Il avait rendez-vous avec l'Histoire de sa discipline. Le yokozuna Hakuhô avait la possibilité d'égaler le légendaire Taihô, détenteur du record de titres en makuuchi : 32. Face à lui, un autre yokozuna qui, en cas de succès, pouvait disputer le titre à Hakuhô en kettei-sen. Tous les ingrédients étaient donc en place pour un superbe final. Rapides au tachi-ai, les deux yokozuna tentèrent immédiatement de faire la différence. Sentant la poussée droit devant de Kakuryû, Hakuhô s'écarta, après avoir encaissé l'atari. Kakuryû, déséquilibré, réalisa un rapide volte-face pour recevoir à son tour la poussée de Hakuhô. Mais ce dernier venait de prendre l'avantage et privant Kakuryû de bonnes prises sur le mawashi, le fit reculer jusqu'en dehors du cercle. Le rendez-vous avec l'Histoire était honoré. Hakuhô égale donc le record de yûshô dans la division reine et l'émotion était grande pour celui-ci lorsqu'il reçut la Coupe de l'Empereur. Pour Kakuryû, ce tournoi a montré qu'il peut s'imposer et qu'il lui manque juste un petit quelque chose pour s'inscrire, lui aussi, dans les palmarès.
S'il y en a un qui peut regretter de ne pas avoir su s'inviter aux festivités, c'est bien Harumafuji. Il termine avec une onzième victoire face à Kotoshôgiku (6-9 !) et pourra regretter d'ici janvier prochain, ses deux-trois combats perdus un peu bêtement, emporté dans son élan sans avoir les appuis assez bien ancrés dans le sol. En tout cas, son énergie et l'allant montré dans ce tournoi rassurent quant à sa santé. Avec trois yokozuna aux styles assez différents (quoique Kakuryû et Hakuhô possèdent quelques similitudes) et en forme, on pourrait assister à une drôle de passe d'armes au Hatsu basho 2015.
Concernant les ôzeki, si l'on met de côté Kisenosato, obtenant sa onzième victoire contre Gôeidô (5-10 !), ce n'est pas la joie. Cela faisait un an qu'on n'avait pas eu deux ôzeki kadoban sur le même tournoi (Kyûshû basho 2013 : Kotoshôgiku et Kotoôshû). Gôeidô et Kotoshôgiku ne peuvent pas avoir perdu leur sumô, donc on peut espérer les voir se sauver du statut de kadoban dans deux mois. Sinon, Kisenosato risque de se sentir un petit peu seul pour tenter d'enrayer les machines mongoles.
Du côté des sekiwake, Aoiyama et Ichinojô ont rempli leur contrat en décrochant le kachi-koshi. Maintenant, la pression médiatique devrait s'atténuer pour le Mongol. Leurs 8-7 respectifs ne leur permettent pas d'envisager dans l'immédiat une course à la promotion au grade d'ôzeki, mais ils auront tout loisir en 2015 d'essayer d'enclencher une série.
Les komusubi terminent avec des fiches fort différentes. 2 victoires pour Takekaze et 6 victoires pour Ikioi. Gageons que les deux réaliseront un tournoi intéressant en janvier. Takekaze étant toujours un lutteur difficile à manoeuvrer, tandis que Ikioi devrait revenir plus fort, comme il a tendance à le faire ces derniers tournois.
Du côté des prix, Takayasu a reçu le shukun-shô (2nde fois) Ses deux victoires contre les yokozuna Harumafuji et Hakuhô, ainsi que celle obtenue contre l'ôzeki Gôeidô ont forcément joué. A 24 ans, le pensionnaire du Tagonoura pourrait encore voir plus haut et pourrait devenir un sanyaku régulier. Le kantô-shô a été remis à deux lutteurs : Kyokutenhô (7ème fois ; 10-5 !) et Tochinoshin (4ème fois ; 11-4). Pas de ginô-shô, par contre.
Hakuhô repousse Kakuryû et s'adjuge le titre et un record. (© Nikkei.com)
Par contre, il se pourrait que Takanoiwa, Kitataiki et Tochinowaka retrouvent la jûryô dans deux mois. Yoshikaze et Ôsunaarashi devraient, quant à eux, rester dans la division reine, grâce à leurs 4 victoires obtenues dans la douleur, après s'être retiré quelques jours du tournoi.
Et puisque nous parlons de la jûryô, que dire de la performance de Tokitenkû ? Il décroche à 35 ans son second yûshô dans cette division, après celui décroché lors du Natsu basho... 2004 ! Sa remontée dans le banzuke devrait être significative et lui permettre d'envisager plus sereinement le Hatsu basho 2015.
En makushita, le yûshô est revenu à Higoarashi (7-0 ; 25 ans ; Kise-beya).
En sandanme, le yûshô est revenu à Shinohara (7-0 ; 21 ans ; Onomatsu-beya).
En jonidan, le yûshô est revenu à Ryûden (7-0 ; 24 ans ; Takadagawa-beya). Son second d'affilée après celui de jonokuchi en septembre.
Enfin, en jonokuchi, le yûshô est revenu à Sato (7-0 ; 18 ans ; Takanohana-beya).
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