• Nagoya Basho 2010 - 9ème journée (kokonoka-me)

    Plus que deux en tête


    Pouvait on douter ? Depuis le départ d’Asashoryu et après deux zensho yusho consécutifs, Hakuho est plus que jamais le maître incontesté du dohyo et ce n’est pas Kakuryu, aussi talentueux soit il, qui pouvait mettre un terme à cette suprématie. Arrivé en co-leader face au yokozuna, le Mongol est reparti vaincu mais la tête haute car le combat a été de toute beauté, quoi qu’à sens unique. Kakuryu s’est en effet débattu comme un beau diable pour échapper à Hakuho qui n'avait assuré qu'une prise d’une seule main et qui a donc patiemment manoeuvré sans se laisser déstabiliser jusqu’à la victoire, inévitable pour la 41ème fois consécutive.
    Finalement, la vraie surprise vient d’Homasho qui accompagne le yokozuna dans l’invincibilité. Bien sûr, le rikishi au look d’indien n’a pas encore affronté de hauts gradés mais il n’empêche que sa victoire sur Tamawashi a été nette et sans bavure avec une expulsion impressionnante de facilité une fois le mawashi en main. Le rikishi de la Shikoroyama beya est en forme et n’a manifestement pas l’intention de se laisser distancer.

    Cette neuvième journée a également été marquée par le premier affrontement entre ozeki, à savoir Kaio et Baruto. Le vétéran Japonais ne s’est pas dérobé en endurant bravement la poussée de l’Estonien mais sa prise de mawashi n’était pas assez ferme pour contenir son remuant adversaire et éviter l’expulsion. On ne peut pas imputer la défaite de Kotooshu à une fragilité mentale après avoir chuté face à Kakuryu. Non, il a tout simplement été surpris par la tactique de Tochinoshin qui n’a pas hésité à s’écarter dès le tachi-ai pour se retrouver dans le dos du Bulgare et l’expulser dans la foulée. Il n’empêche que le résultat est là : deuxième défaite consécutive de l’ozeki qui voit ses rêves de yusho s’envoler. De son côté, Harumafuji a triomphé de Tokitenku en l’emmenant hors du cercle bien au delà des limites, preuve de sa rage de vaincre, pour ne pas dire de sa hargne. Au moins sa fiche devient positive pour la première fois du tournoi. Après un bon tachi-ai qui le voyait prendre Kisenosato à la gorge, Aran a réussi à pousser son avantage jusqu’au bout en faisant preuve d’une volonté et d’une force qu’on aimerait lui voir plus souvent. Kotoshogiku a manqué de lucidité face à Kitataiki. Alors qu’il avait le combat bien en main et qu’il s’apprêtait à expulser le maegashira 4 à l’aide d’un de ses petits bonds caractéristiques, le sekiwake s’est fait totalement surprendre pour se retrouver en un clin d’oeil dos à la tawara. Kitataiki n’a alors pas laissé passer sa chance et a fait ce que Kotoshogiku aurait dû faire : expulser son adversaire. Après avoir assuré une bonne prise de mawashi, Asasekiryu n’a pas traîné pour projeter Hakuba à terre et laisser au juryo Masuraumi l’embarras d’être le seul sekitori sans victoire. Tokusegawa a copieusement dominé son combat face à Aminishiki mais devant un adversaire d’un tel calibre, cela ne suffit pas. Le pensionnaire de l’Isegahama beya est un grand technicien et sa défense tout en mobilité a été un modèle du genre lui permettant d’organiser une contre-attaque de toute beauté contre laquelle Tokusegawa s’est retrouvé complètement démuni. Inhabituellement vif au tachi-ai, Wakanosato a déstabilisé Tochiozan qui, une fois l’atari passé a été encore plus surpris par la porte ouverte de son adversaire dans laquelle il s’est engouffré tête la première.

    Peu en forme sur ce tournoi, Kakizoe n’a rien pu faire face à la fougue de Tosayutaka qui l’a sorti de manière dynamique. Shimotori a lui aussi fait preuve de vivacité dans son expulsion de Bushuyama.

    Kyokutenho a tout de suite empêché Yoshikaze de s’exprimer en enserrant ses bras et l’expulsion de ce dernier n’était dès lors qu’une question de temps d’autant plus que le lutteur Japonais est dans une méforme évidente qui explique son make koshi si précoce.

    Kimurayama s’est défait de Takekaze à la vitesse de l’éclair en s’écartant dès le tachi-ai pour mieux laisser tomber son bouillant adversaire dont le dépit était évident. Takamisakari a fait plaisir au public de Nagoya en remportant une belle victoire sur Tamawashi qui s’est vite retrouvé piégé dans les filets du Japonais et a dû se résoudre à sortir.

    Gagamaru a manqué sa chance d’avoir une fiche positive en étant sèchement battu par Shotenro sur un sukuinage limpide. Hokutoriki a rapidement sorti Tamanoshima, peu combatif. Très belle défense de Tamaasuka qui envoie Kokkai dans le public alors qu’il était acculé à la tawara.


    En juryo, plus que jamais la lutte fait rage avec des combats engagés, voire brutaux. Masatsukasa, le leader, en a fait la démonstration en expulsant sans ménagement Matsutani. Cette victoire est la meilleure réponse à son faux pas de la veille et lui permet de garder largement la tête avec deux victoires d’avance sur ses poursuivants les plus directs qui ont tous été battus, comme Kasugao, expulsé après une lutte épique et épuisante contre Sokokurai. Illustrant l’âpreté des débats, Sakaizawa s’est retrouvé à terre après un tsuppari appuyé de Kanbayashi et a mis un certain temps pour récupérer. Tosanoumi a lui aussi subi une pluie de tsuppari de la part de Koryu qui s’est achevée par une reculade fort classique qui enfonce un peu plus le vétéran des dohyo.


    En makushita, deux revenants font la loi. Satoyama et Jumonji ont ainsi préservé leur invincibilité. Pour Jumonji, au 12ème rang de makushita et compte tenu des circonstances exceptionnelles que l'on connait, un yusho devrait sans doute lui permettre de revenir chez les sekitori. Le tchèque Takanoyama a lui laissé passer sa chance de décrocher le graal en concédant une quatrième défaite synonyme de make koshi.



    Toutes les vidéos de cette journée ici: http://www.lesumo.fr