Hatsu basho 2013 - 7ème journée (Nanoka-me)

Et le grand phénix s’en est allé...

Ce samedi 19 janvier, veille de nakabi de ce Hatsu basho 2013, ne restera pas dans les annales pour l’un ou l’autre combat mémorable, une surprise pleine de zabuton qui volent ou un kimarite improbable : non, ce 19 janvier restera celui où Taiho, l’un des plus grands mythes du sumo, a décidé de tirer sa révérence, à 72 ans. Si cette chronique quotidienne n’est pas le lieu d’un hommage prolongé à l’incroyable carrière du fils de Cosaque devenu emblème du Japon, je ne peux la commencer sans ces trois mots : Respect, respect, respect. Puisses-tu, Naya, reposer en paix aux côtés de Futabayama, Takanohana, Kotozakura.


Mais il me faut quand même, en dépit de ce triste contexte, revenir au sumo, et à ce samedi où rien de véritablement transcendant ne s’est produit, à tout le moins dans les résultats. Harumafuji reste solidement en tête du tournoi, remportant un septième succès en autant de combats. Kaisei est trop peu mobile pour faire face au virevoltant yokozuna qui en deux pivots se retrouve sur les talons du Brésilien, sorti sans débauche d’efforts.


Hakuho, sans doute désireux de bien faire à l’annonce du décès de celui qu’il considérait comme un mentor, ne laisse que peu de chance à un Toyohibiki toujours aussi physique, qui parvient à faire reculer le Mongol jusqu’à la tawara mais se voit projeté à terre après un magistral pivot du yokozuna.


Hakuho n’est sinon plus accompagné que par deux lutteurs. Takarafuji, un peu à la manière du yokozuna face à Toyohibiki, ploie sous la charge puissante de Fujiazuma mais le mystifie en se dérobant au moment critique pour accompagner la chute de son adversaire d’une petite poussée bien sentie. Tochinowaka, toujours sur son étonnante dynamique, passe les bras sous la garde du vétéran Wakanosato et montre toute sa puissance pour le sortir. La juryo se rapproche pour l’ex-sekiwake éternel.


Trois des quatre ozeki passent sans encombre les chausse-trappes du jour. La victime de cette journée s’appelle Kotoshogiku, qui tombe sur la technicité de l’excellent Shohozan, dont le bilan chiffré ne reflète en rien la qualité du sumo pour une première expérience à ce niveau. Empêchant le dangereux morozachi de l’ozeki, le komusubi harasse son adversaire dont la puissance lui permet tout de même de contrer, mais Shohozan a un très bon sens du dohyo et place un kotenage en recul pour une victoire sans aucun doute méritée.


Encore une fois, on a encore placé sans doute trop d’attentes sur Goeido, capable de coups d’éclats mais difficilement d’une performance égale sur la continuité d’un basho. Son médiocre combat et la victoire facile donnée à Kisenosato en sont témoins. Kakuryu crochète lui le vétéran Kyokutenho tout en douceur, comme respectueux des articulations de son vénérable ancien. Enfin, Kotooshu se donne un peu d’air en profitant de l’incorrigible propension de Gagamaru à placer son centre de gravité trop vers l’avant.

Baruto se rassure (un peu) par une victoire sans trop de difficultés face à un lutteur qui lui réussit toujours, Tochiozan. Cela n’arrange pas pour autant ses perspectives car son torikumi ne sera pas toujours aussi clément.


Pour le reste et l’anecdote, on notera le prodigieux utchari de Tochinoshin, un régal à ne pas manquer (Okinoumi n’est pas Russe, sinon les portes du Kokugikan auraient souffert…), le hansoku infligé à Masunoyama le poisson rouge (en référence à son essoufflement caractéristique de fin de combat) pour tirage de mage, et l’okuridashi sans gloire infligé tristement à l’ancien ozeki Miyabiyama, qui n’aurait pas sa place en makushita-joi actuellement. C’est piteux de voir dans un tel état l’homme qu’il fut.


En juryo, Oiwato mène toujours la danse sur un peloton ramené à sept unités (quand même). Pas de chronique de tous les combats aujourd’hui par manque de temps, je noterai surtout le spectacle donné encore une fois par Takanoyama, qu’on l’aime ou pas l’animation est au rendez-vous. Virevoltant, le Tchèque finit balancé par Chiyonokuni au terme d’une lutte épique. Un mono-ii est toutefois convoqué, qui aboutit à un torinaoshi après de vifs palabres. Le Tchèque, sans doute fatigué, mystifie cette fois son adversaire d’une henka à la El Cordobès. Frustrante, mais terriblement bien exécutée.

Avec Miyabiyama et Wakanosato, Takamisakari pourrait bien faire partie de la charrette de 2013, car son bon début de basho ne se concrétise pas et ce quatrième revers face à Homarefuji réduit encore sa marge de manœuvre.

En makushita, Oniarashi est le premier à décrocher d’ores et déjà sa (re)promotion en battant Arawashi au terme d’une lutte enlevée. Osunaarashi, en bas de tableau, est le deuxième lutteur à décrocher la kachi-koshi et reste en course pour le yusho, en sus d’une promotion qui le rapprochera de la zone de promotion.


En sandanme, quatre lutteurs sont kachi-koshi, mon favori Hamaguchi combattant demain. En jonidan, les deux têtes d’affiches Masutoo et Amuru seront aussi de la partie dimanche.