Blessures chroniques

**Konosato** · 07/04/2010, 21h13

Depuis que la statut de Kôshô a été abolit en janvier 2004 beaucoup de combattants prennent part aux tournois avec des blessures plus ou moins graves. Et au contraire du foot par exemple, où chaque petit bobo des joueurs est connu et commenté en long et an large par les médias, pour le Sumô tout est différent, c’est motus et bouche cousue. Ah! si nous savions qui des Rikishi possèdent „des pépins physiques handicapants chroniques“ (citation de Kotononami) ou temporaires, eh bien nous trouverions beaucoup de réponses à nos questions concernant les mauvais résultats répétés de plusieurs Sumôtoris.

En premier lieu je pense à Futeno qui végète depuis trois Basho en Juryo (9 scores négatifs d’afffilée) et qui était un abonné du milieu de tableau en Maegashira depuis 2005. Il n’a quand même pas perdu son Sumô tout d’un coup non? Il y a aussi Tamanoshima pour lequel Kotononami a fait une bonne analyse dans un autre post. Il y a encore Asasekiryu qui depuis fin 2008 n’arrive plus à rejoindre les Joi jin, est-ce une blessure qui ne guérit pas ou tout simplement une méforme qui colle aux talons? On peut ajouter à cette liste de Rikishi qui auraient apparement des blessures chroniques, Sakaizawa, Chiyohakuho, Kiyoseumi, Tamaasuka et peut-être Tochinonada. On pourrait adjoindre Kasugao qui après son abandon du Natsu 2008 a de la peine à reprendre pied chez les Hiramaku, lui qui n’avait pas quitté la division reine pendant presque trois ans. Mais il y a aussi les cas connus, comme par exemple celui de Shimotori avec son diabète et aussi celui de Aminishiki avec son genou droit bléssé depuis belle lurette.

Mais comment font-ils pour tenir pendant tout un Basho, ils doivent sûrement incurgiter de grandes quantités de médicaments anti-douleur et recevoir maintes piqures analségiques ? Nos spécialistes et adeptes de sports de combats vont certainement nous expliquer tout ça. A la longue ce genre de situation ne mêne à rien, ou plutôt si, a un risque d’infirmité ou de déboires physiques prolongés ou même à vie.

**skydiver** · 08/04/2010, 11h49

Dans les sports de combat, il est quelque part logique de taire les blessures chroniques et tenter de tromper les adversaires potentiels à ce niveau. Le sumô ne fait pas exception.

Antalgiques et médicaments pris de façon ponctuelle afin de tenir sur une période donnée (bashô/entraînement plus combat à proprement parler) sont de mise.

Les résultats ne sont effectivement pas toujours bons sur le long terme mais il s'agit de capitaliser à tout prix quelques années. A tort ou à raison. Personne ne veut abandonner une carrière si la médecine permet de "tenir le coup", quitte à ne pas respecter les besoins de son corps.

**Kaiomitsuki** · 08/04/2010, 12h07

A mes yeux ce qui fait entre autres le charme du Sumo c'est tout ce côté secret, obscur, mystérieux qui entoure ce sport.
Il est vrai que c'est navrant de voir des sekitori tomber en division Juryo sans réelles explications mais pour être franc je ne suis pas surpris.
Je ne connais rien aux mentalités des japonais mais j'ai l'impression que quelle que soit la situation (morale, physique) il y a toujours la notion de dignité qui prend le dessus : souffre en silence et garde la tête haute !
Quelque part c'est une épreuve supplémentaire à surmonter et si ils réussissent à redresser la barre cela est encore plus glorieux aux yeux de tout le monde...

**Satori** · 08/04/2010, 12h53

Ben de mon coté j'ai toujours dénoncé ce nouveau système à la marche ou crève, parce que je suis persuadé qu'il est possible de mettre en place un système intelligent, en mesure d'éviter les dérives tout en garantissant un meilleur spectacle, les lutteurs n'étant pas obligés de combattre blessés.

A mes yeux, et c'est le point principal de l'argumentaire de Konosato je pense, forcer la main des lutteurs en les obligeant à choisir entre leur santé et leur classement a pour effet direct de faire baisser leur niveau visible et d'hypothéquer leur carrière, ce qui est néfaste au Sumo et accessoirement complètement crétin.

Ceux qui pensent qu'un lutteur n'a qu'à choisir de se laisser dériver au classement pour se soigner n'ont clairement pas conscience des contraintes et des réalités d'une carrière sportive, encore plus dans le monde implacable du Sumo. Ceci sans même évoquer les Ozeki et la particularité de ce grade.

A mon avis, la mise en place d'une centrale indépendante d'expertise médicale commissionnée par la NSK pour évaluer les blessures des lutteurs et la durée minimale de récupération serait une solution simple et directe à ce problème. Un lutteur blessé est évalué de manière indépendante, et a le droit à telle durée d'absence sans perte de son classement. Propre, radical.

Je n'avais pas songé jusqu'ici à l'hypothèse d'une corrélation directe entre le niveau lamentable de la makuushi actuellement et cette mesure mais c'est pas idiot du tout, et bien possible en fin de compte.

Cela dit un débat sur ce point est stérile parce que c'est à la NSK de prendre conscience de cette situation et trouver un moyen d'y remédier, et les discussions de fans entre eux n'y changeront rien du tout. Sur ce dernier point je suis pessimiste, la NSK faisant chaque jour un peu plus la preuve de son intransigeance et du durcissement de sa ligne directrice.

Quoi qu'il en soit, merci à Konosato pour son éclairage, intéressant...

Satori

**Tadanobu** · 08/04/2010, 14h28

Le Kosho a du bon et du moins bon... Si tu est M5, que tu fais un 9-6, et que par exemple il y a 2 lutteurs au-dessus de toi dont la position est "protégée" par leur retour de blessure, tu te retrouves désavantagé d'être en bonne santé.
Le banzuke est un systeme ultra-compétitif, et protéger la position d'un lutteur, pour quelque raison que ce soit, bonne ou mauvaise, se fait toujours au détriment d'au moins un autre lutteur. Est ce un bonne chose ou pas ? A chacun de voir, c'est vraiment affaire de gout.

Pour Futeno, je vais être un peu sévère, mais à à peine 30 ans dont 7 dans l'ozumo, il est en fin de carriere. Son sumo n'a jamais été très varié, sa force physique diminue, il n'a pas le ressort pour aapter son sumo. Il a débuté en 2003, avec un bon bagage de sumo, sa montée a été logiquement rapide. Comme on dit, "il est monté a la vitesse de l'écume, dont il en a la consistance". Il a eu ses 2-3 années de progression rapide, ce qui est presque "obligatoire" et finalement assez logique pour les ex-universitaires, lutteurs tardifs dans l'ozumo.

Depuis 2005, ses KK ont été obtenus aux rangs suivants: M8, M7, M7, M7, M13, M11, M12, M10, un bon tournoi a 9-6 en M6, M10, puis... plus aucun score positif depuis. Conclusion, sa "bonne" place en 2005-2006 était à M7... et depuis 2007 c'est la dégringolade. C'est pas vraiment perdre son sumo tout d'un coup, c'est régresser petit à petit.

Bon, bref. Le niveau de makuuchi est il si mauvais ? S'il l'est, il faut constater qu'il y a de nombreux vieux lutteurs qui y perdurent, malgré plusieurs blessures. Il faut croire que les trentenaires restant ont du talent, qu'ils ont su encaisser les coups durs et progresser, et que ce sont surtout les plus jeunes qui sont mauvais, ou fragiles, ou gèrent mal leur effort... ce qui ne saurait guere plaider en leur faveur.

**X-Philohana** · 08/04/2010, 15h12

Pourquoi faire une exception pour le sumo, et même pour les sports de combat? C'est un sport individuel. Tu es blessé, donc inapte et moins bon, tu perds des rangs au classement. C'est le sport: performance égale récompense. Tu n'es pas à 100%? Au revoir, laisse la place aux valides. C'est du sport pro, pas la charité. On ne va pas te garder une place dans le top 10 parce qu'on a pitié de ton genou pourri.
Au tennis, quand un type est blessé, on lui garde son classement? Non.
Pareil pour le sumo. Si tu ne peux pas défendre ton rang, tu le perds.
Comme l'a dit Tda, il faut voir le côté équitable de la chose: un lutteur qui a de bons résultats ne pourrait pas monter parce que devant lui les rangs sont "gardés" pour des blessés? Ca serait difficile à justifier.

"Obliger les lutteurs à choisir entre carrière et classement"... c'est encore laisser un choix. Tout sportif pro fait ses choix.

Pour ce qui est de "comment tiennent-ils le coup"... On parle là du sommet de la pyramide d'un sport où la résistance à la douleur, la capacité de serrer les dents, est ce qui "filtre" les dilettantes des vrais professionnels. Quand c'est dur, ils souffrent, et c'est ça qui les rend surhumains.

**skydiver** · 08/04/2010, 16h49

Pour information, en boxe anglaise, on conserve un certain temps (variable) le classement ou le titre d'un professionnel blessé jusqu'à son combat suivant. Le système peut prêter à la discussion car il possède plusieurs avantages et désavantages, pour les autres boxeurs et le public.

**toonoryu** · 08/04/2010, 18h32

Je rejoins sur ce coup x-phil et Tadanobu, l'idée de protéger un lutteur blessé a du bon mais le système de kosho s'était perveti au fil des ans, les lutteurs eux-mêmes reconnaissaient qu'il pouvait engendrer des injustices flagrantes.

Jolie phrase sur l'écume, très poétique et très vrai en même temps. Cela dit, tous les universitaires, s'ils progressent assez vite à leurs débuts, n'ont pas la consistance de l'écume, fort heureusement. Les gakusei ne seraient pas aussi nombreux, sinon.

**Shikoree** · 08/04/2010, 20h04

Envoyé par X-Philohana

Au tennis, quand un type est blessé, on lui garde son classement? Non.

A la différence près qu'après un an de blessure on peut participer et gagner un grand chelem (cf. par exemple Ivanisevic à Wimbledon). On garde donc la possibilité de s'exprimer au plus haut niveau. Ce qui est triste en sumo c'est qu'un Sekiwake qui aligne six 0-15 puis revient de blessure de suite mettra au moins un an (et encore en alignant des très bons scores) avant de pouvoir ne fût-ce qu'avoir la possibilité de gagner un yusho dans la division reine...

De même un coureur de 100 m qui revient de 3 ans de blessure mais vaut toujours 9'40 participera et gagnera les championnats du monde pourvu qu'il fasse les minimas de qualification dans la période qui les précède.

Mon propos était donc que dans la plupart des sports, si tu es très fort tu à la possibilité de t'exprimer quasi directement au plus haut niveau dès ton retour. Au sumo, tu dois te retaper tous les échelons inférieurs, et ça prend du temps (sans compter qu'il faut une sacrée motivation pour se battre en makushita quand tu vaux sekiwake...

Je n'ai pas vraiment de solution à ce problème ceci dit, puisque les arguments contre le kosho sont également très valables. Peut-être une limitation à un seul 0-15?

**liclic** · 08/04/2010, 23h05

Autre possibilité : que tant que l'on est kosho on ne peut descendre en-dessous du dernier rang de sa division ?

Quoi qu'il en soit, ce n'est pas à nous de décider et le sumo est désormais ainsi fait... Je ne peux dire approuver ce genre de pratique très dangereuse pour son corps mais correspondant au jusqu'au boutisme japonais et des rikishi... C'est pourquoi je ne suis pas totalement contre. (on se rappellera Kônishiki)...