Il faut remonter à bien des années pour trouver trace d’un affrontement à 14-0 au senshuraku. En fait, il n’y en a eu en tout et pour tout que quatre autres dans l’histoire : Tochinishiki contre Wakanohana en 1960, Kashiwado et Taiho à deux reprises en 1963 et 1964 et le dernier pour les do-beya Chiyonofuji et Takanosato en 1983. C’est dire si les deux protagonistes du musubi-no-ichiban de ce senshuraku ont marché sur l’eau. Tout n’a pas toujours été simple ni pour l’un ni pour l’autre, mais la réussite se provoque, dit-on. Et c’est dire aussi l’exploit réalisé par Harumafuji qui décroche au terme d’un combat rapide au mawashi – et d’un combat raté de Hakuho, en position bien trop relevée - un zensho-yusho contre Hakuho. L’ozeki a-t-il enfin cette fois-ci atteint la maturité qu’il n’avait pas lors de son premier yusho ? Pourra-t-il renouveler l’exploit et ceindre la tsuna ? Ce sont les questions en suspens de ce Nagoya basho qui ne restera pas dans les annales, comme un je-ne-sais-quoi d’inachevé. L’apothéose pour septembre ?
Déjà un troisième yusho pour le Mongol…
Hakuho doit se résoudre à l’évidence, il a manqué son combat…
Car s’il ne franchit pas rapidement le pas qui le sépare du nirvana des sumotori, et bien qu’il existe des exemples de maturité très tardive dont Chiyonofuji est sans doute le plus illustre, Harumafuji risque bien de devoir à terme se transformer en un Kaio bis, l’un de ces ozeki d’exception capables de remporter régulièrement un yusho mais à qui il manquerait ce petit truc qui fait franchir le dernier pallier. L’avenir nous en dira plus, mais le temps joue contre le Mongol, tout comme l’opposition embouteillée à son grade, avec en plus des jeunes qui frappent à la porte.
Ce combat était véritablement le seul enjeu majeur de cette journée, marquée par deux affrontements inter-ozeki pour mémoire. Dans un combat sans enjeux, Kakuryu montre une vivacité redoutable en opérant un makikae puis une projection fatale avant que Kotoshogiku n’ait eu le temps de réagir. Le Mongol repart avec les flèches. Pas plus d’enjeux entre Kotooshu si ce n’est une rivalité très ancienne, et le Bulgare montre que lorsqu’il est en confiance et qu’il ne craint pas de risque, il est redoutable, particulièrement s’il accroche le mawashi et encore plus à deux mains. Net succès de Kotooshu.
41ème confrontation nettement à l’avantage du Bulgare.
Aran perd son sansho.
Gros travail de placement de Tochiozan pour décrocher une prise de mawashi, et ensuite expulser en yori Takayasu qui aura connu un point de rupture. Toyonoshima a le dessus dès l’atari et ce n’est pas la vaine tentative d’ipponzeoi de Tamaasuka qui peut y changer quoi que ce soit. Hors des sanyaku et joi-jin, Toyonoshima sera un vrai danger en septembre. Deuxième cadeau de la Kyokai pour Kyokutenho confronté à Hochiyama encore plus à la dérive que lui. Victoire sans appel sur solide prise de mawashi. En oshi, Aminishiki semble avoir le dessous mais un harite bien placé à raison de l’équilibre de Tamawashi. Les tentatives de kake de Tokitenku n’y font rien, Aoiyama est juste trop puissant dans ses poussées profondes des bras. Oshidashi sans peur et le Bulgare sera sanyaku en septembre. Tochinowaka est égal à lui même dans son combat contre Okinoumi : laissant son adversaire se saisir sans peine du mawashi, il offre une résistance minimale. Un basho à oublier pour lui. Trop mou dans son offensive de tsuppari, Wakakoyu se fait prendre le mawashi par Sadanofuji, la messe étant dite à partir de là. Enserrant Shohozan en position de kimedashi, Takarafuji tente une projection mais se fait contrer par ce dernier qui va être au contact des sanyaku au prochain basho. L’une des surprises de ce basho, à n’en pas douter. Tochinoshin maîtrise sans peine Daido auteur d’un bon basho mais trop limité physiquement face à un adversaire de ce calibre. Homasho met fin à une longue série de défaites face à Wakanosato que l’on ne sent pas prêt à revenir au premier plan. Pris au mawashi par Toyohibiki, Gagamaru n’a aucune maîtrise sur son combat et abandonne les rêves de sansho. Choc dans tous les sens du terme pour Yoshikaze qui trouve en Kitataiki une répartie digne de ce nom pour son oshi-zumo furieux. Yoshikaze sort battu et le nez en sang. Kachi-koshi depuis hier, Miyabiyama n’a pas la motivation ou la grinta nécessaires pour contrer Chiyotairyu qui décroche sa promotion avec un yorikiri solide.
Au bilan de la makuuchi, le placement des ozeki sera en septembre rigoureusement le même que pour Nagoya à l’unique exception de Harumafuji qui gagne logiquement trois places. Myogiryu sera sekiwake, et Goeido pourrait bien ne descendre que d’un demi-rang, ou sinon c’est Aoiyama qui prendra le deuxième rang. Si Aoiyama est sekiwake, Goeido sera komusubi, vraisemblablement en compagnie de Tochinoshin. Les rangs joi-jin seront occupés par Shohozan, Aran, Gagamaru, Kaisei et Homasho.
En fin de division, Ikioi, Hochiyama, Tochinowaka, Tamawashi et Tamaasuka devraient se voir rétrogradés et remplacés nombre pour nombre par Asasekiryu, Tenkaiho, Kimurayama, Asahisho et Fujiazuma.
En ce qui concerne le juryo yusho, Chiyonokuni remporte une victoire heureuse lors même qu’il est battu ce jour, mais voit tous ses rivaux subir le même sort. Ikioi sort sans coup férir Asahisho qui n’a aucune chance malgré la perspective d’un kettei-sen. Petit décalage sur la gauche pour Tokushoryu qui engage le fer en oshi, mais Kimurayama fait montre de subtilité avec une baffe et un décalage simultanés qui contraignent Tokushoryu à toucher terre. Il n’y aura pas de kettei-sen, Chiyonokuni remporte le juryo yusho, malgré la semi-henka de Fujiazuma qui l’envoie au sol. Avant cela, Jokoryu avait cédé. Jokoryu est motivé par le yusho, mais Takanoiwa l’est encore plus par le maintien. Le Mongol est plus vif et tranchant et l’emporte nettement.
Deux rétablissements miracle à la tawara ne suffisent pas : Asasekiryu enfonce un peu plus le chouchou des foules Takamisakari que l’on devrait retrouver en danger de rétrogradation comme Kokkai au prochain basho. Combat pataud entre Tenkaiho et Tokushinho, ce dernier finissant par s’effondrer seul sous son propre poids. Lutte un peu contre nature pour Oniarashi dont la principale volonté est de maintenir Sagatsukasa à distance du mawashi. Le Mongol réussit parfaitement son idée de manœuvre et finit par placer une ouverture payante qui lui sauve peut-être sa place dans l’élite. Solide sur ses appuis et exploitant parfaitement son allonge, Chiyootori garde Sotairyu à distance et l’emporte sur oshidashi. Yoshiazuma doit s’y reprendre à plusieurs fois face à la vivacité de Kitaharima mais le gabarit finit par l’emporter en force. Kokkai pour une fois appliqué se fait déborder en force par Oiwato. Dur, pour le Géorgien. Masakaze est solide mais Kotoyuki est juste un peu plus malin par une déviation à la dernière seconde qui lui permet d’emporter la mise, en l’occurrence le kachi-koshi. Méchante henka de Masuraumi qui sauve sans doute sa place dans l’élite en éliminant Nionoumi. Un freebie pour Kairyu, ms10 déjà make-koshi, qui saisit brillamment l’opportunité en expulsant Homarefuji après un combat à sens unique.
Pour ce qui concerne les promotions/relégations dans les rangs sekitori, Homarefuji, Masakaze, Masuraumi, Oniarashi et Tosayutaka quittent les rangs salariés. Ils seront remplacés par les revenants Kotoyutaka et Satoyama ainsi que les shin-sekitori Kei, Terashita et Yamaguchi le tsukedashi.
Les yusho chez les toriteki avaient déjà vu en makushita la nette victoire de Yamaguchi donc, et celle de Tochidaiho en jonidan. Deux kettei-sen restaient à disputer. En sandanme, Watanabe conclut de belle manière un basho exemplaire. Enorme combat pour le jonokuchi yusho kettei-sen où les deux do-beya de la Kise-beya s’affrontent dans une lutte de plusieurs minutes au corps à corps. C’est finalement Hamaguchi qui a le dernier mot d’une lutte superbe. On devrait les revoir très bientôt.
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