Voir Hakuho encore et toujours en tête, encore et toujours zensho, n’a franchement rien d’une surprise. Ce serait même plutôt une triste habitude, tant l’opposition peine à être crédible depuis le départ tant regretté de son vilain garnement d’alter-ego. La surprise véritable de ce basho est la position de challenger de Kakuryu, autre compatriote qui ne s’est jamais franchement montré à son avantage depuis son ozeki-run, effectué à l’époque avec les deux seuls succès qu’il compte à ce jour sur le dai-yokozuna. Autant dire que le voir déposer dans le sprint final son compère serait une toute autre surprise. On n’en est pas là, si tant est qu’on puisse rêver plus de deux secondes d’y être sans perdre son sérieux. Mais foin de mauvais esprit, contentons-nous pour l’heure d’apprécier le spectacle proposé, à l’aide des vidéos qu’Araibira nous propose encore quotidiennement (il y a des pétitions pour le soutenir, soit dit en passant).
Hakuho nous offre une démonstration de sumo-dragster ce jour : un coup d’épaule (hommage à Asashoryu, friand de cette technique à son époque ?), deux poussées violentes et un écrasement final du pauvre Takekaze qui n’en demandait pas tant. Qui peut le battre ?
Takekaze après sa rencontre avec un train de marchandises (des Coupes de l’Empereur, sans doute).
Kakuryu n’en finit donc plus d’étonner, dans ce qui est désormais numériquement son meilleur basho depuis sa promotion comme ozeki. Le petit Mongol résiste à la furia un peu brouillonne d’Aoiyama avant de placer ses bras à l’intérieur de la garde du Bulgare. Après un moment de reprise, il s’aide alors d’un crochetage de sa jambe droite pour placer un bijou de shitatenage.
Et s’il le faisait ???
Les cinq poursuivants d’hier ne sont plus que trois : Shohozan recule sous la violence de l’impact de Tamawashi, qu’il contre en plaçant ses deux bras à l’intérieur à la première frappe manquée de son adversaire. Ite missa est, les rangs sanyaku restent à portée de canon. Endo devait se reprendre après sa déconvenue d’hier aux mains d’Osunaarashi. Son combat du jour tourne pourtant à la cata au départ, Tokushoryu étant près de lui faire un tour pendable dès l’atari, mais le jeune espoir montre de la grinta pour contrer la henka, puis de la hargne pour forcer Tokushoryu hors du cercle en deux étapes malgré un mawashi assez lâche. De la belle ouvrage.
Endo ne lâche rien.
Osunaarashi montre de plus en plus de maîtrise au fur et à mesure de ses combats. Sa victoire contre Masunoyama en témoigne, l’Egyptien encaissant bravement le choc du poids lourd, avant de le stopper à sa puissance (conséquente) des bras et de le contrer avec un appui sur la nuque. Du beau boulot, efficace et simple.
La prise extérieure gauche de Goeido semble être un gros danger pour Kotoshogiku, mais l’ozeki, qui sent le vent de la rétrogradation, retrouve les gaburi-yori qui ont fait son succès et ruine quasi-définitivement les derniers espoirs de nouvel ozeki-run pour le sekiwake, tandis qu’il conserve ses espoirs de fin de kadoban positive. Kisenosato est à la dérive psychologiquement, concédant un premier revers face à Toyohibiki, en oshizumo pur. Plus de jus, plus de grinta. C’est de kachi-koshi qu’il va falloir parler désormais. Quelle surprise, quelle déception.
Le mental n’y est plus. Du tout.
Contre un adversaire qui ne lui réussit guère (Okinoumi mène 6-2 dans leurs affrontements), Kotooshu bataille longuement et en position difficile, contrant une poussée à la tawara avant de pivoter sèchement pour placer un modèle d’uwatenage. On sent bien qu’il a encore la peur au ventre. Souhaitons-lui simplement un destin plus favorable que Baruto, qui échoua à une victoire dans son basho de rachat.
L’espoir fait vivre…
Joli basho, joli combat pour le komusubi Tochiozan qui se permet de montrer une position plus basse que Toyonoshima, pas une sinécure, pour faire valoir au final un placement et une puissance supérieure. Trop précipité dans son sumo, Chiyotairyu n’en finit pas de balbutier son sumo, à un rang compliqué faut-il lui concéder. Ses attaques brouillonnes n’ont pas raison d’Ikioi qui finit par se dérober subtilement pour assurer un troisième succès. Tactique basique mais payante pour Aminishiki, en mode oshizumo ce jour. Au jeu des poussées/tirages, c’est ce dernier qui l’emporte pour disposer de Kitataiki. Takarafuji montre un esprit offensif de bon aloi, mais l’expérience du vieux briscard Kyokutenho lui permet de ne pas s’affoler et d’imprimer une torsion au cou de son adversaire pour l’achever sur suikuinage.
Papy a encore de beaux restes.
Kaisei aura tout tenté, mais sa prise extérieure est trop compliquée par l’extension de ses bras qui lui enlève la puissance nécessaire. Auteur d’une solide résistance, Tochinowaka l’emporte au final. La solide prise de mawashi de Takayasu lui confère un avantage décisif sur Kyokushuho, malgré la vaine résistance du Mongol à la tawara. Takanoiwa se donne un peu de marge de manœuvre dans un basho compliqué en résistant à la pluie de tsuppari de Fujiazuma pour rester concentré sur la prise de mawashi. Bien lui en prend. Sadanofuji ne laisse aucune chance à Kagamio, avec des tsuppari bien placés et un tirage pour conclure. Le combat entre Tokitenku et Shotenro est interrompu alors que la lutte au mawashi a fait une victime, celui de Shotenro. Après de longs instants figés ponctués de poussées intenses, une deuxième interruption est nécessaire pour à nouveau rattacher le même mawashi coupable. La prise profonde de Tokitenku fait au final la différence, avec un kimarite assez rare, nimaegeri.
Une maille à l’endroit, une maille à l’envers…
Yoshikaze montre de nouveau son vrai visage, celui d’un feu follet incontrôlable qui finit après un festival de harite par parvenir dans le dos de Satoyama, inéluctablement poussé vers la sortie. Pas payé de ses efforts, Gagamaru qui encaisse proprement et place un kotenage d’école se voit contré in extremis par Chiyootori, bien méritant cela dit au vu du gabarit de son opposant.
En juryo, Azumaryu quitte le trio de tête après un revers concédé à Wakakoyu. Wakanosato gagne enfin, Takanoyama est lâché. En makushita, la surprise vient de Higoarashi qui plombe (pas tant que ça, en fait) le basho d’Amuru, se donnant par là même une chance de yusho. En sandanme comme en jonidan, l’heure est également aux outsiders, tandis que Yonamine domine clairement la jonokuchi.
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