Asashoryu dans la légende
Il est arrogant. Le fair-play n’est pas sa première qualité. Il ne s’entraîne pas toujours avec le sérieux que l’on attend d’un yokozuna. Son coude est en charpie. On le dit porté sur la boisson – et pas uniquement sur le Fanta dont il fait la publicité à la télé japonaise. Bref, il est nettement sur la pente descendante et ne peut plus concurrencer son alter ego Hakuho. Mais…
Mais Asashoryu est un des plus grands yokozuna de tous les temps, un champion d’exception comme il n’en apparaît que tous les 20 ans, un grand fauve jamais rassasié de victoires. Et comme tous les grands fauves, c’est lorsqu’il est blessé qu’il est le plus dangereux. Le Dragon bleu du matin le démontre une nouvelle fois en remportant aujourd’hui son 24ème yusho, rejoignant Kitanoumi sur le podium des lutteurs les plus titrés de l’histoire (derrière les inaccessibles Taiho et Chiyonofuji). Au-delà des chiffres, c’est la manière qui impressionne. Sous les yeux du nouveau premier ministre nippon Hatoyama Yukio, les deux yokozuna ont en effet offert au public le final espéré, un kettei-sen d’anthologie.
Lorsque les deux lutteurs entrent sur le dohyo pour le musubi-no-ichiban, Asashoryu dispose d’une longueur d’avance sur son adversaire : il lui « suffit » de remporter le combat pour s’emparer du titre. Mais Hakuho, fébrile tout au long de la deuxième semaine après sa défaite surprise contre Shotenro, est décidé à montrer à tout le monde qu’il est bien le nouveau patron du sumo. Auteur d’un tachi-ai d’une violence inouïe, il terrasse littéralement le disciple de Takasago (sur yorikiri, annonce le speaker) et remet les compteurs à égalité.
C’est donc le kettei-sen tant attendu, dans une atmosphère électrique. Lors de ce nouveau duel, le tachi-ai est bien plus équilibré ; Asahoryu parvient même à mieux positionner ses bras, ce qui lui permet de garder l’initiative tout au long du combat. Hakuho se débat, parvient à redresser sa position, mais n’est pas en mesure de passer à l’offensive. Asashoryu tente plusieurs projections, et parvient finalement à mettre son adversaire à terre par un sukuinage décisif. Il s’empare ainsi de la Coupe de l’Empereur et repassera devant son jeune rival dans le banzuke du prochain basho.
A côté d’un tel final, les combats entre ozeki ont paru inévitablement fades. Kotooshu s’est débarrassé sans trop de peine d’Harumafuji, bloqué sous le ventre du Bulgare (uwatenage). Kaio, lui, a créé une énorme surprise (!) en faisant chuter Kotomitsuki (uwatenage) ; il décroche ainsi un kachi-koshi important qui lui évite l’inconfortable statut de kadoban au prochain basho. A la différence du précédent tournoi, aucun ozeki n’obtient donc de score à deux chiffres, malgré l’excellent départ des Kotozeki en première semaine.
Baruto a de nouveau impressionné son monde en manipulant son adversaire du jour – Kisenosato, excusez du peu ! – comme un porte-clés : attari de titan, prise de mawashi rapide et expulsion à l’autre bout du Kokugikan sur uwatenage. Le bûcheron balte termine avec un score de 12-3, seul derrière les deux yokozuna. Avec 23 victoires en deux tournois et un classement en sekiwake lors du prochain basho, l’Estonien a bien démarré son ozeki-run.
Pour Tochinoshin et Shotenro, qui découvraient le haut du tableau, ce basho de galères s’est achevé comme il avait commencé : par une défaite. Le Géorgien a cédé face à Tamanoshima (oshidashi) tandis que le Mongol était défait par Mokonami (uwatenage). Tous deux rendent une carte très négative qui va certes les précipiter dans la deuxième partie du banzuke, mais nantis d’une expérience précieuse : Tochonishin n’a jamais été ridicule, et Shotenro pourra se souvenir de son combat parfait contre Hakuho pour rebondir. Les deux anciens Kyokutenho et Miyabiyama ont donné une nouvelle preuve que leur envie était intacte dans un affrontement haletant : un duel au mawashi aux quatre coins (si j’ose dire) du dohyo, une tentative d’hatakikomi de Miyabiyama, et finalement une chute spectaculaire des deux lutteurs au bas de l’aire de combat. Il faudra finalement un mono-ii pour attribuer la victoire au Mongol (yoritaoshi).
On notera également les bonnes performances de Tochiozan (11-4 après un yorikiri sur Takamisakari), Hokutoriki (11-4 grâce à un oshidashi infligé à Homasho) et surtout Kakuryu, plus haut classé que les deux précédemment cités. Le Mongol empoche lui aussi une onzième victoire au dépend d’Aminishiki (tsukiotoshi), ce dernier ratant donc de peu le kachi-koshi.
Kokkai a réussi à sauver sa place en makuuchi « in extremis » : acculé à la tawara par le juryo Kimurayama, le Géorgien parvient à pivoter pour placer un efficace uwate-dashinage qui lui offre le kachi-koshi salvateur. Les autres maegashira à qui il était possible de décrocher un score positif lors de ce senshuraku ont connu des fortunes diverses : si Tokitenku défait un Yoshikaze brouillon (hikiotoshi), Masatsukasa s’incline face à Shimotori (yorikiri) tandis qu’Homasho ne parvient pas à maîtriser la tachi-ai décidé d’Hokutoriki (oshidashi).
En juryo, les jeux étaient très ouverts, puisque pas moins de 6 lutteurs étaient en embuscade à une longueur du leader Tamawashi, et pouvaient donc encore prétendre à la victoire finale dans un éventuel tomoe-sen à 5 – perspective qui faisait saliver d’avance les passionnés !
Malheureusement pour le suspens, Tamawashi n’a pas laissé passer sa chance de remporter son premier juryo yusho : d’une poussée décidée, il expulse son adversaire du jour, Kaiho, sur un oshitaoshi imparable. Les autres prétendants terminent finalement à une (Toyozakura et Okinoumi) ou deux (Asofuji, Yamamotoyama, Kaiho et Kimurayama) longueurs du vainqueur.
Autre fait marquant dans cette division, la victoire de Hakuba sur Tosanoumi, qui plonge le vétéran dans un make-koshi très problématique. Il devrait maintenir sa place en division salariée lors du prochain basho, mais l’heure de l’intai semble désormais imminente pour l’ancien sekiwake.
Il est arrogant. Le fair-play n’est pas sa première qualité. Il ne s’entraîne pas toujours avec le sérieux que l’on attend d’un yokozuna. Son coude est en charpie. On le dit porté sur la boisson – et pas uniquement sur le Fanta dont il fait la publicité à la télé japonaise. Bref, il est nettement sur la pente descendante et ne peut plus concurrencer son alter ego Hakuho. Mais…
Mais Asashoryu est un des plus grands yokozuna de tous les temps, un champion d’exception comme il n’en apparaît que tous les 20 ans, un grand fauve jamais rassasié de victoires. Et comme tous les grands fauves, c’est lorsqu’il est blessé qu’il est le plus dangereux. Le Dragon bleu du matin le démontre une nouvelle fois en remportant aujourd’hui son 24ème yusho, rejoignant Kitanoumi sur le podium des lutteurs les plus titrés de l’histoire (derrière les inaccessibles Taiho et Chiyonofuji). Au-delà des chiffres, c’est la manière qui impressionne. Sous les yeux du nouveau premier ministre nippon Hatoyama Yukio, les deux yokozuna ont en effet offert au public le final espéré, un kettei-sen d’anthologie.
Lorsque les deux lutteurs entrent sur le dohyo pour le musubi-no-ichiban, Asashoryu dispose d’une longueur d’avance sur son adversaire : il lui « suffit » de remporter le combat pour s’emparer du titre. Mais Hakuho, fébrile tout au long de la deuxième semaine après sa défaite surprise contre Shotenro, est décidé à montrer à tout le monde qu’il est bien le nouveau patron du sumo. Auteur d’un tachi-ai d’une violence inouïe, il terrasse littéralement le disciple de Takasago (sur yorikiri, annonce le speaker) et remet les compteurs à égalité.
C’est donc le kettei-sen tant attendu, dans une atmosphère électrique. Lors de ce nouveau duel, le tachi-ai est bien plus équilibré ; Asahoryu parvient même à mieux positionner ses bras, ce qui lui permet de garder l’initiative tout au long du combat. Hakuho se débat, parvient à redresser sa position, mais n’est pas en mesure de passer à l’offensive. Asashoryu tente plusieurs projections, et parvient finalement à mettre son adversaire à terre par un sukuinage décisif. Il s’empare ainsi de la Coupe de l’Empereur et repassera devant son jeune rival dans le banzuke du prochain basho.
A côté d’un tel final, les combats entre ozeki ont paru inévitablement fades. Kotooshu s’est débarrassé sans trop de peine d’Harumafuji, bloqué sous le ventre du Bulgare (uwatenage). Kaio, lui, a créé une énorme surprise (!) en faisant chuter Kotomitsuki (uwatenage) ; il décroche ainsi un kachi-koshi important qui lui évite l’inconfortable statut de kadoban au prochain basho. A la différence du précédent tournoi, aucun ozeki n’obtient donc de score à deux chiffres, malgré l’excellent départ des Kotozeki en première semaine.
Baruto a de nouveau impressionné son monde en manipulant son adversaire du jour – Kisenosato, excusez du peu ! – comme un porte-clés : attari de titan, prise de mawashi rapide et expulsion à l’autre bout du Kokugikan sur uwatenage. Le bûcheron balte termine avec un score de 12-3, seul derrière les deux yokozuna. Avec 23 victoires en deux tournois et un classement en sekiwake lors du prochain basho, l’Estonien a bien démarré son ozeki-run.
Pour Tochinoshin et Shotenro, qui découvraient le haut du tableau, ce basho de galères s’est achevé comme il avait commencé : par une défaite. Le Géorgien a cédé face à Tamanoshima (oshidashi) tandis que le Mongol était défait par Mokonami (uwatenage). Tous deux rendent une carte très négative qui va certes les précipiter dans la deuxième partie du banzuke, mais nantis d’une expérience précieuse : Tochonishin n’a jamais été ridicule, et Shotenro pourra se souvenir de son combat parfait contre Hakuho pour rebondir. Les deux anciens Kyokutenho et Miyabiyama ont donné une nouvelle preuve que leur envie était intacte dans un affrontement haletant : un duel au mawashi aux quatre coins (si j’ose dire) du dohyo, une tentative d’hatakikomi de Miyabiyama, et finalement une chute spectaculaire des deux lutteurs au bas de l’aire de combat. Il faudra finalement un mono-ii pour attribuer la victoire au Mongol (yoritaoshi).
On notera également les bonnes performances de Tochiozan (11-4 après un yorikiri sur Takamisakari), Hokutoriki (11-4 grâce à un oshidashi infligé à Homasho) et surtout Kakuryu, plus haut classé que les deux précédemment cités. Le Mongol empoche lui aussi une onzième victoire au dépend d’Aminishiki (tsukiotoshi), ce dernier ratant donc de peu le kachi-koshi.
Kokkai a réussi à sauver sa place en makuuchi « in extremis » : acculé à la tawara par le juryo Kimurayama, le Géorgien parvient à pivoter pour placer un efficace uwate-dashinage qui lui offre le kachi-koshi salvateur. Les autres maegashira à qui il était possible de décrocher un score positif lors de ce senshuraku ont connu des fortunes diverses : si Tokitenku défait un Yoshikaze brouillon (hikiotoshi), Masatsukasa s’incline face à Shimotori (yorikiri) tandis qu’Homasho ne parvient pas à maîtriser la tachi-ai décidé d’Hokutoriki (oshidashi).
En juryo, les jeux étaient très ouverts, puisque pas moins de 6 lutteurs étaient en embuscade à une longueur du leader Tamawashi, et pouvaient donc encore prétendre à la victoire finale dans un éventuel tomoe-sen à 5 – perspective qui faisait saliver d’avance les passionnés !
Malheureusement pour le suspens, Tamawashi n’a pas laissé passer sa chance de remporter son premier juryo yusho : d’une poussée décidée, il expulse son adversaire du jour, Kaiho, sur un oshitaoshi imparable. Les autres prétendants terminent finalement à une (Toyozakura et Okinoumi) ou deux (Asofuji, Yamamotoyama, Kaiho et Kimurayama) longueurs du vainqueur.
Autre fait marquant dans cette division, la victoire de Hakuba sur Tosanoumi, qui plonge le vétéran dans un make-koshi très problématique. Il devrait maintenir sa place en division salariée lors du prochain basho, mais l’heure de l’intai semble désormais imminente pour l’ancien sekiwake.
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