Après la défaite surprise d'hier du yokozuna Hakuho, auteur d'une erreur inhabituelle en laissant son flanc gauche bien trop ouvert à l'ozeki Harumafuji qui en profitait en un éclair ou le prendre de côté et sceller sa victoire, on attendait avec impatience la confrontation avec le docker estonien, l'ozeki Baruto, sans doute l'un sinon le seul à pouvoir rivaliser physiquement avec le dai-yokozuna mongol. Surprise il n'y a pas eu, tant Baruto nous a montré aujourd'hui un sumo qui lui est habituel, en particulier sur ce basho, avec une grande prépondérance de la force brute, mais aussi une capacité à abandonner trop facilement son mawashi à l'adversaire. Si le Balte peut avec presque tout le monde s'en sortir tant il est monstrueux physiquement, il en faut bien plus pour dominer Hakuho, pas nécessairement au sommet de son art mais dont la marge est colossale.
Après l'atari, Hakuho bloque les bras de Baruto avant de décrocher une prise main droite, puis main gauche intérieure, en laissant Baruto s'emparer de son mawashi mais bien trop loin pour que cela soit un véritable danger, le Mongol étant trop profond dans la garde et trop bien placé pour risquer un tsuri. S'ensuit la traditionnelle phase statique où Hakuho épuise les ressources de son adversaire, à peine troublée par une grosse tentative de crochetage du Mongol qui, si elle échoue, fragilise les appuis de Baruto. Après une nouvelle stabilisation, Hakuho finit par trouver la solution en se dégageant du bras gauche de son adversaire, ce qui lui permet d'amorcer un tsuri sur les 186 kilos de l'ozeki avant de le finir en yorikiri. Du travail efficace, un sang-froid exemplaire. Baruto est comme toujours avec le yokozuna, si proche et en même temps si loin.
Mais la surprise du jour est que Hakuho devra attendre le senshuraku, et peut-être même le musubi-no-ichiban, pour valider son septième yusho consécutif, une marque qui le mettrait à égalité avec son senpai Asashoryu. Car le Géorgien Tochinoshin n'en finit plus d'étonner, en engrangeant un douzième succès, cette fois aux dépens du sekiwake Kotoshogiku. Après un petit bond de côté, façon Aminishiki, le Géorgien, qui par cette action évite de se trouver dans l'axe, chose redoutable face à l'aspirant ozeki, se place remarquablement bas, empêchant l'action des gaburi-yori de son adversaire, à qui il ne laisse pas beaucoup de temps de réflexion en profitant d'une solide prise mawashi extérieure droite. De là, il tente un uwatenage qui échoue mais qu'il suit pour vaincre sur yorikiri. Cette défaite complique grandement les choses pour Kotoshogiku, qui doit impérativement vaincre Baruto demain s'il veut conserver des chances raisonnables de prétendre au grade d'ozeki en juillet. Tochinoshin s'assure lui au moins un prix et une place en sanyaku. Il affrontera Harumafuji demain, pour conserver l'espoir d'un kettei-sen, mince espoir si l'on prend en compte que Hakuho affrontera un Kaio qui n'a que peu de choses à gagner dans son combat.
Tochinoshin reste donc le seul et dernier adversaire du yokozuna pour le yusho. Derrière lui, on retrouve Kakuryu, qui dans un quasi-anonymat réalise mine de rien un gros basho, qui peut être le prélude à une course au grade d'ozeki. C'est d'ailleurs la première fois que le Mongol réalise un score à deux chiffres en sanyaku. Pour son combat du jour, il n'a pas à forcer son talent ni à sortir sa batterie de tours de passe-passe pour expulser « à la Akebono » un Tosayutaka bien léger sur ce coup, mais auteur d'un basho à deux chiffres lui aussi.
Homme surprise du début de basho en ayant longuement tenu la dragée haute à Hakuho, le Brésilien Kaisei plafonne logiquement depuis qu'il se voit opposé à des adversaires d'un calibre qu'il ignorait jusque là. Aujourd'hui c'est le renard des dohyo, Aminishiki, qui lui donne une leçon de réalisme en effectuant une merveille de sumo défensif qui le voit faire un tour quasi complet de la tawara avant de laisser Kaisei chuter seul au sol. Quatrième revers en cinq jours, il est temps que le basho se termine pour le valeureux carioca.
En sus de Tosayutaka et Baruto, Kaisei se voit rejoint à dix succès par Goeido, invincible depuis le nakabi. C'est Wakakoyu qui fait les frais de la grande forme du jeune maegashira, qui attaque bille en tête mais se voit contré, et retourne la situation grâce à son sens du placement et à la précipitation de Wakakoyu. On pourrait se retrouver d'ailleurs avec trois sekiwake en juillet, si Kisenosato venait à être kachi-koshi, car Tochinoshin comme Goeido pourront difficilement se voir refuser une promotion en sanyaku.
Deux lutteurs décrochent aujourd'hui leur kachi-koshi, soit Kyokutenho et Yoshikaze, mais ce ne sont pas moins de dix lutteurs, chose assez rare, qui devront aller chercher le leur au senshuraku, avec deux confrontations directes. Le sekiwake Kisenosato, auteur d'un début de basho catastrophe, peut encore y croire, à la faveur d'un succès obtenu en assaillant dès le départ Kaio et en ne lui concédant pas une seconde de répit. L'ozeki, éprouvé, ne peut résister, et il ne cherche pas à s'arracher, ayant déjà le kachi-koshi en poche. Kisenosato affrontera demain Takekaze, qui doit lui aussi chercher le huitième succès.
En juryo, déjà assuré du yusho, Sagatsukasa survole la division avec un neuvième succès de rang aux dépens de Sadanoumi. Le juryo 13 Yoshiazuma est le cinquième lutteur à décrocher son kachi-koshi. Seuls trois kachi-koshi supplémentaires sont possibles, et avec les cinq places libérées par les intai de l'affaire du yaocho, les lutteurs les plus exposés du fond de la makuuchi (parmi lesquels l'ex-ozeki Miyabiyama et le chouchou des foules Takamisakari) devraient se voir accorder un sursis bienvenu.
Pour les promotions en juryo, au nombre de treize, voire de quatorze ou quinze (Tsurugidake et Sadanofuji sont en très mauvaise posture), plusieurs lutteurs peuvent se rajouter à une liste qui reste cependant nébuleuse tant la situation est inédite. Le duo des Sadogatake Kotoyuki et Kotoyutaka finit en trombe, les deux lutteurs seront proches de la zone de promotion en juillet. Chiyoarashi, Naoe et Tokushinho peuvent croire en la promotion avec leurs victoires du jour. Tochihiryu perd sa chance et quitte les possibles promus. Kotoyutaka est un possible promu du diable vauvert.
- Promotions assurées : Aoiyama, Takanoyama, Kaonishiki, Matsutani, Minami, Sotairyu, Myogiryu, Chiyonokuni, Hamanishiki, Kanbayashi, Kyokushuho
- Promotions possibles : Arawashi, Mochimaru, Oniarashi, Towanoyama, Chiyoarashi, Naoe, Kotoyutaka
Forum
