Sumo à Budapest

C'est parti.

Ces 5 derniers mois je me suis battu pour être dans cet avion, en route vers Budapest. Les championnats d'Europe de Sumo... mais qu'est ce que je fais là?

Depuis 1999, aucun lutteur n'a représenté la France en Sumo amateur. Et moi je débarque avec mon background de karateka et d'athlète, et je m'embarque cash pour des championnats d'Europe de lutte... Est ce bien raisonnable? J'ai beau être costaud et avoir appris à bouger, connaître les bases des déplacements et du timing et m'être bien entraîné, le corps à corps je n'y connais rien, ou presque... Mais il est trop tard pour se poser ce genre de questions.

Je passe par Genève pour rejoindre Budapest. Là mon ami Richard Neal, professeur d'un club de Sumo de Lausanne, me présente à François Vahl, président de la fédération Suisse. La rencontre est chaleureuse et enrichissante. On évoque la triste affaire de l'éviction de Lausanne au profit de Chiang Mai pour les prochains championnats du monde. Je découvre alors que même le Sumo amateur n'échappe pas à la politique, très loin de là même... Je réalise aussi qu'en tant que "représentant de la France", mon rôle à Budapest ne va peut être pas se limiter à être un simple compétiteur anonyme. Je ne sais juste pas encore à quel point...
La veille du jour de l'ouverture du tournoi, le mercredi soir, je débarque à l'aéroport de Budapest. L'organisation hongroise a envoyé une voiture pour me récupérer. Tout au long de cette manifestation je devrais être impressionné par le professionnalisme des organisateurs... Les horaires glissent parfois un peu, mais tout est prévu et géré dans les moindres détails, et ceci avec une sympathie systématique.

La première nuit se passe bien. Je ne réalise pas encore que c'est l’œil du cyclone, le calme avant la tempête... Du septième étage de l'hôtel Stadion, où je suis installé, j'observe la ville et les environs avec une impression ambiguë. Le centre ville et le fleuve sont à plusieurs kilomètres. Une grande artère mène visiblement tout droit vers la gare, d'où arrivera Richard le lendemain. Ici, la zone semble assez industrielle et pas franchement sexy. Je fais le point. Affaires : ok. Bouffe : ok. Argent : ok. J'ai environ 180 euros en liquide, plus environ 80 autres en francs suisses et encore une cinquantaine en forins, la monnaie hongroise, et une carte Visa internationale. Tout va bien, je peux aller dormir sur mes deux oreilles...

Le lendemain, c'est le jour des inscriptions des fédérations. Là aussi tout est parfait. La fédération française de Judo, qui couvre le Sumo, m'a confirmé depuis des semaines que tout était réglé : l'inscription annuelle de la fédération, les frais d'inscriptions à mes deux compétitions, et la pénalité financière pour n'avoir pas d'arbitre officiel à présenter pour cette compétition. A ma charge seulement le restant du des frais d'hôtel, que j'ai déjà payé à moitié, impeccable. Enfin le croyais je... Je ne tarde pas à déchanter, premier épisode d'une longue zone de turbulences.

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