Haru basho 2013 - 1ère journée (Shonichi)

Une nouvelle ère

L’éclosion tardive de Harumafuji comme ozeki avait déjà étonné. Beaucoup étaient restés bouche bée en le voyant conquérir la tsuna, avec la manière qui plus est. Les mauvaises langues avaient pu dire « je l’avais bien dit » quand il s’était planté dans les grandes largeurs à Fukuoka. Mais désormais qu’il a conquis, zensho s’il vous plaît, son premier yusho comme yokozuna, les questions qui se posent sont les suivantes : après l’ère (avortée) Asashoryu-Hakuho, suivie du règne sans partage du dernier, sommes-nous en passe d’assister à un nouveau règne bicéphale ? Hakuho, qui n’a gagné qu’une fois depuis mars dernier, va-t-il retrouver ses ressources mentales ? Harumafuji peut-il tenir le rythme ? Ce Haru basho devrait nous fournir une bonne partie des réponses.
Difficile de savoir si l’impressionnante dynamique engagée par Harumafuji depuis ses tsunatori basho et à peine voilée par un Kyushu manqué a cassé un ressort chez le dai-yokozuna. Toujours est-il que sur le combat du jour, une hésitation au tachiai (méfiance à l’égard du roublard Aminishiki ?) le met en difficulté face au vétéran, et il ne faut qu’une superbe clairvoyance de dernière seconde pour contrer sur kotenage ce qui partait pour être une poussée fatale.


Beaucoup moins de souci pour son cadet dans le grade. Il suffit de deux poussées et d’un tirage pour que Harumafuji enregistre sans forcer sa première victoire du tournoi et conserve son erre de janvier.


Journée qu'il y a de plus logique pour ce shonichi, l'ensemble du haut tableau, soit les deux yokozuna, lesd quatre ozeki et les deux sekiwake décrochent la shiroboshi.Il faudra surveiller l’ozeki Kisenosato sur ce basho, au vu de son très convaincant combat qui le voit surclasser en puissance le pourtant très musculeux Géorgien Tochinoshin.


Pris à la gorge par Takayasu, au propre comme au figuré, Kotooshu montre un bel équilibre pour reprendre sa position et finit par envelopper ses longs bras sous la garde de son adversaire pour l’exécuter en watashikomi. Le Bulgare est sur une sympathique dynamique depuis quelques basho.


Après un intense niramiai, Kakuryu profite de la fougue mal maîtrisée de Chiyotairyu, qui découvre le très haut niveau, pour attirer sans trop de souci son opposant au sol.


Victoire logique de Kotoshogiku sur Myogiryu, toute en puissance, mais la résistance du jeune espoir est telle qu’elle provoque une rare occurrence chez Kotoshogiku de poussée gratuite après la sortie, histoire de montrer qui est le boss.


Le 8-7 du Hatsu a ruiné les espoirs d’ozeki-run, mais la foule japonaise fait toujours de Goeido le grand espoir pour succéder à Kotoshogiku dans la liste de promotion au rang d’ozeki. Le sekiwake ne déçoit pas le public du Kokugikan aujourd’hui, même si sa tâche est facilitée par l’audace mal inspirée de Tokitenku, un ketaguri étant une manœuvre très audacieuse mais qui peut se traduire comme aujourd’hui par un revers piteux. Baruto pourrait-il à terme devenir un Aminishiki modèle KingSize ? Le Balte semble toujours être en prise avec son genou, mais il compense cette déficience physique par de la malignité et une technique qu’on avait oubliée de sa part, tant ses derniers basho ont été difficiles. Uwatenage au terme d’un combat au cordeau sur Ikioi pourtant méritant.


Trois séries de moulinettes opposent Shohozan et Toyonoshima avant que ce dernier, roublard comme à l’accoutumée, ne profite d’un manqué de son adversaire pour lui passer dans le dos et décrocher son premier succès. Belle et physique empoignade entre Aran et Kaisei, le combat, après plusieurs tentatives d’esquives du Russe, se terminant piteusement pour le Brésilien manifestement épuisé qui cède assez facilement à une poussée anodine. Etonnant revers de Gagamaru, pourtant placé bas et bien plus massif que Kitataiki, mais ce dernier parvient à relever le lourd Géorgien pour une sortie sans peine. Défaite amère pour Toyohibiki qui domine son sujet mais se fait prendre en contre sur un uwatenage tout en recul d’Okinoumi. Victoire sans appel de Fujiazuma qui détruit en deux tsuppari le malheureux Yoshikaze, violemment sorti. Succès tout aussi net pour Aoiyama qui plonge dans la garde de Kuyokutenho et ne lui laisse pas un instant pour respirer. Sortie rapide du vétéran mongol. Repoussée à la tawara au sortir de l’atari par Tamawashi, Takarafuji résiste et reprend l’initiative pour un succès convaincant. Puissant, placé et bas sur ses appuis, Jokoryu ne laisse pas l’ombre d’une chance à Takekaze en saisissant d’emblée le mawashi. Deux poussée et un retrait suffisent pour Masunoyama, qui comme on le sait a besoin de victoires rapides. Shotenro ne lui complique pas la tâche aujourd’hui. Bien trop haut au sortir de l’atari, Tochinowaka est à la merci des tsuppari et cède sans gloire face à Sadanofuji qui ne lui réussit décidément pas. Espérons que son moral n’en pâtira pas, lui qui peut être si inconstant par moments. Enorme henka de Sagatsukasa que le Passepartout suit immédiatement pour sortir Chioyonokuni à moindre frais. Jour avec pour Daido, qui dispose sans forcer du poids plume Sotairyu, avec une baffe bien placée suivie immédiatement d’un tirage fatal. Victoire facile pour le vétéran Wakanosato, arrivé au fond du fond de la makuuchi. Il passe un bras sous l’aisselle d’Oiwato, contrôlant l’autre bras, pour une sortie en force imparable.


Kyokushuho plie mais ne rompt point sous l’atari de Kotoyuki, se décalant de côté pour emmener son adversaire dans un très joli uwatenage. Trop court pour un oicho-mage, Daikiho l’est aussi sur son combat du jour, pris de vitesse à l’atari et incapable de renverser la vapeur pour une défaite rapidement consommée. Homarefuji, dépassé par l’assaut de Chiyootori, tente vainement d’emmener son adversaire en recul et par un tirage de bras, mais la poussée de Chiyootori est trop puissante. Pris au mawashi par Tamaasuka, Tenkaiho tente bien de se décaler pour rattraper le coup à la tawara, mais trop tard, comme le confirment les shimpan après mono-ii. Sanction analogue pour Takanoiwa, bien engagé dans son combat mais contré au final par un Tokushoryu pas manchot au mawashi. Tanzo ploie une demi-seconde sous l’atari d’Oniarashi : il passe ensuite la seconde et poursuit son adversaire sur un tour de dohyo avant de le sortir en force. Wakakoyu ne parvient pas à tenir Azumaryu à distance, un sort fatal face au talent en yotsu-zumo du Mongol étant alors inéluctable. Péché d’orgueil pour Takanoyama ? le Tchèque reste tout au long de son combat dans l’axe de Miyabiyama, qui certes n’est plus que l’ombre de son ombre, mais fait encore plus de deux fois le poids de son adversaire, qui finit par littéralement rebondir sur lui au cours d’un assaut pour se saisir de son bras, et tombe à la renverse. Porté par le différentiel de poids, Tokushinho domine copieusement Satoyama, d’abord par des nodowa très appuyé, puis par sa coutumière position de kimedashi. Mais dominer n’est pas gagner, et au terme d’un éreintant affrontement, c’est bien le petit qui l’emporte en attirant le poids lourd épuisé au sol. Sans solution, incapable de s’arroger le mawashi, Yoshiazuma est prestement expulsé en tsukidashi par Kimurayama heureux de trouver un adversaire si peu énergique. Retombé près de la zone critique, Asasekiryu pourrait bien rebondir rapidement, le différentiel de puissance parlant encore contre Akiseyama, raccompagné en force au mawashi vers la sortie. Prise de mawashi parfaite pour Nionoumi qui fait parler les chevaux (pas roumains…) pour sortir Kagamio en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire. Dominé, Tochihiryu ploie mais ne rompt pas, avant de se replacer intelligemment au centre du dohyo, et de ne pas laisser l’occasion que lui donne Hochiyama. Affrontement vif entre Sensho et Kitaharima, deux poids légers, le Japonais l’emportant en puissance, y laissant son mage.