Non, ne voyez pas de crise mystique dans ce titre, ni de référence directe au gaucho qui préside désormais aux destinées de la cité vaticane. Mais le fait est bien là : le pape du sumo est de retour en ce Haru basho, et l’adversité s’est suffisamment clairsemée pour lui permettre d’être serein jusqu’au senshuraku, alors que son avance au nakabi se monte désormais à deux unités. Impérial cette semaine, Hakuho vole désormais vers son 24ème yusho pour égaler le record de Kitanoumi et n’avoir plus en ligne de mire que les records d’Asashoryu (25), Chiyonofuji (31) et Taiho (32). Des records qui seront encore plus beaux à battre que le yokozuna a une adversité, comme il a pu le constater lors d’une année 2012 assez mitigée en ce qui le concerne (comparé à ses années 2010-2011, il va sans dire). Nul doute toutefois que le dai-yokozuna souhaitera à Osaka marquer les esprits le plus fermement possible quant à la qualité de son retour, en enregistrant un neuvième zensho-yusho (ce qui serait un record absolu devant la référence Taiho). Autant dire que le tournoi devrait être intéressant jusqu’au bout, yusho prématuré ou pas.
En attendant, Hakuho fait le boulot, aujourd’hui face à l’accrocheur Ikioi, déjà auteur d’une valeureuse prestation face à Harumafuji hier. Poigne de fer gauche en extérieur sur le mawashi, le yokozuna pondère, se replace subtilement et déclenche un bijou d’uwatenage éclair quand il sent la poigne d’Ikioi moins ferme. Dur basho pour ce dernier, pas ridicule loin s’en faut.
Joli combat, mais la montagne est trop haute…
Oui, il est de retour…
Derrière lui, c’est désormais un peloton solide de huit unités qui s’est formé, après le revers concédé par Jokoryu encore seul hier. Okinoumi, nouveau membre du peloton de chasse, est son bourreau du jour, par la grâce d’un ferme poignet droit et d’une stabilité louable qui ont raison de l’ex-universitaire mal positionné au sortir du tachiai. En compagnie de ces deux rikishi, on trouve l’étonnant Toyonoshima, qui avait balayé de façon impressionnante Kakuryu hier. Il accroche ce jour un autre Mongol à son tableau de chasse, et non des moindres puisqu’il s’agit du yokozuna est Harumafuji. La manière est analogue, Toyonoshima bloquant du droit le bras gauche du yokozuna et profitant de son centre de gravité très bas (Kotooshu en sait quelque chose…) pour imprimer une phénoménale poussée qui lui permet de sortir violemment son adversaire. Harumafuji peut sourire de surprise ou de dépit, il sait désormais qu’il est hors-jeu pour le yusho.
Toyonoshima a bouffé du lion…
Rendez-vous en mai.
Autre rikishi en vue et seul ozeki encore en (légère) course pour le yusho, Kotoshogiku, qui retrouve le classique morozachi suivi de gaburi qui lui a valu tant de satisfactions avant sa promotion au deuxième rang du sumo. Tokitenku est clairement dépassé (comme pour le reste de ses combats, le Mongol n’étant pas à son niveau dans les rangs joi-jin). Les deux sekiwake sont en verse au nakabi. Goeido apparaît particulièrement solide face à Kisenosato, soutenant deux énormes poussées de l’ozeki avant de déstabiliser son adversaire par de fausses tentatives de crochetage et de profiter d’une légère déconcentration de celui-ci pour l’amener aux cordes, sans pour ce qui le concerne laisser passer sa chance, et créer l’une des surprises du jour.
Goeido n’a pas abdiqué pour son ozeki-run.
Baruto, lui, ne s’en laisse pas conter par la demi-henka de Tochiozan qu’il perçoit avec une belle lucidité (à 15-1 avant le combat, il doit se méfier…). Sa victime expiatoire est renvoyée illico presto à l’extérieur, et le gyoji manque d’ailleurs de l’y accompagner. Shohozan a passé le cap de la surprise, mais il confirme clairement qu’il va falloir sérieusement compter avec lui dans les années à venir. Il bat aujourd’hui Myogiryu, qui n’est ni un perdreau de l’année ni un canasson roumain en voie de rejoindre les abattoirs Spanghero. Travail en puissance, Shohozan soutenant l’atari avant de contrer d’un monumental tsuppari : on appelle cela oshitaoshi (traduction approximative : sortie sur baffe).
Deuxième sansho en vue ?
Dernier membre du paquet, Shotenro, qui ne fait pas beaucoup parler en fond de banzuke, mais continue son bonhomme de chemin. Takekaze sent très vite qu’il ne pourra rien faire, mais le recul et l’évasion ne sont pas possible non plus face à la précision des assauts de Shotenro.
Un nouveau kyujo en ce jour, celui de Sagatsukasa, voué de ce fait à quitter la makuuchi. Wakanosato enregistre lui un cinquième succès qui lui pêrmet d’être un peu plus serein quant à sa propre place.
En juryo, Azumaryu tombe pour la première fois du basho, victime d’un oshidashi limite de Homarefuji, celui-ci chutant concomitamment à la sortie du Mongol. Le leader est rejoint par son compatriote Asasekiryu, trop à l’aise dans le fond des rangs sekitori et pas encore tout à fait voué à l’intai. Au bout d’un combat tactique et de longue haleine comme les aime Asasekiryu, il mystifie Kimurayama qui tombe quasi seul, épuisé. L’heure de la retraite est encore plus proche pour Miyabiyama, toutefois, dont les tsuppari mollassons n’ont aucun effet sur Akiseyama qui le raccompagne rapidement en dehors des cordes.
En makushita, pas de changement dans la lutte pour la promotion. Pour le yusho, les deux favoris (en ce qui me concerne) que sont Wakamisho et Kamei restent en course en décrochant leur kachi-koshi. Je mettrais bien une petite pièce sur le second, pour qui un zensho assurerait la promotion qu’il approche depuis tant d’années. Hamaguchi et Iwasaki remportent leurs combats. En sandanme, la surprise du jour est à mettre à l’actif de Masutoo qui bat sans contestation l’un des favoris, Amuru. Tosayutaka est clairement le grand favori de la division. Les deux autres divisions n’apportent pas grand-chose au débat ce jour.
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