Le dernier tournoi de printemps, qui s’est achevé il y a une dizaine de jours, a marqué la fin de carrière du doyen des sekitori (ensemble des lutteurs des deux premières divisions), Otsukasa. Agé de 38 ans, le lutteur de l’Irumagawa-beya, alors juryô 12, étant en position de make-koshi (plus grand nombre de revers que de succès sur l’ensemble des quinze jours de compétition), synonyme de rétrogradation en divisions non-salariées, a fait part de sa décision de mettre un terme à sa carrière commencée il y a près de seize ans.
Né le 18 février 1971 dans la ville de Miki qui se situe dans le département de Hyôgô, sur l’île principale de Honshû, Ouchi Nobuhide (son véritable nom) est le fils cadet d’un industriel en métallurgie. Dans la famille, le sumô est une affaire sérieuse : le grand-père et le père du jeune garçon en sont de grands amateurs. C’est donc tout naturellement qu’il s’y intéresse à son tour.
Au collège, il entre dans le club de sumô. Au lycée de Shigawa, il contribue aux triomphes de son club de sumô lors de deux grandes compétitions : le Kokumin Taiiku Taikai et le Zenkoku Kôkô Gakkô Sumô Senshûken. Il fait partie du même groupe que Nishida, le futur sekitori Ohinode, d’un an son aîné.
Plus tard, il entre à l’université de Nihon Daigaku qui possède un club de sumô réputé. Il participe notamment au Zen Nihon Sumô Senshûken Taikai aux côtés de son sempai (aîné).
Ouchi décide finalement de passer professionnel et qui plus est bénéficie du statut de makushita tsukedashi (statut accordé aux lutteurs amateurs particulièrement performants, à l’époque, ce statut était synonyme de makushita 60 contre makushita 15 de nos jours).
En mars 1993, le jeune homme choisit d’intégrer le nouvel Irumagawa-beya dirigé par l’ancien sekiwake (troisième plus haut grade) Tochitsukasa. Son ami Nishida est entré un an plus tôt au sein du prestigieux Tatsunami-beya.
Néanmoins, ses débuts ne sont pas à la hauteur de ses espérances. Ouchi reste aux portes des divisions sekitori durant près de trois ans. Ce n’est qu’en janvier 1996, qu’il accède à la division juryô (seconde division), il change alors de shikona (nom de lutteur) pour arborer celui d’Otsukasa.
Pendant trois longues années, il connaît de nouvelles désillusions, il ne parvient pas à monter en division makuuchi (première division) et connaît même les affres de la rétrogradation en division makushita.
Encouragé et aidé par son ami Nishida devenu Ohinode et par son condisciple Yôtsukasa, Otsukasa s’obstine et parvient enfin à monter en division suprême pour le tournoi d’automne 1999.
Toutefois, il ne réussit pas à s’y maintenir durablement mis à part entre mars 2001 et septembre 2002, soit dix tournois consécutifs. Durant cette période, il atteint le grade de maegashira 4 (juillet 2001) qu’il ne réussira jamais à retrouver.
Au total, Otsukasa sera monté à onze reprises en division suprême, seul deux lutteurs ont fait mieux depuis le début de l’ère Shôwa (1926). Il a disputé 30 tournois en première division et 45 en seconde, avec un titre en makushita (mai 1993) et deux en juryô (mai 1999 et janvier 2005).
Son style a considérablement évolué depuis ses premiers pas sur le dohyô en tant que professionnel. Lutteur de taille modeste (autour du mètre 75), il a toujours possédé une bonne corpulence. A ses débuts, en 1993, il pesait déjà 140kg et montera jusqu’à 150kg quelques dix années plus tard, au faîte de sa carrière.
Dans un premier temps, Otsukasa affectionne plutôt les affrontements au corps à corps avec expulsion frontale de l’adversaire en yori avec prise du mawashi (sorte de ceinture arborée par les lutteurs) en migi-yotsu (prise main droite intérieure).
Mais, ses échecs répétés aux portes des divisions sekitori amènent le lutteur à changer de style. Dès lors, il travaille son sumô de poussée et devient un spécialiste en oshi (poussée) et tsuki (frappe de la paume de la main). Cette transformation porte ses fruits et lui permet de passer le cap.
Par ailleurs, il possède un large éventail technique et n’hésite pas à tenter des techniques, aujourd’hui, assez rares telles que le kainahineri, le uchimuso ou le hikkake.
Enfin, Otsukasa a toujours posséder une mobilité assez remarquable et développe une grande habileté dans l’art de l’okuri (passer derrière l’adversaire). Il a remporté plus de trente-cinq confrontations en okuridashi ou okuritaoshi !
Blessé à l’épaule depuis le tournoi de printemps 2008, Otsukasa n’a pu soigner correctement cette blessure. Ses résultats s’en sont ressentis et il décide de mettre un terme à sa carrière après son onzième revers et douze journées.
Pour l’instant, il devient un oyakata (ancien) au sein de son heya de toujours et devrait organiser son danpatsu-shiki (cérémonie officielle de fin de carrière) en janvier 2010.
Sources : http://hochi.yomiuri.co.jp/
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