Journée de transition dans la moiteur de Nagoya ? Oui et non. Si les deux lutteurs en course pour le yusho ont assez logiquement gagné, le torikumi du jour a tout de même délivré un résultat surprenant, avec l'inattendue défaite du sekiwake Kotoshogiku. Le Japonais, en course pour la promotion au grade d'ozeki, si importante depuis le départ cette semaine du monument Kaio, et seul vainqueur du yokozuna dans ce basho, a cédé à la surprise générale face au maegashira Okinoumi, en étonnante forme pour une deuxième apparition chez les joi-jin et toujours susceptible d'un kachi-koshi, voire d'une promotion en sanyaku.
Stupeur donc à Nagoya où Kotoshogiku, promis en principe à remplacer Kaio sinon dans les cœurs des Japonais, mais à tout le moins dans le rang des ozeki, chute aujourd'hui dans un combat vital dans le cadre de sa course à la promotion. Son bourreau n'est autre qu'Okinoumi, auteur d'un combat d'une grande maîtrise et d'un sens tactique superbe. Okinoumi prend le meilleur à l'atari et décroche une profonde prise main gauche sur Kotoshogiku. Après quelques vaines tentatives de poussées, il recule son placement, empêchant ainsi le rapproché de corps cher au sekiwake, qui n'est jamais aussi puissant que dans cette position grâce à ses cuisses d'extra-terrestre. Au bout de la énième tentative du sekiwake, Okinoumi n'a plus qu'à décaler en conservant l'appui de son bras droit, qui lui accorde la victoire sur kotenage. Kotoshogiku a encore l'espoir de prendre le grade d'ozeki, sa victoire contre Hakuho lui conférant une sorte de « bonus », mais il ne peut plus perdre un combat jusqu'au senshuraku.
Les choses se compliquent pour Kotoshogiku, qui avait pourtant fait le plus dur...
Dans LE combat du jour, qui oppose Baruto à Harumafuji, le seul qui paraît surpris du spécial Isegahama du Mongol paraît être Baruto lui-même, qui parvient toutefois à recouvrer après le décalage de son camarade ozeki son équilibre, mais se retrouve en mauvaise posture avec le petit Mongol profondément dans sa garde et lui qui enserre son cou. On pense d'ailleurs à un moment que la nuque du Mongol va céder, tant la puissance du Bûcheron est colossale, mais le Mongol est solide et sort Baruto malgré une tentative d'utchari peu orthodoxe en dernier recours. Harumafuji reste zensho et on se délecte déjà du choc décisif de demain face à Hakuho. Le seul rôle qu'il reste à Baruto désormais est celui d'arbitre, au senshuraku face à Hakuho.
Harumafuji plus que jamais en course pour un deuxième yusho.
Kotooshu aura tenté face au yokozuna, et montre sur ce combat une puissance et un engagement qu'on ne lui a pas connus depuis le début de la quinzaine. Mais le yokozuna est juste bien plus lucide que le Bulgare, qu'il contre tranquillement d'un shitatenage plein de sang-froid. Hakuho reste au contact de son alter-ego mongol.
L'image est impressionnante, mais Hakuho n'a pas eu à trembler. A dix victoires, on retrouve en sus de Baruto et Kotoshogiku le maegashira Homasho, auteur d'un très joli basho. Habitué des performances dès qu'il se retrouve au fond du banzuke, l'Indien ne loupe encore une fois pas le coche. Dans ce très beau combat, il engage pourtant mal les choses face à Takayasu accrocheur et puissant, son changement de bras pour passer en intérieur lui valant d'être acculé à la tawara où il s'en tire par miracle. Homasho fait ensuite parler la puissance mais il s'en faut d'un rien qu'il ne se fasse contrer in extremis, son salut étant dû à un meilleur placement à l'assaut final.
Derrière le trio susmentionné, on retrouve Fujiazuma, vaincu aujourd'hui, et le Russe Aran. Le choc est physique entre Fujiazuma et Kitataiki, et c'est ce dernier qui, assurant mieux au final sa prise de mawashi, l'emporte assez facilement. Puissance du haut du corps impressionnante de la part d'Aran, qui finit sur une belle projection. L'Ossète devrait selon toute probabilité, avec ces neuf victoires à son actif, être promu en sanyaku, tant l'hécatombe est impressionnante chez les joi-jin, les deux komusubi et cinq des six premiers maegashira étant déjà make-koshi.
Trois rikishi sont kachi-koshi aujourd'hui, Toyohibiki et les deux sekiwake Kakuryu et Kisenosato. Bel équilibre de Toyohibiki qui manque deux fois de subir les tirages de Tokitenku mais ne s'en laisse pas compter, sa puissance étant au final décisive. Aminishiki, en perdition, a des ouvertures sur son combat contre Kisenosato, mais le sekiwake est trop bien équilibré et surtout trop puissant pour que le vétéran puisse faire quoi que ce soit d'utile. Wakakoyu commence son combat face à Kakuryu comme de coutume, par un gros atari et un nodowa, mais il lève trop ses bras et le Mongol qui a su se décaler malgré la prise à la gorge en profite pour se saisir profondément et à deux mains du mawashi de son adversaire, pour l'accompagner inéluctablement vers la sortie.
Deux make-koshi viennent grossir la liste des lutteurs en difficultés. Poussée droite et sans fioriture pour Bushuyama qui se rapproche d'un kachi-koshi méritoire en renvoyant sauf surprise Tochinonada en juryo. Il accompagne dans le make-koshi Daido, victime d'Aran donc.
Après Kaio, il est clair que le prochain intai pourrait bien être celui de Takamisakari, tant le Robot apparaît faible et sans armes alors qu'il est pourtant au fond d'une division makuuchi qu'il fréquente depuis neuf ans ( !). C'est la loi de la nature, mais cela ne va pas arranger les choses pour le sumo japonais.
Le crépuscule d'un autre favori des foules nippones... Toyonoshima est la bête noire de plusieurs lutteurs, Goeido en fait partie. Sur le combat du jour, toutefois, c'est Goeido qui se tire une balle dans le pied tout seul en tentant des changements de mains au mawashi à des moments inopportuns, Toyonoshima étant assez vif et malin pour en profiter. Basho étonnant de Takekaze, que l'on n'attendait pas à ce niveau chez les joi-jin, même si la henka au rabais sur Tochinoshin ce jour ne restera pas dans les mémoires. Yoshikaze au mawashi dès l'atari, c'est suffisamment rare pour le noter, surtout quand il convertit face à un rikishi aussi puissant et solide dans cet exercice que Kaisei. Le Brésilien peut s'en mordre les doigts, car il passe deux fois de peu à coté de la victoire. En perdition sur ce basho, Kyukutenho ne peut rien face à l'assaut placé et à l'équilibre de Tamawashi. Victoire au rabais pour Tochinowaka, qui craint sans doute la puissance et le gabarit trapu de Wakanosato et ne cherche que le tirage et la chute de son adversaire, qu'il obtient juste avant de sortir lui-même du cercle. Combat bien mené pour le minuscule Sagatsukasa qui résiste à la puissance un peu vaine de Gagamaru, trop lent pour être décisif, avant de se stabiliser avec une profonde prise gauche de mawashi qu'il convertit astucieusement par un tirage superbement exécuté qui met le Géorgien à genoux. Combat médiocre de Tochiozan qui, kachi-koshi en poche, laisse filer face à Shotenro qui lui a le feu aux fesses et plus vraiment le choix. La prise de bras au niveau des coudes, un mouvement cher à l'ex-Takanonami, est fatale. Choc basique et affrontement sans fioritures entre Kimurayama et Miyabiyama, mais à ce jeu l'ex-ozeki est moins puissant, on le savait déjà, il est aussi moins précis et quand il manque la cible comme aujourd'hui, c'est facile pour son adversaire de conclure en le laissant choir comme un grand. A l'instar de celle de Kaio, la fin de carrière de Miyabiyama va commencer à s'éterniser. Très beau travail d'Asasekiryu qui assure une prise main gauche à l'atari en déniant la droite de Takarafuji. Le Mongol passe ensuite un long moment à batailler avec sa droite et, lorsqu'il trouve l'ouverture sur le mawashi de son adversaire, il peut plier aisément l'affaire.
En juryo, l'intrigue se corse, comme souvent dans cette division d'habitude assez homogène, un peu plus disparate cette fois. Le Tchèque Takanoyama, auteur d'un basho fantastique pour ses débuts chez les sekitori, et qui a de grandes chances de se retrouver en septembre en makuuchi, y contribue grandement en faisant preuve une fois de plus de toute la vista et maestria technique qu'on lui connaît pour disposer du leader Myogiryu sur okurinage. Myogiryu est rejoint à dix victoires par Masunoyama, assuré depuis un moment de sa place dans l'élite, et n'a plus qu'une victoire d'avance sur un quatuor hétéroclite composé de Yoshiazuma, Takanoyama, Tsurugidake et Tenkaiho.
Plus en bas de la division, le vainqueur du makushita yusho Naoe plonge Hitenryu dans le doute et assure définitivement une montée qui ne faisait plus question. Kakizoe montre que sa montée était juste de la « banzuke-luck » et s'enfonce, il sera de retour en makushita à l'instar normalement d'Akiseyama, qu'on ne voyait pas si décevant. Kanbayashi retrouve un souffle de vie mais cela risque d'être juste pour lui, comme pour le Mongol Arawashi qui montre ses limites.
En makushita, Hishofuji met fin aux espoirs ténus que pouvait nourrir Satoyama d'une montée chanceuse. On notera la présence de solides lutteurs à 6-1, les anciens espoirs Homarefuji et Terashita y étant aux côtés du solide gakusei-yokozuna Meigetsuin, de retour de blessure.
En sandanme, le Russe Amuru, lui aussi de retour de blessure, disputera le kettei-sen à Kasugaryu après sa victoire sur le jeune espoir Chiyoo, et en devrait pas connaître de difficultés pour décrocher le yusho. En jonidan, Maenofuji remporte le combat décisif contre Daichi et donc le yusho. On aura en jonokuchi, comme ça se dessine depuis le début, un kettei-sen entre les deux shin-deshi et do-beya de la Kitanoumi Sasanoyama et Sakumayama. Bien malin qui pourrait en donner le résultat.