L’écrémage se poursuit lentement.

Alors que les combats se poursuivent dans la fournaise de Nagoya, qui a (même si ce n’est pas l’unique explication) eu raison du lutteur des sables, l’Egyptien Osunaarashi, victime de fortes fièvres et kyujuo pour son deuxième basho, on est évidemment bien loin du dénouement de ce tournoi. Mais petit à petit, le nombre des invaincus décroît parmi les plus hauts rangs, qui cela dit dominent clairement les débats – à tout le moins en termes numériques – face aux joi-jin et komusubi, qui comme il se doit paient cher leurs prestigieuses positions.
A tout seigneur tout honneur, le dai-yokozuna Hakuho, qui avec un 679^ème succès en carrière entre dans le cercle très fermé des cinquante plus prolifiques lutteurs de l’histoire (en makuuchi, il est en tête des lutteurs en activité, d’ailleurs). C’est à peu près tout ce qu’on retiendra de son combat du jour, tant il mène face au pourtant rusé et roublard Aminishiki les débats pour un succès en poussée/tirages tout en vista et ne souffrant (au contraire de son heureuse victoire après mono-ii du shonichi) d’aucune contestation.
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Kisenosato a son destin en mains

Grande journée pour le Japon du sumo au Ryogoku Kokugikan. Le vide béant qui hante le cœur des fans de sumo de l’Empire du Soleil Levant, à savoir l’absence de yusho-gaku dépeignant un Japonais dans les travées de la Mecque du sumo, est peut-être sur le point de se combler sous nos yeux. L’ozeki Kisenosato a désormais toutes les cartes pour enfin faire chanter le Kimigayo à pleins poumons par une foule en délire. Tochiazuma aura peut-être enfin un successeur, mais que l’attente aura été longue.
Superbe performance initiale pourtant de Kakuryu qui va chercher le leader du yusho en bataillant fermement une seconde à coups de tsuppari pour trouver l’ouverture sous la garde de Kisenosato, qui résiste tant et plus et tente au final un utchari. Le gyoji tourne son gunbai vers Kakuryu, ce qui provoque un mono-ii des shimpan. Ceux-ci trouvent le succès de Kakuryu pas si évident et demandent un torinaoshi.

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Stupeur et retournements !

Double sensation au Kokugikan en ce samedi de mi-tournoi : Il n’y a plus un lutteur seul en tête, et le yokozuna cède pour une deuxième fois. Si l’on ajoute à cela la défaite surprise de Baruto aux mains de Goeido qui marque de plus en plus ses ambitions, les ingrédients pour une fin de tournoi haletante sont réunis. C’est exactement ce dont l’Ozumo avait besoin, alors même qu’une année sans scandale majeurs s’est (enfin) passée.
Avant d’en venir à celui qui était encore seul en tête à l’abord de cette journée, à tout seigneur tout honneur il doit être question du yokozuna. Quel combat de Toyohibiki ! Celui qu’on voyait comme une proie facile en même temps qu’une victime expiatoire de la colère d’un yokozuna qui venait de voir Kotoshogiku lâcher du lest provoque LA surprise du jour (voire de l’année) en tournant la charge du Mongol à la tawara pour le défaire en kotenage. Toyohibiki n’en est pas à son coup d’essai puisque la punition fut identique ce basho pour l’ozeki Kotooshu. Le gyoji a beau donner le yokozuna vainqueur, les shimpan retournent cette décision (gunbai sachi-chigae). Il y aura un sacré suspense et une deuxième semaine de feu, à n’en point douter. Pour ceux qui parlent d’un (relatif) déclin du dai-yokozuna, force est effectivement de constater que celui-ci n’avait concédé qu’une fois deux revers dès la première semaine depuis son accession à la tsuna (c’était en novembre 2007, il avait toutefois fini par emporter ce qui fut son yusho n° 5). Si l’on met cela en perspective avec le fait que sur l’année écoulé, il n’a eu qu’un seul basho avec moins de deux revers en seconde semaine, il apparaît que Hakuho est peut-être une cote un peu plus grosse qu’à l’accoutumée en ce qui concerne le gain final. Et ça, c’est assez rare pour que cela soit noté.
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Baruto abandonne la tsuna, le yusho sera Mongol ou ne sera pas

Fin des espoirs de tsuna pour Baruto. On faisait remarquer que son tachiai trop relevé lui jouerait des tours : l’Estonien abandonne tout espoir de tsuna sur son défaut technique majeur, permettant à Kotoshogiku de décrocher un kachi-koshi salvateur et plongeant la Kyokai dans une situation inédite au terme de ce tournoi, si les choses se poursuivent sur la lancée qu’elles ont pris.
Car en effet il semble bien qu’un sixième ozeki se profile à la conclusion de ce Haru basho 2012 : Kakuryu dépasse aujourd’hui les dix victoires pour la troisième fois de suite en sanyaku et décroche son 31^ème succès en trois basho. On pourrait presque se demander à quoi le Mongol carbure sur ce basho, tant la puissance qu’il manifeste pour contrer la grosse charge de Shotenro et le raccompagner sans fioritures vers la sortie est impressionnante. Kakuryu n’est plus qu’à sans doute une encablure du grade d’ozeki. C’est peut-être même déjà fait, mais en tout état de cause Kotoshogiku qui vient d’assurer contre Baruto son kachi-koshi ne sera pas nécessairement des plus mobilisé pour barrer la route au sekiwake. A 32 victoires, la Kyokai ne pourrait faire autrement que d’entériner la promotion, jurisprudence Kisenosato aidant.
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Est-ce vraiment une surprise ?

Le combat du jour n’était pas nécessairement censé être le musubi-no-ichiban, tant les chiffres étaient déséquilibrés, comme à l’accoutumée en faveur du yokozuna, qui n’avait concédé qu’une seule défaite à Kakuryu en 21 rencontres. Mais celle-ci était en janvier, et Kakuryu est plus que jamais en course pour une promotion au grade d’ozeki.
Alors il y a deux façons de voir les choses : l’optimiste, qui consiste à penser que Kakuryu a fini par « piger le truc » face à l’ogre de la discipline, la surmotivation faisant le reste. La pessimiste, qui se souviendra des évènements de l’année dernière pour émettre des doutes sur le caractère un peu trop idéal du scénario qui semble se mettre en place et qui verrait Kakuryu amasser assez de victoires pour être ozeki tandis que Baruto, revenu en course, décrocherait au moins un yusho-doten qui lui assurerait la tsuna et permettrait de libérer la place dans un grade d’ozeki sérieusement embouteillé.
Quoi qu’il en soit, après un atari assez classique, Hakuho se voit surpris une première fois par un brusque écart de Kakuryu qui, s’il ne permet pas à celui-ci de prendre un avantage majeur, écarte tout au moins les bras du yokozuna de son mawashi. C’est alors, venant de repousser ce dernier dans un affrontement du haut du corps, que Kakuryu parvient à plonger dans la garde de Hakuho étonnamment libérée de son côté gauche, pour agripper solidement et profondément le mawashi de son adversaire, tout en maîtrisant le bras droit, rendant toute manœuvre impossible. On sent alors que les affaires sont très mal engagées pour le yokozuna, qui parvient toutefois à agripper l’avant du mawashi de Kakuryu. Seule solution pour celui-ci, un makikae, mais Kakuryu le sait et engage une poussée fatale au moment même où Hakuho réussit cette manœuvre. Les zabuton peuvent voler.
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