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Sujet : Avec les Sumos de Tokyo

  1. #1

    Avec les Sumos de Tokyo

    Voici un trés bel article de : BENOIT HEIRMERMANN pour : GRAND REPORTER.COM sur la confrérie de Tochiazuma , quand l'Ozeki était encore en activité .

    AVEC LES SUMOS DE TOKYO

    Ils habitent un lieu suspendu. Une bulle imperméable , coupée des réalités exterieures. Dehors , la ville bruissesans discontinuer. Devantures électriques,robots multifonctions ,Lumières psychédéliques.
    Tokyo s'agite et s'affaire.
    Les sens forcément tournés vers l'avenir, le progré et l'anticipation. Al'intérieur,le temps est arrété. Congelé. Päralysé. Comme mis entre paranthèses. Qui protègeun repaire de six mètre sur six, au sol battu d'argile et de sable, tapissé de bois brut,éclairé par deux maigres vasistas et agrémenté d'un modeste radiateur électrique.Une retraite riche et ascétique, sans ornement , ni surenchère.Une chapelle pour tout dire.Un sanctuaire ou flotte , une sérénitéet une quiétude héritée d'un autre siècle.Un royaume du vide. Un temple de l'épure.

    Ils sont treize. Imposants et cois,dépouillés et disciplinés.Le bas ventre souligné d'un pagne de lin ( Mawashi) de onze métres ceint six fois autour de leur taille.Un cache sexe de dix kilos qui donne la mesure de leur circonférence. Ils sont treize disposés autour d'un cercle (Dohyo) délimitépar 28 boyaux de paille de riz tréssée à demi enfoncé dans le sol. A distance et en léger surplomb, leur entaineur est assis sur coussin brodé,les pieds rpliés sous ses cuisses, une tasse de thé a porté de main.Il est à peine 7h du matin , mais les 13 montagnes de muscles qui lui font face tremble déjà sur leurs bases.
    Affleurent, ici et là, quelques acquiescement gutturraux, 2 ou 3 approbations monosyllabiques ,mais les conseils du maitre sont toujours distribué à posteriori,au terme d'un excercice, à la fin d'une prise.

    En amont , les combattants organisent leurs ébats sans l'aide, ni le soutient de quiconque.Sreulon un rite et un rytme que l'on croirait venus de l'éternité. D'abord les mouvements d' assouplissement pratiqués à l'aide d'instruments antédiluviens et symboliques à la fois.Une pierre de granit aux dimmension d'un médecine ball, quelques rubans élastiques, deux miniscules haltères de poing et un haut pilier de bois (Teppo)que les Sumotori malmenent du plat de leurs main- battoires comme le ferai , un boxeurd'un miniscule sac de sable.Ce pylone n'est pas planté là par hasard. C'est sur lui, que métaphoriquement , repose la maison toute entière et plus important encore l'ordre du pays et du monde dans son ensemble.
    En apparence, les treize combattants, pareillement joufflus et ventrus , se ressemblent.Mais au fil des mouvements,on sent pointé des prérogatives et des droits totalement étrangers à cette analogie de facade. Les plus jeunes dont les cheveux sont indisciplinés et laches en regard des chignons soignés de leurs ainés ne sont pas à la fête. Quand vient l'heure de balayer l'aire de combat, de régénérer sa surface de quelques poignées de sable supplémentaires ou de nettoyer les épaules du lutteur tout juste relevé de terre, se sont eux qui s'y collent.Le benjaminn'a même pas cette chance: il ne bouge pas. Raide comme un piquet, coincé le long du mur,il tient dans ses mains , le bol de sel d' ou sont extraites , à intervalle régulier, quelques pincées précipitées au centre de la piste dans l'espoir de purifier plus encore l'atmosphère.
    Le ballet poursuit sont déroulé comme s'il avait été préalablement mis en scène.

    Une représentation digne de l'antique,ou chaque geste , chaque inflexion,chaque décision semble remonter aux calendes Bouddhistes.Au septième mois de la septième année du onzième empereur humain Suisin (29 avant JC _ 70 aprés JC ) au cours duquel le vénéré Nomino- Sukune térrassa Kuehaya, incarnation du malréputé invincible.
    Chacun connait son roleet la nature de ses répliques. Le premier debout, s'inclineen avant à 45° ; le seçond arc-bouté soutient la charge comme il peut et , tel un bulldozer, la repousse en avant.
    Ceux ci se font face, a quattre pattes ou presques, pret a chargé dans la seçonde,mais ils interromtent leur mouvement juste avant la collision frontale.Ceux là,alignés les uns derriere, les autres, entament une incroyable danse des canards, les mains accroché a celui qui le précède, les deux pieds écartés au maximum vers l'exterieur. Invariablement,la concentration est à l'ordre du jour et le relachement est banni.On entend des rales, des grognements,des chairs qui se télescopent,des cuisses battues comme des peaux de tambour, mais pas une plainte , ni une jérémiade.

    Au quatres coins de la salle,des rubans de papiers agencés de différentes façons marquent les quatres points cardinaux et trois plaques de bois gravé situées un pêu plus loin rapelle que l'energie spîrituelle ( Shin ), la maitrise technique ( gi) ,et la puissance physique ( tai)sont les justifications du spectacle qui s'impose. Une chorégraphie intemporelle et grave située à des années lumières du commun des entrainements sportifs.Un rituel ou l'important n'est pas ceux que fait l'hommemais comment il le fait.Au Japon ou les valeurs symboliques sont souvent contraires aux notres, ou la gauche prend le pas sur la droite, le blanc (couleur du deuil ) sur le noir, le vide sur le plein, il faut se méfier des apparences.Al'entée de cette officielle écurie (Heya), des sumotoris reconnus et estampillée par les autoritées compétentes, ( il en existe une centaine à travers le pays )rien n'anticipe la représentation à venir. La maison banaleet sans distinction d'aucunes sortes et située au détour d'une ruelle ordinairepar delà la gare de Kita-senju, elle même perdu au gré d'une énième banlieue à l'extrème nord est de Tokyo.

    Le hall d'accueil est liliputien, encombrés de socques de bois et de parapluiesau manches de bambou.Une horloge à poids et balanciers égraine les seçonde avec insistance.Réduit au dimmension d'un aquarium,un autel fleuris rend hommage à quelques dieux Shinto.Biensur , le visiteur a d'emblée été invité à se déchausser , a se glisser dans un coin, comme le lui a recommandé l'intermédiaire contacté plusieurs semaines à l'avance,et à se taire.Il ne songe à rien d'autre et lus encore lorsqu' arrive_ il est 08h30, le combattant vedette du lieux.Mieux: son modèle. un athlète, un vrai. Doté d'épaules larges comme une avenue,de colonnes doriques en guise d' avant bras et une démarche digne d'un Tricératops.A la différences de tous les autres officiants, Tochiazuma dispose d'un pagne immaculé, yaillé dans la meilleure étoffe.Désormais la scéance toute entière , lui semble être dédiée. C'est lui , qui donne le tempo,dirrige la manoueuvre et invite ses vis a vis a se fracasser sur son corps aussi stoique que sait l'être un mur.Combles d'humiliations , ses opposants finissent systématiquement le dos sur le sable.La culbute est à peine esquissée,mais l'issue de la prise obligatoire.

    Tochiazuma veut se désalterer: un novice acoure; s'éponger le front: un autre se précipite. Il est le centre de toutes les attentions, le Totem autours de quoi tournent un respect , une préséance à nulle autre pareille.Tochiazuma est un Ozeki, soit le deuxième grade le plus important dans la " religion " Sumo.Seuls les Yokozuna surpassent ses volontés et ses privilèges,mais comme eux , il appartient " l'intérieur du rideau ", à la crème de la crème de sa discipline, qui comme le Japon , tout entier,fait grands cas de classements et de hierarchies. Il existe onze catégories de Sumotoris autant dire onze manières de vivre son sacerdoce. Le porteur de sel remarqué plus haut, est agés de 15 ans , il mesure1m70 et pèse 75 kg ( les limites minimales pour qui aspire à rejoindre la confrérie ),mais les camarades qui l'entoure sont plutot trentennaire et dépassent allègrement le quintal. Tous dorment à l'étage,mais seul Tochiazuma dispose d'une chambre individuelle. Celui ci a droit à touteles sollicitudes, mange sans compter,, avoue quelques caprices,et roule comme son père ( l'entraineur ) en Mercedes 600.

    Il es 10 heures et la scéance d'entrainement s'achève. Toujours sans qu'aucun ordre n'ai été asséné, chacun vaque à l'essentiel : une bonne moitié balaie l'aire de combat jusqu'a élevé en son centre , un tas de sable façonné selon un rite, une fois de plus, préétabli. Le dernier fiche en son sommet un symbole de papier supplémentaire.
    Tous ne pense qu'à la douche et au repas,le premier de la journée, à suivre.A l'exterieur , un rayon de soleil rechauffe les ventres ronds et les épaules charnues.On pense " au charme de la laideur " et à " la noblesse de l'excés " dont font état les exégetes d'un sport ou il atoujours été admis que ses contempeurs seraient bien avisés de se le dire !
    Plus fort est le corps, plus sensible doit être l'âme.

  2. #2
    Senior Member
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    décembre 2004
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    Limay
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    Merci Konishiki, voilà effectivement un très beau texte .

  3. #3
    Senior Member Avatar de remiogawa
    Inscrit
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    Merci Konishiki pour ce beau boulot.

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