Nagoya basho 2011 - quatrième journée : C'est fait !

Non, il ne s'agit pas de la victoire de Hakuho, attendue comme il se doit dans cette première semaine qui constitue pour lui un échauffement. Ni du premier revers de Kakuryu, qui passait aujourd'hui son premier gros test. Il s'agit bien du premier succès dans ce basho de l'ozeki Kaio, anecdotique en soi tant le vétéran est déjà hors du coup avec trois revers en trois jours précédemment, mais si importante par ce chiffre : 1045. Par ce succès, Kaio, phénomène de longévité à haut niveau s'il en est (seul Oshio, avec 26 ans de carrière, a fait mieux) égale pour ce qui est des victoires en carrière l'un des plus mythique yokozuna de l'histoire moderne, le Loup himself, Chiyonofuji.

Alors certes, le débat n'est pas récent sur la qualité de ces records qui tiennent plus des vertus de la longévité (il ne lui manque plus que le record du nombre de combats disputés, où il est encore derrière Oshio et Terao, et celui du total de basho) et du mental qui soutiennent un corps en morceaux (madame Kaio est la première à le confirmer), ni sur l'incongruité qui est que le détenteur de ces records si prestigieux puisse être un ozeki. Débat d'Occidentaux, sans doute. Il n'est pas évident que les Japonais eux-même fassent la fine bouche devant les exploit de celui qui maintient, seul, à bout de bras et à presque 39 ans (il les fêtera au senshuraku) la dernière flammèche de vie des Nippons aux sommets de la hiérarchie d'un Ozumo squatté par les gaijin.


Et puisqu'on parle de qualité, il est certain que la victoire du jour ne restera dans les annales que pour le record, tant le sumo proposé est peu spectaculaire, Kaio stoppant simplement l'atari de Toyonoshima avant de se décaler subtilement et de le faire plonger du bras gauche (Toyo était sans doute trop obnubilé par le terrible bras droit pour y prendre garde). Le visage de Kaio, au sortir de l'affrontement, exprime tout à la fois frustration de ce combat et soulagement de l'exploit accompli.



Sumo actif et impressionnant pour le yokozuna aujourd'hui, qui anéantit en deux poussées et moins de deux secondes le futur Oshima-oyakata, Kyokutenho. Le yokozuna varie pas mal son sumo sur ce basho, ses adversaires ont encore des chon-mage blancs à se faire pour espérer lui arracher un yusho dans l'année...


En compagnie de Hakuho, on ne trouve plus aujourd'hui que quatre autres lutteurs invaincus, dont deux des cinq hiramaku de la veille. Journée sans histoire pour Baruto, qui bénéficie d'un fusen suite au kyujo de Tosayutaka, blessé te susceptible d'être arrêté trois mois. Pas certain toutefois que l'interruption de continuité soit nécessairement profitable à l'Estonien qui aura un important affrontement face à Kakuryu demain. Fin de série pour Kakuryu qui mine de rien restait sur onze victoires d'affilée. Il rend avec les honneurs les armes face à son compatriote Harumafuji, qu'il manque de sortir en puissance dans un premier temps avant que l'ozeki ne se reprenne et ne mette la main gauche fatale sur le mawashi du sekiwake. Rien n'est perdu pour Kakuryu mais il aura un autre test difficile demain face à Baruto.


Parmi les shin-nyû-maku, Tochinowaka est l'homme en forme de ce début de basho, ce qu'il prouve face à Takamisakari qui ne parvient pas à profiter de la mansuétude de la Kyokai et paraît bien dépassé. Le Coréen passe sous la garde de Robocop, son physique fait le reste. Victoire nette. Les valeurs sont contrastées en ce basho d'après-yaocho, et Takarafuji, submergé par Homasho, en fait l'expérience. Homasho, plus bas sur ses appuis, montre un sumo physique et solide et est logiquement invaincu.


Sumo toujours aussi médiocre pour Kotooshu, qui gagne toutefois, ce qui est l'essentiel pour l'ozeki kadoban. Mais que sa position au tachiai est haute et son tirage immédiat suite à l'atari médiocre. J'espère vraiment que l'explication est une blessure latente... Après un uwatenage, un oshidashi. Son compère de la Sadogatake Kotoshogiku semble vouloir démontrer qu'il peut gagner autrement qu'en yorikiri, avec cette victoire solide face à Goeido qui ne lui réussit pourtant pas franchement bien. Le sekiwake reste en course pour le grade d'ozeki, mais la partie s'annonce serrée car le plus dur reste à venir. Enfin une victoire pour Tochinoshin, dont ce basho en sanyaku était pour l'heure bien compliqué. C'est le sekiwake Kisenosato qui en fait les frais, mais l'éternel espoir ne peut s'en prendre qu'à lui-même, tant il a pas mal d'opportunités de disposer du Géorgien dans la première partie de leur (long) combat, en poussée ou en tirage. Après une pause au centre du cercle, c'est manifestement Tochinoshin qui a conservé le plus d'impact physique et, les deux mains sur le mawashi, il raccompagne solidement son adversaire vers la sortie.


Wakakoyu peut être frustré après son combat contre Takekaze tant il domine le petit lutteur de l'Oguruma-beya, mais ce dernier excelle dans le sumo à reculons et ses baffes à deux mains orientent son adversaire vers la sortie. 3-1 pour le vétéran chez les joi-jin, une petite surprise. Le premier affrontement entre Aminishiki et Okinoumi accouche d'un torinaoshi, le vétéran sortant du cercle en même temps que son cadet mystifié par un tirage après un sumo à reculons. Dans la redite, Aminishiki produit un sumo de meilleure qualité mais manque de puissance pour placer l'uwatenage décisif, ce qui permet au natif d'Okinawa de le contre d'un joli kotenage (bel homme à Kaio, d'ailleurs...). A l'instar de Takekaze, le bon résultat d'Okinoumi pour l'heure est une petite surprise.


Tamawashi remporte au tachiai son combat contre l'ancien sekiwake éternel Wakanosato en bloquant les bras de celui-ci à l'intérieur. A partir de la la puissance des poussées des cuisses fait le reste.Aran nous a habitués à un sumo soit très physique, voire brutal, soit à des magistrales henka peu appréciées du public. Ce jour, il nous offre un petit morceau de subtilité avec un tachiai subtil jambe fléchie et une position très basse, puis après un tirage, à une belle mobilité qui lui permet de passer dans le dos de Kaisei pour une victoire amplement méritée. Joli sumo du Russe. Gros impact physique de Tochiozan qui encaisse puis repousse les 200 kilos de Gagamaru, avant de profiter du déséquilibre de ce dernier pour se décaler puis le repousser hors la tawara. Beau sumo du Japonais. Miyabiyama nous montre aujourd'hui le sumo auquel il nous a habitués, en version dégradée. Deux poussées et un tirage assez médiocres suffisent néanmoins à bluffer le technique Tokitenku qui aurait largement pu mieux faire face au fantôme de l'ex-ozeki. Choc physique pour le technicien Asasekiryu opposé à Kitataiki. Le Mongol, à la position de tête très basse, résiste aux assauts de son adversaire avant de trouver finalement l'ouverture en tirages sur le cou après une longue lutte de positionnement des bras. Intelligent sumo de Sagatsukasa qui dévie dans l'échange post-tachiai le bras droit de Toyohibiki et obtient un décalage salutaire qui lui permet de se saisir de ce bras et d'amener son lourd adversaire au sol. Choc bref mais intense entre Shotenro et Fujiazuma, le premier faisant valoir son expérience face au rookie en le tirant proprement à l'arrière de la nuque suite à un furieux échange de tsuppari.


En juryo, les contrastes de valeurs engendrés par les soucis de l'Ozumo n'empêchent pas la division de connaître un basho encore bien disputé, avec un seul invaincu au bout de trois journées, qui n'est autre que le vétéran Tsurugidake, sur qui peu auraient été enclins à miser avant dimanche dernier. Il est poursuivi par une meute de neuf rikishi, dont les shin-sekitori Aoiyama, Takanoyama et Hitenryu. Les vétérans Kakizoe, Hamanishiki et Kanbayashi semblent bien mal engagés.


En makushita, il est encore trop tôt pour s'avancer, mais c'est peut-être le déclic pour Kyokushuho qui en troisième position du banzuke est encore invaincu et ne doit plus assurer que deux succès pour atteindre les sekitori.