L'actuel tategyoji (chef arbitre) Kimura Shonosuke, un titre et non un shikona, atteint la limite d'âge des 65 ans dans l'entre-basho et a donc présidé à son dernier combat au senshuraku.

Comme la plupart des impétrants dans le monde du sumo professionnel, les gyoji intègrent l'Ozumo à la fin du collège, en intégrant une heya. Il existe deux noms de famille de gyoji, Kimura et Shikimori. Tout gyoji en adopte un, à la manière des shikona des rikishi. A mesure que le temps passe ils progressent dans la hiérarchie, et leur performance est prise en compte pour les promotions. Ils sont jugés sur leur assurance, leur style et leur capacité à rendre des verdicts clairs. Un trop grand nombre desashi-chigae (décisions retournées) pèse sur la carrière d'un gyoji. Les rangs des gyoji sont les suivants : Jonokuchi, Jonidan, Sandanme, Makushita, Juryo, Makuuchi, Sanyaku, Tategyoji 2 (Shikimori Inosuke), Tategyoji 1 (Kimura Shonosuke).

Kimura Shonosuke ne préside qu'au yokozuna dohyo iri et à un combat par jour (kettei-sen exclus), en l'occurrence le musubi no ichiban (dernier combat du jour). Le combat en question est toujours celui du yokozuna le mieux classé, ou du lutteur le mieux classé s'il n'y a pas de yokozuna en place. A l'instar du titre de yokozuna, la distinction de Kimura Shonosuke est la plus haute qu'un gyoji puisse atteindre. Mais à la différence des yokozuna, il ne peut y avoir qu'un seul et unique Kimura Shonosuke à la fois. Et à la différence des yokozuna, c'est un rang que l'on n'atteint qu'après un très long parcours.

Le costume des deux gyoji de plus haut rang incluent d'ailleurs un tanto (une dague) pour commettre le sepuku (suicide rituel) en cas de mauvaise décision. Ce type d'acte ne se produit bien évidemment pas de nos jours, mais il peut arriver que le gyoji se sente contraint de présenter se démission dans de telles circonstances. Elle est alors acceptée ou non (elle ne l'est pas la plupart du temps). D'autres composantes du costume des gyoji permettent de faire les distinctions : les chaussures (ou leur absence), les couvre-chef et les pompons, qui sont tous différents en fonction du rang. Les couleurs ont également une importance majeure, chaque rang ayant son code couleur, le plus élevé arborant la couleur violette. La moyenne de présence au rang convoité de Kimura Shonosuke est de 8 ans, certains servant jusqu'à 25 ans, d'autres moins d'une année.




Le 35ème Kimura Shonosuke s'appelle Uchida Junichi. Il est membre de la Tatsunami-beya, et vient de Nobeoka, préfecture de Miyazaki. Il a fait son hatsu dohyo lors du Natsu Basho 1962. La photo précédente date du jungyo de Miyazaki en décembre 1963.


Dans une interview accordée à la NHK, Kimura Shonosuke confesse qu'après tant d'années à officier, il est toujours nerveux quand il arpente le dohyo pour rendre des verdicts. Il poursuit en avouant qu'il s'intéressait au sumo étant jeune, mais comprit alors qu'il était trop petit pour devenir un rikishi et décida alors de devenir gyoji.




Il arbitra ses premiers combats alors qu'il n'avait que seize ans, alors que s'amorçait l'ère dite "Rinko" qui voyait la domination de Wajima et Kitanoumi. Sur la photo précédente, on peut le voir arbitrer lun des makushita yusho de Takahanada (futur yokozuna Takanohana). Kimura Shonosuke loue la chance qu'il a eue de connaître le boom de la popularité du sumo, avec les ascensions de Chiyonofuji, Takanohana, Wakanohana et de tant d'autres solides rikishi qui ont fait leurs débuts et gagné leur notoriété, sans omettre l'apparition de l'influence étrangère avec les Hawaïens et les Mongols un peu plus tard.




Le Tategyoji évoque ensuite sa relation avec le yokozuna Hakuho. Il le décrit comme un yokozuna exceptionnel, non seulement pour son fantastique sumo, mais aussi pour son hinkaku (qualités personnelles sur et en dehors du dohyo). Kimura évoque d'ailleurs sa nervosité quand il présidait aux combats du yokozuna alors que celui-ci courrait après le légendaire record des 69 victoires de Futabayama. Hakuho quant à lui dit également quelques mots sur celui qu'il appelle son "daisempai", duquel il a appris un grand nombre de choses puisqu'il appartient à son ichimon. Hakuho nous dit que le sumo est bien évidemment une lutte, mais aussi un ensemble de traditions, et que cela aura été un honneur tout particulier de faire le yokozuna dohyo-iri avec ce Kimura Shonoskue.


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L'interview se clôt avec la présentation d'une calligraphie de Kimura Shonosuke. “Ketsudan isshun”, ce qui signifie "prendre une décision immédiate". Il est aisé de concevoir la pression qui va avec la position. Tout particulièrement lors de combats très disputés qui peuvent non seulement déterminer le vainqueur d'une confrontation ou d'un yusho, mais même déterminer le début ou la fin d'une ère. La poursuite d'une grande carrière, ou la fin prématurée d'une autre. D'impressionnants records absolus, ou des ratés monumentaux.