• Aki basho 2011 : 15ème journée (senshuraku)

    Un regret et des satisfactions

    Joli final aujourd’hui pour l’Aki basho, édition 2011. Joli, mais on aurait aimé plus. On aurait aimé une apothéose. Un kettei-sen, voire, soyons fous, un tomoe-sen. On est passé à côté, la faute à un Baruto bien décidé à ne pas paraître indolent alors même qu’il n’y a rien à gagner, et à un Hakuho toujours aussi boulimique de victoires et décidé à atteindre la mythique barre des 20 yusho. Mais ne boudons pas notre satisfaction. L’Aki basho a accouché de plusieurs satisfactions, justement, et l’avenir du sumo se présente aujourd’hui sous des auspices nettement plus favorables qu’on n’aurait pu envisager il y a de cela six mois à peine.
    Encore une fois, comme hier, les trois derniers combats représentaient l’enjeu majeur du basho, avec un sekiwake en bonne position pour entamer derechef un ozeki-run, et l’autre sekiwake bientôt promu en passe de briguer le yusho. Les choses commencent idéalement, Kisenosato, remonté comme une pendule et bien décidé à jouer le coup à fond, nous fait une Isegahama-special, se décalant légèrement sur sa gauche pour s’emparer du bras droit de Goeido et, à partir de cette position, emmener son adversaire au sol. En dépit de ses dix victoires, Goeido sera sans doute simplement M1o à Kyushu. Kisenosato, lui, aura une opportunité en or de poursuivre son ozeki-run.


    « Je n’ai pas l’intention de m’arrêter là… »





    Son visage en atteste, Kisenosato a payé de sa personne sur cet Aki.


    Kisenosato à douze succès rejoint donc à cet instant les deux hommes de tête. On pense alors que Kotoshogiku ne va faire qu’une bouchée de Baruto contre lequel il reste sur deux succès consécutifs, sachant que le Balte n’a plus rien à gagner sur ce basho. C’est sans compter sur sa fierté et sa détermination à faire comprendre ce que doit être un ozeki au jeune freluquet qui s’apprête à rejoindre le club. Baruto gagne son combat à l’atari, quand son bras gauche prévient en intérieur une prise de mawashi solide de Kotoshogiku, qui ne peut lancer ses gaburi. Quand le sekiwake tente d’accrocher le mawashi pour décrocher un morozachi, Baruto à l’affût ne laisse pas passer sa chance et place un uwatenage qui envoie Kotoshogiku dans la poussière. Les deux sekiwake sont alors à égalité, mais le yokozuna doit encore combattre. On se prend à rêver d’un succès de Harumafuji, sur le modèle de celui de Baruto, avec un tomoe-sen à la clé. Harumafuji reste, après tout, sur trois victoires de suite face au yokozuna.


    Baruto, bourreau des espoirs nippons


    Déçu, Kotoshogiku a une belle moisson pour se consoler.


    Mais c’est sans compter sur la faim toujours aussi gargantuesque de victoires du dai-yokozuna. Si Harumafuji lance un tachiai éclair comme la veille, Hakuho n’est pas en reste et contrôle la charge, tenant l’ozeki loin de lui par la grâce de son allonge plus importante. Deux secondes plus tard, Hakuho répond à une nouvelle poussée de Harumafuji en lançant du bras gauche un monumental uwatenage qui fait faire une pirouette magnifique à son compatriote. Les jeux sont faits, Hakuho remporte, à 26 ans et demi, son vingtième yusho. Seul Taiho a fait mieux. Le record de ce dernier est à portée de fusil avant les trente ans que le yokozuna s’est fixé comme limite d’activité. La foule japonaise ne boude pas son plaisir devant la performance, même si les encouragements massifs pour Harumafuji montraient clairement le scénario qui eût été privilégié. Mais c’est ce qui a peut-être changé dans le sumo de l’après-yaocho : les scénarios rêvés ne se réalisent pas toujours.


    Une photo qui en dit long sur le différentiel de détermination.


    C’est d’ailleurs ce que doit se dire Miyabiyama, qui devait penser accrocher son kachi-koshi face à Kakuryu déjà sauvé. Las, il faut également produire un sumo digne de ce nom, et on ne mérite pas le kachi-koshi quand on se fait poussée comme un fétu de paille par un sekiwake qui vous rend quarante kilos sur la balance. Scénario idéal en revanche pour Toyonoshima, qui nous fait une redite du Hatsu dernier. Opposé à Kitataiki auteur d’un très solide basho, le nain de la division profite de son gabarit pour passer en dessous de la garde de son adversaire et le repousser prestement avant de le tomber sur yoritaoshi. De 1-7 à 8-7, la performance est notable. Scénario non moins sympathique pour Tochinoshin, qui conclut un basho somme toute intéressant. Il dispose de belle manière, sur un puissant tsuridashi, du komusubi Aran, pas vraiment démobilisé mais qu’on a connu plus actif. Tochinoshin sera de plain-pied chez les joi-jin en novembre. Scénario idéal tout autant pour Homasho, qui finit en trombe un basho plus que solide. Lui que beaucoup donnaient make-koshi à son rang ardu, sera komusubi en novembre et célèbre sa promotion en encaissant les assauts de Tochinowaka (beau basho également en ce qui le concerne) avant de passer sous sa garde pour un yorikiri propre et net. Scénario idéal enfin pour Gagamaru, beaucoup moins pour Tochiozan, sa victime du jour, en quête de kachi-koshi chez les joi-jin. Le Géorgien est une fois de plus impressionnant de solidité et de placement pour un sumo de poussée à la hawaïenne comme on n’en avait plus vu depuis des lustres. Il sera intéressant de le voir pratiquer ce style devenu désuet à l’ère des Mongols contre le haut du panier. Tournoi tout aussi réussi pour Kyokutenho, même si à ce niveau du banzuke la performance du Mongol surprend moins. Jolie victoire sur Wakakoyu en uwatenage cela dit, la messe était (quasiment) dite quand ce dernier a concédé le mawashi.


    Les vainqueurs des sansho : Kisenosato, Kotoshogiku et Gagamaru.


    Dans un duel de lutteurs à 7-7, Okinoumi fait prévaloir son rang et un basho solide en disposant, petitement toutefois, d’Asasekiryu mal placé après l’atari et qui se fait emmener au sol. Wakanosato très en peine sur ce tournoi vainc Shotenro, un lutteur qui lui convient plus que bien, sur un net yorikiri. Yoshikaze essaie son sumo fou-fou sur Kaisei, mais le Brésilien fait preuve de sang-froid à l’encaissement avant de renverser la vapeur. Takekaze pratique contre Sagatsukasa un sumo de recul, et reprend son avancée quand il dévie un assaut de son adversaire. Victoire peu convaincante pour clore un basho qui ne l’est pas plus. Très belle victoire de Tokitenku, toujours aussi magique dès qu’il passe une technique de crochetage. Le susoharai sur Tamaasuka est de toute beauté, un cas d’école. Combat et basho à oublier pour Tosayutaka, sorti en deux temps trois mouvements par Takayasu et auteur d’un tournoi cauchemar. Fujiazuma sort vainqueur du duel de tsuppari face à Hochiyama, qu’il explose proprement après l’avoir poursuivi sur trois quarts de dohyo. Placement idéal et sumo tout en puissance pour Toyohibiki, qui conclut moins médiocrement un basho commencé de la plus mauvaise des manières. « Je pousse puis je tire », telle est la leçon de la rapide victoire de Daido sur Tamawashi, qui lui permet d’accrocher le kachi-koshi. Aminishiki passe à un score à deux chiffres en échappant aux tirages de Kokkai. Les deux hommes auront un peu d’air en novembre. Peu d’air pour Takanoyama, explosé par Tsurugidake et qui se relève beaucoup trop dans son tachiai. Le Tchèque retrouvera la juryo en novembre, à l’instar de Kimurayama, qui perd son combat d’échange avec Tenkaiho dans un duel de lourds.

    En juryo, Hamanishiki sauve (un peu) son basho catastrophe en contrant l’uwatenage d’Azumaryu par un joli shitatenage. En revanche, Hishofuji déjà condamné cède face à Tochihiryu. Satoyama sauve sa place en juryo en résistant superbement à Arawashi dans un combat d’échange plein d’intensité. Arawashi est toujours aux franges de la juryo mais peine à franchir définitivement le pas. Tokushinho décroche face à Chiyozakura le kachi-koshi comme ms2, mais cela ne devrait malheureusement pour lui pas suffire au vu du reste des résultats. Dépassé physiquement et sorti en yorikiri par un faible Hitenryu, Takamisakari va voire les makushita (et sans doute l’intai) fondre sur lui. Shironoryu remporte au mérite un combat acharné contre Kyokushuho, le Mongol ayant rompu l’arcade de son compatriote avec un violent tsuppari (ce qui nécessite une rare interruption de combat), mais Shironoryu parvenant à contrer le dernier assaut de Kyokushuho avec un joli shitatenage. Fin de combat haletante pour Aoiyama qui semble remporter la mise sur une technique peu orthodoxe, le mono-ii convoqué infirmant la décision pour provoquer un torinaoshi. Hokutokuni se lance comme une balle au deuxième assaut mais Aoiyama absorbe le choc et amène son adversaire au sol pour un dixième succès en treize combats disputés. Il est possible qu’il soit promu en makuuchi. Est motivé mais trop précipité dans ses assauts, les tirages de Nionoumi finissant par avoir raison de ses espoirs de kachi-koshi. Matsutani est motivé, au point de provoquer un saignement de nez en effectuant un matta sur Chiyoarashi. C’est avec un splendide coton dans le nez qu’il gagne sans trembler un combat à sens unique. Bushuyama gagne un combat très engagé après une farouche résistance de Sadanoumi, qui résiste plié en deux à la charge de son adversaire, tente un utchari mais cède finalement, non sans que son genou gauche ne ploie sous l’assaut, et il faut l’évacuer en fin de compte sur une chaise roulante. Combat à sens unique pour Myogiryu qui ginit son tournoi en trombe, à la manière de la rencontre du jour où il perfore littéralement Kotoyuki. Le léger décalage de Chiyonokuni juste après l’atari lui permet de prendre l’avantage et de suivre son mouvement pour l’emporter tranquillement en oshidashi. Fin de règne interminable pour Tamanoshima, annihilé par Takarafuji, et qui à l’instar de Takamisakari va découvrir une zone périlleuse du banzuke. Pour Tochinonada qui sera en milieu de banzuke juryo mais paraît peu à même de retrouver la makuuchi. L’époque est aux changements.

    Pour ce qui concerne la transition des sekitori, on aura bien quatre descentes, Satoyama étant parvenu à sauver sa peau. Hamanishiki, Hishofuji, Hitenryu et Kaonishiki retrouveront le mawashi noir. Seront sekitori en novembre Tokushoryu, Oiwato, Ikioi et Asahisho, Tokushinho et Kitazono échouant aux portes du grââl.

    Affrontement intéressant pour le compte du jonidan yusho en kettei-sen entre deux camarades de promotion. Sakumayama, toujours invaincu dans le sumo professionnel, rencontre Watanabe. Le premier affrontement vif et engagé donne lieu à un mono-ii inhabituellement long, au terme duquel Takanohana-shimpan donne la victoire surprise à Watanabe, qui tient sa revanche sur son impressionnant adversaire.

    Enfin, je ne peux finir cette chronique sans un petit hommage au 35ème Kimura Shonosuke, le tate-gyoji qui atteindra dans quelques jours les 65 ans et dont le combat victorieux de Hakuho aura été le dernier. Son nom est Uchida Junichi, il aura servi au sein de la Tatsunami-beya, et est originaire de Nobeoka, préfecture de Miyazaki. Son hatsu dohyo remonte au Natsu Basho 1962.


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    skydiver

    Osaka basho 2024

    Selon l’agence de presse japonaise Kyodo News, des sanctions financières ont été prises aujourd’hui par la NSK, à l’encontre de rikishi

    skydiver 19/04/2024, 12h44 Voir le dernier message
    skydiver

    [ Akebono ] Présentation générale

    D’après divers médias japonais aujourd’hui, la cause du décès est bien une défaillance cardiaque, à l’hôpital où l’ex Yokozuna était traité.

    skydiver 16/04/2024, 18h45 Voir le dernier message
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    [ Akebono ] Présentation générale

    Les médias japonais donnent un large écho à cette disparition. Akebono Yokozuna, après ses prouesses sur le dohyo, restait une figure populaire au Japon.

    skydiver 12/04/2024, 00h44 Voir le dernier message
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    [ Akebono ] Présentation générale

    Le site de CNN propose un article consacré au Yokozuna depuis quelques minutes.

    skydiver 11/04/2024, 15h34 Voir le dernier message
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    Le 64eme Yokozuna a gagné 11 basho. Il laisse derrière lui son épouse, deux filles et un garçon. Hospitalisé depuis le début du mois, il est décédé d’une

    skydiver 11/04/2024, 15h28 Voir le dernier message
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    Je suis au Japon et la télévision publique NHK vient d’annoncer le décès d’Akebono, à l’âge de 54 ans.

    skydiver 11/04/2024, 12h31 Voir le dernier message
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    Osaka basho 2024

    Si vous avez accès à la chaîne NHK International, à compter de dimanche prochain, vous pourrez revoir les meilleurs moments de ce basho. Plusieurs rediffusions,

    skydiver 11/04/2024, 07h19 Voir le dernier message
    skydiver

    Osaka basho 2024

    En effet. Information à confirmer mais, à ce jour, je ne trouve toujours pas de liste sur le site de la NSK ou ailleurs.

    skydiver 09/04/2024, 03h14 Voir le dernier message
    lolo

    Osaka basho 2024

    Si c'est le cas, ça fait un sacrée renouvellement.

    lolo 08/04/2024, 21h21 Voir le dernier message
    skydiver

    Osaka basho 2024

    Petite exposition sympathique qui ne prend qu’une trentaine de minutes. Beaucoup de photos couvrant plusieurs générations de rikishi, des tegata

    skydiver 08/04/2024, 10h45 Voir le dernier message