Nagoya Basho 2013 - 15e journée (senshuraku)

Un final en queue de poisson

On attendait sans doute plus du tout dernier combat dans la moiteur de Nagoya que ce qui nous a été proposé. Las, le yokozuna, qui s’il a remporté vendredi un yusho de plus (d'ou le poisson...) qui le place comme meilleur Mongol et étranger de l’histoire et à portée de canon des deux cadors historiques de la discipline, a perdu hier, en même temps que son combat contre sa désormais « bête noire » (toute relative, mais à son niveau c’est déjà ça) Kisenosato, sans doute ses dernières illusions de pouvoir faire tomber un jour la statue du Commandeur Futabayama. Du coup, on ne sait s’il est touché le plus physiquement (ça paraît assez clair au vu de ses deux dernières prestations) ou moralement.


En tout état de cause, la chose la plus évidente ce jour est qu’il n’y a pour une fois pas grand-chose à dire sur le musubi-no-ichiban entre les deux yokozuna, si ce n’est qu’on ne s’attendait pas franchement à un combat autant à sens unique, à fortiori en faveur de Harumafuji, auteur d’un basho pas franchement reluisant. Auteur comme souvent d’un tachiai éclair, Harumafuji paraît presque surpris de voir son redoutable adversaire repoussé aussi aisément – deux poussées, pensez-vous ! – pour une victoire qui fera peut-être passer auprès du Comité la pilule d’un nouveau basho sur lequel il n’aura eu aucune emprise.

Longtemps seul poursuivant du yokozuna, Kotooshu cède comme souvent en fin de basho quand l’opposition se fait conséquente. Preuve encore en est l’uwatenage très aérien délivré par Kakuryu, qui restera devant son compère au banzuke. A l’inverse de Kotooshu, Kisenosato peut amèrement regretter son début de basho raté, lors même qu’il finit en trombe face aux cadors. Le matta de départ montre qu’il a la rage, d’ailleurs. Un peu trop, peut-être, Kotoshogiku lui plombant en puissance sa fin de tournoi (comme un air de déjà-vu, d’ailleurs).


Du coup, l’ozeki doit partager les honneurs du jun-yusho avec le Brésilien Kaisei. Puissant et placé, Kaisei montre que son basho aura été bon de bout en bout et que sa place n’est pas au fond de la makuuchi. Un prix attend sans doute le carioca.

Goeido se montre expéditif pour conserver sans coup férir son rang face à Toyonoshima qu’on voyait plus fringant à cette position du banzuke.


Idem pour Myogiryu qui triomphe de la résistance un peu plus conséquente d’Okinoumi. Dommage pour Aoiyama qui sur un combat aussi piteux (tentative avortée de henka et sortie peu glorieuse contre Shohozan) va peut-être manquer le prix qui lui tendait les bras. Il valait clairement mieux que son rang sur ce basho. Pas photo dans l’affrontement All-Mongol entre Kyokutenho et Tokitenku, le vétéran se montrant bien trop puissant pour que son compère ne puisse placer une tentative de crochetage dont il a le secret. Takayasu montre tout en puissance contre un Chiyotairyu valeureux qu’il mérite la place qui l’attend en sanyaku. Plus fort dans le placement des bras, Tochiozan expulse Takarafuji et s’assure définitivement une place en sanyaku. Gagamaru paie cher le rang le plus casse-gueule de la makuuchi, M2. Malgré une volonté de bien faire, il est piégé par Aminishiki qui opère un sumo de recul intelligent. Daido sauve les meubles d’un basho sur-pourri par une henka limite que Fujiazuma est à deux doigts d’anticiper. Daido évite l’infamie d’être le sixième lutteur à encaisser quinze revers en honbasho. Tour de passe-passe d’Ikioi qui soutient la poussée de Shotenro trop projeté vers l’avant, et s’écarte pour laisser choir seul son adversaire. Passant sous les bras de Yoshikaze, Wakanosato évite les tsuppari de son adversaire et remporte un succès précieux qui sauve provisoirement la suite de sa carrière. Masunoyama devient un favori des foules, même dans la défaite, luttant contre ses troubles de santé. Toyohibiki se montre trop puissant et à même d’encaisser les assauts brefs mais furieux de son adversaire. Kotoyuki sort du tachai comme un diable de sa boîte, mais manque la poussée finale, ce dont profite Kitataiki pour se décaler et contrer. Tamaasuka remporte au tachiai son affrontement face à Sadanofuji, en étant plus vif au démarrage. Le reste n’est que logique. Bien placé au mawashi de Sokokurai, Aran sait faire preuve de patience face à un adversaire réputé pas encore en condition physique mais se fait mystifier par un revirement subit du Mongol qui lui passe au final dans le dos. Sokokurai impressionne après deux ans d’arrêt. La farouche résistance de Tamawashi se heurte à la puissance de Tenkaiho, qui gagne sans doute sa promotion dans un combat d’échange entre les deux rikishi. Déjà relégué, Jokoryu dénie ma montée de Takanoiwa en contrant la projection du Mongol au terme d’un combat au couteau.

En juryo, cela aurait pu (dû ?) être LE choc du basho en juryo, mais il n’en est rien, la faute à trop d’erreurs de la part de Homasho : le combat contre Endo est le témoin de la surpuissance du jeune universitaire, qui se déplace en outre fort bien et reste en permanence dans son axe. Eu égard au faible nombre de candidats éligibles à la makuuchi, il y a une possibilité non négligeable pour que l’on retrouve le shin-juryo en division reine dès septembre.


Osunaarashi conclut un for joli basho pour un shin-sekitori en déviant la charge de Tanzo, pourtant motivé par le kachi-koshi, avant de l’envoyer au sol sur sukuinage. Il est en compagnie de trois autres lutteurs titulaire du jun-yusho : Quand Tokushinho reste dans son axe, ses nodowa sont terriblement redoutables. Asasekiryu en fait l’amère expérience. Le geste de dépit de Seiro en dit long : il avait la main (au propre comme au figuré) sur Tochinowaka avant que ce dernier ne contre joliment d’un uwatenage à la tawara. Les shimpan décident toutefois d’un mono-ii, qui confirme la victoire du nippo-coréen. Tenkaiho, déjà mentionné, complète le quatuor.

Kyokushuho profite de la diminution physique apparente de Chiyootori pour le sortir en force et limiter la casse. Trop puissant au mawashi, Azumaryu sort Oiwato sur un « yorikiwatenage » lent et costaud. Véritablement en mission, Homarefuji amortit sa chute en pourchassant victorieusement Kagamio sur toute la circonférence du dohyo. Déjà relégué, Kotomisen prolonge le calvaire de Nionoumi, qui connaît un basho aussi terrible que Daido en makuuchi. Choc de gabarits entre Sotairyu et l’immense Yoshiazuma. Le combat se fige au mawashi plusieurs dizaines de secondes avant que Sotairyu ne place une charge surprise gagnante. Poussée-tirage-poussée : victoire basique d’Asahisho qui conclut fort bien un honnête basho. Victoire éclair de Wakakoyu dans son style toujours autant en finesse. Daikiho se morfond en juryo… Repoussé à l’atari, Takanoyama place une (énième) nouvelle fois une prise de judoka, en l’occurrence un aérien kakenage, pour sauver sa place en juryo. Le Tchèque sera toutefois dos au mur en septembre. Kotokuni devra attendre pour revenir chez les salariés. Chiyomaru, en revanche, atteindra le graal en septembre, grâce à une poussive victoire sur Oniarashi, sur le fil du rasoir. Sagatsukasa, qu’on ne reverra sans doute pas sekitori d’ici la fin de l’année, enfonce tout en poussées le malheureux Tochihiryu, qui va partager son destin.

Entre juryo et makushita, la situation est la suivante : Kotomisen, Chiyoarashi, Tochihiryu sont relégués, Oniarashi est sur le fil du rasoir. Les remplacent Chiyomaru, Wakamisho, Akiseyama et Chiyoo (si Oniarashi passe à la trappe).
Entre makuuchi et juryo, c’est d’abord en juryo qu’il faut regarder, avec sans doute seulement trois candidats à la montée : Tochinowaka, Tenkaiho et Endo. Si Daido est clairement condamné, il est très difficile de faire le tri pour le reste, entre Sokokurai, Tamaasuka, Tamawashi, Tochinoshin, Chiyonokuni et Baruto.