On prend les mêmes…
Journée tranquille en cette veille de nakabi à Tokyo. Le Kokugikan voit les deux meilleurs lutteurs du moment s’imposer sans frayeur face à leurs adversaires respectifs. C’est tout d’abord l’ozeki Baruto, qui fait pour l’heure mentir la règle habituelle qui veut qu’un shin-ozeki, eu égard aux festivités imposées suite à sa promotion, ait du mal à émerger dans le basho qui suit immédiatement sa promotion. Oshidashi tranquille pour l’Estonien, dont le harite d’entrée permet de décaler les appuis de Miyabiyama et de passer ensuite la puissance sur son adversaire. Baruto n’a pas eu plus de frayeurs que le Mongol avec qui il partage désormais seul la tête. Car pour ce qui concerne Hakuho, Tochinoshin oppose une belle résistance en migi-yotsu, après un gros tachiai décalé sur le côté gauche. Mais s’il n’est pas fulgurant comme l’était Asashoryu, Hakuho a quand même de très gros réflexes et surtout une capacité à changer ses prises, pour se mettre en position de placer son imparable puissance. C’est son succès le moins tranquille du basho, et pourtant on peut difficilement dire qu’il ait été en véritable danger sur ce combat.
Tochinoshin a passé un cap, mais pas encore celui-là…
« La sortie, c’est par là… ». Baruto poursuit sur sa lancée.
Derrière les deux hommes qui semblent voués à dominer le sumo pour quelques temps, on retrouve l’étonnant Shimotori, débarrassé apparemment des soucis physiques qui ont perclus son sumo depuis un certain nombre d’années, mais cependant battu aujourd’hui. Il quitte enfin la tête en tombant avec les honneurs face à Kimurayama, qui alterne poussées et tirages avant de placer une offensive fatale. Il est rejoint à une victoire des leaders par un duo, entièrement mongol celui-ci, composé de Hakuba et Mokonami. Pour ce dernier cette performance est une demi-surprise au regard de la régularité de sa progression, somme toutes. Solide sumo de Mokonami, qui absorbe les tsuppari désordonnés de Wakakoyu avant de le sortir tranquillement. En revanche, la présence de Hakuba est bien plus surprenante, car on s’attendait à le voir quelque peu plafonner. Il contredit les pronostics en approchant le kachi-koshi à l’orée des joi-jin, et peut ambitionner les sanyaku en cas de poursuite de sa bonne fortune. Dans son combat du jour, Hakuba fait une demi-henka pour tirer ensuite Kakizoe par le cou et l’amener tranquillement au sol.
Derrière ces hommes, on retrouve six lutteurs, dont les deux sei-ozeki, enfin un peu plus à leur avantage. Kotooshu a décidément pris la mesure de son ancienne bête noire Kisenosato. Dans un combat bien maîtrisé, sans doute son meilleur du basho, le Bulgare dénie les prises de son adversaire, montre un beau jeu de jambes pour conserver son équilibre avant de placer un très joli uwatenage. Bas sur ses appuis, puissant, Harumafuji semble très en forme aujourd’hui. Kakuryu fait les frais du retour de l’ozeki qui semble ne plus se ressentir de sa blessure au genou. En leur compagnie, on trouve deux autres Mongols, Asasekiryu et Kyokutenho, un Russe, Aran, et Yoshikaze. Gros tachiai entre Tokusegawa et Aran, suivi par une tentative de projection extérieure (sotogake) avant de l’emporter sur un shitatenage joliment exécuté. Dans le duel 100% mongol, c’est la prise extérieure main droite de Kyokutenho qui s’avère l’arme fatale et permet à celui-ci d’égaler le score d’Asasekiryu, son opposant du jour. Belle puissance du futur oyakata mongol. Yoshikaze gagne quant à lui sa confrontation face à Hokutoriki sur une henka monstrueuse que ne renierait pas les spécialistes de l’Est, Aran en tête.
Kotooshu peut aussi être la bête noire d’autres lutteurs.
A quatre victoires, Kotomitsuki et Kaio sont sur des trajectoires bien différentes. Joli tachiai de Kotomitsuki comme à l’accoutumée, qui profite de la position trop basse d’Aminishiki pour l’attirer au sol. Trois succès de rang pour l’ozeki qui se rassure après un début de basho catastrophe. Grosse vivacité au tachiai pour Toyonoshima, qui profite de la lenteur du vieil ozeki Kaio (en anglais, « Oldzeki Kaio »…) pour placer ses deux bras en morozachi sous les aisselles de son adversaire et l’achever en sukuinage. Kaio montre une fois de plus ses limites dans un basho bien commencé sur le plan numérique, mais pas sur le plan de ses capacités physiques. La fin de basho risque d’être compliquée pour le vétéran. Goeido n’est pas au mieux aujourd’hui, concédant en reculant une défaite claire face à la poussée sur tout le tour du dohyo de Takekaze, qui enchaîne. Yoritaoshi net de Tosayutaka contre Kokkai qui résiste tant et plus mais est dépassé en vivacité. Après un atari plutôt équilibré, Kitataiki montre qu’il est bien plus puissant que le malheureux Tamawashi, bien dépassé sur ce basho. Takamisakari est toujours surprenant, et c’est quand on le donne clairement favori qu’il tombe sans discussion, comme aujourd’hui face à Okinoumi pourtant en perdition sur ce basho mais déterminé à ne pas être fanny avant le nakabi.
Solide attaque en poussée pour Tamanoshima, retrouvé sur ce combat. Son sumo de poussée anéantit Koryu. Poussée de mammouth pour Gagamaru, toujours aussi impressionnant quand la puissance passe en frontal. Tochinonada fait les frais du Géorgien, pour qui la makuuchi est bien proche. Très joli nage de Tokitenku qui absorbe correctement la charge et les poussées de Toyohibiki avant de stabiliser et sortir son uwatedashinage après un balayage manqué. Wakanosato remporte sa première victoire du basho sur le kyujo de son adversaire, Homasho, blessé au cou. Wakanosato montre cependant ses limites physiques dans la stratosphère des joi.
En juryo, c’est un lutteur que l’on n’attendait pas qui tient fermement les rênes du yusho. Daido poursuit son splendide cavalier seul en tête de juryo en venant à bout du fouillis de combat proposé par son adversaire du jour Asofuji. C’est un oshitaoshi du corps tout entier qui vient achever le vétéran et permettre à celui qui a stagné quatre ans durant chez les makushita-joi de rêver un passage chez les juryo limité à deux basho. Au vu de son sumo actuel, c’est tout à fait possible.
Derrière lui, on retrouve donc Gagamaru, parti goûter aujourd’hui aux honneurs de la division reine, Kiyoseumi et le tout aussi étonnant Matsutani. Il est toujours étonnant de voir un lutteur du gabarit de Kyoseumi produire autant de tactiques d’évasion. Aujourd’hui n’est pas différent, sa demi-henka étant bien suivie par un oshidashi qui conclut tristement la journée de Futeno. Mort de faim et bien plus vif que Kasuganishiki , Matsutani se précipite sur son adversaire et ne lui laisse aucun répit avant la sortie violente sur yoritaoshi. L’issue était toutefois incertaine et un mono-ii n’eût pas été illogique. Au bilan, après une progression météorique dans les divisions inférieures mais trois années à végéter aux portes des juryo, Matsutani semble avoir franchi un cap nouveau. Il ne serait pas étonnant de le voir frapper aux portes de la makuuchi d’ici fin 2010.
Succès clair et probant pour Sadanofuji qui contre l’assaut de Wakatenro avant de placer deux nodowa précis et de conclure sur un oshidashi tranquille. Combat long et épuisant pour Tokushinho qui peine à se débarrasser de Hoshikaze en dépit d’une solide prise de mawashi, mais y parvient au terme d’une minute d’efforts acharnés. Sakaizawa encaisse la grosse charge de Bushuyama et, conscient que celui-ci est un adepte du « ça passe ou ça casse », se retire subtilement à la tawara pour laisser l’inertie achever le boulot.
Toyozakura esquive la charge de Masatsukasa après une seconde de combat pour le tirer puis le pousser vers la sortie. Hatakikomi piètre mais efficace pour Tosanoumi qui enfonce Kasugao, qui ne parvient plus à régler la mire vers la makuuchi. Pris en puissance par un morozachi, Sokokurai ne peut rien faire et doit céder à Kotokasuga. Tentative de tirage de Shotenro après l’atari est infructueuse, et partant il cède toute la puissance de la charge à Tamaasuka qui a dès lors partie gagnée.
Choc de la peur entre Kirinowaka et Kanbayashi, bien mal partis en fond de tableau de juryo. C’est Kanbayashi qui domine clairement le combat, Kirinowaka semble tristement manquer d’envie sur ce basho et reste sans victoire. Nouveau revers embarrassant pour Yamamotoyama, cette fois c’est Kyokunankai qui prend la route annexe vers le côté de la Double Montagne pour le sortir paisiblement ensuite. YMY n’a aucune grinta et plus de vivacité, sa carrière chez les salariés est à mon sens sur un déclin irréversible, tout comme celle du vétéran Kaiho, qui cède face à un makushita.
En makushita justement, Takageppo plafonne nettement comme son frère Takatoshi. Orora paraît une nouvelle fois bien dépassé dans son passage en makushita. Lent et passif, il cède cette fois-ci à Yamashita en yorikiri et concède un make-koshi bien prématuré. Bugonishiki est en revanche le premier makushita kachi-koshi, grâce à une poussée des deux mains sur la gorge d’Aozora. Kobo est d’un petit gabarit mais sa vivacité lui permet d’assaillir et de battre Asanotosa sans souci. Le Mongol Hoshizakura expulse sans fioritures la crevette Shoho. Le très fin Suzaku vient à bout de Kotoyuki sur un splendide sukuinage. Très beau succès d’Azumaryu qui encaisse dans un premier temps la charge de Wakamifuji en reculant jusqu’à la tawara, avant de se stabiliser et de le retourner comme une crêpe d’un uwatenage enroulé. Du grand art. Grosse vivacité pour Chokozan qui domine son adversaire, l’ancien sekitori Furuichi, pour le sortir sur okuridashi. Kamei profite de son avantage de gabarit pour remporter un succès aisé et équilibrer sa fiche. Kyokushuho a visiblement pris de la masse musculaire, et son sumo s’en ressent, puisqu’il projette Surugatsukasa d’un joli shitatenage pour décrocher le kachi-koshi et rester en tête du basho. Son compatriote Takanoiwa rame un peu plus, malgré une nette domination, car Chiyonokuni lui ouvre opportunément la porte pour lui infliger une troisième défaite. Kaonishiki fait parler la puissance face au Mongol Hoshihikari, décidément en chute libre depuis un an. La tentative avortée de henka par Daishoumi ne lui réussit pas, il finit clairement sorti par Kitaharima. Homarefuji se lance vaillamment dans les 187 kilos de Yanagawa, et cela lui réussit puisqu’il inflige le make-koshi à l’ancien sekitori. Nette henka de Tochinowaka, réussie celle-là, pour passer à trois victoires. Takayasu reste sur sept kachi-koshi de rang, et se rapproche d’un huitième en profitant de la charge trop avancée de Takateru, lequel équilibre sa fiche malgré lui. Aoiyama subit une nouvelle fois la leçon du haut niveau, en subissant la loi de Satsumahibiki en dépit d’un différentiel de gabarit nettement à son avantage. Il va lui falloir se ressaisir pour encaisser ce premier make-koshi en carrière. Vif et lucide, Sadanoumi encaisse la charge de mule de Nakanokuni avant de placer une légère ouverture pour le sortir en okuridashi. Même technique en plus rapide pouyr Takanoyama, qui décroche un troisième succès probant sur le solide Yoshiazuma et peut se rapprocher à portée de tir des juryo, un exploit véritable. Jumonji équilibre sa fiche avec un hatakikomi aux dépens de Kotoyutaka, mais ne paraît pas plus rassurant que sur ses autres prestations. Le mur est là aussi pour Takarafuji, mais lui au moins a semble-t-il les moyens de le franchir tout de même, en puissance comme ce jour face à Ryuho tombé sur yoritaoshi. Quelle solidité de Kaisei, qui n’est plus qu’à un succès d’une possible accession aux juryo. Puissant, les bras en alerte, le bas du corps équilibré, il ne fait qu’une bouchée de Tsurugidake pourtant méritant sur ce basho. Enfin, même espoir pour Hochiyama d’accéder en juryo, après un succès aux dépens d’un Kaiho en fin de course dont l’intai n’est plus qu’une question de jours, visiblement.
La sandanme voit un groupe de huit lutteurs décrocher le kachi-koshi aujourd’hui, parmi lesquels en particulier Karatsuumi, toujours sur une pente ascendante, Chiyoarashi et le Mongol Seiro. Kimenryu n’est pas au mieux, Kazafuzan se reprend, et Ryutei s’enfonce.
En jonidan, il est toujours aussi difficile de trouver des favoris nets, sauf peuit-être à chercher du côté du trio composé de Saishin, Sasakiyama et Shoma. Le premier des trois décroche son deuxième kachi-koshi et prend la tête en attendant le tour des deux autres demain. Le reste des protagonistes sont des outsiders de la division. Shibahara, doten-yusho de jonokuchi en mars, plafonne déjà à 2-2.
En jonokuchi, c’est fort logiquement que le plus solide des shindeshi à priori, Ryuonami, prend la tête du tournoi avec le kachi-koshi à la clé. Il est accompagné pour l’heure par Hashimoto, un des espoirs de cette promotion, et par l’étonnant Uchida, pourtant peu transcendant avant une série de blessures, et qui réalise pour lui un basho de rêve. Le poids lourd Tanahashi remporte un troisième succès, tout comme le solide Tatsu.
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