Journée sans véritables surprises à Fukuoka, où le quatuor de tête se trouve désormais nettement détaché avec deux succès d’avance sur les poursuivants. Si la marge est conséquente, elle n’en demeure pas moins très provisoire, comme le montre le sort de Sakaizawa en juryo (voir plus loin). Les quatre lutteurs en question ont établi des démonstrations très diverses, mais un point les caractérise, leur solidité au final.
Et pour commencer, parlons de l’outsider le la bande, Toyonoshima. C’est un magnifique combat qui l’oppose à l’étonnant Mongol (autant par ses performances que par son style, plus académique que la moyenne de ses camarades des steppes) Tokusegawa, le Mongol répondant aux attaques du Petit par de multiples tentatives de crochetages qui restent cependant sans effet. Toyonoshima reste solidement ancré en tête, et ne devrait plus tarder à se voir proposer une opposition plus conséquente, sans doute dès la douzième journée.
Baruto semble être comme un bon vin au contact de l’air de Fukuoka, il se bonifie avec le temps. Son combat du jour est intelligent, l’Estonien ne se laissant pas avoir par la henka de Kakuryu et décrochant une prise intérieure main gauche qu’il convertit après avoir patiemment affirmé sa position en un uwatenage tournant. Baruto peut nourrir de réels espoirs pour un beau week-end final.
Décidément, le dai-yokozuna a montré son humanité en cédant face à Kisenosato, et cela semble motiver ses adversaires, comme le montre le musubi-no-ichiban du jour. Après un tachiai assez mou du yokozuna, on assiste entre Hakuho et Takekaze à une jolie bataille de tsuppari, assez peu commune avec le Mongol, où Takekaze semble assez à son aise et tout près de profiter d’une glissade du yokozuna pour remporter une victoire surprise. Mais Hakuho finit par reprendre le mawashi et le contrôle des opérations, et après une bonne dizaine de secondes de stabilisation pour épuiser le potentiel physique de son adversaire en lui enserrant fermement les bras, le yokozuna déclenche une violente projection qui envoie Takekaze, méritant, valdinguer dans le public. Le yokozuna ne paraît pas impérial, mais il assure.
Loin derrière nos quatre compères, on retrouve une meute de six lutteurs prêts à bondir sur toute occasion pour revenir en course : Kotooshu, Kisenosato, Tamawashi, Kyokutenho, Goeido et Shotenro, les susnommés connaissant aujourd’hui des fortunes diverses mais se retrouvent tout proches du kachi-koshi. Kotooshu pouvait craindre Yoshikaze au vu du combat de ce dernier contre le yokozuna, mais un tachiai éclair du Bulgare lui confère une profonde prise sur le mawashi et lui permet de conclure l’affaire sans peur en yorikiri. Kisenosato, au placement plus affirmé qu’Aran, gagne la lutte des tsuppari et sort le Russe en deux secondes. Les tentatives de tirage sont vaines de la part du Caucasien. Tamawashi, lui, vainc le signe indien contre Tokitenku en le déséquilibrant d’une tentative de crochetage pour le sortir ensuite assez facilement. Belle lutte entre Kyokutenho et Goeido au mawashi d’emblée, Goeido contrant les velléités du Mongol et l’acculant à la tawara, la tentative d’utchari échouant de justesse. Lutte en oshi pour commencer entre Mokonami et Shotenro, mais c’est lorsque les deux hommes en viennent au mawashi que Mokonami prend l’avantage avec une solide prise main gauche qui lui permet de faire choir son adversaire en lui faisant perdre l’équilibre. Shitatehineri, technique peu commune.
Enorme henka fatale d’Asasekiryu sur Tochinoshin, bien frustré par ce combat de dupes. Grosse puissance pour Kotoshogiku qui expulse sans ses gaburi habituels un Homasho dépassé sur ce combat, par la faute d’un tachiai trop lent. Victoire en puissance pour Aminishiki qui quand il est en forme physique comme actuellement, peut se passer de toute sa panoplie d’armes psychologiques et juste expulser ses adversaires, comme Kitataiki le constate à ses dépens. Combat étonnant entre Hakuba et Kimurayama, ce dernier se retrouvant à faire un tour sur lui-même sans perdre l’avantage, avant que le Mongol poids léger ne le finisse par un yori vainqueur. Un combat à front renversé pour ces deux hommes. Plus compact, Wakanosato prend l’avantage dès l’atari mais subit un tirage de Shimotori tout en le sortant. Le mono-ii infirme toutefois la décision du gyoji et donne Shimotori vainqueur par hikiotoshi. Kokkai revenu à l’oshizumo n’est plus le lutteur qui avait enflammé le Kokugikan en yotsu. Il subit la loi de Tosayutaka, calme et placé, qui saisit le bras de son adversaire au moment opportun pour lui infliger un kotenage rageur. Kotokasuga évite le make-koshi aujourd’hui en déniant toute prise de mawashi de Tochinonada et en passant la puissance aux dépens de son adversaire. Déjà make-koshi, Bushuyama anéantit pourtant en oshizumo furieux Koryu. Okinoumi surclasse Takamisakari en puissance, en dépit de la belle résistance de celui-ci. Grosse projection en kotenage pour Kasugao qui limite la casse en tournoyant Sokokurai. Miyabiyama et Gagamaru ne font pas dans la dentelle, le combat est donc violent et bref et s’achève comme de bien entendu par une perte d’équilibre, celle de Gagamaru cette fois.
En juryo, la lutte pour le yusho est totalement relancée par la nouvelle défaite de Sakaizawa. C’est désormais le spécialiste d’oshizumo Wakakoyu qui est en tête après sa probante victoire face à Kaisei. Toyohibiki, Tamanoshima, Tochinowaka et les shin-sekitori Akiseyama et Takayasu restent en course dans ce qui peut finir par un tomoe-sen monstrueux.
Pas de combats dans la lutte pour le yusho, ni pour la montée en juryo de makushita, aujourd’hui. Kachi-koshi pour Myogiryu, make-koshi pour Maeta.
En sandanme, ils sont sept en tête, Burinosato et Wakakengo rejoignant les favoris Aozora et Chiyootori. Sept également en tête en jonidan, tandis que la lutte en jonokuchi se circonscrit aux deux favoris logiques, l’ancien sekitori Hokutokuni et le sandanme Hisanotora.
Toutes les vidéos de cette journée ici: http://www.lesumo.fr