• Les jeunes japonais tournent le dos au sumo


    Le sumo est un sport dont l’histoire s’étire sur plus de deux mille ans. Empereurs et grands seigneurs ont compté parmi ses plus ardents supporters, et un enfant bercé dans les bras d’un rikishi aurait la garantie d’une vie en bonne santé.



    Cependant, alors que les 700 membres de la communauté du sumo se préparent pour les 15 jours de combats qui démarreront dimanche à Nagoya, le sport national japonais s’inquiète pour son avenir.
    Pour la première fois dans toute son histoire, le sumo n’a pas réussi à attirer une seule nouvelle recrue. La Japan Sumo Association a été contrainte d’annuler les tests de recrutement prévus hier.






    De jeunes garcons poussant un rikishi durant une exhibition

    « C’est dommage - c’est triste… il est probable que nous vivions la même situation dans le futur, également », déclare Katsutoshi Hasegawa, un ancien rikishi en charge de l’organisation du tournoi de Nagoya, dans le journal Asahi. Pendant que les tests de sélection de Nagoya échouent, comme à leur habitude, à attirer de nombreux candidats, les rikishi plus âgés reconnaissent que ce sport, qui offre aux plus doués la garantie d’une adoration populaire, de conditions de vie agréables et d’une place parmi le groupe assez restreint des champions, doit se battre dans une époque où le baseball et le football règnent dans les cours de récréation.



    Les essais qui se déroulent traditionnellement en mars, avant le tournoi d’Osaka, attirent la plupart des nouvelles recrues car ils se situent à la fin de l’année scolaire, lorsque les élèves sortants s’interrogent sur leur avenir professionnel. Mais même les admissions de mars n’ont pas réussi à dépasser une centaine de recrues sur les 7 dernières années.



    Les efforts consentis pour attirer de nouveaux jeunes japonais sur le dohyo, aujourd’hui dominé par les rikishi étrangers (gaijin), ne seront pas récompensés en raison de la mort la semaine passée de Takashi Saito, un jeune lutteur de 17 ans, dans d’étranges circonstances.



    Sa heya a d’abord annoncé que Saito, qui combattait sous le nom de Tokitaizan, était décédé d’une crise cardiaque après un entrainement rigoureux. Mais il a été révélé que l’adolescent avait apparemment souffert de blessures inexpliquées - dont des brûlures de cigarettes - et qu’il avait essayé de s’enfuir de sa heya au moins une fois.



    Les experts s’accordent à dire que la limite entre la discipline et le mauvais traitement est ténue. « Les oyakata ont eux-mêmes traversé cela et eux seuls savent comment enseigner à quelqu’un à chercher et à trouver au fond de lui-même cette force supplémentaire » a commenté Doreen Simmons, une commentatrice de sumo pour la télévision NHK.



    Les exigences pour les nouvelles recrues du sumo sont très strictes. Ils doivent avoir fini leur cursus scolaire à 15 ans, peser au moins 75 kg (11st 11lbs) et mesurer 1,73 m (5ft 6ins). Les combattants actuels se plaignent que les enfants japonais ne sont simplement pas taillés pour la vie dans une heya, où les maezumo doivent vivre dans des conditions spartiates et se soumettre chaque jour au labeur de l’entrainement, ne se nourrissant ensuite que des restes de gigantesques repas de riz et de ragoût.



    « Rien ne peut vraiment vous y préparer » a dit Asashoryu, grand champion originaire de Mongolie, dans une interview au Metropolis magazine. « C’est vraiment dur. C’est une vie communautaire qui n’a pas dû beaucoup changé, je suppose. Dans une heya, on doit obéir à ses ainés. De nos jours, il y a tous ces jeux sur ordinateur, avec lesquels les enfants peuvent jouer seuls et n’exercer que leurs pouces ».



    Simmons est d’accord sur le fait que les enfants japonais manquent de la motivation nécessaire pour supporter quelques années dans les rangs les plus bas. « Ils ont d’autres options dans la vie » ajoute-t-elle, « leurs parents veulent qu’ils continuent leurs études ou au moins qu’ils aient un travail plus facile. » Les conditions de vie mises à part, la réputation du sumo a été durement attaquée ces dernières années par les allégations de match truqué, et plus récemment par un hebdomadaire qui est désormais poursuivi en justice par la sumo association.



    La montée d’une génération de lutteurs gaijin à la réputation de bad-boys a privé le sumo de sa mystique, au grand chagrin des traditionnalistes. Alors qu’un grand champion, ou yokozuna, peut espérer gagner un salaire de base d’environ $24 000 (£12 000) par mois, et beaucoup plus en comptant l’argent des prix, les jeunes recrues reçoivent seulement une petite indemnité et un espace où dormir.



    « Dans le sumo, il faut atteindre le top pour obtenir des récompenses » dit Simmons. « Ce n’est pas comme le football où l’on peut être transféré et faire augmenter sa valeur. Une fois que l’on a rejoint une heya, c’est fini. Vous y restez jusqu’à la fin de votre carrière. »



    Traduction partielle de l'article de Justin Mc Curry, The Guardian, Tokyo
    Mardi 3 juillet 2007



    Photo : Gabriel Bouys/AFP/Getty images

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    Osaka basho 2024

    En effet. Information à confirmer mais, à ce jour, je ne trouve toujours pas de liste sur le site de la NSK ou ailleurs.

    skydiver 09/04/2024, 03h14 Voir le dernier message
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    Osaka basho 2024

    Si c'est le cas, ça fait un sacrée renouvellement.

    lolo 08/04/2024, 21h21 Voir le dernier message
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    Osaka basho 2024

    Petite exposition sympathique qui ne prend qu’une trentaine de minutes. Beaucoup de photos couvrant plusieurs générations de rikishi, des tegata

    skydiver 08/04/2024, 10h45 Voir le dernier message
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