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Sujet : In the hall of the mountain kings

  1. #21
    Modérateur Avatar de toonoryu
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    Pour répondre aux impatiences , un nouveau jour de traduit. Désolé pour le retard, j'ai été assez pris ces temps-ci, mais je devrais pouvoir produire quelques pages d'ici la fin de la semine. Voici donc le dimanche à la heya, où notre auteur se rends compte qu'il n'est quand même pas considéré comme un lutteur comme les autres, et que Ishide a décidément un humour assez... particulier. Ce soir, peut-être, la première séance de shikos. Stay tuned and enjoy !!



    Mardi, 21 décembre 2004


    L’Homme à la Tête de Chien


    Le dimanche est le jour de repos de la heya, sans entraînement matinal. Aucun de mes camarades de chambrée n’était autour de moi quand je me suis couché la nuit précédente et, lorsque je me réveille, tous à l’exception de Moriyasu – qui n’est toujours pas rentré – sont plongés dans un profond sommeil.

    En bas, une poignée de lutteurs sont avachis dans la salle commune devant la télévision. Mitsui, un homme au visage serein et réfléchi, a mis des lunettes pour lire une bande dessinée, assis contre le mur. Deux autres lutteurs sont assis côte à côte, presque blottis l’un contre l’autre, et bricolent chacun leur portable. Les frères Takemura, Tatsuya et Hiroki, dévorent un tas de Mc Muffin et quelques boîtes de Mc Nuggets en attendant de passer à table. Batto met en place une corde à linge dans la salle d’entraînement, puis y suspend le kesho mawashi du sekitori pour l’aérer.

    Les Kesho mawashi sont des mawashi de cérémonie avec un tablier, que portent les haut gradés pendant les tournois. ils sont en soie, faits main, coûtent des milliers de dollars et sont généralement offerts par les oyakata ou des groupes de supporters. Le kesho mawashi que Batto a suspendu en face de la salle commune a comme l’image d’une mascotte portant un marteau brodée dessus. Le shikona du sekitori, Ishide, est brodé à droite.

    Je demande à Hiroki ce que font les lutteurs pendant leur jour de repos. « On dort, on se baigne, on se repose… des trucs comme ça » me dit-il

    Comme j’ai pas mal dormi les deux derniers jours, aidé en cela par l’apparente absence de café dans la heya, et que je sais que personne ne me laissera l’aider aux tâches ménagères, même si j’insiste, je décide d’aller me balader l’après midi. J’ai besoin d’un peu d’air, n’ayant quasiment pas quitté la heya depuis mon arrivée. Donc, après le déjeuner, je prends le train vers Shibuya, où je peux enfin goûter à un café tant mérité et recevoir mes e-mail dans un cybercafé.

    J’aimerais bien prendre également mon dîner dehors – manger indien, ou bien une pizza, quelque chose qui n’apparaîtra jamais sur le menu de la heya. Mais j’ignore quand les lutteurs attendent mon retour et craint que de rester dehors trop longtemps puisse être mal perçu. Je me mets donc sur le chemin du retour, prenant cette fois mon train à la station de Harajuku, ou je traverse la foule du dimanche après midi, des métalleux, des gothiques, ou des lolitas perverses, et des touristes faisant la queue pour les photographier.

    Le dîner à la heya, s’avère en fin de compte une agréable surprise : coquilles Saint Jacques grillées, avec quelques plats d’accompagnement. Après avoir dîner et m’être une nouvelle fois vu refuser mon aide pour la vaisselle, je monte pour taper quelques notes.

    Peu après, Tatsuya vient m’annoncer que c’est l’heure du thé. Je le suis en bas, où nous passons devant le sekitori, accompagné de Batto, qui se rendent à la salle de bains.

    Je suppose tout d’abord que le thé est une tradition du jour de repos et m’attends à voir toute une assemblée de lutteurs, tasse à la main, dans la salle commune. Au lieu de ça, on me tend une tasse de café et un beignet, et me dit de m’asseoir par terre. Apparemment, ce n’est l’heure du thé que pour moi. Dans un petit accès de paranoïa, je m’imagine qu’ils espèrent me voir boire un café, rester éveillé toute la nuit et dormir pendant l’entraînement demain matin, leur épargnant l’embarras de m’habiller en mawashi et de m’emmener sur le dohyo avec eux. Mais la vérité doit être tout simplement qu’ils se sont figurer que m’offrir un café et un beignet serait un geste sympa, ce que c’est d’ailleurs.

    Je m’assied avec mon café et mon beignet, et regarde un programme télévisé sur des enquêteurs traitant des légendes urbaines. Dans l’épisode, ils vérifient la véracité de l’histoire d’une dame qui a passé son chat au micro-ondes et doivent découvrir si la nourriture brûlée donne ou non le cancer. Soudain, le sekitori entre, une serviette jaune autour de la taille, suivi de Batto, le caleçon relevé à la manière d’un string.

    Tout le monde se lève à l’entrée du sekitori. Je regarde vers Ishiwaka, celui que Batto a appelé l’Irakien. Ce dernier secoue légèrement la tête, me faisant signe que je n’ai pas à me lever. Le sekitori tend une boîte emplie de papiers à Mitsui, puis se met devant le réchaud pour quitter sa serviette pour une paire de shorts. Un autre lutteur, grand, la mâchoire carrée, nommé Matsunaga, se balade entre moi et la télévision. Le sekitori le remarque. « pousses toi de là » aboie-t-il à son attention.

    Plus tard, assis à côté de Mitsui, le sekitori discute avec lui, me semble-t-il de ce qu’ils pensent que j’arrive à comprendre du programme télé. C’est bien ça.

    « Combien comprends-tu de l’émission ? » me demande le sekitori.
    « Environ 60 pour cent »

    Il bouscule Mitsui. « Je t’avais bien dit qu’il ne comprend pas tout ». Puis il pointe Mitsui du doigt et me dit : « Il n’en comprend que 40% », déclenchant un rire général. Puis il montre Kitamura, alors en train de faire sécher la serviette du sekitori devant le réchaud. « Lui, que 15% ».

    Après les éclats de rire, il reste près de Mitsui quelques moments, avant de se lever pour faire une prise enserrant la tête de Fuchita, lequel se met à tousser et à défaillir, le visage tout rouge. Après qu’il a desserré son étreinte, Fuchita continue de longs moments à respirer péniblement.

    Maintenant, le programme télé s’intéresse à l’homme à tête de chien, qui est apparemment une légende urbaine très connue au Japon. La caméra zoome sur un visage momifié d’homme à tête de chien, qui s’est révélé être un canular. Le sekitori montre le visage de Kitamura, indiquant une ressemblance ressentie avec la mine de l’homme-chien. Kitamura ne fait pas attention, et tout le monde rit donc sous cape jusqu’à ce qu’il lève la tête pour se rendre compte qu’il est l’objet d’une autre des farces du sekitori.

    L’assemblée peut alors partir encore une fois dans un éclat de rire gras et général.

  2. #22
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    Si celà peut t'aider Toonoryu, voici les données de toutes les personnes qui sont dans la même beya..........! (classements - Banzuke Hatsu 2005 !)

    Owner

    HANAREGOMA Teruyuki (f. Ozeki Kaiketsu)

    Juryo wrestlers
    Ishide (West Juryo 4)

    Makushita wrestlers
    Kaishozan (West Makushita 11)
    Kitamura (East Makushita 20)
    Komanofuji (West Makushita 24)

    Sandanme wrestlers
    Matsunaga (East Sandanme 33)
    Murayoshi (West Sandanme 30)

    Jonidan wrestlers
    Fuchita (East Jonidan 30)
    Hayashida (West Jonidan 94)
    Ishikawa (East Jonidan 107)
    Kainoyama (West Jonidan 11)
    Komanohide (West Jonidan 59)
    Komanosho (East Jonidan 31)
    Mitsui (East Jonidan 52)
    Saita (West Jonidan 10)
    Takemura (East Jonidan 101)
    Wakatora (East Jonidan 59)

    Jonokuchi wrestlers
    Kainokuni (West Jonokuchi 34)

    Gyoji (referee)
    Kimura Kichijiro (Sandanme-kaku)
    Kimura Nobutaka (Makunouchi-kaku)

    Yobidashi (helpers)
    Haruki (Jonokuchi)
    Katsuyuki (Sanyaku)

    Wakaimonogashira
    Hananokuni (f. Makuuchi Hananokuni) = Kashira !

    Tokoyama (hairdressers)
    Tokokado (3)

    Y a peut-être des orthographes ou des noms à corriger !!!!!!
    Pas de traces aussi de Nakahara, de Batto, de Tatsuya et de Hiroki !
    Kaio pour toujours dans ma mémoire et maintenant place sur le dohyo à Kaisho, Enho et Hokuseiho

  3. #23
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    Merci wak pour ces renseignements, qui permettent d'un peu mieux situer les lutteurs mentionnés dans le blog.

    Nouvelle livraison ce soir, où Jacob apprend dans la douleur ce qu'est un entraînement de sumo. Assez sympa, bien que violent, cet article pourrait bien faire réagir... Enjoy !




    Mardi, 23 décembre 2004



    Le Mawashi

    Le petit matin dans une heya a quelque chose de féerique. Personne ne parle, même s’ils murmurent dans leur coin et respirent fort, passant dans les couloirs dans leurs légers kimonos et entourant en silence leurs blessures du jour précédent avec des bandages. C’est une atmosphère que je suis réticent de briser, en ce lundi matin, mais je n’ai absolument aucune idée de la façon de me préparer pour le dohyo. Finalement, c’est Hiroki qui me voit un peu perdu dans les couloirs, près de la salle de bains, et me demande ce qui se passe.

    « L’oyakata a dit que je pouvais essayer aujourd’hui »
    « Donc tu mets un mawashi ? »
    « Oui, si ça ne dérange pas ».

    Il prend un mawashi – une longue et large bande de tissu gris, repliée dans le sens de la longueur – de la pile attenante et me dit de me déshabiller, ce que je fais. Pour le mettre, il me faut d’abord le déplier, tenant un bout sous le menton, et le passer entre mes jambes en une sorte vasque effilée. Puis je tourne sur moi même tandis que Hiroki enroule le reste de la toile autour de moi comme une ceinture. Juste avant les derniers tours, il me montre comment enserrer le bout de mawashi que je tiens toujours sous le menton de manière à pouvoir le détacher pour aller aux toilettes. Pour finir, quand l’ensemble du mawashi est enroulé autour de ma taille, il termine en enserrant le reste dans mon dos. Le mawashi ne fait en principe que quelques tours autour de la taille des lutteurs avant d’être achevé. Pour ce qui me concerne, toutefois, j’ai eu à tourner tellement de fois qu’il s’est quasiment transformé en un tutu fait de rouleau isolant pour charpente…

    Vêtu de mon mawashi, je suis Hiroki vers le terrain d’entraînement en terre battue, au contact bien froid sous mes pieds nus. Hiroki me demande d’attendre sur le côté jusqu’à ce que quelqu’un ait le temps de venir pour m’expliquer comment faire, mais Murayoshi, le camarade de chambrée que j’ai vu dormir avec un inhalateur de ventoline, me fait bondir dans la ligne des lutteurs qui pratiquent le lever de jambe de côté, le shiko.

    C’est bien plus dur que ça en a l’air. Il me faut garder mes mains sur les genoux, pouces vers l’avant et coudes en arrière durant le squat ; les pieds doivent être dans l’axe des épaules ; les pieds doivent frapper franchement, les genoux verrouillés. Et avant chaque combinaison squat-frapper de sol, je dois claquer bruyamment mes cuisses.

    Chaque lutteur compte à tour de rôle dix répétitions, ce qui fait environ 150 au total : bel exercice de musculation des jambes. Puis nous nous agenouillons sur la jambe gauche tout en étirant la droite, changeons de position et répétons l’exercice en entier quelques fois. Regardant autour de moi, je m’aperçois que les lutteurs, même les plus gros d’entre eux, transpirent nettement moins que moi.

    Puis, suivant la direction des lutteurs, je pose mes fesse presque nues sur le sol et étire mes jambes au maximum. Il faut toucher les orteils, ce qui s’avère particulièrement difficile en raison des nombreuses couches de tissu qui me rentrent dans l’estomac.

    Puis tous les lutteurs se penchent vers l’avant, amenant leur estomac tout près du sol. Je suis très loin de pouvoir le faire. Murayoshi, apercevant ma piètre performance, repousse mes jambes un peu plus loin encore avec sa plante de pieds et presse doucement sur mon dos, amenant mon torse plus près du sol. Soudain, quelque chose claque dans le haut de ma cuisse gauche. Je ne peux dire que cela soit quelque chose de grave, pas un claquage ou apparenté, mais c’est clairement un claquement et ça fait mal. Murayoshi l’a aussi entendu. Il s’arrête de pousser et me dit quelque chose que je ne suis pas sûr de comprendre, mais qui ressemble à « Gagné… ».

    Les combats peuvent alors commencer, les moins gradés entrant en premier tout comme samedi. Murayoshi m’enjoint de poursuivre mes shikos, à l’instar de beaucoup d’autres lutteurs. Le mouvement me permet de ne pas trop ressentir le froid, en dépit du fait que je me trouve sur un sol de terre battue dans une pièce non chauffée, et quasiment nu. Mais dès que les autres lutteurs s’arrêtent, je stoppe également mes mouvements, pour ne pas me couvrir de ridicule en étant tout seul à les poursuivre.

    La pause est brève toutefois. Bientôt, le Kashira fait son apparition, et fait signe à Mitsui, qui se trouve à côté de moi, de me faire continuer les shikos, peut-être parce qu’il veut que je reste chaud, ou parce que c’est ce qu’on doit faire quand on est sur le dohyo pour la première fois. Bref, je poursuis mes shikos sans m’arrêter pendant quasiment une heure, de peur que le Kashira ne me fasse une remarque comme samedi à propos de mes jambes dépliées. Mitsui m’accompagne, s’arrêtant parfois pour corriger ma position.

    Au bout d’une heure, je commence à avoir les hanches très douloureuses et ne peux quasiment plus tenir sur une jambe tout en frappant le sol avec l’autre. Quand Mitsui s’arrête enfin, je l’imite, trop fatigué pour continuer et me sentant toujours ridicule d’être seul à poursuivre l’exercice.

    Debout, dans mon mawashi, je sens très vite le froid me prendre à la gorge. Je me demande soudain ce que je fais là, en slip de tissu à faire des mouvements de gymnastique, puis à attendre là dans ce froid mordant de pouvoir m’entraîner au bout du compte. Cela va-t-il vraiment ajouter quelque chose à ma compréhension du sumo plutôt que de rester à voir l’entraînement du sol confortable et chaud de la salle d’entraînement ? Mais, si la réponse est non, cela ne vient-il pas remettre en cause l’essence même de mon projet d’étude ?

    Au milieu de cet afflux de questions existentielles, je finis pas regarder un petit peu l’entraînement qui se déroule devant moi. Les combats d’aujourd’hui sont de loin plus brutaux que ce que j’ai vu samedi. Le plus renversant étant de se rappeler de la façon dont ces gars sont en dehors du dohyo, me cajolant pratiquement pour être sûrs que je ne manque de rien, nourriture ou bains.

    Quelques instants auparavant, Murayoshi est venu me demander si j’ai besoin d’une pause pour aller me baigner, craignant sans doute que je puisse ne pas en prendre un parce que je ne sais pas ôter mon mawashi. Maintenant, il est sur le dohyo avec Hiroki et le démolit littéralement. Hiroki était déjà dans un sale état : son genou droit et sa cuisse droite en sang. Mais il continue encore et toujours à remonter sur le dohyo avec Murayoshi, qui va largement au-delà de la simple bestialité nécessaire pour remporter un match. Plus d’une fois, il balance Hiroki hors du dohyo, puis lui sort de nulle part une baffe gratuite en chemin. A une occasion, il jette même Hiroki au sol, puis le frappe dans le dos.

    Muriyasu est encore plus brutal. Pendant une séance de « polisseuse », qui sont en réalité dénommées butsukarigeiko, il met au défi Batto de le sortir du dohyo, mais ce dernier se révèle incapable de le bouger plus d’un mètre à chaque fois. Muriyasu lui hurle constamment à l’oreille « plus vite ! Tu es trop lent ! ».

    Toutes les séances « polisseuse » que j’ai vu jusqu’ici ont été suivies de combats simulés, ou le pousseur, toujours le moins gradé, laisse le haut gradé repousse le mener tout autour du dohyo par le cou. Puis le pousseur se laisse projeter au sol d’où il bondit de manière théâtrale sur ses pieds.

    Mais cette fois ci, il ne s’agit plus de combats simulés. Muriyasu tire véritablement Batto par le cou et les cheveux, puis le projète au sol avec violence. Et au lieu de bondir avec grâce sur ses pieds, Batto se retourne au sol avec le peu d’énergie qui lui reste, soufflant et grognant, des larmes plein les yeux, puis échoue encore et encore à essayer de repousser Moriyasu hors du dohyo. Couvert des pieds à la tête de terre battue collée sur son corps luisant de sueur, des gouttelettes de sang perlent de son genou.

    Une fois la plupart des matches finis, le sekitori, ayant combattu deux de ses plus immédiats inférieurs, et les ayant laissé se combattre entre eux, s’avance vers moi et me demande si je suis prêt à combattre. Je lève alors mes bras et lui fait comprendre « je suis prêt ».

    « Tu le combat, lui » dit-il, montrant Hayeshida, qui le suivait juste derrière. « Mais c’est un pédé », ajoute-t-il.
    « D’accord, je m’en souviendrai », dis-je.

    Mais je me retrouve en fait à affronter Hiroki à la place. Tout d’abord, je dois faire une séance de « polisseuse » contre lui. Il se place au centre du dohyo et attend que je le charge depuis le rebord. Comme prescrit, je part d’une position de squat sur le rebord, poings au sol devant moi et me jette sur lui, paumes en avant contre son torse.

    Il ne bouge pas d’un millimètre.

    Le sekitori me dit qu’il me faut rentrer dans son torse avec la tête, et Hiroki montre du doigt l’endroit précis, sous son épaule droite, où doit se produire l’impact. Je charge à nouveau, et cette fois, il bouge bien de cinq ou six centimètres. Mais le sekitori me dit que j’ai encore mal chargé. Je suis censé le rencontrer sans que mes pieds ne quittent le sol.

    Pour mon ultime charge, j’avance comme prescrit, les pieds bien au sol, et rentre dans son torse avec la tête et les paumes. Encore une fois, je dois bien le faire bouger de deux centimètres.

    Vient ensuite le véritable combat. Nous nous faisons face au centre du dohyo, accroupis les poings au sol, et il reçoit ma charge avec douceur, attrapant mon mawashi. Je fais des pieds et des mains pour l’entraîner dans une sorte de prise, mais le sekitori me crie « Attrape son mawashi ».

    Le tenant par son mawashi, je réussis sans trop savoir comment à le faire venir au rebord du dohyo, et le sekitori me crie alors « Pousse ! ». Vaine remarque. Je ne peux pas bouger Hiroki, qui fait une tête de plus que moi et doit peser quasiment 150 kilos. Au lieu de cela, c’est lui qui me repousse, et en un clin d’œil me voici de l’autre côté, prêt à être éjecté. Je réussi toutefois à rester encore dans le dohyo en plantant mes pieds dans les balles de paille enterrées qui marquent ses limites. Avant qu’Hiroki ne puisse me soulever et me balancer, le sekitori fait signe que le match est fini.

    La séance d’entraînement se termine par quelques centaines de squats, bien douloureux après mes heures de shiko. Quelques pompes, un retour au calme et la séance est terminée.

    Quelqu’un m’a apporté un kimono. Le sekitori me dit de rester devant le réchaud. Clairement, je ne suis pas traité comme une jeune recrue ordinaire.

    Après l’entraînement, je prends mon bain, mange et remonte dans la chambre, avec à nouveau l’intention de taper quelques notes. Au lieu de ça, je dors à nouveau d’un sommeil de plomb. A mon réveil, Murayoshi me prévient que le Kashira nous emmène pour un barbecue coréen. A l’heure de partir, Murayoshi, Ishikawa et moi-même montons sur des bicyclettes, puis roulons à travers des zones résidentielles ou commerciales tranquilles jusqu’au restaurant. J’ai les jambes détruites par tous les shikos que j’ai effectués.

    Le Kashira arrive avec sa fille de treize ans, calme mais enjouée, qui lit une traduction japonaise de CS Lewis à table quand elle n’est pas en train de manger. Le Kashira voudrait bien qu’elle parle anglais, en se servant de moi comme d’un traducteur, mais son anglais n’est pas franchement au point et de toute manière, elle n’a pas la tête à ça.

    Le Kashira commence une impressionnante quantité de nourriture, notamment des pieds de porc bouillis, un bol de soupe de riz et une salade, qu’il mange tout seul. Pour la tablée, il commande plusieurs gras plateaux de tranches de bœuf mariné que nous faisons griller sur de petits grils de table. Même sort pour des tranches de langue de bœuf, excellentes trempées dans du jus de citron frais, et un énorme plat de tripaille caoutchouteuse et sentant les pieds. Quelques assiettes de sashimi de foie de bœuf également, cru et trempé dans de l’huile de sésame, étonnamment goûteuses.

    Une fois rentrés à la heya, Hiroki, m’ayant vu précédemment griffonner dans mon calepin, plaisante : « maintenant, il va écrire dans son journal ‘aujourd’hui le Kashira m’a emmené au barbecue coréen. C’était très bon ». C’est exactement ce que je suis en train de faire.

  4. #24
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    Bonsoir à tous les lecteurs intéressés par les aventures de Jacob au pays des sumos... Petite suite ce soir, où Jacob prend conscience des conséquences de l'entraînement de la veille . A noter que vous pourriez bien retrouver dans un avenir plus ou moins proche (en fonction du rythme de mes possibilités de traduction ) ces textes accolés au blog de Jacob, qui a pris contact avec moi pour cette éventualité. On verra bien, vous serez tenus au courant. En attendant, enjoy !

    Vendredi, 24 décembre 2004

    Lendemain de shiko

    Je me réveille mardi matin emmitouflé dans les couvertures de mon agréble futon, béat et satisfait. Il ne me faut que peu de temps, toutefois, pour me rappeler où je suis, et qu’il va me falloir m’extirper de ce douillet cocon pour passer quelques heures avec rien d’autre sur le dos qu’un sous-vêtement de tissu rêche. Je traîne donc sous mes couvertures jusqu’à ce que mes camarades de chambrée commencent eux-mêmes à se lever et descendre en bas. Je finis par balancer mes couvertures et me lève pour ranger mon couchage.

    Mais aussitôt que je suis sur mes jambes, je m’écroule presque. Clairement, j’en ai trop fait sur les shikos hier. Jamais aucune séance de musculation ne m’a fait ressentir ce que j’ai aujourd’hui : ni mes premières courses en montagne, ni le ski, ou encore le snowboard. Des genoux au bassin, je ne suis plus que douleur. Douleur pour marcher. Douleur pour rester debout. Douleur pour s’asseoir.

    Rester couché, toutefois, me semble pas trop inconfortable, et je rampe donc jusqu’à mon lit en me demandant si je dois essayer d’échapper à la séance d’entraînement ce matin. D’un côté, je n’ai pas envie d’être pris pour un glandeur. Le monde du sumo, pour ce que je peux en dire, exècre ce genre de choses. Et j’ai peur que l’Oyakata, qui a fait montre de tant d’hospitalité, ne pense que je n’ai pas été sincère avec lui, et que je suis prêt à faire fi de mon enthousiasme à me lever tôt, à sauter le petit déjeuner et à mettre un mawashi au premier petit bobo.

    De l’autre côté, je crains que, même si j’arrive à enfiler mon mawashi et à atteindre la salle d’entraînement, je ne pourrai sans doute pas dépasser la première série de shikos. Ce qui voudrait dire que j’aurais embêté quelqu’un pour m’aider à mettre mon mawashi, pour m’éclipser du dohyo avant même que les combats n’aient commencé.

    Finalement, je décide de faire quelques shikos dans la chambre même, pour pouvoir me tester. Au pied de mon lit, j’écarte les jambes, frappe le sol du pied droit, écarte les jambes à nouveau, puis pied gauche. Chaque mouvement me donne une sensation tant douloureuse qu’étrange, mes jambes ayant la vivacité de nouilles trop cuites. Murayoshi, encore dans son lit, m’aperçoit en train de m’escrimer douloureusement sur mes shikos, seul dans l’obscurité, et me dit : « Qu’est-ce que tu fais ? »
    « Mes jambes me font mal », lui dis-je, les dents serrées.
    « Si tes jambes te font mal, c’est pas la peine de mettre un mawashi » me dit-il, ce qui est exactement ce que je voulais entendre.
    Je rampe à nouveau vers mon lit pour tuer le temps et me préparer mentalement à passer les prochaines heures dans la salle commune, mes jambes endolories devant être croisées.

    Quand je finis par descendre, Murayoshi, que je croise dans le couloir, me dit « n’oublies pas de remercier le Kashira pour le dîner ».
    Le Kashira se trouve dans la salle d’entraînement assis à sa place habituelle sur l’avancée. Quand je le remercie pour le barbeucue coréen de la veille, il me dit : « alors comme ça, tes jambes te font mal ? »
    « elles me font mal, oui ». Petit sourire en coin de sa part. Quelques autres lutteurs, entendant que je ne les accompagne pas à la séance parce que j’ai mal aux jambes, rient doucement. Lorsque l’Oyakata descend enfin de ses appartements quelque peu après le début de l’entraînement, il me voit dans la salle commune, en survêtements.
    « Ses jambes lui font mal » explique le Kashira avec un sourire, ce qui provoque également l’hilarité de l’Oyakata.

  5. #25
    Formidable texte et formidable traduction. Je ne te remercierai jamais assez Toonoryu.

    Si ton texte est associé à l'original sur le même site, ce serait une bonne chose. Il le mérite en tout cas.
    Père Boulon

    Il n'y a de richesse que d'Hommes.

  6. #26
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    C'est fait depuis cette nuit, vous pouvez retrouver le blog traduit (enfin, ce que j'ai pu faire jusqu'à présent ) sur l'adresse suivante :
    http://roidelamontagne.blogspot.com/
    Je pense que pour l'instant au moins, je vais continuer à les poster ici. Si des demandes interviennent dans ce sens, j'arrêterai et préviendrai quand de nouveaux posts seront effectués. Prochain épisode demain soir sans doute, et peut-être plus de week end. Stay tuned et merci pour tous vos encouragements .

  7. #27
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    Salut tout le monde,
    Livraison du week end (la première au moins). J’espère que vous apprécierez ce texte car Jacob étant passé à un style descriptif assez détaillé de la cérémonie à laquelle il a assisté, j’avoue que j’y ai passé un moment. Mais ce n’est pas grand chose en face des 60 pages encore à traduire. En tous les cas, enjoy !




    Dimanche, 26 décembre 2004


    Dohyo-Tsukuri


    Trois fois par an, la Hanaregomabeya, la heya au sein de laquelle je séjourne, détruit puis reconstruit son aire d’entraînement. L’Association Japonaise de Sumo impose cela à toutes les heyas de Tokyo, avec probablement un but mystique, mais lorsque j’ai demandé à Murayoshi quelle en était la raison, il m’a juste répondu : « je ne sais pas. J’imagine que le centre du dohyo finit par être usé ? ».

    L’ensemble du processus, appelé dohyo-tsuruki, prends trois jours : un premier pour détruire le sol, un autre pour le refaire, et un troisième pour le dohyo matsuri, un rituel de sanctification. Les lutteurs entament le processus mardi, juste après la séance de retour au calme. Cherchant pelles, truelles et râteaux dans un placard de la salle d’entraînement, il commencent à creuser le sol de terre battue, pieds nus, enfonçant leurs pelles avec leurs talons sans chaussures. La plupart portent juste leur mawashi, mais certains ont une serviette nouée autour de la taille, qui fait irrésistiblement penser à une minijupe d’où leurs fesses tranchées par le mawashi pointent de manière coquine.

    Il ne leur faut pas trop de temps, malgré le peu d’entrain des lutteurs les mieux classés. Bientôt, ils atteignent la bordure que Kazuya a délimitée au sol environ à un mètre des murs. (Kazuya est le jeune lutteur que j’ai toujours nommé ici par son nom de lutteur, Hayeshida).

    Pas d’entraînement le lendemain. Au lieu de cela, les lutteurs se réveillent à l’heure assez tranquille de 07 h du matin pour commencer la réfection de l’aire d’entraînement. Ils sont rejoint par trois yobidashi – les hérauts du sumo – venus d’autres heyas pour donner un coup de main. Les yobidashi, apparemment, sont les ingénieurs du monde du sumo. Leurs attributions comprennent la supervision de la construction des dohyos et l’exécution des tâches les plus délicate de cet ouvrage. Les yobidashi qui sont venus pour le dohyo matsuri portent les tabi, des chaussures à fine semelle de caoutchouc dont le dessus de coton sépare le gros orteil des autres, comme un moufle. Ce sont les chaussures traditionnelles du monde du bâtiment au Japon.

    Katsuyuki, le yobidashi le plus expérimenté des trois, est dans sa quarantaine. Il appartient aussi à la heya où je vis, mais habite à l’extérieur. C’est lui qui dirige les opérations, supervisant Haruki, le yobidashi adolescent qui vit dans la heya, et deux autres yobidashi d’autres heyas, qui ont tous les deux l’air d’avoir dans les vingt ans.

    A huit heures, quand je me lève en même temps que les lutteurs les plus gradés avec qui je vis, la reconstruction a déjà commencé. Katsuyuki est en train de se mettre en tenue de travail est semble atterré de voir entrer un petit bonhomme blanc, le regard embrumé, en survêtement froissé.

    Les deux yobidashi des autres heyas, pendant ce temps, sont dehors en train de préparer la tawara, ces sacs de terre en fourreau à demi-enterrés en cercle dans le sol de la salle d’entraînement pour former le dohyo. Des lutteurs emplissent par des fentes sur le côté les éléments de tawara déjà préparés. Une fois bien emballés, le yobidashi les referme et les martèle pour leur donner leur forme à l’aide d’épaisses bouteilles de bière en verre.

    Pendant cet ouvrage, les lutteurs commencent à marteler la terre du sol de la salle d’entraînement. Ils se succèdent, utilisant un épais billot munis de poignées aux extrémités. Travaillant en binômes, ils le soulèvent et l’abattent violemment au sol. Evoluant en cercles concentriques, ils martèlent petit à petit le sol du dohyo.

    Une fois la tawara achevée et le sol du dohyo complètement aplani, Katsuyuki guide les lutteurs qui font courir une corde qui rejoint les milieux de deux murs opposés de la salle, puis frappe sur la corde pour imprimer une démarcation séparant la pièce en deux. L’opération est réitérée pour les deux autres murs, traçant une croix au centre de la salle, centre dans lequel Katsuyuki enfonce un pieu.

    Un jeune yobidashi attache alors la corde au pieu et se sert d’un mètre ruban pour marquer sur la corde la distance de six shaku (une unité de mesure typiquement japonaise, ce qui équivaut à peu près à deux mètres cinquante) depuis le pieu. Enfonçant un énorme clou dans la corde, il le fait tourner autour du pieu comme un compas géant, gravant un large cercle sur le sol.

    Puis Katsuyuki et l’un de ses assistants dégagent une couche de terre à l’intérieur du cercle, commençant par le centre et repoussant cette terre vers les extrémités, pour qu’elle forme un périmètre approximatif à l’endroit ou le cercle a été dessiné. Le jeune yobidashi étale alors la terre de nouveau dans le cercle. Les lutteurs reprennent alors à nouveau leur travail en tassant à nouveau le sol, tout d’abord avec le billot, puis avec d’épaisses planches enfoncées à l’extrémité de perches qu’ils soulèvent au dessus de leurs épaules et martèlent violemment au sol.

    Ensuite, ils réutilisent la corde pour retrouver le centre de la salle et redessinent le cercle, que Katsuyuki et deux lutteurs martèlent une fois de plus avec leurs outils. Pendant ce temps, des autres lutteurs creusent une rigole le long du cercle géant avec leurs pelles et truelles. Tandis qu’ils effectuent leur tâche, un yobidashi se sert d’une truelle pour creuser nettement les rebords du cercle. Quand tout est achevé, le cercle est devenu un cylindre parfait de terre solidement battue, s’élevant de la rigole dans une salle toujours en terre brute.

    Après le déjeuner, un jeune yobidashi commence la mise en place de la nouvelle tawara dans la rigole faisant le tour du cercle. Il la frappe au centre avec une grosse bouteille de verre vide pour qu’elle soit de niveau avec la partie centrale du cercle. Tandis qu’il s’affaire autour du cercle, les lutteurs aplanissent le reste de la salle d’entraînement. Une fois cette tâche achevée, le sol semble immaculé, en dépit du fait qu’il est fait de terre battue, avec une tawara de paille toute neuve remplaçant la précédente, qui était maculée de terre.

    Pendant ce temps, trois gars, qui ressemblent à des ouvriers typiques, salopette, mitaines et bottes de chantier, sont arrivés et installent une échelle à côté du reliquaire qui se trouve près du plafond, dans le coin arrière droit de la salle d’entraînement. L’un d’entre eux enlève l’épaisse corde suspendue sur le reliquaire et le drap violet aux armes de la famille de l’oyakata – aux motifs verdoyants – qui le recouvre en partie. Repoussant de côté les urnes d’offrandes en porcelaine blanche et des vases de feuilles fraîchement coupées, il descend le minuscule reliquaire, emporté à l’extérieur pour être nettoyé. Un homme plus âgé, pendant ce temps, suspend une corde de paille tressée autour du plafond de la salle d’entraînement, dont retombent des fils et des papiers blancs découpés en forme d’éclairs. Avant de repartir, les ouvriers replacent enfin le reliquaire et les autres ustensiles, achevant le travail avec une toute nouvelle corde suspendue et un nouveau drap au dessus.

    Pas d’entraînement le lendemain. Pas plus mardi. La matinée est passé à étudier le banzuke – les feuilles de classement du sumo : j’en dirai plus un autre jour. Dans l’après midi, Nobutaka, le gyoji en chef de la heya, i.e. un arbitre de sumo, arrive pour diriger le dohyo matsuri, le rituel de purification du dohyo.

    Si les yobidashi sont les ingénieurs du sumo, les gyoji en sont à l’évidence les prêtres. La heya où je séjourne a deux gyoji : Kichijiro, 27 ans, qui vit avec nous, et le plus ancien, expérimenté, Nobukata, qui a son propre appartement.

    Kichijiro passe la majeure partie du mardi après midi à préparer l’arrivée de Nobukata, sortant ses kimonos, éventails et tout le reste du bazar. Kichijiro instruit ensuite Ishikawa, l’un des lutteurs, de déposer un tas de terre sèche et argileuse au milieu du dohyo et d’en élever un petit monticule, au sommet duquel il place une idole de papier . En face, il place une sorte de paillasson, sur lequel il dépose un petit autel de bois avec des assiettes d’algues séchées, poisson séché, riz sec et de sel, ainsi qu’une petite branche feuillue. A côté, une grosse bouteille de saké. Pour finir, il dépose trois petits tas de sel aux coins de la pièce.

    Nobukata apparaît après le repas. C’est un petit vieux qui porte un costume bleu à fines rayures. Il est sérieusement dégarni. Quand je demanderai plus tard son nom à l’un des lutteurs, il me répondra « Hage-san » - Mr Crâne d’œuf – avant de me donner son véritable nom.

    Dès son arrivée, Nobukata commence à se déshabiller au milieu de la salle commune, pendant que Kichijiro l’aide à enfiler son premier kimono noir, sur lequel il passe un kimono bleu avec de larges manches pendantes, refermé par une large ceinture. Le kimono porte également un motif en forme de feuille et de petits ornements cylindriques jaune et orange, qui ressemblent à des appâts de pêche à la mouche, brodés sur les manches, le col et près des ourlets. Pour finir, il revêt un chapeau noir, bas et pointu, une jugulaire lui descendant en dessous du menton, et glisse dans sa ceinture le petit éventail de bois que Kichijiro lui a sorti d’une boîte recouverte de satin.

    Tandis que les lutteurs s’alignent de chaque côté de la salle, l’Oyakata, le Kashira et le Sekitori alignés contre le mur du fond, Nobukata s’agenouille sur le paillasson et frappe deux fois dans ses mains, comme le font les gens ici quand ils s’approchent d’un sanctuaire et qu’ils veulent attirer l’attention des dieux. Il psalmodie une prière japonaise dont je ne comprends pas un mot, se penche vers l’avant en sortant son éventail de bois, puis le remet à sa ceinture et refrappe deux fois dans ses mains.

    Prenant la branche, il l’agite doucement au dessus de son épaule. Il l’apporte à l’oyakata, au kashira et au sekitori, qui s’inclinent devant elle, puis aux deux rangs de lutteurs, qui s’inclinent également, avant de retourner devant l’autel. Frappant encore deux fois dans ses mains, il s’incline à nouveau avec son éventail.

    Puis il se saisit de la bouteille de saké et dépose à chaque coin de la pièce quelques gouttes de liqueur sur les tas de sel que Kichijiro a déposés. Puis il fait le tour du dohyo, répandant du saké sur la tawara fichée dans le sol.

    Finalement, il revient sur le paillasson et demande à Kichijiro d’emporter l’autel et le saké. Ce dernier revient avec un éventail plus large, doré avec des motifs verts. Il s’agenouille encore et déclame d’une voix de stentor une prière que je ne comprends toujours pas. Remplissant deux verres, il les donne aux lutteurs qui en prennent une petite gorgée avant les faire passer.

    Les lutteurs commencent également à ma grande surprise à manger les plats de riz et de poisson séché, que je croyais dédiés aux dieux. Plus grande encore est ma surprise quand Matsunaga m’enjoint d’en consommer moi-même. Je regarde les plats disposés et, pensant que les morceaux de poisson séchés ont l’air d’être ce qu’il y a de meilleur, j’en embouche un.

    « Non » me dit Matsunaga. « Tu dois faire comme cela ». Il mime le fait de prendre une pincée de chaque plat – poisson, riz, algues et sel – et d’en avaler toute la poignée d’un coup.
    « Oups, désolé », lui dis-je, avant d’en faire autant.

  8. #28
    Senior Member Avatar de Sakana
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    janvier 2004
    Lieu
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    2 267
    travail énorme, c'est magnifique, vraiment, merci !!!

  9. #29
    voici quelques photos pour illustrer le dernier post de toonoryu.

    ces photos datent de 2003 et sont surtout de la hanaregoma beya !!!



    une BD illustrant le rikishi de la hanaregoma beya réalisant le Dohyo-Tsukuri




    et maintenant un petit cadeau:
    une superbe photo de Daizen a la Nishonoseki-beya




    DAIZEN
    BARUTONOE +++++++++

  10. #30
    Modérateur Avatar de toonoryu
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    septembre 2004
    Lieu
    Saint Lô
    Messages
    5 288
    Zut, je devrais annoncer les sujets à l'avance, car ce genre de photos m'aurait aidé à avancer plus vite dans les trads les plus "techniques". En tous cas, merci beaucoup Nabu car ça colle pas mal du tout...
    Prochain texte : le banzuke, suivi d'écrits sur le statut des sumos. Stay tuned...

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