Eh non, ce n’est pas le papy des papys, l’ozeki Kaio, qui est l’objet du titre de cette chronique. C’est le très improbable Tochinonada (bientôt 37 printemps), plus habitué depuis un an et demi à faire l’ascenseur entre le fond de la makuuchi et la juryo, qui reste pour l’heure côte à côte avec l’insurmontable yokozuna Hakuho. Tochinonada continue son rêve éveillé avec un gros tachiai tête contre tête, qu’il poursuit en passant un bras derrière le crâne de Mokonami (à la limite de la disqualification, d’ailleurs) avant de convertir sa position d’un magnifique uwatenage. 7-0 pour le vétéran qui ne doit pas y croire lui-même.
Assaut violent de Baruto qui repousse Tamawashi à la tawara, avant de reculer pour l’attirer au sol. Victoire au rabais mais efficace, avec un bon sens du placement.
Kotoshogiku est plein de confiance et ça se voit. Il bloque d’entrée le bras gauche d’Aminishiki tout en plantant son autre bras sous l’aisselle de son adversaire. Il n’a plus qu’à stabiliser tranquillement avant de déclencher ses gaburi-yori, qui sont l’équivalent des tsuppari de Chiyotaikai, une arme attendue mais inévitable.
Derrière encore, ils sont six à décrocher une cinquième victoire. Combat bien maîtrisé de Harumafuji contre Aran, le Mongol décrochant une prise extérieure gauche après un bon tachiai en bloquant le Russe en position haute, avant de planter un tirage qui le déséquilibre, pour le finir ensuite en force à la tawara. Kisenosato connaît un combat sans difficulté face à Toyonoshima, le différentiel de puissance lui accordant une victoire facile en oshidashi en prévenant toute prise de mawashi par la gauche. Sumo agressif pour le sekiwake.
Charge de mammouth de Wakanosato qui fait remonter la tête de Takamisakari dans un bruit impressionnant, avant de lui passer sous les bras pour ensuite profiter de cette position pour l’aplatir au sol d’un violent sukuinage.
Tokusegawa est impressionnant de progression, parvenant après le puissant atari de Gagamaru à encaisser la charge très puissante du Géorgien avant de sortir de sa boîte à malices (et pourtant il est assez orthodoxes) un uwatenage de toute beauté en profitant du trop grand mouvement avant de son adversaire. Splendide démonstration de sumo pour le Mongol, qui peut se rapprocher des sanyaku. Kyokutenho gâche son combat face à Kitataiki. Okinoumi semble assailli par Kimurayama après l’atari, un gros nodowa plombant ses mouvements, mais il parvient à soutenir l’assaut et renverser la pression pour l’emporter en oshidashi. Assaut de tsuppari, classique pour Koryu, qui décide toutefois de venir ensuite au mawashi. Erreur fatale face à un technicien aussi brillant que Sokokurai, qui le contre d’un pas de côté dans un timing parfait pour projeter son adversaire en kotenage.
Pour le reste, on notera que Kaio est mystifié par Kakuryu par une splendide henka au tachiai, frustrante pour le vieil ozeki mais très bien placée et aidée d’une prise sur l’arrière de mawashi qui empêche toute velléité de résistance. Gros combat de Tochinoshin, méritant en ce début de basho mais plombé par un programme infernal (yokozuna et quatre ozeki). Il lutte pied à pied au mawashi pendant près d’une minute contre Homasho, avant de l’emporter en puissance après avoir décroché son extérieure gauche favorite. Ouf pour le Géorgien qui ouvre son compteur. Belle maîtrise de Goeido qui convertit juste après le tachiai sa prise extérieure en intérieure main droite (makikae) avant de pivoter pour faire choir Takekaze en sotogake. Les tsuppari entre Tosayutaka et Asasekiryu laissent place à une lutte au mawashi, et à ce petit jeu, Tosayutaka, disposant d’une plus ferme prise extérieure main gauche, est à même de surclasser en puissance son opposant. Beau tachiai de Shotenro qui se précipite toutefois et permet à Tokitenku de lui passer sur le côté et de le projeter en profitant de son mouvement. Le monde à l’envers entre Miyabiyama et Hakuba, le Mongol « savonnette » ne refusant pour une fois pas le contact, et s’il manque de puissance au début du combat, il encaisse bravement les tsuppari de l’ex-ozeki et finit par passer en dessous de sa garde pour le repousser sans coup férir, à la stupéfaction générale. Belle puissance de Kokkai, retrouvé sur ce combat en dépit de son coude droit blessé, qui parvient à sortir Shimotori d’une prise extérieure main droite. Du courage chez le Géorgien, en bien mauvaise posture encore. Gros combat puissant entre Kotokasuga et Toyohibiki, ce dernier brisant enfin sa mauvaise dynamique en l’emportant après un bon tachiai et des poussées solides aidées par un sens du dohyo excellent de bout en bout. Dans le furieux combat de tsuppari entre Toyozakura et Wakakoyu, c’est ce dernier qui, plus lucide, place le hatakikomi vainqueur au bon moment, Toyozakura finissant à plat ventre.
En juryo, Masunoyama cède pour la première fois du basho et se voit rejoint par le Coréen Kasugao décidément retrouvé. Plafonnant sérieusement sur ce basho, Kaisei décroche toutefois enfin un deuxième succès méritoire contre l’un des leaders de la division, en parvenant à arracher une prise ferme sous les aisselles de Masatsukasa avant de l’achever en yorikiri. S’il a un physique proche de Chiyotaikai, Takarafuji préfère travailler plus lentement. Bien lui en prend au terme d’une presque minute de combat pour dénier les prises de mawashi face à Kyokunankai, il finit celui-ci d’un kotenage malicieusement placé. Combat intelligent.
En makushita, un trio prend la direction des opérations. La présence de Myogiryu et Matsutani, le banni des paris de base-ball, ne surprendra personne, celle de Higoarashi est plus étonnante. Dans le haut de la division, la zone de promotion, soit les dix premiers de makushita, ne compte pour l'instant, après quatre combats, qu'un seul et unique lutteur en positif, le jeune Bulgare Aoiyama. Tamaasuka enfonce Jumonji, Kyokushuho fait quasiment une (nouvelle) croix sur ses espoirs. Minami cède, comme à l'accoutumée depuis le début du basho, dans une visite en juryo.
En sandanme, le dernier favori, Shoktesu, chute contre Chokozan. Sept lutteurs outsiders se partagent la tête. Tatsu cède, mais face à Ryuonami qui est loin d'être un faire-valoir. A seize ans, le jeune Japonais a encore le temps de progresser. Aisaka est aussi battu par le solide Kakureizan dans ce haut de sandanme décidément sélectif sur ce Hatsu basho. Orora est à 2-2, Ryutei manque le kachi-koshi.
En jonidan, route toujours aussi claire et dégagée pour Hokutokuni.
Pas grand-chose à signaler en jonokuchi sinon le premier kachi-koshi, décroché par l'un des nombreux élèves de Sadogatake, Kotookazaki. Moriurara combattra demain pour un improbable kachi-koshi, de même que les deux solides shin-deshi Ikeru et Kawazu.
Toutes les vidéos de cette journée ici: http://www.lesumo.fr