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Sujet : Toshiyori, kabu, myoseki, oyakata et tutti quanti...

  1. #1
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    Toshiyori, kabu, myoseki, oyakata et tutti quanti...

    Il y a longtemps que j'envisageais de faire un article sur un domaine assez nébuleux de l'Ozumo, et pourtant si essentiel : celui du monde des oyakata. N'ayant pu le réaliser pour le MDS (mais qui sait si je ne le reprendrai pas plus tard si un nouveau zine venait à apparaître...), je me suis attelé à le faire pour le mettre à la disposition de la communauté des fans francophones. Les anglicistes parmi vous reconnaîtront sans peine une bonne partie des écrits de l'excellent site « oyakata database » dont je me suis très largement inspiré pour rédiger ce qui est basiquement une synthèse la plus complète, mais la plus accessible possible, des points que l'on peut rattacher à ce sujet. D'autres écrits disponibles sur la toile, dont des threads des plus pertinents de la part d'éminents spécialistes du SF, m'ont permis de compléter certains points.

    I/ Devenir oyakata

    Le mystère du monde des oyakata commence en ce qu'il est troublant de constater l'emploi quasi indifférencié de différents termes en ce qui les concerne, puisqu'on parle souvent aussi bien de Toshiyori (« Ancien »), de Myoseki (« Nom »), de Kabu (« Part ») ou encore de Toshiyori myoseki ou Toshiyori kabu. Le simple fait d'avoir trois mots pour désigner ce qui est peu ou prou la même chose montre clairement que lorsqu'un rikishi prend sa retraite pour devenir un oyakata, les choses ne se résument pas qu'à un simple changement de nom.

    Et ces trois éléments sont nécessaires à une bonne compréhension : Toshiyori montre l'aspect hiérarchique. Désormais la personne concernée est un ancien, quelqu'un à qui l'on doit le respect, pour les jeunes – et moins jeunes – deshi. Le Myoseki est l'aspect traditionnel de la fonction de l'oyakata : on choisit un nom dont on peut retracer un historique complet, ces noms sont en nombre limité et on ne peut tout simplement pas conserver le shikona que l'on possédait comme lutteur. Le Kabu, enfin, est lié à l'aspect financier : L’oyakata devient le propriétaire d'une part de l'Association Japonaise de Sumo, et à partir du moment où l'on en est un détenteur, on peut mener un train de vie des plus corrects.

    En dehors de la volonté de rendre à la communauté du sumo ce qu'elle a apporté à un lutteur, le fait de devenir oyakata est sans aucun doute un bon moyen d'investir de l'argent et de s'assurer un train de vie tout à fait correct. Beaucoup de rikishi ont, au moment où ils s'arrêtent, combattu pendant plus de la moitié de leur existence, et quand ils quittent les dohyo à 35 ans ou plus, ils en savent un rayon sur ce qu'est le sumo. Bien sûr, leur désir est alors souvent de continuer à pratiquer ce qu'ils ont appris à faire.

    Les conditions pour devenir oyakata sont très restrictives. Tout d'abord, il faut être citoyen japonais. Cette règle fut mise en place pour s'assurer qu'aucun étranger ne pourrait devenir oyakata, encore moins devenir un membre exécutif de la Nihon Sumo Kyokai (et partant, de « dénipponiser » le sport national japonais). Malheureusement pour les instigateurs de cette règle, c'est le terme de « citoyen japonais » qui fut employé, laissant donc une porte ouverte à ceux qui acquerraient cette nationalité par naturalisation. L'actuel Azumazeki-oyakata (l'ancien Takamiyama) fut le premier à tirer parti de cette niche, Kyokutenho pourrait bien le suivre prochainement dans cette voie.

    Deuxième condition, avoir été sekitori (rikishi salarié). Si l'on n'est parvenu qu'en makushita ou moins, il n'y a aucune chance de devenir un oyakata (on peut toutefois être recruté pour être entraîneur assistant, mais en aucun cas oyakata). Avoir été sekitori est toutefois une condition nécessaire mais pas suffisante. Il faut en outre soit avoir un certain nombre de basho dans son mawashi, ou avoir atteint un certain rang.

    - Soit être devenu ozeki ou Yokozuna,
    - Soit être devenu sekiwake ou komusubi et avoir effectué au moins un basho à ce rang,
    - Soit avoir effectué 20 basho en division makuuchi,
    - Soit avoir effectué 30 basho en division juryo et/ou makuuchi.

    Troisième point, il faut être le possesseur d'un Toshiyori kabu (« part d'Ancien »), autrement appelé Toshiyori myoseki (« nom d'Ancien »). Ce sont les 105 licences qui dérivent des noms de rikishi du temps jadis. Quand on devient oyakata, on est alors appelé « (nom du kabu)-oyakata ». Il est bien plus facile de posséder un kabu que de satisfaire aux critères précédemment mentionnés. En fait, n'importe qui peut en posséder un. Mais on peut être exclu de l'Association si l'on en vent un à une personne étrangère au sumo (cela arriva me semble-t-il à Wajima, qui mit le sien en gage).

    Il y a trois moyens d'entrer en possession d'un kabu : Soit en acheter un, mais les prix peuvent aller très largement au-delà du demi-milliard de yen pour les plus prestigieux et ne sont souvent abordables que parce que l'on a une koenkai en soutien pour récolter les fonds nécessaires à l'achat. (dans les années 80, Futagoyama, l’ancien ozeki Takanohana, fit atteindre aux kabu des prix ésotériques en achetant tous azimuts des titres pour ses nombreux deshi). On peut aussi la recevoir en don de la part de son mentor ou d'un autre oyakata. Enfin, on peut l'avoir en héritage de son père ou de son beau-père. Dans le cas de l'héritage, les critères d'éligibilité sont un tantinet plus accessibles : Soit avoir atteint une fois un rang de sanyaku (même pas besoin d'avoir effectué un basho à ce rang), ou douze basho en makuuchi, ou vingt dans les rangs salariés.

    Il n'est même pas nécessaire en soi de posséder un kabu, simplement le droit de l'utiliser. Si un détenteur de kabu n'a pas besoin du sien (parce qu'il est encore en activité, qu'il possède plusieurs kabu ou qu'il est un oyakata atteint par la limite d'âge), on peut employer son kabu s'il consent à le prêter. Cette situation est appelée Karikabu (« location de kabu ») et est révocable sans préavis toutefois, ce qui n'en fait pas la méthode la plus sûre de devenir oyakata. L'emprunt avait été officiellement interdit pendant un temps par la Kyokai, mais après des « acquisitions » de kabu à des prix symboliques, elle a finit par de nouveau être tolérée.

    Moyen alternatif de devenir oyakata : Le Ichidai toshiyori (« Ancien de génération unique »). Il permet de poursuivre sa carrière après le retrait des dohyo avec le nom qui était porté comme rikishi. Mis à part le fait d'avoir été un rikishi « d'exception », il n'y a pas de véritable critère pour un Ichidai toshiyori. Jusqu'à maintenant, seuls les très grands yokozuna (ayant remporté vingt yusho et plus) ont été pris en considération, et ils n'ont en général que peu de difficultés à remplir les critères sus-mentionnés. Quand le possesseur d'un Ichidai toshiyori prend sa retraite, le kabu ne peut être transmis, il disparaît purement et simplement. Il y a actuellement deux détenteurs de tels kabu, Kitanoumi et Takanohana. Un troisième, Taiho, a pris sa retraite par limite d'âge en 2005. Kokonoe (moto-Chiyonofuji) s'en était vu proposer un, mais ayant fait ses armes dans une heya très traditionaliste, il avait décliné l'offre au profit de la voie plus ardue de l'acquisition d'un kabu véritable.

    En raison de la rareté des kabu et du caractère souvent soudain de l'arrêt de la compétition par les rikishi, les empêchant d'acquérir à temps un kabu, il existait jusqu'à fin 2006 cinq postes de jun-toshiyori (« jeune ancien »), leur nombre ayant monté un moment jusqu'à dix. Le rikishi, qui devait satisfaire tout de même aux critères de basho et de rang, continuait également sous son nom, mais pour une période de temps limitée : Tout rikishi qui n'était pas devenu yokozuna ou ozeki disposait d'un an (deux précédemment). A la fin de cette période il leur fallait soit détenir un véritable kabu ou se retirer. La règle a été abolie quand la disponibilité de kabu est devenue à nouveau plus normale. La règle parallèle est toujours en vigueur pour les yokozuna et les ozeki, qui disposent respectivement de cinq et trois ans. Mais eux aussi doivent avoir un vrai kabu à la fin de cette période, dans le cas contraire ils ne peuvent poursuivre au sein de l'Association. Les anciens patrons du banzuke n'ont eux jamais occupé les rangs officiels et n'apparaissent dans le banzuke que comme Toshiyori les mieux classés et pas jun-toshiyori.

  2. #2
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    II/ Les fonctions des oyakata

    Une fois devenu oyakata, on peut soit rejoindre une heya et y travailler, ou devenir un Shisho (maître d'une heya – il faut noter que ce terme est également employé dans le sens de « maître », c'est à dire celui qui a recruté et formé un lutteur). Mais tous les oyakata ne peuvent y prétendre. Il faut avoir combattu au moins 25 basho dans les rangs sanyaku ou 60 en division makuuchi pour en fonder une. Les anciens yokozuna ou ozeki peuvent fonder leur propre heya quel que soit le nombre de tournois qu'ils ont disputés, mais ils doivent rester au sein de leur heya au moins un an après leur retrait de la compétition. Cette règle a été introduite en 2006, officiellement face au nombre grandissant d’anciens universitaires pas suffisamment expérimentés dans le sumo pour pouvoir être des patrons au sens plein, officieusement pour réduire le nombre de heya jugé à l’époque trop important. La reprise d’une heya existante restait toutefois soumise à des critères plus souples (à noter que Tamanoi ou Sakaigawa n’auraient pas rempli ces critères…).

    Les shisho qui s'approchent de la limite d'âge obligatoire, fixée à 65 ans, échangent en général leur prestigieux kabu avec celui d'un oyakata affilié à la heya. Comme il est toujours d'usage dans le monde du sumo, les échanges, modifications et même acquisitions de kabu se font sur la base du consentement mutuel.

    Les rangs des oyakata se composent de dix grades distincts :



    Quand aucun nombre n'est précisé, cela signifie qu'il n'y a pas de limite haute ou basse.
    * En général neuf, huit actuellement car un Riji, Otake oyakata, a perdu son poste au cours de cette mandature.
    * Ce chiffre est variable suivant les époques.
    * Rang supprimé en décembre 2006.

    La Rijikai (conseil d'administration) est élue tous les deux ans, autour du premier février des années paires. Détiennent le droit de vote l'ensemble des oyakata, les deux tate-gyoji (chefs-arbitres) Kimura Shonosuke et Shikimori Inosuke et quatre représentants des rikishi en activité. Ils élisent dix Riji et trois Kanji. Les Riji élisent ensuite au sein de leurs rangs le Rijicho. Les élections à la Rijikai sont en général courues d’avance. Par un étrange phénomène, les voix se répartissent à parts égales entre les candidats, et il y a autant de candidats qu’il y a de postes à pourvoir. La véritable compétition est une denrée rare, et si elle vient à se produire, des négociations se tiennent pour s’assurer qu’elle se réduise au strict minimum.

    - Le Rijicho est le président du Conseil d’Administration.
    - Les Riji sont les chefs des onze départements de la NSK.
    - Les Kanji (jusqu’à septembre 200 ou Fukuriji (depuis octobre 200 sont les adjoints de certains départements, ils constituent (en compagnie d’un Riji) le Comité de Supervision des shindeshi et forment en compagnie des vingt shimpan (juges) le Comité du Banzuke.
    - Les Yakuin Taigu (officiellement : Yakuin Taigu Iin, "Iin exécutifs") sont élus parmi les Iin. Ils ne font pas officiellement partie de la Rijikai, mais sont seulement des Iin de rang spécial. Certains de ces postes sont en général réservés à d’anciens Riji ou Kanji qui sont proches de la retraite. - Le poste de Sodan Yaku ("conseiller") est réservé aux Rijicho ayant quitté leurs fonctions. Ils ne sont pas plus eux-mêmes membres du Conseil d’Administration.

    Les rangs en dessous de Iin sont pour ainsi dire les mêmes : ils sont des oyakata sans positions spéciales au sein de la Kyokai. Leur rang dépend de leur ancienneté de service, de leur score en activité et aussi de la possession (ou non) de leur kabu. Takanohana (Ichidai Toshiyori) fut autorisé à commencer d’emblée au rang de Iin, alors que Tatsutagawa (ancien Minatofuji) ou Otake (ancien Takatoriki) eurent à débuter comme, même si ce dernier était à la tête d’une heya !

    Ceux qui sont dans leur période de grâce pour se dénicher un kabu et conservent leur nom de lutteur dans l’intervalle sont systématiquement des Jun Toshiyori. Les oyakata qui ne possèdent pas leur kabu mais ne l’ont qu’en location, sont eux systématiquement Toshiyori. (Note: ceci ne s’applique qu’aux prêts postérieurs à août 2004.) La différence entre ces rangs peut schématiquement être comparée à des rangs universitaires:

    · Les Iin sont assimilables à des professeurs titulaires.
    · Les Shunin sont alors des professeurs adjoints.
    · Les Toshiyori sont les assistant professeurs.
    · Les Jun Toshiyori sont alors des post-doctorants. (rang aboli en 2006.)

    En gros : Ils font peu ou prou la même chose, il n’y a que le salaire qui diffère. Seul les Iin sont éligibles pour les fonctions de shimpan (juge). Les Shimpan Iin ne sont pas listés, dans le banzuke, sur la dernière ligne où tous les oyakata sont, mais sur la colonne du milieu en dessous des gyoji (arbitres).

    On trouve enfin un rang intermédiaire aux conditions assez floues.
    · Le Iin Taigu Toshiyori ("Iin équivalent Toshiyori").

    Actuellement un seul oyakata est à ce rang : Tochiazuma. Il est dans sa période de grâce pour se trouver un kabu à lui (ou plutôt il attend de le trouver à le retraite de son père en 2009). Il a les pouvoirs d’un Iin et est listé en tant que tel sur tous les registres. La seule exception étant sur le banzuke, où il apparaît comme le Toshiyori le mieux classé. Furiwake (ancien Musashimaru) était aussi Iin Taigu Toshiyori, tant que son nom d’oyakata était Musashimaru (durant sa période de grâce de cinq ans). Après qu’il a emprunté le Furiwake-kabu il a été place à la fin de la liste des Toshiyori (comme dernier emprunteur de kabu en date).

    Au 30 septembre 2008, deux Riji et un Kanji de la société civile ont été nommés. Leur salaire demeure indéterminé.

  3. #3
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    La Nihon Sumo Kyokai possède les départements suivants :
    · Affaires : Gestion des honbasho et des affaires quotidiennes à Tokyo.
    · Projets généraux : Stratégie et planification.
    · Education : Enseignement sur l’entraînement et les traditions du sumo, publications concernant le sumo-do, etc.
    · Information: Relations publiques au Japon et à l’étranger. Supervision de l’enregistrement, de la production et de la diffusion des images.
    · Jungyo: Direction des tournées régionales.
    · Style de vie : Conseils appropriés sur le mode de vie des membres de la Kyokai.
    · Basho régionaux : Direction des hon-basho régionaux d’Osaka, Nagoya, Fukuoka.
    · Shimpan: Direction des combats de hon-basho, et établissement du torikumi. (Réservé aux Iin.)
    · Examen des Shindeshi : Supervision des tests physiques des shindeshi.
    · Comité d’Inspection de la Compétition du Sumo (CICS): Organisme qui vise à prévenir, contrôler et réprimer le sumo déloyal lors des hon-basho.
    · Musée du Sumo : Recherches sur le sumo, Expositions, stockage d’objets, publications.
    · Ecole du Sumo : Locaux pour l’entraînement et l’éducation des rikishi dans les six premiers mois.
    Autres titres employés dans la liste ci-après, qui ne sont pas employés stricto sensu par la Kyokai mais sont utilises ici pour clarifier la structure hiérarchique :
    · Audit : Les comptables/contrôleurs de la Kyokai.
    · Vice-Président Exécutif : Membre exécutif le plus ancien et numéro 2 après le Rijicho, en général chef du Département Finances.
    · Vice-Président Honoraire : Second plus ancien membre exécutif au sein de la Rijikai, en général chef du Département Information.

    La liste suivante est celle des oyakata avec leurs rangs et leurs affectations.






  4. #4
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    III/ L’histoire des kabu

    Au moment de la fusion entre les organisations de sumo de Tokyo et Osaka, en 1926, ce sont 105 kabu, comme aujourd'hui, qui composent la Kyokai réunifiée. Ils sont toutefois différents de ceux que nous connaissons de nos jours. Le sumo d'Osaka a connu des jours difficiles jusqu'en 1926, et Tokyo est alors l'organisation la plus puissante et solide, ce qui se reflète alors dans la composition des oyakata de la nouvelle organisation : 88 viennent de Tokyo, contre 17 d'Osaka.

    Les 88 kabu du Tokyo-zumo sont définis en 1887, quand l'organisation se constitue, et leur continuité est ensuite sans histoires ou presque. Osaka connaît des successions un peu plus chaotiques avec des kabu qui restent sans titulaires pendant de longues périodes, et beaucoup de kabu d'une génération qui apparaissent et disparaissent. L'un d'entre eux existe au moment de la fusion, celui d'Araiwa, alors président de l'Association de sumo d'Osaka. Il est alors incorporé à la nouvelle Kyokai, mais sa limite de durée restera en vigueur.

    Un autre kabu d'Osaka est également limité à son détenteur de l'époque – les deux groupes détenant chacun un Kagamiyama kabu (avec le même kanji 鏡山) et bien que tous deux soient actifs en même temps pendant un moment, seul celui de Tokyo sera autorisé à perdurer. Araiwa et Kagamiyama d'Osaka disparaissent à trois jours d'intervalle en septembre 1929, ce qui fait chuter le nombre de kabu à 103. Les quinze kabu survivants d'Osaka sont : Asahiyama, Edagawa, Iwatomo, Jinmaku, Mihogaseki, Minato, Nakamura, Onaruto, Onogawa, Oshiogawa, Sendagawa, Takadagawa, Takasaki, Takenawa, et Tokitsukaze.

    En fait, il y avait cinq kabu de plus à Osaka, mais ils n'ont pas de titulaires au moment de la fusion et sont alors considérés comme abandonnés. La décision est annulée en 1931, mais il faudra attendre 1942 avant qu'ils ne soient officiellement ressuscités. Kitajin, Nishiiwa et Shiranui reprennent sous leurs anciens noms, tandis que les deux restant sont reconstitués sous de nouvelles appellations, car Osaka avait des kabu dénommés Inagawa 猪名川 et Fujishima 藤嶋 (kanji différents mais même prononciation que ceux en usage aujourd'hui à Tokyo), et en raison de l'homophonie pouvant être source de confusion, ils ne peuvent continuer sous ces noms. Inagawa d'Osaka devient alors Ajigawa, et Fujishima devient Oshima.

    Dans l'intervalle, un autre changement est venu compliquer encore la situation des kabu. En janvier 1941, tous les yokozuna reçoivent un toshiyori à vie, fait qui est étendu aux yokozuna en activité en mai, ce qui ajoute immédiatement Minanogawa et Futabayama au rang des oyakata, et quelques jours plus tard Haguroyama, au moment de sa promotion. Cela ne dure pas bien longtemps, puisque la décision est annulée 18 mois plus tard, mais les trois kabu ajoutés sont autorisés à perdurer. Ils finissent tous par disparaître, Minanogawa quittant la Kyokai en 1945, Futabayama optant pour le kabu permanent Tokitsukaze la même année, et Haguroyama pour le Tatsunami en 1952.

    Un autre nom disparaît en 1951. La famille Negishi était depuis longtemps l'imprimeur officiel du banzuke, et avait une position d'oyakata, et même une éphémère heya, mais elle décide alors d'abandonner le privilège.

    Le système de toshiyori à vie pour un yokozuna est ravivé en 1957, et utilisé par Yoshibayama, Kagamisato et Chiyonoyama quand ils se retirent tous de la compétition dans les deux années qui suivent. Mais encore une fois cela ne dure pas longtemps. En août 1959, le système est abandonné au profit de l'actuelle période de grâce de cinq années accordée aux yokozuna pour acquérir un toshiyori permanent. Cette fois, les toshiyori à vie existant ne sont pas épargnés par cette intervalle, et tous le font rapidement, Chiyonoyama changeant pour Kokonoe en septembre, Yoshibayama pour Miyagino en janvier 1960 et Kagamisato pour Kumegawa en février.

    Et entre ces modifications mineures, un dernier changement au aux toshiyori permanents s'est déroulé. A l'instar de Negishi, les deux gyoji en chef Kimura Shonosuke et Shikimori Inosuke avaient aussi détenu des positions d'oyakata depuis bien longtemps, mais ce privilège est aboli par la Kyokai en janvier 1959. Depuis, les seuls changements ont été l'introduction du toshiyori à vie pour les dai-yokozuna (premier titulaire Taiho en 1969), la période de grâce de trois ans pour les ozeki retraités depuis 1998 et le système de jun-toshiyori pour les sekitori ne remplissant pas tous les critères (deux ans en 1998, réduit à un an en 2002 et annulé en 2006).

    Au final, des 88 kabu de Tokyo, 85 survivent à ce jour, et 20 des 17+5 d'Osaka

  5. #5
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    Le « nimai-kansatsu »

    A partir de 1878, les rikishi, gyoji et oyakata sont contraints de pointer au Bureau Central de la Police afin de recevoir un « Kansatsu » (licence) pour exercer leur profession. La règle est abolie en 1931, mais l'expression demeure dans le vocabulaire de l'Ozumo. Par conséquent, être un « manager en activité » (c'est à dire à la fois un rikishi actif et l'oyakata de la heya) eût requis une double licence, d'où l'origine du terme de « Nimai Kansatsu ».

    Il n'y a pas d'incident particulier auquel on puisse rattacher l'abolition de cet usage, mais la Kyokai décide en 1958 qu'un gyoji ne peut être en même temps oyakata (et donc, par extension, qu'un rikishi ne peut pas plus devenir oyakata, même si ce fait n'est pas documenté clairement dans aucun document). Entre 1932 et 1958, on compte 14 cas de « Nimai Kansatsu ». Etant donné qu'il n'y a rien qui statue officiellement l'abolition de cette pratique, il est possible que la Kyokai puisse un jour raviver cette pratique si besoin est, même si cela paraît fort douteux : le passage de témoin entre les deux derniers Sadogatake-oyakata (moto-Kotozakura et moto-Kotonowaka), qui aurait pu justifier un usage très fugace et temporaire de cette pratique, montre qu'elle devrait encore rester aux oubliettes un moment (l'affaire de la Tokitsukaze-beya le prouve tout aussi bien).

    Le dernier rikishi à avoir bénéficié d'un « Nimai Kansatsu » fut le yokozuna Tochinishiki en 1959, un an après l'abolition des gyoji-oyakata. En 1959, le shisho de Tochinishiki, Kasugano oyakata (ancien yokozuna Tochigiyama) décéda brusquement, sans avoir eu le temps de donner ses instructions au sujet de l'héritage de sa heya, mais il était évident que le plus gradé des rikishi de la heya, le yokozuna Tochinishiki, eût du reprendre celle-ci. La Kyokai fit par conséquent une exception par respect envers le précédent oyakata et le yokozuna en activité en autorisant le « Nimai Kansatsu » au yokozuna Tochinishiki. Ce dernier se retira en 1960 lors du basho de mai mais jusque là il fut tout à la fois Kasugano oyakata et Tochinishiki.

  6. #6
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    IV/ Les Rijicho de la NSK

    Les premiers rijicho connus de la NSK réunifiée après la fusion avec le sumo d’Osaka (1926) sont des généraux de l’armée ou des amiraux, en général investis dans le mécénat et la protection des arts martiaux traditionnels. On peut citer par exemple Hirose Masanori, ou Isamu Takeshita, qui en dehors de son rôle de président de la Kyokai entre 1939 et 1944, fut l’un des plus ardents promoteurs de l’aikido.

    Le yokozuna Tsunenohana, en se retirant de la compétition, devient le septième Dewanoumi oyakata, de 1944 à 1957. Il devient surtout peu après le premier ancien rikishi à gouverner le corps constitué de la Nihon Sumo Kyokai (d’autres exemples avaient existé à une époque où les organisations du sumo étaient plus fragmentées). Toutefois, il ne sait pas nécessairement faire la part des choses de l’évolution du sumo après-guerre. Empêtré dans une sombre affaire de corruption (sa femme détenant l’une des plus grosses maisons de thé – ou chaya – qui ont le monopole de la vente des places les plus prestigieuses), sa gestion est mise en cause par une enquête de la Diète japonaise, et il finit par tenter de se suicider par hara-kiri. Il meurt finalement trois ans plus tard, en 1960.

    Il est remplacé comme président par Tokitsukaze (moto-Futabayama). Futabayama dirige sur la fin de sa carrière le Futabayama-dojo, grâce à une double licence, mais il adopte finalement à son retrait en 1945 le myoseki Tokitsukaze, dont il fait rapidement l’une des heya les plus puissantes de son temps (Kagamisato, Kitabayama, Yutakayama). Sous sa direction, jusqu’à sa mort en 1968, d’importantes réformes sont menées. Un accord est obtenu au terme duquel quarante pour cent du total des tickets seront vendus au public ordinaire sans avoir recours aux maisons de thé qui sont rebaptisées offices des guides et tickets (annai-jo) et regroupées sous la direction de la Compagnie des Services du Sumo. Un institut d’entraînement au sumo est officiellement ouvert en octobre 1957, et tous les lutteurs faisant leur entrée dans le sport sont contraints d’y passer six mois d’études sur des sujets allant de l’histoire du sumo et les traitements médicaux des blessures du sport à la calligraphie et à la lecture des poésies. Le système salarial traditionnel des lutteurs est modifié passant d’un système de bonus périodique à des émoluments mensuels, établissant des salaires fixes pour tous les lutteurs à partir de la division juryo. Une heya indépendante d’arbitres est également établie, et un cinquième tournoi annuel est ajouté à Fukuoka tous les mois de novembre. Le sixième et dernier tournoi annuel est inauguré à Nagoya en juillet 1958. Deux ans plus tard le système d’arbitrage est encore révisé, et à partir de cette époque il devient d’usage pour l’arbitre qui dirige les combats des komusubi, sekiwake, ozeki et yokozuna de porter des tabi blanches (les chaussettes fendues) et des sandales de toile. C’est enfin moto-Futabayama qui institue la retraite obligatoire à 65 ans pour les oyakata et gyoji.

    L’ancien maegashira Dewanohana et Dewanoumi-oyakata lui succède, pour ce qui est basiquement une période de transition. Il inaugure en passant une méthode de transition des kabu, donnant à sa nomination comme Rijicho son titre prestigieux au yokozuna Sadanoyama, qui prend sa retraite pour lui succéder à la tête de la plus prestigieuse heya. L’ancien shisho devient alors Musashigawa rijicho. Il ne renouvelle pas son mandat aux élections suivantes, et décède en 1987.

    Après s'être retiré de la vie active de lutteur et être devenu Kasugano oyakata, Tochinishiki forme le yokozuna Tochinoumi et l'ozeki Tochihikari. Il sert durant quatorze années comme président de la Kyokai (le plus long mandat à ce jour), et aide en particulier à bâtir le Ryogoku Kokugikan sans contracter une seule dette (inauguration en 1985). Avec Futagoyama oyakata, son rival Wakanohana durant ses années d'activité (qu’il aide à devenir Rijicho quand les problèmes de diabète le rattrapent), il travaille également d'arrache-pied pour réformer un Ozumo ancré dans ses traditions. Ironie du sort, il travaille en particulier pour qu'il y ait un tachiai digne de ce nom. Lorsqu'il était en activité, il était réputé ne jamais toucher le sol avec ses mains au shikiri. Il décède en 1990 des suites d’une attaque.

    Après avoir quitté les dohyo, Wakanohana hérite du toshiyori Futagoyama et fonde une nouvelle heya. En tant que Futagoyama oyakata, il développe toute une série de rikishi solides et appréciés, à commencer par Futagodake (plus tard komusubi) et son propre frère (plus tard ozeki) Takanohana, deux yokozuna que sont Takanosato et le second Wakanohana, tout comme le toujours populaire ozeki Wakashimazu. En tant que Directeur des Opérations au sein de la Kyokai, il aide également son rival de toujours, Tochinishiki, devenu Kasugano oyakata, à devenir Président de l'Association. Wakanohana succède ensuite à Tochinishiki, prenant lui-même la charge de Président de la Kyokai, et durant son mandat le Président Futagoyama fait en sorte que les rikishi suivent des procédures de tachiai de manière régulière; on peut encore en voir une survivance aujourd'hui quand on entend le gyoji dire « Te-o-tsuite » (touchez vos mains) aux deux rikishi.

    Le yokozuna Sadanoyama reste dans le monde du sumo après son retrait des dohyo, comme maître. Ayant épousé la fille de son ancien shisho, l’ancien maegashira Dewanohana (lui-même ancien Rijicho à la fin des années 60), il devient chef de la prestigieuse Dewanoumi après la cession du kabu par son beau-père. En février 1992, Dewanoumi-oyakata prend la direction de la NSK, choisi plutôt que ses prestigieux contemporains Taiho et Kashiwado, principalement parce qu’il est alors en bien meilleure santé que les deux anciennes gloires. Dewanoumi change en 1996 son toshiyori, à l’instar de ce dont il avait bénéficié des années avant, et devient Sakaigawa rijicho. Il ne se représente pas pour un nouveau mandat en 1998, après qu’il soit apparu qu’il n’a pas les soutiens nécessaires. Il est remplacé par l’ancien ozeki Yutakayama.

    L’ancien ozeki Yutakayama devient Nishikijima lorsqu’il quitte les dohyo. Quand son shisho Futabayama décède quelques mois plus tard en décembre 1968, c’est l’ancien yokozuna Kagamisato qui prend brièvement les rênes de la heya, mais la veuve de Futabayama demande ensuite à l’ancien ozeki d’assumer la charge. Kagamisato s’en va fonder sa heya et Yutakayama prend le nom de Tokitsukaze en 1969. Il produit ensuite nombre de grands lutteurs, parmi lesquels Kurama, Oshio, Oyutaka, Yutakayama Hiromitsu, Aogiyama et Tokitsuumi. En février 1998, il s’oppose avec succès à Sakaigawa pour la présidence de la NSK, devançant Kitanoumi dans le scrutin. Il reste en charge jusqu’en février 2002, avant de céder le contrôle de la heya à l’ancien komusubi Futatsuryu et de quitter le monde du sumo à 65 ans.

    Kitanoumi est à son intai honoré pour ses prouesses (24 yusho, 951 victoires en carrière, 804 victoires en makuuchi) en se voyant offrir un ichidai toshiyori (il est le deuxième après Taiho). Il fonde donc la Kitanoumi-beya, encore l’une des plus grosses heya de l’Ozumo avec un total de 24 lutteurs, dont le très populaire Kitazakura. Il devient finalement Rijicho en 2002, et exerce un mandat marqué par des incidents et des controverses, avec l’homicide d’un jeune lutteur ou les frasques du yokozuna Asashoryu, qu’il est accusé de ne pas gérer avec suffisamment de fermeté. C’est finalement le scandale des rikishi russes et de la marijuana qui a raison de lui, son heyagashira Hakurozan en étant l’un des protagonistes. Le 8 septembre 2008, il démissionne de son mandat, gardant cependant à la demande de ses pairs un poste à la Rijikai.

    A sa retraite, le yokozuna Mienoumi prend le nom de Musashigawa Oyakata et fonde la Musashigawa-beya en 1981. il est alors l’un des premiers oyakata à pouvoir effectuer une scission à l’amiable de la Dewanoumi-beya, qui jusqu’alors ne voyait pas ce type d’action d’un très bon œil. En 2000, la Musashigawa-beya est alors l’une des heya les plus puissantes de l’Ozumo, avec un yokozuna, Musashimaru, et trois ozeki, Dejima, Musoyama et Miyabiyama. Il devient alors l’un des riji de la NSK. En 2007, il effectue un kanreki dohyo-iri quelque peu anticipé (ce type de cérémonie est effectuée au soixantième anniversaire des yokozuna) pour marquer le 25ème anniversaire de sa heya. Le 8 septembre 2008, il succède à Kitanoumi à la tête de la NSK, suite aux scandales ayant émaillé la fin de mandat de ce dernier. Personnage à la réputation plus ferme, il tente d’insuffler un souffle nouveau de rigueur. Les résultats de sa politique restent à voir.

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    IV/ Scandales et anecdotes

    L'homme aux myoseki

    Il n’est pas rare de voir un oyakata prendre sa retraite avant la limite d’âge de 65 ans. Cette fois-ci, il s’agit de Sanoyama (moto-Wakajishi), retiré donc à l’âge de 48 ans. Rien de particulier à dire sur son temps comme rikishi. Il fut komusubi une fois et disputa 31 tournois en makuuchi avec un score total de 200-262-3. Mais sa carrière d’oyakata fut plus une aventure. En treize années comme oyakata, il eût pas moins de onze (!) myoseki. Bien entendu tous ces kabu étaient des emprunts. Quand il se vit reprendre son dixième, il avait déjà donné ses papiers d’admission à la retraite, mais il parvint encore à louer le Sanoyama-kabu. Son retour dans le giron de la Kyokai fut accepté.

    Sa chance finit par tourner quand le maegashira Kiraiho de le Takadagawa-beya prit sa retraite. La heya était du même ichimon que Konishiki, le possesseur du Sanoyama-kabu, et le jeune retraité fut donc favorisé.

    L’ancien Wakajishi n’appartient plus à la Kyokai, mais au moins a-t-il la première place à un endroit du grand livre des records de l’organisation. Derrière lui suivent l’ancien Onobori et Zaonishiki avec sept kabu chacun. Ce dernier est toujours en activité et peut donc encore en ajouter. Ironie du sort, il fut également Sanoyama. Il est désormais le 16ème Nishikijima.


    Janvier 1998: Takadagawa Ante Portas

    Les élections de 1998 à la Rijikai ne commencent pas pour ainsi dire sous une bonne étoile. Jusqu’alors existait un usage qui voulait que chacun des cinq ichimon nominait exactement deux candidats, et partant avait deux sièges au conseil d’administration. Avec un Nishonoseki ichimon doté d’un nombre écrasant de rikishi et d’oyakata, l’ichimon nomine alors trois candidats. Qui plus est, Takadagawa (moto-Maenoyama) annonce vouloir se présenter comme “candidat indépendant” sans le soutien de son ichimon Takasago. Au final, on a donc douze candidats pour tout juste dix postes.

    Le premier candidat malheureux est Jinmaku (moto-Kitanofuji). Son ichimon Takasago ne compte à cette époque que seize voix, ce qui ne suffit pas pour deux postes. Un partage des votes eût pu avoir comme conséquence une absence totale de représentation pour toute l’ichimon. Une élection intra-ichimon fait de Takasago (moto-Fujinishiki) le seul et unique candidat officiel. L’élection arrive, et il y a toujours onze candidats en lice.

    Le résultat est une surprise. La Nishonoseki ichimon voit ses trois candidats élus, au détriment de l’ichimon Tokitsukaze. L’un de leurs deux candidats, Edagawa (moto-Kitabayama), n’est pas réélu. Takadagawa peut rassembler huit voix sur la revendication d’une absence de démocratie dans les structures de la Kyokai. Il se voit donc élu Riji. Suite à l’élection Jinmaku est haigyo (départ définitif). Il interprète en effet le résultat de l’élection comme un manque de soutien envers lui au sein de sa heya. Takadagawa est exclu de la Takasago ichimon. Il semble un moment qu’il va pouvoir rejoindre la Dewanoumi ichimon, mais au final il décide de demeurer un paria. (Nota : Eût-il rejoint la Dewanoumi ichimon, qu’il eût rétabli l’équilibre. Jinmaku appartenait à la Dewanoumi-beya durant ses années de rikishi, mais était parti pour l’ichimon Takasago).

    L’élection a un autre grand impact sur la Rijikai. Avec Takadagawa et Magaki (moto-Wakanohana), ce sont deux opposants au Rijicho Sakaigawa (moto-Sadanoyama) et à sa manière de conduire la Kyokai, qui sont élus. L’une de ses vissions était d’abandonner le commerce des kabu et de revenir à la philosophie des temps jadis, quand les kabu étaient transmis de shisho à deshi, sans que l’argent n’entre en ligne de compte. Les deux jeunes oyakata fraîchement élus ont eux investi de grosses sommes d’argent dans leurs kabu, et ne plus pouvoir en retirer quoi que ce soit est tout simplement inacceptable. Sakaigawa doit reconnaître que ses jours comme Rijicho sont finis et il ne se représente pas pour le poste. Tokitsukaze (moto-Yutakayama) et Kitanoumi (Ichidai toshiyori) se présentent alors pour le poste de président. Tokitsukaze, aîné de plus de quinze ans de son rival, reçoit la majorité des votes. Ce résultat peut alors s’interpréter comme un lot de consolation suite à la perte d’un poste de Riji pour l’ichimon. Kitanoumi, bien que défait, sait en outre que le temps joue pour lui. Il sera élu finalement quatre ans plus tard.

  8. #8
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    Janvier 2002: Elections à la Rijikai... Vous avez dit jouées d'avance ?

    Le résultat de la plupart des élections à la Rijikai est identique : il y a tout juste le nombre de candidats pour combler le nombre de postes ouverts, et les votes se répartissent à égales parties entre les candidats. Même les votes cruciaux tendent à se finir sur des nuls.

    Cette fois-ci un résultat nul crucial n’est pas assuré. A la fois Kitanoumi (Ichidai toshiyori) et Futagoyama (moto-Takanohana) annoncent se présenter pour le poste de Rijicho, et ni l’un ni l’autre n’est prêt à laisser la place. Mais au final la Kyokai se retrouve à nouveau unie. Après avoir élu les dix candidats au postes de Riji, la décision finale ne vient une nouvelle fois pas dans les urnes. Kitanoumi s’assure la position en offrant le poste de Shimpan bucho (juge en chef) à son rival, en dépit du fait que la tradition veut que cet honneur soit réservé uniquement à d’anciens Yokozuna. Futagoyama, ancien Ozeki, se retire. La tradition de casser la tradition se poursuivra : Kitanoumi donnera cette position à de puissants anciens Ozeki de la Nishonoseki ichimon en 2004 et 2006 également.


    Février 2002: Changement de la vieille garde

    La gloire de la Takasago-beya s'est alors quelque peu effritée au cours des ans. Après le haigyo de Sanoyama (moto-Konishiki) en 1998, un autre deshi de Takasago (moto-Fujinishiki) passe au premier plan dans la ligne de succession pour le kabu et la heya : Nikishido (moto-Mitoizumi). Il est parvenu au rang de sekiwake à sa meilleure époque. Pendant la maladie de son shisho il a déjà fait fonction d'oyakata par suppléance, et a pu faire passer la heya au travers des fourches caudines des avanies du type de celle d'un sekitori de la heya qui ayant renversé un piéton alors qu'il conduisait une voiture (chose interdite pour un sekitori). Nikishido mérite donc d'autant plus le kabu majeur de son ichimon Takasago.

    Mais il y a sa fiancée. C'est une femme plutôt dérangée, qui a menti sur sa famille et son passé. Alors qu'elle dit être orpheline, on se rend compte que non seulement ses deux parents sont en vie, mais qu'elle a déjà été mariée par deux fois et a eu quatre enfants (qu'elle a confié à ses parents). Quand Nikishido annonce ses fiançailles, son passé refait surface, et elle finit par mettre fin à leur relation par l'entremise d'un fax envoyé à la presse.

    Nikishido est donc sans grâce éjecté de la course au Takasago-kabu. Le vainqueur en est au final Wakamatsu (moto-Asashio). On spéculera qu'il y a eu beaucoup d'argent en jeu, même si Takasago n'en avait pas vraiment besoin, et eût du donner le kabu à un deshi loyal. Les deux heya fusionnent, et le nouveau Takasago devient le troisième plus puissant oyakata de la Kyokai, après Kitanoumi (Ichidai toshiyori) et Futagoyama (moto-Takanohana). Dix mois plus tard Nikishido fait scission de la Takasago-beya et ouvre sa propre heya dans les anciens locaux de la Takasago, vides depuis la fusion.


    Février 2003: Le Juste Prix d'un Kabu

    En septembre 2001, pour la première fois dans toute l'histoire de l'Ozumo, un tribunal doit traiter une affaire de kabu. Comme les évènements mettent alors aux prises deux oyakata connus sous le même myoseki, il s seront ici nommés sous les noms de lutteurs qu'ils avaient au cours de leur carrière. Nous avons donc Tatsunami [6] (moto-Haguroyama), retiré par limite d'âge en 1999, et Tatsunami [7] (moto-Asahiyutaka), détenteur actuel du kabu.

    Asahiyutaka faisait partie de l'Oshima-beya durant son temps comme rikishi. Il épouse la fille de Haguroyama en 1996. Par conséquent, il n'achète pas un kabu après son retrait de la compétition mais prend l'un des postes de Jun toshiyori. Quand Haguroyama célèbre son 65ème anniversaire, Asahiyutaka hérite du kabu, de la heya et de ses locaux. Il n'y a pas d'argent d'échangé, simplement la promesse orale du gendre qu'il s'occupera de son beau-père retiré. Dès le départ, on raconte que le mariage a été arrangé sans amour ou presque.

    En août 2001 Asahiyutaka reçoit les papiers de divorce de son épouse. Le beau-père trahi l'assigne alors en justice et obtient raison en février 2003. Les juges ordonnent à Asahiyutaka de payer la somme de 175 millions de yen à Haguroyama comme compensation pour le Tatsunami-kabu. Les locaux de la heya ne font pas partie du jugement, et Haguroyama poursuit Asahiyutaka pour ceux-ci quelques mois plus tard. Ce sera la première fois, en temps de paix, qu'on assiste à l'évacuation d'une heya.

    Cette bataille légale est la première occasion de voir le prix d'un kabu discuté ouvertement. Pour déterminer la somme les juges ont suivi le raisonnement suivant : “[...] la Tatsunami-beya étant l'une des plus prestigieuses, et l'un des autres anciens lutteurs de la heya ayant payé 175 millions de yens pour recevoir un autre titre d'ancien, même si le transfert s'est passé au sein de la cellule familiale, le prix ne doit pas être inférieur à 175 million de yens".

  9. #9
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    Novembre 2003: Akebono rejoint le K-1

    Quand Akebono se retire en janvier 2001 comme yokozuna est (ils sont peu à partir au sommet), il clame alors haut et fort qu'il ne retournera pas à Hawaï mais restera plutôt au sein de l'Azumazeki-beya. Il ne possède pas de kabu, et doit donc occuper une position de Jun toshiyori avant. Avec une période de grâce de cinq années, personne ne voit de difficultés majeures à ce qu'il puisse en dégoter un. D'autant que son shisho Azumazeki (moto-Takamiyama) lui offre de se retirer en 2006 à 61 ans pour lui donner le kabu. Selon ses propres dires, Akebono se voit aussi offrir le Takasago-kabu, mais il refuse la proposition. En le prenant, il serait passé devant son shisho dans la hiérarchie, et il ne le désire pas.

    Akebono a des projets radicalement différents. Il devient de plus en plus palpable qu'il n'est plus heureux au sein de la Kyokai. Les tensions entre lui et Azumazeki s'accroissent, et en novembre 2003 Akebono finit par se déclarer haigyo (départ définitif). Destination : le K-1. Raison : Ses enfants doivent pouvoir le voir se battre. Autre point d'attraction : Un million de dollars par combat (il a perdu beaucoup d'argent dans divers projets de spectacle). Chaque combat peut alors porter le titre de “Destruction d'un Mythe”. Il regagne finalement un peu de raison, et décide de rejoindre des rings moins risqués. Pour la WWE Wrestlemania 21 il effectue un “Combat de Sumo” face à Big Show, catalogué comme l'homme le plus fort des sports spectacle. Akebono remporte ce combat et regagne le Japon, où il devient l'une des stars du Pro-Wrestling.

    Ceux qui en appellent à la disgrâce du rang de yokozuna pour Akebono n'ont qu'en partie raison. Sa carrière post-Kyokai n'est pas franchement digne de celle d'un dai-yokozuna. Mais il n'est pas une disgrâce pour le nom de Akebono, qui n'existe que parce qu'il l'a rendu possible.


    Mars 2004: Takanohana contre Akinoshima

    Tout de suite après la reprise par Takanohana (Ichidai toshiyori) de la heya de son père Futagoyama (moto-Takanohana), il se produit une bataille qui ne s'était jusqu'alors jamais produite sur le dohyo. Les anciens compères de heya Takanohana et Fujishima (moto-Akinoshima) commencent à s'accuser l'un l'autre de choses diverses. Si leurs rencontres sur le dohyo avaient été aussi intenses, elles seraient sans problèmes devenues les rencontres du siècle. On sait que lorsqu'ils étaient en activité ils n'étaient déjà pas les meilleurs amis du monde. Fujishima avait rejoint la heya un an avant Takanohana et on raconte qu'il était plus que brutal envers les jeunes recrues. D'un autre côté Fujishima n'aimait pas le comportement de Takanohana, en particulier depuis que les deux étaient devenus oyakata : Takanohana a toujours été introverti (à la limite de l'autisme) – mais toujours très conscient de son sumo de génie également. La combinaison de ces deux caractéristiques peut se révéler difficilement supportable parfois.

    En Mars 2004, Fujishima – qui a loué son kabu à son shisho Futagoyama (Fujishima s'est toujours référé à lui comme son shisho, même après que Takanohana est devenu maître de la heya) – fait le premier pas en essayant de louer le kabu du récemment retiré Sendagawa (moto-Wakanaruto). Takanohana-oyakata l'apprend par la presse et on peut comprendre qu'il en tire un mécontentement certain. A ce moment, Fujishima est très proche de se voir expulser de la Kyokai. Takanohana réplique en manquant le danpatsu-shiki de Fujishima, officiellement pour un rhume, avant de se rendre à celui de Daizen le lendemain.

    Futagoyama, ancien shisho des deux hommes, essaie de s'interposer en médiateur. Dans l'intervalle, Fujishima tente de passer à la Hanakago-beya, mais échoue. En mai, se tient une rencontre entre Futagoyama, Fujishima et le paria Takadagawa (moto-Maenoyama) au Kokugikan, qui met finalement en place les bases d'un changement de heya pour Fujishima. Takanohana ne veut pas signer les papiers du transfert de heya, toutefois. Après que Fujishima est officiellement devenu Sendagawa le 28 May, il doit encore attendre quatre moi supplémentaires avant que le Rijicho Kitanoumi (Ichidai toshiyori) et Futagoyama aient finalement une conversation à ce sujet.

    Au-delà de la quasi-perte d'un combattant indéniablement loyal et d'un revers cinglant pour Takanohana, cette affaire signifie aussi la perte d'un kabu. Futagoyama a dû donner son cher Fujishima-kabu à la Dewanoumi ichimon en échange du Sendagawa-kabu (qui était déjà promis à Musoyama). Enfin, c'est plutôt un retour du kabu après quelques décennies, puisque celui-ci avait été l'un des premiers kabu de l'histoire à faire l'objet d'un échange entre deux ichimon.

  10. #10
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    Juin 2005 : une nouvelle saga Hanada

    30 mai 2005 : Futagoyama (moto-Takanohana) décède d'un cancer de la bouche. Cela fait un moment qu'il était hospitalisé, et sa santé a empiré, en dépit de quelques éparses lueurs d'espoir. Il a toujours été un grand fumeur, et se fera même enterrer avec un paquet de son poison favori, les Mild Seven, ce décès n'est donc pas une surprise. Mais il est plutôt soudain.

    Une semaine plus tard, son fils et successeur, Takanohana (Ichidai toshiyori), demande à la Kyokai une réimpression du certificat qui prouve sa possession du Futagoyama-kabu. Un mois auparavant, la heya était à la recherche des certificats pour l'Otowayama-kabu et le Yamahibiki-kabu, et les réimpressions n'avaient pas posé problème. Mais cette fois-ci les choses sont quelque peu différentes. Comme le propriétaire, feu Futagoyama, ne peut à l'évidence témoigner de la possession en personne, la réimpression n'est pas accordée.

    Il est évident pour tout le monde que Futagoyama avait donné les trois certificats à une personne de confiance avant d'être hospitalisé. A partir de ce moment, les spéculations vont alors bon train sur l'identité de cette personne. Bientôt, un “suspect” est déniché. Son frère, l'ancien Wakanohana I et précédent Futagoyama. Il ne commente pas les allégations mais entreprend tout ce qu'il peut pour restaurer la paix entre les différents intervenants. Takanohana est seul face à sa mère Noriko, son frère (moto-Wakanohana III), et son ancien do-beya Sendagawa (moto-Akinoshima). Une autre spéculation de la presse à scandales sur les destinées des kabu est que feu Futagoyama a laissé toutes ses possessions à une femme qui s'occupait de lui durant les derniers mois de son existence. La bataille pour l'héritage, estimé à environ un demi-milliard de yen, peut alors commencer.

    Quarante jours plus tard les avocats de Wakanohana III et de feu Futagoyama clarifient la situation : quand Wakanohana III a quitté la Kyokai, lui et son père ont alors décidé que le fils qui hériterait de la heya hériterait en outre de tout le reste des possessions en rapport avec le sumo (kabu, bâtiments de la heya, ...). Les certificats de kabu manquants étaient durant tout ce temps entre les mains de l'avocat de feu l'oyakata, afin d'éviter que quelqu'un ne profite de la confusion. Après que les choses se soient tassées, Takanohana se voit réprimander sévèrement par la Kyokai pour avoir lavé son linge sale en public. Quelques mois plus tard, quand Takanohana reprend formellement le kabu que possédait son père, un autre problème mineur intervient encore : On ne peut posséder que deux kabu à la fois, mais Takanohana en détient trois désormais (Takanohana, Futagoyama et Yamahibiki).

    Pour corser encore les choses, plusieurs spéculations se font jour dans la presse autour des liens de parenté dans la famille Hanada :

    (1) Wakanohana I n'est pas le frère mais le père de Takanohana I. Cette rumeur se base sur le fait que Wakanohana I est de 22 ans l'aîné de son frère. Qui plus est, il avait la réputation d'être un homme à femmes et n'était pas prêt à se marier au moment où est né son frère.
    (2) Wakanohana III n'est pas le fils de Takanohana I mais celui de Wakanohana I. La théorie se base sur la farouche opposition de Wakanohana I au mariage de Takanohana I et de Noriko (à cette époque, Waka I est le shisho de Taka I). Cette histoire prend encore plus de saveur si l'on prend en compte de la même manière la rumeur (1)
    (3) Takanohana II n'est pas le fils de Takanohana I mais celui de Wajima. Contexte : Wajima est celui qui a mis en présence Takanohana I et Noriko car il les connaissait bien tous les deux. Certains ajouteraient qu'il connaissait Noriko trop bien. Si l'on ajoute les théories (2) et (3), Takanohana II n'a jamais eu d'enfants.

    Si toutes ces spéculations étaient vraies, l'héritage pourrait-il à nouveau devenir un gros point d'interrogation ? Pas vraiment. Ces allégations surviennent dès qu'il se passe quelque chose d'importance autour de la famille Hanada, mais elles retournent en sommeil peu après. Cette fois-ci ne fait pas exception à la règle, dès qu'il devient clair que Takanohana II va devenir l'héritier du kabu et de la heya.

    Wakanohana I avait donné tous ses biens de Sumo à Takanohana I au moment de la fusion des heya. Par conséquent, qu'ils aient été frères ou père et fils ne change rien. Puis Takanohana I avait accru les richesses de la heya en ajoutant quelques kabu, mais il en redonna un à Wakanohana III à sa retraite. Bientôt Wakanohana III se retira du sumo et le rendit. Encore une fois, le statu quo n'eût pas changé en cas de relations générationnelles différentes entre les deux.

    Le pire scénario eût pu être Noriko héritant de l'ensemble (se souvenir qu'elle forma une alliance contre Takanohana II). Mais on peut douter qu'elle eût pu le faire, les biens de sumo de Takanohana I revenant en toute logique au successeur comme shisho : Takanohana II.

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