Décidément, cet Aki basho 2014 a toutes les chances de rester gravé dans les mémoires. Il y a eu du spectacle, du suspense, un yokozuna impérial, un petit jeune aux dents longues, des vétérans qui font de la résistance avec la manière. On a même eu un zenshô yûshô en jûryô ! C'est quand on croit le sumô sur la pente descendante que celui-ci la remonte aussi sec. Et, à peine finie cette quinzième journée et les zabuton remisés au placard, qu'on a déjà hâte d'être en novembre pour le Kyûshû basho.
Il faut dire qu'Ichinojô et Hakuhô ont su entretenir le suspense et le spectacle. Le shinnyûmaku avait un solide Aminishiki à battre aujourd'hui pour envisager, en cas de faux-pas de Hakuhô, un kettei-sen. Donc, il a cherché à s'imposer tout en s'économisant. Au cas où... Et Aminishiki ne put pas grand-chose face à la maîtrise de son jeune adversaire. Le vétéran a pourtant essayé de déséquilibrer Ichinojô en reculant mais ce dernier a conservé son équilibre. Victoire sur oshidashi. Est-ce que cela a été suffisant pour inquiéter Hakuhô à l'heure d'affronter Kakuryû ?
On aurait pu le croire, quand Kakuryû plaça une poussée suffisamment forte pour voir Hakuhô reculer. Le public frémissait à l'idée d'assister à un kettei-sen. Et puis. Et puis, une nouvelle fois, Hakuhô a rappelé à tout le monde pourquoi il avait déjà glané 30 titres. Appuis solides, prises sur le mawashi sûres et hop ! flexion, torsion et Kakuryû fini hors du cercle sur kakenage. Le public vrombissait quand même, car le mouvement était parfait. Et aussi parce que Hakuhô égale une légende. Il obtient un 31ème titre, soit autant que le grand Chiyonofuji. Maintenant, le Mongol part à l'attaque de l'Olympe. Le record d'un dieu : les 32 titres de Taihô. Quand on vous dit qu'on a hâte d'être en novembre.
Hakuhô égale le nombre de titres de Chiyonofuji : 31. (© Sankei)
Dans l'autre duel des hauts classés, entre ôzeki, Kisenosato était à la recherche d'une neuvième victoire pour atténuer son tournoi décevant. Kotoshôgiku avait, quant à lui, la possibilité de terminer avec un double-digit. Et c'est ce dernier qui a le mieux commencé son combat, attaquant avec vivacité Kisenosato. Rapide, percutant, Kotoshôgiku a mis sur le recul son adversaire. Mais le pensionnaire du Naruto-beya ne s'en est pas laissé compter pour autant. L'espace d'un combat, on a retrouvé un Kisenosato solide, avec de bons appuis et patient. Il a encaissé l'impact, il a géré sa défense, laissant Kotoshôgiku se fatiguer et, le moment venu, il a retourné la situation pour sortir simplement Kotoshôgiku. Un combat tout en maîtrise, comme on aimerait voir Kisenosato en faire plus souvent. Comme pour Gôeidô. Certes, le shin-ôzeki devait digérer sa promotion et gérer une blessure latente. Mais, s'il reproduit le combat autoritaire d'aujourd'hui contre d'autres adversaires, il pourra légitimement envisager la course au titre, car son sumô puissant, quand il est en place, peut s'imposer contre tout le monde, yokozuna compris. Sa victoire contre Takekaze, sur oshidashi, lui ôte un souci pour novembre : il ne sera pas kadoban et n'aura donc rien à calculer. S'il se remet physiquement, cela pourrait faire drôle. Malgré tout, cet Aki basho se termine avec aucun ôzeki à 10 victoires ou plus et, ça, c'est une grosse déception qu'il faudra corriger en novembre.
Hakuhô rejoindra-t-il le Mythe en novembre ?
Sinon, pour le suspense, il est une chose qui revient à chaque senshûraku : les combats des lutteurs à 7-7. On en dénombrait pas moins de 5 aujourd'hui. Et comme d'habitude, ils ont connu des fortunes diverses. Parmi les heureux du jour, on retrouve Chiyoôtori qui s'impose sur yorikiri, avec force et maîtrise contre Sadanofuji. Il sauve le bilan des deshi du Kokonoe en makuuchi (Chiyotairyû kyûjô et Chiyomaru à 4-11). Le Brésilien Kaisei, opposé à Sadanoumi, n'a pas fait trainer les choses non plus : expéditif. Très vite sur le mawashi au tachi-ai, il a enclenché une poussée imparable. Enfin, peut-être le plus chanceux (mais il en faut, parfois) : Toyohibiki. Il avait pourtant bien débuté son combat en repoussant Jôkôryû au bord du tawara. On pensait le combat presque fini. Jôkôryû eut pourtant l'opportunité de contre-attaquer mais son genou droit le trahit au plus mauvais moment, lui faisant perdre l'équilibre et chutant tout seul ou presque. Toyohibiki s'en sort bien et se rapprochera des rangs sanyaku en novembre. Inversement, Sôkokurai et Kyokushûhô n'ont pas su remporter la donne et, tous les deux, ont perdu après un contre de leurs adversaires. Néanmoins, il se pourrait qu'ils conservent leur place au sein de l'élite. Mais rien n'est sûr pour Kyokushûhô.
Enfin, on constatera que Okinoumi et Ikioi terminent à 10-5, le dernier s'étant imposé contre le premier, sur kotenage. Il semble d'ailleurs que ce soit le kimarite gagnant de ce tournoi. Toyonoshima, qui a été absent quelques jours, décroche aujourd'hui une sixième victoire. Qui sait quel tournoi il aurait pu accomplir, sans sa blessure ? Aoiyama termine aussi avec une belle fiche de 10 victoires pour 5 défaites. Il devrait retourner parmi les sanyaku, après son expérience de juillet dernier. Il a en tout cas affiché une solidité intéressante aujourd'hui. Il ne s'est pas noyé sous les tsuppari de Takayasu et a su encaisser les poussées de celui-ci pour mieux l'éviter, alors au bord du tawara. Takayasu ne put que constater : il était sorti presque tout seul. Osunaarashi, pour sa part, regrettera certains de ses combats car, malgré sa victoire du jour, il termine make-koshi, comme en juillet dernier. Il devra faire plus en novembre, s'il tient à voir plus haut dans le banzuke. Et on peut lui faire confiance pour cela.
Dernière chose, et pas des moindres : le Géorgien Tochinoshin s'est imposé en jûryô avec une fiche vierge de toute défaite. Un fait rare dans cette division, où il faut remonter tout de même au Haru basho 2006 pour trouver pareille performance (zenshô yûshô de Baruto). Depuis qu'il est revenu de blessure et du fond de la makushita, Tochinoshin a aligné 4 yûshô consécutifs (2 en makushita et 2 en jûryô). Autant dire qu'il semble affuté pour son retour en makuuchi. Là encore : vivement novembre !
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