Le senshuraku de ce Kyushu 2011 proposait bien peu de suspense aux spectateurs, venus peu nombreux en ce jour de clôture - comme durant toute la durée du tournoi d'ailleurs (le gymnase de Fukuoka n'a jamais fait le plein de toute la quinzaine). On savait ainsi depuis le milieu de la semaine qu'Hakuho remporterait son 21ème yusho, que Kotooshu avait sauvé son rang d'ôzeki et que Kisenosato devrait patienter au moins un tournoi de plus avant d'être promu au grade supérieur. En juryo, l'étonnant Ikioi, fraîchement promu parmi les salariés, avait empoché le tournoi dès la veille.
La seule question qui restait en suspens concernait l'ampleur de la victoire d'Hakuho : le yokozuna allait-il empocher une quinzième shiroboshi, synonyme de zensho-yusho ? Le Mongol brûlait en effet de remettre les pendules à l'heure et de rappeler qui est le patron, après une année 2011 où sa domination a été contestée comme rarement (avec quand même quatre bashos au compteur, tout est relatif !) Mais dans sa quête du score parfait, le champion suprême a buté sur un Baruto impressionnant. Le Balte produit un tachi-ai surpuissant qui empêche le yokozuna de s'organiser comme il sait si bien le faire habituellement. Déstabilisé par la résistance de l'ôzeki, Hakuho fait preuve d'une maladresse étonnante, avançant trop bas sur son adversaire jusqu'à lui offrir sa nuque pour un hatakikomi imparable. Baruto, qui enchaîne désormais régulièrement les scores à deux chiffres, conserve son rang de premier ôzeki.
A genoux devant ton maître !
Kotoshogiku a poursuivi son redressement après un milieu de semaine délicat (4 défaites consécutives contre le yokozuna et les ôzekis). Le nouvel ôzeki s'est débarrassé de Kisenosato d'une poussée monstrueuse, ne se laissant démonter ni par les tentatives d'hatakikomi, ni par les reculades de son adversaire. Avançant avec une brutalité rare, Kotoshogiku chute hors du dohyo avec son rival. Les juges finissent par lui accorder la victoire après une brève délibération (watashikomi). L'élève de la Sadogatake confirme crânement qu'il a bien l'étoffe d'un ôzeki. Mauvaise nouvelle en revanche pour le Naruto-boy, qui devra réaliser un Hatsu 2012 parfait pour espérer une promotion. Il se consolera avec l'attribution du gino-sho, le premier de sa longue collection de prix.
Les deux autres ôzekis terminent leur basho somme tout décevant sur un combat assez paradoxal. Harumafuji semble en effet avoir fait le plus dur en relevant le double mètre de Kotooshu au tachi-ai. Mais le Mongol ne parvient pas à capitaliser sur cet avantage, et c'est au contraire le Bulgare qui enclenche une poussée qui lui permet de sortir assez facilement son adversaire (yorikiri).
Le grand ménage réalisé au printemps par la NSK semble commencer à porter ses fruits, puisque sur les 3 combats où se jouait le kachi-koshi, seul Kitataiki est parvenu à s'emparer du Graal. Face à Toyonoshima, il produit un oshi-zumo plein de hargne conclu par un oshidashi autoritaire. Tochinowaka ne connaît pas la même fortune, la faute à un tachi-ai d'une mollesse insigne. Peut-être a-t-il cru à un faux départ de Kakuryu ? Le sekiwake ne se pose pas tant de question et expulse facilement le Coréen (tsukidashi). Goeido rate lui aussi le kachi-koshi (et un retour en sanyaku) par la faute d'un Aminishiki aussi puissant qu'expérimenté. En migi-yotsu, le lutteur de l'Isegahama avance sur son jeune rival avant de placer un splendide shitatenage. Daido et Yoshikaze, tous deux à 7-7 s'affrontaient également pour le kachi-koshi. Yoshikaze place une énorme henka mais ne parvient pas à déstabiliser Daido, qui se retourne rapidement pour faire face à son adversaire. Le petit lutteur fonce alors tête baissée - trop baissée - ouvrant à Daido la possibilité d'un hatakikomi.
Le prochain banzuke devrait être marqué par des mouvements assez marqués, puisque plusieurs lutteurs du haut du tableau enregistrent des scores sévères qui devraient les précipiter au bas de la makuuchi. Homasho, "monsieur ascenseur", est exécuté par Miyabiyama (4/11). L'ancien ôzeki, aussi efficace que peu original (tsuppari-hatakikomi), marque un score à deux chiffres à un rang assez élevé. Okinoumi, décidément prometteur, maîtrise parfaitement la puissante poussée de Gagamaru, avant d'enfoncer sa main gauche dans le dos de son adversaire et de le sortir sans coup férir (okuridashi). Le Géorgien rend une très vilaine carte (2/13). Dans les combats des egos meurtris, Tochinoshin (2/13) bat Tsurigidake en puissance (yorikiri), juste après qu'Aran (4/11) en ait fait de même avec Kyokutenho (4/11). De grosses chutes en perspective pour ces joi-jin.
D'autant, que dans le bas du tableau, plusieurs lutteurs prometteurs ont réalisé de très beaux scores. Wakakoyu bat Aoiyama d'un hatakikomi imparable, et s'empare ainsi de son premier jun-yusho (12/3). Il empoche également son premier kanto-sho, comme son adversaire du jour. Final en apothéose donc, pour deux espoirs dont on a hâte de voir les combats contre des lutteurs plus aguerris. Shohozan conclut par une victoire - la dixième - un basho prometteur face à Takekaze (oshidashi). Myogiryu (10/5) ne connaît pas une fin aussi positive, la faute à un excès de précipitation dans son combat du jour. Tachi-ai véloce, poussée rageuse : il amène Fujiazuma au bord du précipice, mais tente alors une projection mais sans la préparation nécessaire. Fujiazuma, bien calé sur ses appuis, le contre d'un kotenage.
Victoires de Kaisei face à Tokitenku (oshidashi), de Takayasu sur Sadanofuji (okuridashi), de Kimurayama contre Kokkai (hikiotoshi). Victoires également de Takarafuji face à Toyohibiki (yorikiri), de Sagatsukasa sur Asasekiryu (oshidashi) et de Tamawashi contre Bushuyama (oshidashi).
En juryo, Ikioi remporte le yusho pour son premier tournoi en tant que salarié, et ce malgré une ultime défaite face à Kotoyuki. Yoshiazuma, son principal rival, se consolera avec une promotion en division suprême lors du prochain basho. Takanoyama, qui remporte un neuvième succès, pourrait bien l'accompagner. Enfin on notera avec plaisir que es anciens tauliers de la makuuchi Takamisakari et Tochinonada rendent une carte positive, Tochinonada ne décrochant le kachi-koshi que lors de son dernier combat.
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