudrait demander confirmation à Asafan) qu'en Mongolie le Japon n'a jamais été aussi connu que depuis l'avènement au rang de yokozuna d'Asashoryû. Or le Japon a besoin de se faire connaitre et aimer de l'Asie. Les blessures de la 2ème guerre mondiale sont loin d'être cicatrisées. Le sumo est connu dans le monde entier mais pour sa démesure. Pas pour ses valeurs. Chaque fois qu'un gaijin triomphera dans le sumo, il fera mieux connaitre ce sport dans son pays et aidera mieux faire connaitre le Japon.
    Voilà, j'ai fini :P La magnifique réussite du judo vous parait-elle transposable au sumo? Ne pensez-vous pas que le Japon (et le sumo) a besoin d'exporter sa culture et de se faire aimer ?

  2. #2
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    Ton analyse me semble pertinente Hogier. Les parallèles que tu établis sont crédibles.
    Le sumo a-t-il besoin de se faire aimer? Je crois, quant à moi, que cet Art restera toujours "exotique" aux yeux des non Japonais (et/ou des membres du site).
    J'imagine mal un développement mondial tel celui du judo.

    Petite remarque si tu permets. Le judo était déjà largement pratiqué ailleurs qu'au Japon dès le début des années 1950. Notamment en France avec Jean Feldenkrais et Kawaishi Mikinosuke sensei du dojo de Henry Plée, aux Etats Unis avec Gene LeBell, en Angleterre, etc... Les compétitions internationales étaient elles, par contre, plus réduites.

  3. #3
    C'est vrai, mais le niveau national était faiblissime. C'est vraiment quand le judo est devenu discipline olympique que les fédérations de beaucoup de pays ont commencé à envoyer leurs combattants au Japon en stage pour qu'ils progressent.

    J'ai déjà lu sur le site que l'arrivée de lutteurs scandinaves ou Lettons , je ne sais plus (?) véritables géants ne laissera aucune chance aux rikishi japonais. Je crois que c'est sous estimer les Japonais. Ils auront peut-être comme en judo des périodes noires (je me rappelle avoir assisté à un tournoi international à Paris où tous les Japonais s'étaient fait massacré dans toutes les catégories avant les finales) mais le Japon a su créer un Chiyonofuji, il saurait en créer d'autres. Et son mérite d'être le n°1 n'en sera que plus grand. Bien plus en tout cas que lorsque les japonais ne se disputaient le titre de yokozuna qu' entre eux.
    Car ne vous y trompez pas, si je soutiens la mondialisation du sumo et le mérite de certain gaijin, comme le fabuleux Asashoryû, je suis à 100% pour les japonais et je rève d'un Chiyo n°2.

  4. #4
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    Tout à fait d'accord avec toi. L'apparition de "géants" occidentaux ne sonne pas le glas des rikishi Japonais dans les plus hauts grades. Les colosses Hawaiiens ont fait naitre les memes craintes seulement en partie justifiées.

  5. #5
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    Sujet pertinent et très intéressant, Hogier, merci.
    Figure-toi que je voulais justement lancer ce sujet-là, en évoquant le fait que les japonais ont fait une récolte impressionnante de médailles dans pas mal de sport lors de ces JO et particulièrement en judo.

    Mon interrogation était de savoir si vous ne croyez pas que cette récolte impressionnante de médailles en judo ne serait pas dûe au fait que le sumo est de plus en plus déserté par les japonais et que ceux-ci lui préfèrent (entre autres) le judo ? Pas de contrainte de poids, pas de vie dure en heya (féodalité et dureté des entraînements), pas de nudité, et la possibilité de pratiquer un sport en amateur tout en ne se privant donc pas d'apprendre un métier en parallèle et de la possibilité de s'insérer dans la société japonaise prospère malgré la légère récession passée, avec, donc, un bon métier, au lieu d'espérer devenir un des rares sekitori ..?

    En bref, n'y a-t-il pas un surplus de champions de judo que l'on aurait dû retrouver en sumo ?

    Sinon, très intéressant, ta question de fond sur la mondialisation.
    Quand le Japon exporte sa culture, il se fait aimer par beaucoup, c'est indéniable. Pour le judo, des clubs se créent. Des vocations naissent.
    Je suis d'ailleurs à fond pour l'exportation du sumo et le développement du sumo amateur dans les 4 coins du monde, de même que pour le sumo comme discipline olympique. Mais d'un sumo sans les traditions comme il se fait actuellement au niveau amateur.

    Par contre, je suis contre l'importation de lutteurs non-japonais dans le sumo japonais shintoïste qui doit rester authentique.
    On peut créer tout ce qu'on veut, du moment qu'on ne touche pas au moule originel.

    Je suis pour la mondialisation et contre le mondialisme.

    La mondialisation est le fait de devenir mondial, de se répandre dans le monde : ainsi, comme tu l'écris fort justement, le judo s'est répandu dans le monde pour le plus grand bonheur de tous.

    Le mondialisme est l'universalisme consistant à constituer l'unité politique de la communauté humaine : ainsi, je suis pour deux formes de sumo, le sumo exporté et le sumo originel et pas un sumo hybride unique.
    De même que concernant le judo, comme tu l'expliques avec passion et parfaite maîtrise de ton sujet, cette anecdote fort intéressante de l'arbitre qui dit "Hajime" au debut du combat, puis "mate" puis annonce "ippon".
    Le japonais peuvent ainsi pratiquer les compétitions de judo, dans un judo authentique et qui n'est pas un judo hybride. Un judo qui aurait été le croisement d'un judo originel japonais et d'un judo exporté qui aurait évolué. Ainsi, rien n'a été traduit en anglais et il y a un parfait respect du modèle originel.

    En sumo, hélas, le parfait export est impossible. Le sumo ne se limite hélas pas qu'aux termes, aux règles, mais à un nombre de traditions précises et rigoureuses qu'il est réalistement impossible à reproduire de façon parfaite dans l'ensemble des pays qui souhaiteraient le développer.

    L'export du sumo ne peut donc être qu'un sumo bâtard. Je n'y suis pas opposé. Les autres pays ont bien le droit de se divertir comme ils l'entendent. A condition qu'il n'y ait pas chemin inverse et pénétration de ce sumo amateur vers l'authentique sumo de tradition.

    De même que je suis contre l'afflux de lutteurs non-japonais dans le sumo japonais (tout comme que je suis contre l'afflux de joueurs latins dans le foot anglais, et de joueurs anglais dans le foot latin).

    Ce n'est qu'une opinion. Je suis pour la mondialisation et contre le mondialisme. On a le droit d'aimer le mondialisme.
    L'unicité n'est pas mon dada, je préfère la diversité et l'identité des différentes cultures. Mais chacun son opinion. Je suis peut-être dans l'erreur.

  6. #6
    J'ai pas tout lu, Hoshi, je l'avoue, mais excuse-moi de te dire que ton idée selon laquelle la moisson de médailles aux JO est dûe au fait que le judo attire des potentiels rikishi est quand même pas très très crédible . Tout simplement parce que, de manière écrasante, ce sont les Japonaises et non les Japonais qui ont raflé toutes les médailles d'or (et que d'autre part le Japonais qui a gagné la catégorie des + de 100 kilos n'est pas vraiment un p'tit jeune.)

    Voilà !

    *Celeborn

    NB pour les latinistes : Hoshi nous a fait un suberbe exemple de post hoc, ergo propter hoc. Merci à lui !
    "C'est écrire qui est le véritable plaisir ; être lu n'est qu'un plaisir superficiel." [i:a4af496e

  7. #7

    Le judo transformé par les JO

    Intéressante comparaison...
    Pour répondre à Hoshi, le judo a été profondément transformé par son adoption olympique.

    La constitution même du judo, à partir du jiu-jitsu, s'est faite sur l'idée d'utiliser la force de l'adversaire pour le combattre. Donc, plus l'adversaire est fort, plus le judo est efficace. (voir le magnifique film de Kurosawa Akira, La légende du grand judo).

    D'où l'absence de catégories de poids pendant très longtemps, puisque le "faible" (petit, léger) utilisait le "fort" (grand, lourd) pour vaincre.
    L'olympisme a sonné la fin de cette idée et Geesink a montré que la technicité était insuffisante face à la masse, si celle-ci était dotée d'une technicité et d'un entraînement similaires.

    D'où la multiplication progressive des catégories de poids, à la manière de la boxe, et la "normalisation" du judo où chacun combat avec ses semblables. Seule la catégorie "toutes catégories" (absente aux Jeux) conserve l'essence de l'ancien judo, même si ce sont TOUJOURS des lourds qui s'imposent.

  8. #8
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    Cogito assez mal sur ce coup-là, car post hoc, ergo propter hoc, et qui plus est, erronné.
    (Bien que ce n'était pas une affirmation, mais une interrogation que j'avais déjà posée il y a plusieurs mois.)

    Bon, j'avoue que je ne m'intéresse absolument pas aux JO (trop de sports pas à mon goût et qui m'ennuient au plus haut point) et que c'est par le biais de la radio que j'ai entendu que les japonais avaient raflé pas mal en judo, et voilà ce qui arrive quand on fait confiance à l'information reçue et que le masculin est employé pour "japonais" dans leur généralité alors qu'ils auraient dû effectivement préciser "japonaises". Alors, moi, j'ai percuté et j'y ai tout de suite vu la confirmation de la carence actuelle au niveau des lutteurs de sumo nippons. Bon, c'est un post hoc, ergo propter hoc erronné, mais peu importe, ne se trompent que ceux qui essaient, alors je continue de m'interroger et d'émettre des hypothèses, entendons-nous bien, pas des affirmations, et donc me direz-vous dans quel sport se cachent, les ex-futurs champions de sumo japonais

  9. #9

    Sumotori et judoka

    J'ajoute à mon message précédent que judoka et sumotori ne sont pas recrutés sur les mêmes bases morphologiques.

    En dehors des poids lourds, il est inutile de considérer les judoka masculins comme de potentiels sekitori vu leur faible poids.
    Du côté des poids lourds, de mémoire, seul l'immense Yamashita avait évoqué une possibilité de carrière dans le sumo et son choix du judo en raison de son "faible" poids.

    On peut donc estimer qu'il n'y a qu'une faible fuite des talents du sumo vers le judo, et ce d'autant plus que la sélection y est encore plus sévère. Je rappelle que, dans les compétitions internationales, seul UN ou UNE judoka représentent leur pays.

    Autrement dit, il faut être parmi les deux ou trois meilleurs de sa catégorie pour avoir un destin international, les primes et la renommé qui vont avec.

    J'ajoute, sur le plan technique, que, comme dans d'autres sports olympiques de "combat" (p.ex escrime), le profesionnalisme à outrance a appauvri la palette technique de chaque combattant (et particulièrement des plus lourds), ceux-ci cherchant avant tout à placer leurs "spéciaux" contre tout adversaire, même si le nombre total de techniques disponibles a lui plutôt augmenté, particulièrement sous l'influence des pays de l'est (voir les messages plus haut).

  10. #10
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    En réponse à Totoro, merci de tes précisions. Je n'y connais strictement rien en judo (ce qui s'est vérifié dans mon message initial) et j'ai beaucoup appris du post d'Hogier et à présent du tien. Merci à vous deux.

    Alors le judo aurait été profondément transformé par son adoption olympique ?
    Intéressant. (ou devrais-je plutôt dire "navrant" ?)

    La mise en place de catégories de poids est-elle la seule transformation ou y en a-t-il d'autres encore, in fine ?

    Le judo au Japon, berceau originel, se pratique-t-il encore en "toutes catégories" ?
    Si c'est le cas, alors l'essentiel est préservé et doit continuer de l'être.
    Il faut des traditionnalistes pour veiller à préserver l'héritage culturel, tout comme en sumo.

    Les JO font ce qu'ils veulent, et de même que j'y verrais bien du sumo avec des catégories de poids, comme celà se fait actuellement en championnats amateurs. Celà ne me dérangerait pas. Du moment qu'il est différencié du sumo traditionnel.
    Ce qui me dérange dans le sumo amateur, c'est qu'ils y ont saupoudré quelques traditions (les lutteurs frappent le sol avec les pieds et se font face en répétant les gestes comme l'allongement des bras et les paumes de mains tendues puis retournées mais par contre, tout le reste est absent, comme le jeter de sel) et j'aurais préféré qu'il n'y ait aucune tradition plutôt que des traditions à la petite semaine !
    Enfin, du moment que l'on ne touche pas au sumo traditionnel !

    Il y a bien ceci aussi qui dénature le sumo :



    Ca ne me dérange pas. On peut l'exporter, le pervertir à l'extérieur, du moment que l'on y touche pas à l'intérieur. Ca me laisse indifférent. Et j'y suis même particulièrement favorable, si ça permet à des lutteurs de tous les pays de s'y exprimer et d'y être honorés et récompensés au niveau olympique, plutôt que de venir chercher la récompense de leurs efforts dans le sumo de tradition.
    Je verrais bien le développement du sumo amateur et sa venue aux JO comme un expiatoire profitable au sumo de tradition.

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