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Sujet : "Osumo san"

  1. #1
    Modérateur Avatar de toonoryu
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    "Osumo san"

    Je ne résiste pas au plaisir de vous livrer la traduction d'un écrit de Jonosuke sur SF, à déguster sans modération tant ses talents de conteurs sont sympas...


    Au bon vieux temps où les sumotori n’étaient pas encore devenus des athlètes de haut niveau comme les autres, les gens les appelaient affectueusement « Osumo-san », terme qui décrivait bien leur nature de gentils géants. Dans les jungyo ou plus souvent en dehors des basho, on entend encore des jeunes ou moins jeunes appeler les rikishi « Osumo-san ».

    Mais laissez moi faire une petite digression avant de revenir à mon histoire de Osumo-san.

    Nous connaissons tous l’ancien sekiwake Takamiyama, Azumazeki-oyakata qui s’est récemment retiré du monde du sumo, frappé par la limite d’âge. Beaucoup d’entre nous savent également que parmi les rikishi ayant atteint le rang de sekiwake, Takamiyama est celui qui a le plus de basho en makuuchi, avec un incroyable score de 97 tournois, devant les 93 de Terao.

    Toutefois, peu d’entre nous sont au courant de qui détient le record du plus petit nombre de basho en makuuchi avant d’atteindre le rang de sekiwake. Mon intention n’étant pas de faire durer le suspense, il s’agit de l’ancien sekiwake Masurao, actuel Onomatsu-oyakata.

    Masurao, de l’Oshiogawa-beya, atteint le rang de sekiwake au basho de juillet 1987, et laisse rapidement la place, ce qui en fera son seul basho à ce rang de toute sa carrière. Il mesure 188 cm et pèse 119 kilos, ce qui est plutôt léger, faisant ses débuts en makuuchi à 24 ans. Très compétitif face aux yokozuna et ozeki, il bat deux yokozuna (Chiyonofuji et Futahaguro) et quatre ozeki (Hokutenyu, Onokuni, Asashio et Wakashimazu) au basho de mars 1987 alors qu’il est komusubi est, et est considéré comme un sérieux prétendant avant de perdre cinq combats consécutifs pour finir avec un 9-6.

    Masurao a suffisamment de talent et de puissance pour viser le grade d’ozeki, mais il blesse les ligaments de sa cuisse droite au basho de septembre 1987, après quoi il continue de batailler vaillamment dans le haut de la makuuchi, mais sans plus être le même lutteur, et finir par prendre sa retraite à l’âge relativement précoce de 29 ans. En dépit de ce parcours relativement bref, Masurao aura été un sekitori très honorable, amassant un total de cinq sansho.

    Après sa carrière active, Masurao loue le toshiyori myoseki de Shikoroyama possédé par Terao, jusqu’à ce qu’il achète sa propre part en dehors de son ichimon, à l’ancien komusubi de la Dewanoumi-beya Ohikari, car il est depuis toujours décidé à fonder sa propre heya. Malheureusement son shisho, Oshiogawa, ne veut pas en entendre parler et ne lui accorde pas sa permission, le contraignant à passer au sein de la Taiho-beya d’où Masurao finit enfin par recevoir la permission d’ouvrir sa propre heya en 1994. Masurao fonde sa heya à Narashino, dans la préfecture de Chiba, et pas à Ryogoku où il n’a pas les moyens d’acheter.

    Au moment de son installation, il n’a qu’une unique recrue, Onowaka, et lui-même étant célibataire, les deux hommes partagent un minuscule F2. dès lors, il recherche activement des universitaires diplômés ayant manqué le statut de tsukedashi, tels Katayama et Furuichi, jusqu’à opérer aujourd’hui une heya parfaitement respectée.

    Peu après que Onomatsu oyakata ait fait construire un bâtiment propre à donner des conditions d’entraînement sérieuses à ses recrues, un jeune homme commence à venir régulièrement à la heya. Masaya Yakigaya est encore au collèges mais sa famille vit assez près de là et donc il passe le plus clair de son temps libre à venir à la heya et à rencontrer l’oyakata. Né dans la cité voisine de Funabashi, Masaya a perdu son père dans un accident de la circulation alors qu’il n’avait que deux ans et a été élevé par sa mère. Il se peut que Masaya ait été à la recherche d’un père de substitution et l’ait trouvé dans la personne du gentil géant Onomatsu oyakata.

    Comme attendu, Masaya devient suffisamment compétitif pour faire ses débuts sur le dohyo lors du Haru basho 1999. Sa progression est relativement tranquille de jonokuchi à jonidan, puis sandanme, où il connaît des douleurs récurrentes, qui le forcent à se retirer pendant deux basho en 2003 avant de remporter sept combats consécutifs au basho suivant pour conquérir le sandanme yusho.

    Ses tribulations se poursuivent les quatre années suivantes tant en makushita qu’en sandanme, avant qu’au Kyushu basho de 2007, classé makushita 3, il conquiert le kachi-koshi et une place en juryo pour le Hatsu suivant.

    Masaya change son shikona pour devenir Wakakoyu lors de son basho de départ en juryo, mais il n’obtient pas le kachi-koshi et est rétrogradé en makushita au basho suivant. Mais à ce moment il a suffisamment de persévérance pour rebondir et revenir rapidement en juryo au Natsu. Toutefois, certains jours Wakakoyu paraît suffisamment en confiance pour battre n’importe qui, mais à d’autres il semble fragile et à la merci d’adversaires plus faibles, mais finalement lors du Haru de cette année il remporte onze combats et manque de peu le juryo yusho. Classé J2o, il finit le Nagoya basho avec 9 victoires et décroche sa promotion en makuuchi comme M16e, le tout dernier rang. Il lui a fallu dix longues années pour arriver en makuuchi mais à l’évidence il voit cela comme un nouveau départ.

    Beaucoup d’attentes sont placées dans le tardif lutteur de l’Onomatsu-beya, en particulier de la part d’un tout jeune fan qui a la chance de rencontrer le gentil géant à la gare de Makuhari Hongo, à dix minutes des locaux de la heya.

    La scène se passe au cours du Haru basho de cette année. Wakakoyu s’apprête à rentrer dans ses locaux quand il entend un jeune garçon l’appeler « Osumo San !!! ». il se retourne et voit deux frères, dont un l’appelle et essaie d’attirer son attention.

    « Osumo San, s’il te plait, fais de ton mieux”, lui dit le jeune garçon. Leur mère arrive rapidement et s’excuse. « Je suis désolée, qu’il arrive et vous appelle si bruyamment. En fait, je suis très surprise qu’il vous appelle tout court ».

    le gentil géant n’est pas dérangé le moins du monde. Il vient tout juste d’être promu en juryo et sait que presque personne ne le connaît, et il est heureux de voir qu’un si jeune fan puisse l’encourager. Wakakoyu vient vers lui et serre la main du jeune garçon et lui dit « Merci, je vais faire de mon mieux, fais en autant ». Le garçon répond un « OUI !!! » enthousiaste, gardant un grand sourire jusqu’à son retour chez lui.

    La mère du garçon, Keiko Ayoanagi, est si émue par la chaleur de l’accueil de Wakakoyu qu’elle écrit une lettre au Courrier des Lecteurs du Yomiuri Shimbun, décrivant comment son fils aîné, Takanobu, souffrait des quolibets constants de ses camarades de classe et avait une piètre confiance en lui quand soudain ce géant apparut devant lui. Cette rencontre fortuite a donné au garçon le courage de l’appeler à haute voix et quand le petit a reçu un si chaud encouragement du gentil géant, cela lui a changé radicalement son opinion de lui-même.

    Le jeune Takanobu écrit ensuite une lettre de remerciement à Wakakoyu, disant « Osumo san, vous êtes mon héros. Merci beaucoup ». Wakakoyu tout juste promu en juryo ne reçoit alors pas beaucoup de courrier et il sait donc exactement qui lui a écrit celle-ci, et il lui renvoie donc rapidement une tegata avec un mot personnel « Takanobu kun, fais de ton mieux ! ».

    La tegata est désormais accrochée au mur de sa maison maintenant et depuis Takanobu a pris l’habitude de mettre sa main dessus chaque matin avant de se rendre à l’école. Il est clair que le comportement de gentil géant de « Osumo san » a aidé Takanobu a recouvrer sa vitalité.

    Devenir le plus puissant des rikishi n’est peut-être pas l’avenir de Wakakoyu, mais en étant simplement un bon vieux « Osumo san » des temps jadis Wakakoyu peut aider les autres au Japon à recouvrer leur vitalité car il peut vraiment devenir un de ces héros mationaux dont le Japon a tant besoin en étant simplement un Osumo-san, chose que le monde de l’Ozumo perd assez rapidement.

  2. #2
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    Merci beaucoup le Toon d'avoir traduit cet écrit que j'ai dégusté avec grand plaisir. Touchante la rencontre entre le jeune Takanobu et Wakakoyou.
    J'ai décidé d'être heureux, car c'est meilleur pour la santé.
    Voltaire.

  3. #3
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    C'est une part du sumo que j'aime bien et que JK sait à merveille conter, ces aspects qui vont au-delà de la seule notion sportive. Je sais qu'il a en projet de traduire un ouvrage cultissime, en l'occurrence le livre qu'écrivit le plus grand des yokozuna, Futabayama, qui s'appelle "Yokozuna no Hinkaku". Le jour où il l'aura fait, je pense qu'une version française ne mettra pas longtemps à être disponible...

  4. #4
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    Expression

    Merci.

    J'entends souvent cette expression de Osumôsan, même aujourd'hui par des Japonais relativement jeunes.

  5. #5
    Voilà une anecdote sympatique. Merci de la partager avec nous Toonoryu avec ton excellente traduction.
    Père Boulon

    Il n'y a de richesse que d'Hommes.

  6. #6
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    Expressions

    Pour préciser ce que j'expliquais, au Japon, "osumôsan est utilisé de façon plus familière que "rikishi", courant également.

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