Le Kyushu basho s'est ouvert ce matin à Fukuoka sur une première journée marquée par les acclamations réservées au nouvel ôzeki Kotoshogiku, et à celui qui espère le devenir Kisenosato.
Du côté des résultats, la seule surprise est venue de l'avant-dernier combat du jour, qui voyait Toyonoshima défier Baruto. Le petit lutteur japonais a démontré une nouvelle fois qu'il savait manoeuvrer les sekitori les plus grands, en étalant rapidement les 197 centimètres du géant estonien. La victoire s'est dessinée dès le tachi-ai, par la grâce d'un léger décalage sur le côté droit lui assurant une prise impeccable sur le mawashi du Balte. La projection qui suit est efficace (sukuinage). Kotooshu est averti !
Pour le reste, rien que du très prévisible : les lutteurs dont on attendait la victoire n'ont pas fait mentir les pronostics, à commencer par Hakuho. Le tachi-ai surpuissant du Yokozuna a fait voler en éclat le pauvre Homasho, qui s'écroule littéralement sur place (hatakikomi). C'est au tachi-ai également qu'Harumafuji a dessiné sa victoire, dans son style caractéristique fait de vivacité et de précision : à peine Okinouimi s'élance-t-il que le Mongol s'est déjà assurée une bonne prise intérieure dont l'espoir japonais, malgré sa belle résistance, ne peut se défaire (yoritaoshi). Victoire peu rassurante de Kotooshu, qui utilise son allonge pour maîtriser la furia un peu brouillonne de Goeido ; lorsque celui-ci rate sa projection, le Bulgare n'a qu'à s'écrouler sur le dos de son adversaire pour empocher une victoire (okuritaoshi). Il faudra montrer autre chose pour se sortir du kadoban. Quant à Kotoshogiku, nouvelle idole des foules, il fait mentir l'adage selon lequel les festivités d'une promotion se paient cash au basho suivant. Tout en puissance, il n'a même pas eu à mettre en branle ses célébrissimes gaburi-yori pour expulser le pourtant coriace Tochinoshin (yoritaoshi).
Kotoshogiku a dignement étrenné son nouveau rang d'ôzeki
Les deux prétendants au rang d'ôzeki ont maintenu leurs espoirs intacts. Kisenosato a néanmoins dû s'employer pour vaincre un Kyokutenho toujours difficile à manoeuvrer. On pense même que le Mongol va l'emporter lorsqu'il tire son adversaire à travers le dohyo pour l'envoyer contre la tawara, mais le sekiwake contre d'un opportun yoritaoshi. Visiblement, les récents drames de la Naruto-beya n'ont pas entamé la concentration du nippon. Victoire plus rapide pour Kakuryu, qui se débarrasse d'Aran sur un yorikiri convaincant. Victoire facile également de Tochiozan, qui s'assure une prise intérieure gauche précoce lui permettant d'expulser Kitataiki (yorikiri).
Plus bas dans le banzuke, les lutteurs ont offert un festival d'oshi-zumo, style qui n'exige pas que de la force et de la rapidité, mais également de l'équilibre et de la vista. C'est ainsi que Gagamaru, qui avance sur Tochinowaka grâce à de puissants moulinets, ne maîtrise pas sa poussée et offre son dos à son adversaire du jour, qui n'a plus qu'à l'accompagner hors du dohyo (okuridashi). A l'inverse, un peu de vélocité de peut pas nuire, ce qu'a pu constater Miyabiyama. Les timides tsupparis de l'ancien grand champion n'ont pas déstabilisé Tokitenku, qui a pu tranquillement pousser le ventre de son adversaire hors du dohyo (oshidashi). C'est également grâce à sa rapidité d'exécution que Takekaze peut contrer un Takayasu pas trop mal parti (oshidashi). L'autre Naruto-boy, Wakanosato, est également battu par le tachi-ai fulgurant de Wakakoyu, qui lui saute à la gorge pour ne le lâcher qu'une fois la limite de la tawara franchie (oshidashi). Victoire à peu près similaire de Toyohibiki, qui encaisse sans broncher le tachi-ai de Daido avant de déclencher une poussée linéaire décisive (tsukidashi). Yoshikaze parvient à destabiliser Aminishiki grâce à son oshizumo teigneux (oshidashi).
Belles leçons de sumo offensif au bas du tableau : Myogiryu avance du début à la fin sur Sagatsukasa (tsukiotoshi) ; Kaisei marche littéralement sur Takarafuji (uwatenage) ; Fujiazuma l'emporte sur Kokkai (yorikiri). Dans les duels de shin-maegashira, Sadanofuji l'emporte sur Shohozan (sukuinage) et Aoiyama sur Tsurugidake (oshidashi).
A noter enfin une victoire un peu burlesque d'Asasekiryu. Le Mongol a tout d'abord le plus grand mal pour maîtriser les tsupparis de Tamawashi, mais parvient à immobiliser le combat au centre du dohyo, la main posée sur le visage de son adversaire (!) Ce dernier, peut-être un peu destabilisé, se laisser contourner par son adversaire et sort de lui-même du dohyo (okuridashi).