Haru basho 2013 - 13ème journée (Jusannichi-me)

Reparti pour un tour

Le Maître est trop fort. Bien trop fort. Confronté ce jour à quelques milliers de supporters en sus du sekiwake Goeido en chasse d’un grade d’ozeki, l’implacable yokozuna fait parler toute sa classe et sa domination pour étouffer en deux secondes les velléités de son adversaire d’un puissant uwatenage, et décrocher le 24^ème yusho de sa carrière. Kitanoumi est effacé, lors même que le Mongol est très loin de sa fin de carrière, et que le dai-yokozuna des années 70 avait commencé la sienne à l’âge tendre de treize printemps… Le rythme est repris, ses adversaires, Harumafuji au premier chef, sont prévenus : Hakuho a encore faim, et ne s’arrêtera pas là. Prochaine marque pour lui, les 25 titres d’Asashoryu. On ne peut douter un instant qu’elle ne soit égalée et effacée avant la fin de cette année, surtout après la démonstration de cette quinzaine pas encore arrivée à son terme. Autre marque effacée ce jour, Hakuho est désormais de plain-pied dans les dix meilleurs lutteurs de makuuchi de l’histoire, avec un 648^ème succès qui surpasse la marque de l’ozeki Takanonami. Il peut égaler demain le score de Konishiki.


Avant même le combat du yokozuna, c’est le komusubi Tochiozan qui décide du sort de la Coupe de l’Empereur, en dominant Okinoumi au terme d’un combat plaisant au mawashi, les deux lutteurs s’affrontant sur une prise extérieure. Tochiozan sera cependant scotché à son rang en mai, les deux sekiwake étant kachi-koshi.


Le combat du jour est sans conteste l’affrontement entre Kisenosato et Kotoshogiku, les deux ozeki à sept victoires. Prise mutuelle en extérieure gauche d’entrée, et les deux rikishi se stabilisent longuement. C’est Kisenosato qui a l’initiative des attaques, Kotoshogiku devant s’abaisser pour affermir sa position, ce dont le premier des ozeki profite au final pour tomber son adversaire en katasukachi.

Harumafuji, lui, cède étrangement face à la poussée de son compatriote Kakuryu, pourtant bien en peine sur ce basho, et alors même que la prise de mawashi et le déroulement du combat lui semblaient favorables. Si la logique de basho en mode courant alternatif qu’il connaît depuis son accession à la tsuna se poursuit, il faudra surveiller de près le dernier yokozuna en date. Osaka 2013 ne restera en tout cas pas dans sa mémoire.


Quelle mouche a piqué Toynoshima ? Tenter un tsuridashi, même dans son état de forme olympique, mais qu’on est le farfadet de la makuuchi, sur le mètre 97 de Baruto, relève du suicidaire. Baruto en profite pour écraser le lutin et s’offrir le kachi-koshi. Aminishiki est prévenu pour demain, l’Estonien doit gagner pour entamer un éventuel ozeki-run. Cela risque d’être saignant. Au jeu de dupes et autre guerre psychologique, Aminishiki trouve pour une fois son maître pour une défaite piteuse et rageante, qui lui coûte sa place en sanyaku. Aran n’en sera pas très loin. Quand il met la patate, Tochinoshin est vraiment impressionnant de puissance. Face à une double prise de mawashi, il parvient tout de même, d’un seul bras, à renvoyer l’espoir Takayasu à ses études. Le Géorgien n’a pas encore abdiqué. Plus vif à l’atari, Myogiryu place ses deux bras en dessous des aisselles de Kitataiki, dont le sort est à partir de là scellé. Défaite incontestable d’Ikioi, courageux mais démobilisé en cette fin de dur basho. Ce n’est pas pour rien que les rangs joi-jin sont surnommés le « meatgrinder ». Belle résistance de Shohozan face à l’imposant Fujiazuma, le bel espoir plaçant deux tentatives de crochetage avant de finir en projection. Toujours aussi léthargique que sur le reste de son basho raté, Kaisei parvient cependant à contenir les premiers assauts de Masunoyama, profitant ensuite de l’épuisement de ce dernier dont le mode « overdrive » est comme on le sait médicalement limité. La valse tournoyante de Jokoryu donne le mal de mer et une kuroboshi à Toyohibiki, son adversaire décrochant lui le kachi-koshi. Toyohibiki n’a plus de marge. Aoiyama a sans doute oublié que la saison de la chasse était fermée, peu lui importe, il poursuit le malheureux gibier Takekaze réduit à un sumo de recul inefficace et voué à l’échec. Grosse puissance de Takarafuji qui réussit, certes en position de kimedashi mais repoussé à la corde, à balancer Oiwato comme un vulgaire sac de pommes de terre. Joli bluff de Daido qui semble peiner sous l’assaut de Shotenro sur sa gauche et pivote brusquement pour placer un imparable uwatenage. Situation assez analogue pour Kyokutenho qui bat son vieux compère Wakanosato, le kimarite donné étant cette fois un kotenage. Déjà écarté de makuuchi, Sotairyu est encore aujourd’hui totalement annihilé par les tsuppari et nodowa puissants et précis de Sadanofuji.

En juryo, la victoire se décidera désormais entre le duo mongol composé de Kyokushuho et Azumaryu, ce dernier disposant avec une surprenante facilité d’Asasekiryu sur shitatenage, tandis que Kyokushuho fait choir in extremis Nionoumi alors qu’il est violemment repoussé (le mono-ii confirme la victoire). On notera également les kachi-koshi de Chiyootori et Homarefuji, candidats à une promotion, et l’enfoncement terminal de Miyabiyama, radeau de la méduse sombrant sans gloire face à Tokushinho pourtant pas en forme particulièrement optimale. La vieillesse est un naufrage, et je préfère me souvenir du bulldozer qu’il fut à son arrivée en makuuchi, où il cassait tout sur son passage.

Sur le plan des promotions, les choses sont quasi actées en sanyaku où le seul poste d’Aminishiki se libèrera, la difficulté étant de savoir quel lutteur peut l’occuper au vu du nombre de make-koshi chez les joi-jin. Myogiryu tient encore la corde, comme Aran, Kitataiki ou Okinoumi.

Entre makuuchi et juryo, Oiwato, Sagatsukasa, Tochinowaka et Sotairyu seront les probables relégués, remplacés par Kyokushuho, et trois des lutteurs suivants : Daikiho, Asahisho, Chiyootori, Homarefuji et voire peut-être Azumaryu.

Entre juryo et makushita, seront relégués Sensho, Hochiyama, Miyabiyama et Yoshiazuma en cas de défaite additionnelle de celui-ci. Seront promus en juryo Kitaharima, Kamei, Chiyoarashi. L’éventualité d’un quatrième strapontin se jouera le cas échéant entre Kotokuni et Chiyoo.

Pour les toriteki, les choses se sont déroulées aujourd’hui de manière très logique. C’est logiquement que Kamei assure sa promotion en juryo en disposant avec style de Takakiho.


Seul autre lutteur à décrocher un sixième succès ce jour, l’Egyptien Osunaarashi, qui n’a pas encore trouvé son mur et connaîtra LE test en mai avec un rang aux alentours de ms8. Le tsukedashi Endo se reprend bien après son trou noir du milieu de basho et devrait approcher le rang de ms4. Globalement, la division makushita s’est pas mal rajeunie et sera fournie en lutteurs potentiellement intéressants, de quoi s’enthousiasmer en mai.
En sandanme, le yusho kettei-sen devrait difficilement échapper à Tosayutaka, qui reviendra sauf surblessure chez les sekitori d’ici Kyushu. Masutoo sera de retour en makushita, Amuru devra encore attendre. En jonidan, les victoires combinées du sandanme Tosayutaka et du shindeshi de jonokuchi Ishiura (qui décroche sans peine le yusho de sa division) vont provoquer un tomoe-sen géant auquel participeront pas moins de neuf rikishi. Grands favoris, les revenants Tamao et Hitenryu (éphémère sekitori pour le dernier).