Aki basho 2012 - 11ème journėe (juichinichi-me)

Harumafuji plie mais ne rompt point.

Soyons clairs, on ne s’attendait pas à une surprise aujourd’hui. On a pourtant bien failli l’avoir. Le leader de la makuuchi, Harumafuji, est passé assez près de la catastrophe. Mais au final, il reste toujours aux commandes. Les « trois hommes pour un coup fin » que je mentionnais il y a deux jours sont désormais quasiment assurés de devoir se partager le gâteau final. L’ordre reste encore à établir.
On a donc failli assister à la surprise du jour, voire du basho, aux dépens de Harumafuji. L’ozeki, bien parti dans son tsunatori basho, trouve forte partie en la personne d’Okinoumi, bien décidé à ne pas jouer les faire-valoir lors même qu’il est jeté en pâture comme dernier hiramaku pour le Mongol. Le résultat est un combat enlevé, où Harumafuji prend d’entrée le bras gauche de son adversaire avant de mettre le droit sur la nuque pour le projeter. Okinoumi résiste avec sa propre prise intérieure et fait reculer le Mongol qui achève son uwatenage quasi en même temps qu’il sort du dohyo. Les shimpan, convoqués, confirment sa victoire, mais le Mongol a eu très chaud. L’essentiel est fait. Plus que quatre…


Toujours aussi déterminé, Hakuho tient à remettre les choses au point face à Goeido, victime expiatoire de la surprise de la veille. Le sekiwake se trouve instantanément pris sous les bras et se trouve impuissant à empêcher sa sortie très rapide. Victoire éclair pour le yokozuna qui complète une triade mongole. En effet, succès limite mais ô combien important pour Kyokutenho qui garde le rythme en plaçant une ouverture en recul sur Homasho. Le sumo mongol a encore de beaux jours devant lui, même les Hawaïens à leur apogée avaient au moins les Hanada pour leur tenir tête.


Le Renard de la makuuchi, Aminishiki, souhaite sans doute démontrer que Kyokutenho n’est pas le seul lutteur sur lequel les années n’ont pas de prise. Face à Kisenosato il livre un combat plein d’intelligence en déniant toute prise de mawashi, chutant presque dans le mouvement vainqueur qui lui permet de sortir l’ozeki du dohyo en même temps que de la course au titre. Ce n’est pas encore pour cette fois qu’on aura un yusho japonais en makuuchi. Aminishiki, lui, décroche un kachi-koshi qui pourrait bien le renvoyer une fois de plus en sanyaku.


Kakuryu assure un succès tranquille sur uwatenage face à Kaisei dépassé à défaut d’être déméritant. Férocement déterminé, Myogiryu décroche dès cette onzième journée son kachi-koshi par la grâce d’une poussée frontale et d’un axe lucidement déplacé pour ne pas laisser d’échappatoire à Tochiozan. Le jeune rikishi peut désormais se consacrer à parfaire sa fiche pour qui sait entamer un ozeki-run.

Aoiyama envoie les watts face à Gagamaru qu’il saisit haut sous les aisselles et sort sans coup férir. Tochinoshin quitte les rangs sanyaku en cédant sous la pression en oshi de Shohozan, au basho tout aussi difficile que le Géorgien.


Aran, très bas sur ses appuis, mystifie Toyonoshima en l’attirant au sol. Victoire intelligente et opportuniste du Russe. Takayasu, décidément sur une sacré dynamique dans le milieu du banzuke, décroche un neuvième succès sur un uwatenage en recul placé sur Toyohibiki. Le premier makuuchi de l’ère Heisei va revenir au minimum chez les joi-jin et pourrait bien à ce rythme décrocher un prix. Succès de Takekaze dans un style qui lui est familier, hikiotoshi après deux ou trois poussées. Mal parti à l’atari, Daido se récupère mais sa position inconfortable prend toute sa dimension avec l’effondrement de son genou gauche qui cède sous la pression de Tokitenku. Contré par Masunoyama qu’il avait pourtant à sa main, Chiyotairyu se retrouve baladé par le poids lourd qui montre une étonnante vivacité eu égard à son gabarit et se rapproche doucement des joi-jin. Le premier affrontement entre Miyabiyama et Yoshikaze, qui voit le Blob s’écrouler en même temps qu’il sort son hargneux adversaire, accouche d’un mono-ii, le bébé se révélant être un torinaoshi. La lutte échevelée du deuxième combat voit Yoshikaze l’emporter au terme d’un concours de tsuppari, pour un combat qui devrait laisser des traces sur les organismes. Miyabiyama est hors d’haleine au sortir du dohyo et se rapproche dangereusement du make-koshi dans le ventre mou du banzuke.


Un atari plus vif permet à Shotenro de passer sous les bras de Fujiazuma pour un combat conclu en poussée pure. Déjà make-koshi, Tenkaiho doit réaliser un parcours parfait pour espérer sauver sa place en makuuchi. Cela commence par cette prise de mawashi affirmée et une poussée puissante pour partager son infortune avec Kitataiki. Etonnante victoire en yorikiri après une solide prise de mawashi pour Wakakoyu, une technique téméraire mais payante pour ce non-spécialiste face à un technicien du yostu aussi capé que le Mongol. Malmené par un puissant nodowa et une série de tsuppari assénés par Sadanofuji, Wakanosato doit son salut à un décalage opportun au moment de la poussée finale qui devait l’envoyer dans les sunakaburi. Le vétéran sort son adversaire de la makuuchi et devrait assurer son maintien sauf catastrophe. Incapable de trouver la solution au mawashi, Kimurayama se fait sortir rapidement par les grands bras de Yoshiazuma.Encore un superbe combat du très technique Takanoyama qui après un joli travail des bras face au puissant Takarafuji conclut, comme d’habitude pourrait-on presque dire, grâce à un crochetage d’une féroce habileté, son passé de judoka suintant de ce talentueux mouvement.


En juryo, comme il est très souvent de tradition, les dominations n’ont qu’un temps. Le leader d’hier chute et voit fondre sur lui trois adversaires déterminés à rafler la mise. Le sumo clair et engagé de Takamisakari souffre des exceptions, surtout en ces temps difficiles pour le disciple d’Azumazeki. Robocop emporte la décision grâce à un tirage au timing parfait qui frustre largement Tamawashi qui avait l’affaire bien engagée. Tamawashi, seul leader hier, voit fondre sur lui trois autres jumaime, en les personnes d’Ikioi, Chiyonokuni et Jokoryu. Ikioi, dans un combat à enjeux, sort logiquement et en puissance Tanzo, auteur toutefois d’un beau basho, et assure son retour en makuuchi en même temps qu’un strapontin en tête de la division. Beau sumo vers l’avant de Jokoryu qui assure son kachi-koshi et est tout proche d’une promotion en makuuchi. Chiyonokuni, qui a déjà connu la division reine, montre un engagement encore plus prononcé pour s’assurer un sort identique. Takanoiwa ne respire pas une seconde et est irrémédiablement sorti. Jokoryu complète le quatuor avec une victoire tout en poussées efficaces malgré la tentative de prise de bras de Nionoumi.

Après son sursaut d’énergie de la veille, Tochinowaka retrouve son sumo lymphatique, facilitant la tâche de Kotoyuki qui n’en demandait sans doute pas tant. Le très puissant nodowa de Tokushinho se révèle impuissant sur Tamaasuka qui réussit un imperceptible décalage lui permettant de prendre la lourde masse de son adversaire légèrement de côté pour une sortie inévitable. Daikiho entame son combat avec une belle prise extérieure main gauche, mais son bras cède sous la pression de Tokushoryu et c’est donc en oshizumo qu’il achève le Mongol. Position basse et poussée frontale : sumo basique mais efficace pour Chiyootori qui sort Kotoyutaka en deux secondes. Sotairyu réussit à sortir Hochiyama du dohyo en premier mais semble poser son pied à l’extérieur dans le mouvement. Le mono-ii convoqué confirme le verdict du gyoji, faisant le bonheur de Hochiyama. Oiwato sort vainqueur de la bataille de tsuppari et envoie définitivement Kimikaze en makushita. Arawashi plonge sous la garde de Sagatsukasa et prolonge pour l’instant sa place en juryo. Il n’a plus le droit à l’erreur jusqu’au senshuraku. Avec un sumo toujours aussi vif et engagé, Kitaharima sauve pour l’instant le make-koshi en écartant Satoyama de la lutte au yusho. Lourd et puissant, Masakaze assure le retour en makushita du poids léger Oniarashi tout en conservant ses propres espoirs.

Ryuden poursuit son rêve éveillé en annihilant Buseizan pour s’offrir une finale de yusho qui aura également le doux goût de la promotion si la shiroboshi est au bout. Il y affrontera Chiyomaru, vainqueur logique d’Onami monté de sandanme. Kyokushuho montre où est sa place à Homarefuji, dont le retour en juryo après cette cuisante défaite n’est pas encore assuré. A ce stade, quatre relégations sont assurées, le sort d’Arawashi demeurant pour l’heure en suspens. Kyokushuho est assuré de monter, Akiseyama et Masuraumi sont en ballotage très favorable, et Ryuden peut encore nourrir des prétentions. Masakaze, Azumaryu et Tochiyashiki n’ont pas abandonné leurs chances.

En sandanme, l’expérimenté Hagane (75 basho dont 28 en makushita) affrontera la fougue et l’enthousiasme d’Osunaarashi pour le yusho. En jonidan, si Hamaguchi confirme la logique en battant Kaito, le torikumi pourrait devoir être bouleversé pour faire s’affronter les deux leaders de sandanme aux deux terribles do-beya de la Kise, qui ne peuvent s’affronter en honwari. Enfin, en jonokuchi, la rencontre attendue entre les deux favoris Sotenryu et Kasugasato se précise.