• Kyushu basho 2013 – 13ème journée (Jusannichi-me)

    … et c’est l’Allemagne qui gagne à la fin.

    La fin de cette citation qui décrivait le football à l’époque du Kaiser Franz Beckenbauer, pourrait sans peine être adaptée au sumo des années 2010, sport qui se joue à deux dans un cercle de quatre mètres cinquante, et où c’est Hakuho qui gagne à la fin. Car ne nous voilons pas la face, même si tout le monde espère que Harumafuji, voire même un miraculeux Kisenosato, viendront pimenter les choses d’ici dimanche, voire créer LA surprise du chef, les chances d’un tel événement paraissent bien minces à l’orée du week-end final. Plus que jamais, le dai-yokozuna a les choses en mains, lui qui règne en maître total, à défaut d’être despotique à la Asashoryu (question de personnalité), sur le petit monde de l’Ozumo. On pensait Harumafuji, qui depuis qu’il a franchi le cap final a remporté les quatre basho dont il avait fini le nakabi avec une fiche parfaite, capable de déranger les plans de son compatriote qui se préparait sereinement à la confrontation finale. Incapable de résister à Kisenosato aujourd’hui, Harumafuji abandonne l’initiative et confère à son adversaire un avantage psychologique majeur. Si rien n’est encore fini, il y a comme un goût d’inéluctable en cette fin de basho. Ce qui ne veut pas dire qu’on n’attend pas avec fébrilité la confrontation finale, qu’elle compte pour du beurre ou pas.

    Le combat du jour est bien évidemment l’affrontement entre le meilleur ozeki depuis deux ans (dix scores à deux chiffres consécutifs, avec trois jun-yusho de rang également) et le yokozuna le plus irrégulier, mais se trouvant en pleine bourre sur ce tournoi. Et c’est la régularité qui paie, Kisenosato ayant battu Harumafuji lors de leurs quatre dernières confrontations. L’ozeki, qui n’a pourtant plus grand chose à espérer sauf avec un concours de circonstances très favorables, tient toutefois à montrer qu’il n’est pas là par hasard, et que ses ambitions, toutes reportées qu’elles soient par la faute d’un yokozuna cannibale, demeurent vivaces. Solide comme un roc, l’ozeki résiste au yokozuna dont la pression acharnée se termine par une puissante tentative de kotenage, que le petit Kitanoumi est à même de contrebalancer de tout son poids. Il faudrait deux défaites du yokozuna face à lui puis Harumafuji (jouable mais compliqué) assortis à un revers de Harumafuji face à Kakuryu (plus difficile encore à concevoir) pour avoir un tomoe-sen. Kisenosato va peut-être regretter longtemps ce fâcheux revers face à Aminishiki en première semaine.


    L’instant fatal.


    Mal barré, tout ça…


    De son côté, Hakuho reste imperturbable, de marbre. Une Statue du Commandeur. Un genre de Takanohana, dont il vient de battre plusieurs records. Cette fois-ci, pas d’oshi-zumo face à Kakuryu dont il prend le mawashi d’entrée pour le secouer comme un prunier, tenter un appui sur sa nuque assorti d’un kotenage avant de se raviser, pour achever l’ozeki en poussée frontale au mawashi. Serein il est, serein il reste.


    Sans forcer.


    Loin derrière le trio de tête à 11 succès et plus, on retrouve un quatuor à neuf victoires dont un seul membre rejoint le club. Outre Kakuryu déjà mentionné, Chiyotairyu, Ikioi et Aoiyama sont de la fête, mais seul ce dernier est vainqueur ce jour. Basho à oublier pour Goeido qui va devoir remettre à plus tard ses ambitions d’ozeki, mais sa nette victoire sur la surprise Chiyotairyu le positionne idéalement pour rester une nouvelle fois sekiwake en janvier, onzième basho consécutif à ce rang (au niveau de Kotomitsuki et à deux unités du record de Kaio). Soulevant le bras droit d’Ikioi, Okinoumi déstabilise son adversaire qu’il peut repousser au delà de la ligne, gardant juste assez d’équilibre pour ne pas le précéder. Même si son adversaire du jour est loin d’être un cador du plateau, Aoiyama livre encore face à Fujiazuma un combat sérieux, noyant celui-ci sous les coups, dont un dernier hors dohyo assez dispensable. Le Bulgare est en pleine bourre, et il lui faudra des arguments similaires pour résister au tableau qui se présentera à lui en janvier.

    Mou comme il sait parfois (trop souvent…) l’être, Kaisei laisse Shotenro qui a le couteau sous la gorge le repousser nettement de deux mouvements de bras appuyés. Pas le combat le plus enthousiasmant de la journée. Autre grand tout mou récurrent, Tochinowaka tombe en plus sur Tamawashi vif et déterminé à le prendre à la gorge dès le départ, au propre comme au figuré. Défaite inéluctable pour le nippo-coréen. Tamawashi et Shotenro sont les deux kachi-koshi du jour.

    Pour une fois, c’est le petit et vif Toyonoshima qui se fait blouser par une ouverture de porte bien menée de Tochiozan, qui conclut en okuridashi. Le sekiwake peut espérer maintenir sa position en sanyaku en cas de parcours sans faute d’ici dimanche. Trop vif pour Toyohibiki, Shohozan abreuve son adversaire de coups qu’il lui rend bien, avant de passer le bras sous la garde pour un yoritaoshi plein d’autorité. Endo a réussi son basho au-delà de ses espérances, mais aujourd’hui il ne peut rien contre la compacité de Myogiryu, qui l’expulse rapidement en puissance. Papy Kyokutenho, dont le basho en joi-jin est logiquement difficile, fait sa loi sur Jokoryu qui a le tort de vouloir le prendre au mawashi. Jokoryu retourne en juryo faire ses gammes. On se demanderait presque comment Aminishiki perd aujourd’hui un combat qu’il mène avec autant de diversité dans ses attaques, en oshi comme en yotsu. C’est dire la qualité de la résistance opposée par Kitataiki qui emporte le morceau au terme d’une très belle rencontre, à revoir. Excès de précipitation pour Tamaasuka qui s’accroche mal aux basques de Takayasu, qui n’a qu’à reculer pour le laisser choir. Combat maîtrisé pour Takekaze qui garde constamment l’initiative et combine comme il sait le faire poussées et tirages, un des derniers ayant raison de Kyokushuho. Homasho adoucit son sort en résistant aux assauts de Tokushoryu avant de profiter d’un loupé de harite pour s’écarter et laisser son adversaire plonger en même temps que ses derniers espoirs de maintien en makuuchi. Entre Osunaarashi et Takarafuji, tout est une question de motivation. L’Egyptien a la pression et ça se sent, et il passe une belle puissance dans des tsuppari précis. Takarafuji est sans résistance. Tenkaiho a vraiment un souci avec Sadanofuji, car il avait l’initiative du combat et une bonne prise de mawashi. Ne parvenant pas à conclure, il laisse son tout aussi lourd adversaire reprendre la main, celui-ci ne manquant pas l’opportunité. Souvent surclassé techniquement par le roublard Tokitenku, Gagamaru, plutôt en mode bulldozer sur ce basho, n’a besoin que de deux poussées puissantes pour disposer du Mongol assez mou et peu réactif sur ce combat. Grosse vivacité de Yoshikaze qui ouvre magnifiquement une porte en cours de match pour passer Terunofuji dans son dos et l’achever de deux poussées bien senties.

    En juryo, le yusho est quasiment assuré pour la Kokonoe-beya, avec une belle option pour l’un ou l’autre des frères Kinoshita, même si le lourd CHiyomaru laisse à son cadet Chiyootori la direction des opérations. Surmotivé, Chiyootori finit au terme d’un combat solide par expulser Daido dont les tentatives de tirages se révèlent vaines. Grosse déception pour Chiyomaru, clairement battu sur oshidashi par Homaarefuji. Il abandonne la tête des opérations à son frère. La makuuchi s’éloigne de plus en plus pour Takanoiwa qui n’a plus le droit à l’erreur, battu nettement en étant repoussé par la puissance de Chiyoo, porté par la dynamique de la Kokonoe-beya.

    Déjà promu, Kagamio mange la feuille de match face à Satoyama visiblement plus motivé. Une erreur de placement le voit mettre le pied hors de la tawara. Un bon kilo de sel projeté pour Asahisho, motivé et suffisamment stable pour contenir les tirages d’Azumaryu, qui concède le make-koshi. Le feu aux fesses, Higonojo ne laisse pas une chance à Asasekiryu de s’approcher du mawashi. Victoire nette pour celui à qui il ne manque plus qu’un succès pour sauver sa place. On a peut-être enterré Wakanosato un peu vite, même s’il est loin d’être apparu transcendant sur ce basho. Il s’en sort toutefois bien face à Sotairyu en se jouant de la vivacité de son opposant pour l’achever sur un aérien kotenage. A priori déjà relégué, Kotomisen adoucit son sort en repoussant Yoshiazuma puissant mais manquant trop de mobilité pour représenter un danger quelconque. Kimarite du jour pour Sokokurai, pris nettement au mawashi par Tanzo mais qui sort un utchari de toute beauté sur Tanzo. Seiro inflige le make-koshi à Akiseyama en lui prenant le mawashi par dessous pour soulever son bas centrer de gravité et terminer tranquillement en yorikiri. Daikiho enfonce un peu plus Oiwato à la dérive en l’expulsant à l’aide de tsuppari puissants et placés. Wakakoyu sauve sa place en makuuchi en repoussant Kimurayama au tachiai lymphatique, avant de le laisser choir de tout son poids.

    En makushita la logique est respectée avec le yusho de Tosayutaka, mais l’ex-wunderkind aura eu à faire avec une résistance coriace du surprenant Masunoumi, qui l’accroche près d’une minute au mawashi avant de céder sous l’impact physique de l’ancien joi-jin qu’on devrait revoir en makuuchi d’ici la fin 2014, si les blessures l’épargnent. Arawashi scelle une belle promotion avec un 6-1 depuis le deuxième rang makushita. En sandanme, Baraki et ses même pas vingt printemps aura le redoutable honneur de se coltiner l’ancien hiramaku Hochiyama. En jonidan, c’est un autre revenant, Keitenkai, qui rafle tranquillement la mise. Kotoninsei, en remportant son combat, s’épargne un tomoe-sen avec un do-beya en jonokuchi.
  • Forum

    skydiver

    Osaka basho 2024

    Le vainqueur du tournoi d’Osaka est, lui aussi, aux soins mais, selon les médias locaux, il devrait être pleinement remis pour le prochain basho.

    skydiver Aujourd'hui, 21h17 Voir le dernier message
    skydiver

    Osaka basho 2024

    Takakeisho Ozeki n’a pas repris l’entraînement suite à sa blessure à l’épaule contractée durant le basho. Il est actuellement en soins

    skydiver Aujourd'hui, 19h13 Voir le dernier message
    skydiver

    [ Terao ] Présentation générale.

    Il avait beaucoup de prestance selon moi et je le trouvais serein.

    skydiver Aujourd'hui, 03h49 Voir le dernier message
    Konosato

    [ Terao ] Présentation générale.

    Fin des annèes 90, quand je regardais le Sumo sur Eurosport le commentateur allemand (j’habite en Suisse allémanique) se répétait toujours quand Terao

    Konosato Hier, 21h23 Voir le dernier message
    liclic

    [ Terao ] Présentation générale.

    Je me souviens très bien de Terao... Il avait un physique presque 'normal' si différent de la plupart des rikishi... Et bien paix à son âme.

    liclic Hier, 12h34 Voir le dernier message
    skydiver

    Osaka basho 2024

    Et d’accord sur le fait qu’une promotion au grade d’Ozeki est loin d’être évidente. La concurrence se fait rude et il lui faudra

    skydiver 26/03/2024, 15h32 Voir le dernier message
    skydiver

    Osaka basho 2024

    Je pense aussi pour Asanoyama, oui, mais l’article que j’ai lu ne le mentionnait pas.

    skydiver 26/03/2024, 15h29 Voir le dernier message
    nandoula

    Osaka basho 2024

    Retour d'Asanoyama en sanyaku je présume.
    Curieux de voir s'il arrivera encore à retrouver son grade d'ozeki vu les nouveaux clients qui ont l'air

    nandoula 26/03/2024, 11h09 Voir le dernier message
    skydiver

    Osaka basho 2024

    Oui, plutôt d’accord. Au vu de leurs performances respectives lors de ce tournoi ça semble assez logique. Néanmoins la NSK nous a habitué à des

    skydiver 25/03/2024, 18h08 Voir le dernier message
    jj

    Osaka basho 2024

    Il semblerait logique de voir Wakamotoharu Se, Abi So, Asanoyama Ke et Onosato Ko. Donc Atamifuji et Daieisho M1. À votre avis?

    jj 25/03/2024, 14h58 Voir le dernier message