Le Kyushu Basho 2009 s'achève sur un senshuraku sans grande surprise. Dans les deux divisions salariées, le titre était en effet déjà attribué (Hakuho chez les makuuchi) ou proche de l'être (Kitataïki chez les juryo). Cette journée ne fait que confirmer les enseignements que l'on a pu tirer tout au long du tournoi : des Yokozuna au-dessus du lot, des sanyaku à la peine et des espoirs qui tardent à se confirmer.
Hakuho affole les statistiques
L'affrontement des deux Yokozuna constitue évidemment le point culminant de chaque basho, tant du point de vue de la tension qui électrise l'air que de la qualité du sumo produit. Le combat de ce matin n'a pas dérogé à la règle : une empoignade violente, d'une intensité extraordinaire. A l'issue d'un duel au mawashi c'est finalement Hakuho, plus agressif, qui s'empare de la victoire en plaçant un uwatenage foudroyant après plusieurs tentatives infructueuses. Avec cette ultime victoire, le prodige Mongol rend une fiche vierge de défaite (15/0) et poursuit sa trajectoire météorique : à seulement 24 ans, il emporte déjà son 12ème yusho et son 4ème zensho yusho. Il porte également le record de victoires en une année à 86, c'est-à-dire qu'il n'a subi que 4 défaites en combat régulier. Il repousse ainsi de 2 unités le précédent record établi par Asashoryu lors de sa fabuleuse année 2005.
Paradoxalement, Hakuho ne s'est emparé en 2009 que de 3 Coupes de l'Empereur (ce qui certes, ferait pâlir d'envie la plupart de ses adversaires) ; la faute à des kettei-sen mal négociés face à Asahoryu et Harumafuji, peut-être le dernier point sur lequel il doit encore progresser.
Des hauts gradés à la peine
Derrière les deux génies de l'Altaï, les sanyakus finissent sur des fortunes diverses leur terne escapade à Fukuoka. Kotooshu, l'Ozeki n°1, retombe dans ses travers (poussée sur des appuis trop hauts) et laisse la victoire à Harumafuji (tsukiotoshi) ; avec un score de 9/6, le Mongol a du mal à retrouver la bonne carburation qui l'avait mené au Yusho en début d'année. Dans un combat confinant au grotesque, Kotomitsuki offre dès le tachi-aï son mawashi à Kaio ; l'autochtone n'en demandait pas tant et place son populaire uwatenage des familles, sauvant ainsi sont kachi-koshi sous les vivats du public ; à charge de revanche !
Kakuryu sauve peut-être sa place chez les sanyaku grâce à une henka d'école qui lui permet de limiter la casse (7/8 ), mais précipite Kisenosato dans les rangs hiramaku. Goeido fait de même (7/8 ) en percutant Tokitenku en plein buffet (oshidashi). Les deux jeunes nippons ont décidément du mal à confirmer les espoirs placés en eux et à stabiliser leur position en makuuchi.
Enfin, dans le combat Baruto-Toyonoshima, Goliath a eu la peau de David : l'Estonien s'est servi de l'élan du lutteur de poche pour le sortir du dohyo sans coup férir sur son "spécial" (tsuridashi).
Ils peuvent dire merci à leur adversaire du jour
Plus bas dans le banzuke, un quart des rencontres de la journée mettait en scène un lutteur sur le fil du rasoir (7/7) ; autant dire que tous ont réussi à décrocher le kachi-koshi. Tosayutaka bat ainsi Yoshikaze sur hatakikomi après un affrontement d'oshizumo classique. Tamanoshima oublie de s'assurer une prise de mawashi avant de pousser Kokkai : mal lui en prit puisque le Géorgien lui ouvre la porte au niveau de la tawara pour le laisser choir hors du dohyo. Shimotori parvient à maîtriser la charge fougueuse de Kakizoe en s'assurant une prise ferme sur le mawashi de son adversaire avant de le sortir sur un yorikiri (croisé avec un tsuri, qui aura été le kimarite à la mode lors de ce tournoi).
Hokutoriki parvient à déstabiliser Tochinoshin par de meurtrières nodowa, avant de le faire chuter sur tsukiotoshi. Le jeune Géorgien, qui confirme sur ce basho d'excellentes dispositions, se consolera néanmoins en empochant le jun-yusho (12/3).
Retour dans la lumière
Jun-yusho partagé avec Miyabiyama, qui se défait facilement de Toyohibiki (oshisadhi) et rend sa plus belle carte depuis son yusho-doten de... mai 2006 ; il retrouvera dès janvier prochain sa place parmi les joi-jin. De la même manière, la victoire de Kotoshogiku, qui emmène Kyokutenho hors du dohyo sur ces fameux sauts de grenouille, lui permettra de rebondir (humour) en sanyaku. Enfin, après son méritoire juryo yusho, Kitataïki peut espérer remonter en makuuchi dès janvier prochain.
On n'oubliera pas que cette dernière journée s'est déroulée sans le héros (malheureux) du basho, l'(ex-) Ozeki Chiyotaikai, qui a annoncé son kyujo en milieu de semaine pour mieux préparer sa course aux dix victoires du prochain basho.