En effet, dans le combat phare de la journée, l'ozeki Harumafuji, auteur d'une victoire surprise sur le yokozuna, arrange bien les affaires de ce dernier en disposant du seul adversaire restant à ce dernier, le M6 Tochinoshin. Assaillant le Géorgien avec un atari éclair dont il a le secret, Harumafuji ne laisse aucun temps mort (à la manière dont il avait battu Hakuho, d'ailleurs) se dérouler, et en dépit d'une belle résistance de Tochinoshin qui est tout près de retourner le poids léger mongol à la tawara, il relance l'assaut et le sort en puissance. Le sort en est jeté sur le yusho, il n'y aura pas de kettei-sen. Tochinoshin, lui, se voit récompensé de son jun-yusho par l'attribution d'un kanto-sho qui ne souffre d'aucune discussion.
Il est des légendes qui ne meurent pas. Kaio en est l'illustration. Souvent le sujet de critiques chez les fans occidentaux pour sa capacité à lâcher les combats dès qu'il se sent en mauvaise posture, le vétéran ozeki est encore capable par intermittence de coups d'éclats réjouissants. Dans un combat sans enjeu pour lui (ni pour Hakuho, faut-il relativiser), il effectue un travail technique de toute beauté en empêchant la prise de mawashi de Hakuho dans les premiers instants, avant de décrocher sa fameuse prise extérieure main gauche, Hakuho ayant une intérieure gauche. Sachant que ses réserves physiques sont loin d'être celles de son cadet, Kaio prévient tout temps mort et lance rapidement une offensive en yori que Hakuho tente de contrer par un passement de jambe. En vain, sous les vivats de la foule, le vétéran créée la surprise en sortant le vainqueur du yusho en force. Kaio est le troisième lutteur le plus âgé à décrocher une victoire sur un yokozuna. La perspective de le voir célébrer ses quarante ans sur le dohyo, qui eût pu apparaître ridicule il y a de cela un ou deux ans, est loin d'être hypothétique au vu de sa forme actuelle.
La surprise du jour...
La parade en compagnie de Kaisei, surprise et homme du début de basho.
La frustration de Hakuho, privé de Coupe de l'Empereur, est visible...
« Promis c'est promis, on vous fera plus le coup... »
C'est un basho idéal que termine le komusubi Kakuryu. Si quelques-unes de ses victoires sont sujettes à caution, la vivacité qu'il montre aujourd'hui dans des changements de bras éclair qui rappellent le maître Asashoryu lui permet de remporter en oshi sur Okinoumi un douzième succès tout à fait probant. Kakuryu remporte le jun-yusho avec Tochinoshin, devrait être sekiwake au prochain basho, et entame idéalement un ozeki-run.
Superbe atari du sekiwake Kotoshogiku, qui bondit d'entrée sous la garde du géant Baruto, en position idéale pour ses fameux gaburi-yori de Marsupilami, auxquels peu peuvent résister, Baruto ne pouvant en dépit de toute sa puissance et son gabarit que retarder l'échéance.Kotoshogiku conserve un (mince) espoir d'ozeki-run, mais il lui faudra douze succès en juillet, au minimum.
Aux abois et sous la menace de perdre son rang de sekiwake, Kisenosato se voit proposer une henka par son adversaire Takekaze, en quête lui aussi du kachi-koshi. Irrité, Kisenosato punit vertement le rikishi de poche et l'envoie dans les sunakaburi en deux poussées. Les deux sekiwake étant kachi-koshi, et au vu du 12-3 réalisé par Kakuryu, ainsi que les 12 victoires de Tochinoshin et les 11 de Goeido, on imagine mal que la NSK ne fasse une rare exception à ses principes en nommant un troisième sekiwake en la personne de Kakuryu, Goeido et Tochinoshin devenant komusubi. Goeido peut avoir des regrets sur sa série noire de milieu de basho, tant il paraît placé et puissant dans ses victoires. Sa septième victoire de rang est aux dépens d'un autre homme en forme, Tosayutaka, dépassé par la vivacité de son opposant et par la belle prise sous les aisselles qui bloque l'action de ses bras. Avec dix victoires, Tosayutaka aurait pu décrocher un prix. Il n'en est rien, mais Goeido voit ses onze succès récompensés par le gino-sho.
Auteur d'un début de basho de feu, Kaisei a logiquement plafonné en fin de tournoi, face à des adversaire d'un autre calibre et d'une autre expérience. Opposé au fin tacticien Asasekiryu, le Brésilien voit le Mongol lui bondir dans sa garde pour s'arroger une profonde prise main gauche intérieure. Asasekiryu, de cette position, est à même de résister aux assauts de Kaisei et de placer une poussée en contre qui contraint le carioca à sortir un pied du dohyo. Kaisei se consolera avec le kanto-sho, Asasekiryu limite la casse.
Dix lutteurs étaient avant ce senshuraku en position de décrocher leur kachi-koshi. Bien qu'il n'y ait eu que deux confrontations directes, seuls quatre décrochent le Graal au terme de leur combat. Effet retard du scandale du yaocho ? Difficile à dire. Mis à part Kisenosato, déjà cité, ce sont donc Tokitenku, Gagamaru et Miyabiyama qui progresseront en juillet. Après un atari plutôt mou, Miyabiyama se retrouve à la lutte au mawashi avec Kyokutenho, et il prend étrangement l'avantage en faisant tournoyer son adversaire pourtant plus capé en yotsu-zumo pour le tomber en uwatenage, un kimarite qu'il n'avait pas employé depuis six ans et qu'il vient de réaliser deux fois en trois jours. Miyabiyama sauve sa position en makuuchi et évite ainsi l'intai qui lui pendait au nez en début de basho. Pas sûr toutefois qu'il soit encore là fin 2001. Wakakoyu a un solide oshi-zumo, qui lui permet de déclencher un atari si violent qu'il fait ployer le poids lourd de la makuuchi, Gagamaru. Le Géorgien toutefois plie mais ne rompt pas, et une fois absorbé le choc reprend le contrôle du combat pour expulser en force Wakakoryu. Gagamaru est kachi-koshi. Dès l'atari, Tokitenku décroche une prise intérieure main droite très ferme sur Toyohibiki, ce qui lui donne le contrôle du combat et la victoire en dépit de la résistance farouche de son solide adversaire. Tokitenku est kachi-koshi, Toyohibiki make-koshi.
Auteur d'un début de basho catastrophique, Toyonoshima s'est bien rattrapé en fin de tournoi. Aujourd'hui, toutefois, il est impuissant dans la confrontation d'oshizumo engagée contre Yoshiaze, dont les tsuppari sont plus efficaces. Avec seulement cinq victoires, Toyonoshima devrait être dans une zone moins favorable et susceptible d'une performance en juillet. Assaut frontal et droit (une fois n'est pas coutume) pour Aminishiki qui engage un combat de chiffonniers face à Homasho, en oshi-zumo, qui se conclut par une poussée de Homasho qui sort son adversaire en chutant lui-même. Le long mono-ii conclut à la victoire de Homasho qui remporte un troisième succès et donne le make-koshi à Aminishiki.
Tachiai foiré pour l'expérimenté Wakanosato qui voit Tochiozan, auteur d'un basho raté, lui passé sous les aisselles pour le sortir sans coup férir et lui infliger le make-koshi. En position très basse face au grand gabarit de Tochinowaka, Kitataiki tente les tirages pour disposer de son adversaire mais se fait sortir en puissance par le Nippo-Coréen. Basho catastrophe pour Kitataiki, Tochinowaka s'en sort honorablement à une marche du kashi-koshi. Combat au mawashi d'entrée entre Aran et Shotenro, une erreur sans doute fatale pour ce dernier qui ne connaît pas bien l'immense puissance du Russe et se voit infliger un tsuridashi sur deux bons mètres, un travail magnifique de puissance et de maîtrise. Il ne fait pas de doute que le Russe vaut bien mieux qu'un 6-9 en marge des joi-jin, on devrait le voir rebondir de façon convaincante en juillet. Tentative de henka bien maladroite de Kimurayama, immédiatement puni par Tamawashi, qui inflige donc le make-koshi à son adversaire, qui pourrait bien être le seul rétrogradé en juryo en juillet. Après l'atari, Tochinonada place ses bras sur le mawashi de Bushuyama et mène la danse, expulsant son opposant après un tirage sur le cou et une tentative d'uwatenage. En limitant ainsi la casse et vu les circonstances de ce basho très spécial, Tochinonada demeurera en makuuchi. Avec l'énergie du désespoir d'un lutteur qui se sent glisser au fond de la makuuchi, Takamisakari décroche une belle position en plaçant ses deux bras sous les aisselles de Tamanoshima en perdition sur ce basho, et après deux mouvements de valse, inflige son onzième revers à son adversaire pour limiter son propre make-koshi et assurer sa place en makuuchi un basho de plus. Le Robot devra se montrer plus convaincant en juillet toutefois.
En juryo, rien de palpitant à signaler sur le tournoi, plié depuis deux jours par Sagatsukasa. Sur le plan des promotions, les scores parallèles de Fujiazuma et Masunoyama, tous deux à neuf victoires, pourraient bien condamner la place en makuuchi de Kimurayama. La liste des promus serait donc la suivante : Sagatsukasa, Takarafuji, Fujiazuma, Masunoyama, Takayasu et Daido.
Pour ce qui est des promotions en juryo, il y a plus d'incertitudes quant aux heureux élus, le nombre de places disponibles (13 ou 14) pouvant conduire la Kyokai à privilégier l'un ou l'autre critère, soit un make-koshi léger en haut de division ou un kachi-koshi lointain, pour compléter la liste de ceux dont la promotion est assurée. Arawashi et Oniarashi font sans doute les frais de leur défaite du jour, tout comme Towanoyama. Avec un sixième succès, Chiyozakura se place dans les possibles prétendants. Kakizoe condamne sans doute Masuraumi et pourrait bien être promu avec son make-koshi
- Promotions assurées : Aoiyama, Takanoyama, Kaonishiki, Matsutani, Minami, Sotairyu, Myogiryu, Chiyonokuni, Hamanishiki, Kanbayashi, Kyokushuho, Mochimaru
- Promotions possibles : Towanoyama, Chiyoarashi, Naoe, Kotoyutaka, Chiyozakura, Chiyoarashi, Kitazono, Satoyama, Kakizoe