Le sekiwake Goeido est transcendé depuis le début de ce Kyushu basho. Alors qu’on attendait Myogiryu, qui restait sur un impressionnant 27-18 en joi-jin et sanyaku, c’est l’autre sekiwake, que beaucoup commencent à prendre pour un éternel espoir façon Wakanosato tant il est capable de contrarier les plus grands lutteurs mais chute face à des adversaires moins cotés, qui montre un visage inattendu depuis le shonichi. Se présentant invaincu avec trois ozeki et deux komusubi à son tableau de chasse, Gotaro Sawai affronte aujourd’hui le yokozuna Harumafuji, qui à l’exception de son faux-pas du deuxième jour ne semble pas ressentir les problèmes habituels que connaissent les shin-yokozuna suite à leur élévation à la tsuna. Goeido engage les hostilités de la meilleure façon avec une solide prise intérieure main droite, repoussant fermement à la tawara le yokozuna qui ne doit sa survie qu’à la présence de la corde de paille de riz. Mais il y a un doute, qui fait lever la main d’un des shimpan, pour un événement excessivement rare dans le sumo professionnel : le combat est interrompu par une intervention de Minatogawa oyakata, qui n’est même pas le plus proche de l’action, avant même que le gyoji n’ait rendu une décision et levé son gunbai.
L’instant où tout bascule…
Dur, pour Goeido…
Hakuho sans trembler.
Toyonoshima toujours au contact.
Kotoshogiku expéditif.
Grosse résistance d’Aminishiki très motivé et pourtant dominé de bout en bout par Okinoumi. Le Renard parvient toutefois à pivoter sur son axe au moment de la poussée finale et Okinoumi pose un pied avant que son adversaire ne s’écroule, concédant un utchari qui lui laissera un goût amer.
Spectaculaire Aminishiki.
Gagamaru en mode bourrin.
En juryo, un seul homme reste en tête, le Janus du sumo, Tochinowaka. Autant il a erré en septembre avec un sumo lymphatique et larvaire qui l’aurait envoyé direct retourner en makushita à ce rythme, autant il est transcendé à Kyushu. On ne voit pas franchement qui va pouvoir l’arrêter, d’autant qu’un de ses adversaires les plus en vue est kyujo ce jour. En tout cas pas Tamaasuka, logiquement dominé en puissance après un solide combat au mawashi.
Derrière Tochinowaka, on retrouve désormais un homme seul, en l’occurrence Sadanofuji qui vient à bout d’une poussée de bras de Tenkaiho fort apathique qu’il achève d’un mouvement d’épaule. Derrière ces deux hommes, on a encore en embuscade Chiyootori, qui ne pèsera pas dans la lutte car kyujo, offrant à Satoyama une précieuse victoire, et le Mongol Kyokushuho, placé et puissant, qui aplatit Oiwato sur hatakikomi au terme d’une courte lutte en oshi-zumo.
En équilibre instable et précaire avec Homarefuji lui pesant sur le dos et la nuque tout au long du combat, Shironoryu finit par céder au terme d’un affrontement plaisant à regarder et longtemps indécis. Long affrontement entre Akiseyama et Arawashi, le Mongol bloquant au contact les bras de l’ex-universitaire qui ne peut passer sa puissance. Le gabarit de ce dernier finit toutefois par peser dans la balance pour une solide victoire en yorikiri. Septième revers consécutif pour Masakaze qui imprime une belle poussée sur Tanzo mais manque cruellement de lucidité au moment de porter l’estocade, s’effondrant tout seul sur l’ouverture à la tawara de son adversaire du jour. Takanoiwa domine clairement son torikumi sur Sagatsukasa, mais manque de la même lucidité que Masakaze pour achever le Minipouss’, qui amène le Mongol au sol sur une poussée avortée de celui-ci. Combat de fond au corps à corps entre Tokushinho et Hochiyama, ce dernier empêchant les velléités du poids lourd grâce à son bras droit placé haut sous l’aisselle de son adversaire. Un relâchement (ou un coup de fatigue) permet toutefois à Tokushinho de reprendre la marche avant pour un succès solide. Daikiho et Takarafuji remportent eux des succès faciles sur fusen aux dépens de Ryuden (condamné au retour en makushita) et Kotoyutaka. Frustrante affiche du jour entre Takamisakari et Takanoyama, les deux chouchous du public, le Tchèque décidant l’aller au contact mais glissant dès l’atari. Tokushoryu décroche un succès probant en mixant oshi et yotsu-zumo pour une domination sans partage sur Nionoumi. Gros déficit d’engagement et de puissance pour Kitaharima qui cède très vite sur les poussées de Kotoyuki. Situation inverse enfin pour Kimurayama dépassé par l’assaut de Sotairyu.
En makushita, le dernier carré se compose de deux favoris, soit Azumaryu, déjà promu en juryo et qui pourrait verrouiller son classement et le fêter avec un yusho, et Tatsu, le jeune espoir en progression constante, ainsi que deux outsiders, Nishikigi, ex-Kumagai, un bon pilier de la division qui connaît son meilleur basho, et Mitoyutaka, venu de nulle part et auteur d’un tournoi étonnant pour sa première apparition dans la division. En ce qui concerne les promotions en juryo, hormis celle d’Azumaryu assurée, ils sont essentiellement trois en course, soit Masuraumi, Shironoryu et Kagamio. Arawashi et Seiro restent en embuscade mais n’ont plus le droit à l’erreur.
En sandanme, difficile de trouver un favori dans les cinq lutteurs encore en course. L’Egyptien Osunaarashi, à défaut de lutte au yusho, continue sa progression vers la makushita, où il connaîtra son premier vrai test. Masutoo, de retour de blessure en jonokuchi, devrait remporter sans souci cette division largement à sa portée.