REPRISE DE L'ARTICLE DE TONY SUR : Tochinohana et Tochisakae.



Photo : www.sumo.goo

Tochisakae.

Photo;sanspo.com

Changement de garde au Kasugano-beya, Tochinohana et Tochisakae se retirent !

Fondé en mai 1925 par le 27ème yokozuna de l’histoire Tochigiyama, le Kasugano-beya est une des confréries les plus prestigieuses du monde du sumô. Des lutteurs de légende ont marqué son histoire tels que Tochinishiki (44ème yokozuna de l’histoire), Tochinoumi (49ème yokozuna de l’histoire) ou encore l’ôzeki Tochihikari.
Depuis février 2003, l’ancien sekiwake Tochinowaka dirige ce heya puissant qui conserve un nombre important de sekitori (cinq à l’heure actuelle). Au terme du dernier hatsu basho, deux anciens ont, à quelques heures d’intervalle, annoncé leur retrait de la compétition. En parallèle, deux jeunes loups, Kimurayama et Tochinoshin, faisaient leur début en division juryô.
Les deux rétraités sont les anciens komusubi Tochinohana et maegashira 1 Tochisakae. Figures appréciées dans le monde du sumô, leur départ simultané marque un changement de garde au Kasugano-beya.
Les destins des deux rikishi ont été intimement liés tout au long de leur carrière.
De son vrai nom Hitoshi Yachi, Tochinohana est né dans le village de Yamagata, situé dans la préfecture d’Iwate (nord-ouest de Honshû) le 28 février 1973. Il pratique le sumô amateur et le judô dès le collège. Son talent indéniable lui permet de se faire rapidement repéré. Tout jeune, il rencontre le yokozuna Chiyonofuji alors en activité et intègre l’université de Meiji à Tôkyô. Son rêve est d’intégrer le sumô professionnel. Ses résultats ne sont toutefois pas suffisants pour commencer en tant que makushita tsukedashi. A 22 ans, en mars 1995, il débute au sein du Kasugano-beya grâce aux liens étroits entre son université et la confrérie (Tochinowaka notamment vient de cette université).
Okamoto Atsushi, le futur Tochisakae, a commencé lui deux ans plus tôt (janvier 1993). Natif de la préfecture de Saga, il est né le 27 juin 1974. Toutefois, il grandit dans le quartier de Nakano à Tôkyô. Dès son plus jeune âge, il se consacre au sumô du fait d’un gabarit impressionnant. Il s’entraîne aux Fujishima-beya (dirigée à l’époque par le futur Futagoyama oyakata et ancien ôzeki Takanohana I), Futagoyama-beya et Dewanoumi-beya pour parfaire son sumô. Scolarisé au lycée de Sakae, à Saitama, il devient yokozuna lycéen en 1992. Par l’intermédiaire de son oncle, il entre au Kasugano-beya. Okamoto est alors le premier yokozuna lycéen à ne pas passer par le sumô univeristaire et à entrer directement dans le sumô professionnel.
Pesant près de 140kg pour 1, 82 m, pratiquant l’oshi-zumô (sumô de poussée) avec maestria, Okamoto grimpe en l'espace d'un an en division makushita et devient Tochinoiwa. Malheureusement, il souffre d’une grave infection. Avec le tournoi de septembre 1994, il se fait opérer. Un problème d’anesthésie lors de l’intervention lui paralyse le côté droit. Il peut à peine marcher et se tenir debout. Refusant d’abandonner le sumô, il conserve un optimisme à toute épreuve et finalement recouvre complètement de l’opération. En janvier 1998, il devient enfin sekitori après plus de quatre années passées en division makushita.
Les débuts de Tochinohana sont moins dramatiques. Lui aussi connaît une première année tonitruante et accède à la makushita dès le mois de janvier 1996. Yachi (son premier shikona) butte toutefois près de trois ans avant d’accèder à la division juryô. A la fin de l’année 1998, il franchit l’étape décisive. Il devient Tochinohana. Avec Tochinoiwa et derrière Tochinonada, ils apparaissent comme la nouvelle garde du Kasugano-beya alors que Tochinowaka, le grand leader de la confrérie depuis près de douze ans, termine tranquillement sa superbe carrière (il arrête en juillet 1999).
Néanmoins, les déboires ne sont pas encore terminés pour Tochinoiwa. Deux années supplémentaires lui sont nécessaires avant de s’installer durablement parmi les sekitori. Accablé par les blessures, il change de nom et prend celui de Tochisakae. Il descend même en division sandanme (septembre 1999). Mais, il remonte aussitôt et redevient sekitori en mai 2000. Quatre mois plus tard, le courageux rikishi atteint la makuuchi.
Quant à Tochinohana, il végète quelques temps en division juryô. En mars 2000, il triomphe avec un juryô yushô (13-2 en tant que juryô 6 ouest) et accède à la makuuchi. Son sumô est aux antipodes de celui de Tochisakae. Il pratique un sumô de corps-à-corps (yotsu-zumô) très classique et excelle dans le yori (expulsion frontale) et ottsuke. D’un physique moyen (1, 85m pour près de 140kg) pour sa discipline, il doit son avancement à sa brillance technique.

Leurs débuts en division suprême sont très prometteurs. En l’espace de trois tournois, Tochinohana accède au statut de sanyakû (novembre 2000) et décroche trois san-shô (dont deux gino-shô). Tochisakae fait tout aussi bien. En deux tournois, il est chef de file des maegashira (hatsu basho 2001). Il s'approche des 155kg et son sumô de poussée n'en est que plus efficace.
Même s’ils se maintiennent en division makuuchi, les deux hommes ne parviennent pas à confirmer leurs brillantes performances. Les blessures minent leur sumô et leurs résultats jusqu’à la fin de leur carrière.
Tochisakae se brise le talon en juillet 2001, souffre d’un phlegmon l’année suivante. Au Nagoya basho 2002, il est kyujô après six jours de compétition, mais revient et termine avec neuf gains (9-3-3). Souffrant des ligaments de la jambe gauche, il participe malgré tout, blessé, aux deux derniers tournois de 2002. Enfin, le lutteur doit combattre avec un trouble du sommeil, sa respiration s’arrête lorsqu’il est endormi. Une assistance respiratoire lui est nécessaire. Il continue de s'accrocher et en janvier 2006, il participe à un dernier tournoi en division makuuchi.

Tochinohana n’est pas aussi malchanceux que son cadet. Il connaît une fracture à la fin de l’année 2001 et redescend en division juryô. Les choses empirent en 2004, il passe une grande partie de l’année en division makushita. Soutenu tout au long de sa carrière par toute la préfecture d'Iwate (il bénéficie notamment d'une non-négligeable couverture médiatique), Tochinohana s'accroche. En novembre 2005, il connaît un retour de flamme dans ses performances. A nouveau en makuuchi, pour la première fois depuis mars 2003, il décroche un deuxième kanto-shô (prix de la combativité) et remporte onze gains pour quatre pertes (jun-yushô). En mai 2007, il retombe finalement en juryô.
Les deux compères s’enlisent dans le banzuke. Tochisakae descend en makushita et Tochinohana ne cesse d’enregistrer les make-koshi en juryô. Lors du hatsu basho 2008, après avoir concédé un quatrième revers en six confrontations, Tochisakae annonce son retrait. Dans le même cas, assuré de descendre en makushita, Tochinohana prend la même décision quelques heures plus tard.
L’ancien chef de file des maegashira devient Takenawa oyakata et l’ancien komusubi, Hatachiyama oyakata, tout deux au sein du Kasugano-beya. Ils ont maintenant en charge de faire progresser les jeunes lutteurs de cette prestigieuse confrérie.
Au total, Tochisakae a participé à vingt-six tournois en division makuuchi et à dix-neuf en juryô (deux juryô yushô remportés). Son compère a pris part à vingt-quatre tournois en division suprême et a remporté quatre san-shô (deux gino-shô et deux kanto-shô). Leur vaillance et leur dévotion envers leur discipline constituent de véritables exemples pour tous les rikishi.