Les deux yokozuna mongols planent dans des sphères aux avant-goûts de paradis.
L'ozeki Chiyotaikai, lui, poursuit sa descente aux enfers.
Après sa petite gifle rituelle en forme de leurre, et un souple pas de côté, Asashoryu s'est retrouvé derrière Tochiozan. Dès lors, le sort de ce dernier était scellé. Il n'avait plus l'ombre d'une chance. Mais le yokozuna, en bon fauve qu'il est, voulait jouer encore un peu. Il a résisté à l'envie de pousser son adversaire immédiatement hors du cercle comme il en avait la possibilité. Il voulait vaincre d'un tsuri ou autre technique spectaculaire, cela s'est senti dans son geste -c'est qu'il aime faire le show, Asashoryu- mais il y a renoncé, sans doute pour ne pas risquer inutilement d'agraver ses blessures récurrentes au coude et au bas du dos, et s'est contenté d'un okurinage. Le jeune sekiwake Kakuryu, lui non plus, n'a pas pesé lourd devant la maîtrise et la puissance du yokozuna Hakuho, qui l'a repoussé fermement à la tawara avant de conclure rapidement par un bel uwatenage.
Chiyotaikai, n'a pas pu bénéficier aujourd'hui de la "courtoisie" de son camarade ozeki Kaio, qui doit s'efforcer avant tout de tirer son épingle du jeu. Ce n'est pas avec son maigre 5-3 qu'il peut se permettre de quelconques largesses. Harumafuji encore moins, lui qui s'est vu infliger une défaite quasi humiliante par un Baruto de plus en plus solide et inventif. L'ozeki mongol avait pourtant bien commencé, s'assurant une prise en morozashi, aussitôt contrée en tenaille par le géant Estonien qui a dû se dire qu'en tout bon géant, il se devait de soulever l'ozeki "poids plume" et de le déposer gentiment de l'autre côté de la tawara. A 3-5, Harumafuji a du souci à se faire. Il doit se recentrer au plus vite s'il veut éviter le kadoban. Kotomitsuki (5-3), même victorieux aujourd'hui contre Hokutoriki, ne retrouve plus le sumo flamboyant qui nous avait enchantés au Nagoya basho de cette année. Il lui faudra cravacher en deuxième semaine. Le seul ozeki encore en course pour le yusho, à une encolure des yokozuna, c'est le Bulgare Kotooshu. Son mental est beaucoup plus solide qu'auparavant, il ne panique plus, reste lucide jusqu'au bout du combat et fait parler sa puissance. Il en a fait la démonstration aujourd'hui contre Tokitenku, qui peut pourtant se montrer redoutable.
Chiyotaikai : plus dure sera la chute
Du côté des juryo, Tosanoumi, pris de vitesse par Kitataiki et sorti en oshitaoshi, est rejoint en tête par l'ancien maegashira Koryu, le lutteur de poche Sagatsukasa, très en verve en cette première semaine et le Mongol Hoshikaze, qui tient toutes ses promesses pour son 2e tournoi dans la division. Les 7 samouraï qui forment la meute des poursuivants, Kyoseumi, Shirononami, Chiyohakuho, Kasuganishiki, Kitataiki, Tokusegawa et Wakakoyu, tous à 5-3, n'hésiteront pas à montrer les crocs et à s'en servir pour leur ravir la première place.
Un tout nouveau venu, le makushita 15 tsukedashi Miyamoto, actuellement au rang de ms1o, vient de faire une incursion remarquée en juryo, se défaisant avec une belle autorité du poids lourd géorgien Gagamaru. Gageons qu'il prendra son ticket pour les rangs sekitori dès la fin de ce basho, ou en tout cas dans un avenir très proche. Sa vivacité fait plaisir à voir et un peu de sang neuf ne sera pas de trop pour venir taquiner les meilleurs de la division.