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Sujet : Les gaijin dans le sumo : état des lieux et perspectives

  1. #21
    Citation Envoyé par Satori
    Je pense aussi à l'instar de Toon que la raison essentielle de la prédominance des étrangers dans le Sumo vient du fait qu'il n'y a qu'un étranger par heya, et que ceux qui sont choisis sont donc la crème de la crème, les meilleurs potentiels ou ceux qui ont déjà fait leur preuves dans un autre système, ceci à un niveau national voire continental. Mécaniquement, ils sont donc statistiquement bien plus forts qu'une recrue japonaise moyenne.
    Moui... C'est un argument qui justifie bien le fait qu'ils sont sur-représentés dans les hautes sphères, en effet, ou sous-représentés dans les plus basses divisions. Mais c'est un argument qui se justifie "inter-gaijin", ou leur classement moyen plus élevé. Ca ne justifie pas une prédominance de la crème gaijin sur la crème japonaise. Car les meilleurs lutteurs japonais, ceux qui ont le meilleur potentiel etc, sont également présents dans les heya...

  2. #22
    Senior Member Avatar de Asafan
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    Citation Envoyé par Satori
    Citation Envoyé par Asafan
    Faudrait-il en conclure que si les Japonais veulent regagner les rangs les plus prestigieux du sumo, ils doivent soit en interdire l'accès à tous les étrangers, ce qui ne me choquerait pas du tout, je m'empresse de le dire, car c'est tout de même LEUR lutte traditionnelle, mais ce qui serait tout de même un aveu d'impuissance, soit élever le niveau de leurs critères de sélection et n'accepter que les jeunes Japonais qui auront un background en judo ou dans une autre forme de lutte ?
    Je ne vois pas bien où tu prends ce raccourci. Mon propos en tous cas est de dire que les heya doivent modifier, adapter et enrichir leur entrainement, comme certains anciens avaient commencé à le faire. C'est mon point de vue et il est de plus en plus ferme.[...]Quant à interdire l'accès aux étrangers, je pense que je ne suis pas visé par ce commentaire. Je n'ai jamais exprimé une telle idée, et je trouverais même ça franchement dommage. A mon avis, les japonais et le Sumo ont tout intérêt à se mettre un peu en danger, justement pour éviter la sclérose...
    Non, non, rassure-toi, je n'ai rien tiré de ton post. Ce sont mes pauvres petites conclusions personnelles. J'essayais simplement de voir comment les Japonais pourraient mettre à mal cette suprématie des gaijin et retrouver leur lustre d'antan. Mes deux solutions sont ce qu'elles sont, peut-être un peu radicales, mais ce sont des solutions possibles. Il y a un élément nouveau que tu rajoutes, et qui est évidemment très intéressant, c'est de revoir leur entraînement, de l'ouvrir et de le moderniser. Mais les gaijin dans le sumo ont exactement le même entraînement que les Japonais. Donc pour moi ce n'est pas encore une façon d'expliquer la suprématie des gaijin ni d'inverser la tendance puisque les gaijin bénéficieraient eux aussi de cette modernisation de l'entraînement.

    Citation Envoyé par Asafan
    Sinon, je ne vois pas ce que la lutte mongole a de plus sophistiqué que le sumo. Faudra que tu m'expliques, Sat'.
    Citation Envoyé par Satori
    Encore une fois, c'est mécanique. Les conditions de combat et de victoire de la lutte mongole font qu'il y a beaucoup plus de latitude quant aux techniques utilisées, parce qu'il est beaucoup moins simple de l'emporter. Il n'y a pas de limite ni de temps, ni d'espace, il s'agit grosso modo d'envoyer au sol l'adversaire, l'obliger à un appui significatif (coude, genou, dos, ...).
    Y a-t-il une limite de temps dans le sumo ? Alors ça je l'ignorais. Je pensais simplement que les combats de sumo étaient plus courts parce qu'il y avait cette limite de l'espace, justement.

    Citation Envoyé par Satori
    Tout ceci dit, je me sens obligé de dire que malgré ces arguments en faveur de la lutte mongole, je préfère toujours regarder du Sumo que de la lutte mongole, même si j'ai pour cette dernière un véritable respect. J'aime cette limite d'espace. Elle permet à des morphologies et des styles très différents de coexister à des niveaux d'efficacité équivalents, et renforce la tension, l'obligation de perfection. Tu ne peux pas te permettre le moindre instant de faiblesse, sinon tu es déjà dehors, ou par terre, même si tu es le meilleur du monde.

    C'est cet état de corde raide permanente que j'aime le plus dans le Sumo. C'est un tout petit peu moins vrai en lutte mongole, je trouve, où l'option de se dégager d'un mauvais pas en reculant existe pratiquement toujours.
    Moi aussi je préfère le sumo à la lutte mongole, pour les mêmes raisons que toi. Principalement à cause de la limite de l'espace. Et en plus il y a aussi une bête question de visibilité. Les lutteurs de bökh commencent tous ensemble et on ne sait jamais où regarder. Je me souviens qu'au Naadam, j'entendais soudain les cris de la foule, je me disais "ah, là, il se passe quelque chose d'intéressant, mais où?" Et quand enfin je trouvais les deux lutteurs qui avaient eu une passe décisive, je voyais l'un des deux exécuter le devekh, la danse de l'aigle, qui indiquait le vainqueur. Ca ne devenait vraiment lisible que vers les quarts de finale, en tout cas pour une novice comme moi. Evidemment si on arrive à repérer des lutteurs qu'on connait, on ne suit que ceux-là, c'est plus facile. Mais moi je n'en connaissais qu'un que j'arrivais vaguement à repérer parmi les autres : Sumiyabazar, le frère d'Asashoryu.

  3. #23
    Senior Member Avatar de Tadanobu
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    L'ozumo est à mes yeux avant tout une activité culturelle, avant d'être sportive, et perpétue tout un artisanat traditionnel, autant dans l'objet que dans la méthode de fabrication.

    Il serait plus efficace de coudre à la machine les kesho-mawashi, d'utiliser une commande numérique pour fabriquer les hyoshi-gi, plus facile d'arbitrer en coupant les cheveux des lutteurs. Tout ceci améliorerait objectivement la prestation finale en créant un sport plus efficace.

    Les lutteurs sont la matière première, l'oyakata est l'artisan, la méthode de fabrication en soi est plus importante que le produit fini. On peut blamer l'artisan, ou la matière première, ce sont des données "variables" dans l'équation.

    Après, chacun peut penser que l'enseignement des Dix-Huit Positions Célestes du Grand Gourou Skippy serait bénéfique à l'ozumô... Mais personellement, je ne suis pas trop gêné si les lutteurs de sumo font du sumo et les karateka font du karate.

    Pour autant, je ne pense pas être rétrograde ou plus réactionnaire que nécessaire: si les étrangers sont meilleurs "sportivement" dans le sumo actuel, celà signifie juste que la matière première est meilleure, ou mieux adaptée aux artisans actuels, dans l'échelle de temps actuelle.

    Après, pour le sumo "sportif", chacun est libre de s'organiser comme il veut, de s'enrtainer dans la structure qu'il veut, d'utiliser l'enseignement qui lui plaît, d'organiser une rencontre sur un dohyo carré "pour voir"... tant que les valeurs convoyées sont celles du sport, tout va bien.

  4. #24
    Senior Member Avatar de Fuseigou
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    Le fonds du débat est finalement toujours le même... Doit-on aujourd'hui considérer le sumo principalement comme une pratique sportive, auquel cas il apparaît surprenant de ne pas faire évoluer plus vite les méthodes d'entrainement (cf. Satori), ou alors le sumo est-il bien encore un équilibre entre sport et tradition et sa pratique ne peut être appréhendée qu'avec sa part d'héritage, même si elle présente des limites du point de vue sportif... A priori, les rares exemples d'évolution des pratiques d'entrainement (Kirishima et autres lutteurs) sont venus des rikishis et non des structures les accueillant. Aujourd'hui, le choix semble avoir été fait, le système ne se révolutionne pas de l'intérieur, l'organisation privilégie l'équilibre entre pratique sportive, tradition et rituels. C'est ainsi...

  5. #25
    Le système ne se révolutionne pas de l'intérieur, et effectivement, c'est probablement là le problème.
    Il ne faut pas oublier que TOUS les oyakatas, qu'ils soient entraîneurs ou patrons de heya, sont des anciens lutteurs qui ont subi la formation interne traditionnelle sans avoir eu la possibilité ou la volonté de voir d'autres techniques d'apprentissage durant leur vie de lutteur ou même après. Chiyonofuji et Kirishima font figure d'extra-terrestre dans ce monde. Si les anciens ne se sont pas intéressé d'eux-même à autre chose à l'extérieur du monde du sumô, ils répétent à l'envie les mêmes choix que leurs ainés et le système s'ankylose tranquillement jusqu'à ce qu'un étranger au monde du sumô arrive avec des techniques aprises en dehors. Si cet étranger a une chance de devenir oyakata, peut être pourra-t-il aussi changer le système de l'intérieur... En attendant, c'est le règne du conformisme traditionnel...

  6. #26
    Citation Envoyé par Tadanobu
    L'ozumo est à mes yeux avant tout une activité culturelle, avant d'être sportive, et perpétue tout un artisanat traditionnel, autant dans l'objet que dans la méthode de fabrication.
    (...)
    Mais personellement, je ne suis pas trop gêné si les lutteurs de sumo font du sumo et les karateka font du karate.
    Je suis sensible à cet argument, même si j'en ai en même temps très peur. Potentiellement, les dérives sont assez sérieuses. Comme tu le soulignes en t'en dédouanant, c'est le premier pas vers la sclérose, voire les "chacun chez soi et les cochons seront bien gardés". J'avoue que j'aime pas bien... Bref. Quoi qu'il en soit, je suis moi aussi sensible à la préservation de la tradition dans le Sumo.

    Malgré cela, je ne pense pas que ça interdise l'évolution, bien au contraire. Entre le 17ème siècle et nos jours, les arts du sabre japonais ont évolué, se sont développés et infiniment raffinés justement dans l'esprit initial de préserver la tradition. Plusieurs disciplines ont même été créées à partir de cet ensemble de techniques guerrières brutes. L'origine du karate est comparable. Mais donc, quand on trouve un raffinement, une amélioration, un perfectionnement du geste, de la méthode, doit on se l'interdire? Je ne le pense pas. Il n'y a qu'en Sumo, dans les arts du combats, que je vois une telle résistance à l'évolution.

    Et c'est là mon deuxième point : je ne vois pas le Sumo comme une discipline purement sportive, et je voudrais que cette confusion et ce mélange soient évités. A mes yeux en tous cas, le Sumo est une discipline de combat, un art du combat, conventionné certes mais un art de combat. Ca n'a rien à voir avec un simple sport (même si certain lutteurs ne font plus la différence, probablement, mais c'est un autre débat).

    Pour moi, les notions de vie et de mort, d'engagement absolu dans le combat, sont des notions fondatrices en Sumo. Et pour moi, il n'y a pas d'art de combat sans une recherche constante d'amélioration, de perfectionnement. J'ai du mal à croire qu'on puisse justifier de rester bloqué à un certain palier de progression, dans une discipline de combat, simplement pour respecter une tradition figée. M'enfin je comprends que ça puisse se discuter et ouvrir des opinions différentes, pas de souci de ce coté là.

    Satori

  7. #27
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    Citation Envoyé par gotonin
    Tiens en parlant de ça, quelqu'un à une photo d'Hakuho jeune (d'avant)?

  8. #28
    C'est la photo de son premier combat en Mae-zumô non ? Victoire sur un Uwatenage magistral face à un gars bien plus gaillard que lui.

  9. #29
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    Citation Envoyé par Zarak
    Mais est-ce que la force des gaijins ne viendrait pas plutôt d'une façon différente de s'entraîner? Quand on voit le système japonais, l'élève regarde ses aînés, puis il essaie de mettre en pratique... Le Maître trône sans rien apprendre personnellement à ses élèves la plupart du temps... C'est peut-être une bonne technique pour des Japonais, mais elle ne satisfait pas les gaijins. Nous, nous attendons de nos maîtres qu'ils s'impliquent personnellement dans notre parcours, nous avons des sparing-partners personnels, nous avons des entraîneurs qui ne s'occupent que de nous... Nombre d'étrangers ont leur propres entraîneurs quand ils ne sont pas à la heya... Dans ces conditions, comment s'étonner aussi qu'ils progressent plus vite que leurs condisciples japonais?
    L'analyse est pertinente, mais elle ne recouvre qu'une petite partie de la vérité. Les gaijin ne sont pas les seuls à adopter des méthodes d'entraînement en dehors du cadre traditionnel, les exemples de Chiyonofuji et Kirishima ont été cités à juste titre.

    Ce qu'il est nécessaire d'ajouter, et qui n'a pas été mentionné, pour comprendre pourquoi les étrangers peuvent percer relativement rapidement au sein des divisions non salariées, est le fait que le sumo est également un refuge pour bon nombre de jeunes Japonais qui sont soit en rupture de ban avec le système scolaire et/ou éducatif nippon (dont certains, à l'instar de Chiyotaikai, réussissent au final), soit aux prises avec un ostracisme très présent au Japon à l'encontre de ceux qui sortent de la norme : les jeunes en surpoids sont souvent l'objet de moqueries ou de remarques incessantes, ce qui pousse un certain nombre d'entre eux vers le sumo car une fois revêtus du kimono, chaussés des geta et porteurs d'un mage, ils ne sont plus des "gros", ils sont des sumotori. Et pour eux, ça change tout dans la vision que les autres ont d'eux. Quand bien même ils feraient une carrière complète sans jamais dépasser la division jonidan.

    Par ailleurs, on remarquera que dès qu'un contingent national commence à être sur-représenté, la qualité moyenne de ses membres en est abaissée (même si c'est tout relatif). Ce fut le cas avec les Hawaïens, dont quatre "troncs" (Akebono, Musashimaru, Konishiki et Takamiyama) et trois arbres (Yamato, Sunahama et Daiki brièvement) cachent la forêt de lutteurs qui végétèrent chez les toriteki sans jamais devenir salariés (en particulier toute l'armada des anciens des Azumazeki et Takasago-beya). C'est le cas aujourd'hui avec les Mongols, dont plus de la moitié ne sont pas salariés, beaucoup d'entre eux n'ayant d'ailleurs pas d'espoirs raisonnables de l'être un jour (une quinzaine de Mongols se sont d'"ailleurs retirés sans avoir été jamais salariés).

  10. #30
    Senior Member Avatar de asakusa
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    A ce propos, pourrait-on m'indiquer pourquoi les Hawaïens ont complètement disparu du paysage ?

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