Kyushu basho 2013 – 8ème journée (Nakabi)

700

Tout dans le sumo n’est pas que chiffres. Mais quand même, ceux-ci servent bien souvent à caractériser une empreinte, une domination, une longévité. 32, 69 ou encore 1047 sont autant de marques symboliques bien connues des aficionados du dohyo, avec les noms de leurs titulaires ou de ceux qui s’en sont plus ou moins rapproché. Mais il y a tout autant les marques numériques importantes. Ce jour, Hakuho franchit l’un et l’autre type de marque. C’est le 700° succès du yokozuna en makuuchi, une marque qu’ils ne sont que sept à avoir franchie. Demain, s’il trouve la faille, il sera au niveau de Takanohana, réalisant en moins de treize saisons ce qui en avait pris près de quinze au recordman de la précocité dans le sumo. Ce même Takanohana est par ailleurs égalé au nombre de victoires en carrière, 794. Hakuho pourrait bien devenir le 12^ème homme à 800 victoires contre Kisenosato, samedi prochain. Voilà les quelques commentaires sur l’essentiel du jour, car il faut bien dire que pour le reste, la configuration de ce Kyushu basho 2013 incline à penser que le suspense est déjà bien entravé (hors le très attendu duel final) alors même que le cap du nakabi vient tout juste d’être franchi. Les deux hommes forts du sumo sont côte à côte en tête, et le seul homme à leur contact n’est pas franchement attendu comme une troisième partie crédible, sauf énorme surprise.

Combat un poil surprenant pour notre überyokozuna, Hakuho ne souhaitant visiblement pas aller au mawashi face à Takekaze, pourtant une forme d’assurance tous risques face au Minipouss. Au lieu de cela, le yokozuna y va en frappes allongées jusqu’à pratiquement mettre K.O. son adversaire sur un dernier tsuppari surpuissant. Tsukitaoshi, autrement dit « je te fous à terre d’une poussée ».

Pas plus de difficultés pour Harumafuji décidément en verve sur ce dernier basho de l’année, le yokozuna mongol poursuivant de ses tsuppari rageurs Homasho vite dépassé et sorti du dohyo sous les assauts. Le duel est annoncé, les deux yokozuna se projettent déjà vers un senshuraku qui pourrait se révéler explosif.

Derrière eux, c’était la grosse cote du basho, même si sa position juste en dehors des joi-jin l’avantage, on retrouve le Bulgare Aoiyama. Gros basho, mine de rien, pour lui, qui remporte un septième succès, cette fois-ci contre Sadanofuji totalement submergé par la puissance de son adversaire qui l’achève d’un retrait subit face à sa résistance.

Le choc du jour oppose le meilleur ozeki au plus sérieux candidat pour renouveler le poste, et c’est Goeido qui surprend son monde (et arrange bien ses affaires) en plaçant un sukuinage mortel sur Kisenosato au terme d’un combat court mais enlevé et intense. Kisenosato est (encore une fois, hélas) à priori hors course pour le yusho.

Jolis efforts de Takayasu qui résiste bien à la tawara aux assauts de Kakuryu mieux placé après l’atari, mais le Mongol fait ployer son adversaire avant de se retirer pour un hatakikomi bien exécuté. Travail sérieux pour l’ozeki qui se rapproche du kachi-koshi.

Peu d’opportunités lâchées par Tochiozan contre Aminishiki, le vétéran mesurant alors l’écart de puissance face au jeune qui le repousse sans peine. Shohozan se facilite les choses en trouvant une très profonde prise dans le mawashi d’Okinoumi, la puissance du flingueur de Sadogatake faisant le reste. Myogiryu ne fait pas dans le détail en trouvant après l’atari une demi-prise sous la garde de Kyokutenho qui constate rapidement que toute résistance est vaine. Toyonoshima est décidément un poison pour les grands gabarits. En dépit du kimedashi trouvé par Tochinowaka, Passepartout pose de sérieux problèmes au grand échalas nippo-coréen, qu’il finit par projeter en shitatenage sous les vivats du public. Un combat à revoir, sans doute le plus beau du jour. Net succès de Kaisei auteur d’une poussée à sens unique sur Kitataiki une fois l’atari passé. Ikioi le feu follet est pris littéralement à la gorge par Masunoyama qui le voit s’effondrer étonnamment, peut-être victime de la pression adverse. Victoire nette du poids lourd, en tous cas. Troisième duel face à Chiyotairyu pour Jokoryu et troisième revers, l’universitaire se voyant submergé de tsuppari qu’il ne peut éviter ou contrer.

Petit cadeau du torikumi pour Endo qui prend ce jour un Tenkaiho en grosse méforme, joliment vaincu cela dit par un kirikaeshi dont on espère qu’il n’aura pas trop sollicité la cheville à problèmes de l’ex-universitaire. Endo n’est plus qu’à un succès d’assurer son maintien en makuuchi. Gros excès de précipitation de Toyohibiki qui comme souvent passe les watts au détriment de son équilibre et se retrouve à la merci du décalage de Tokushoryu. Takarafuji se méfie à juste titre de Tokitenku qui l’a toujours battu, ce qui explique sans doute le tachiai mollasson. Après s’être dégagé, le Mongol envoie quelques harite bien sentis mais Takarafuji contre et fonce, sortant dans le même mouvement que son adversaire. Le mono-ii décide un torinaoshi. Le sumo de recul du technicien mongol paie cette fois, Takarafuji réussissant à se faire prendre au même jeu. Manquant la cible face à Tamawashi, Kyokushuho se voit pris de dos, conclusion définitive d’un combat manqué. Osunaarashi fait un peu dans le raccroc aujourd’hui, offrant au départ un sumo de roseau (« il plie mais ne rompt point ») sous la charge de Fujiazuma qui manque de l’expulser d’entrée. L’Egyptien s’en sort et inverse les rôles, ne manquant pour sa part pas l’opportunité de virer son lourd adversaire en puissance. Belle mobilité mais encore trop de déchet pour la Tempête de Sable.


Combat d’une rare violence entre Asahisho et Yoshikaze, les moulins à prière, non, pardon, à tsuppari, étant de sortie. C’est au final Asahisho, plus frais que Yoshikaze en retour de légère blessure, qui prévaut. Poussée/tirage tout simple mais efficace pour Gagamaru, qui écarte définitivement Shotenro (mais qui en doutait ?) de l’équation de tête.


En juryo, les deux leaders et leurs trois poursuivants l’emportent pour un statu quo général. Très joli torikumi de Satoyama qui place sa tête sous l’aisselle du Mongol Azumaryu avant de déclencher un mouvement tournant pour l’emporter en shitatehineri. Seiro tente la prise avant sur le compact Chiyomaru, mais celui-ci dégage ses bras d’une poussée et s’arroge lui-même la prise convoitée et finalement fatale. Derrière, Chiyomaru voit deux do-beya être en position d’attente pour une Kokonoe-beya en pleine bourre. Tentative infructueuse de kimedashi de Tokushinho, cette technique étant rendue inopérante par la puissance avant de Chiyootori. Gros atari du surprenant Higonojo, repoussé bien vite toutefois par un Chiyoo plus solide physiquement. Belle alternance poussées/tirages et grosse motivation pour Sotairyu qui met tranquillement à mal le vétéran Kimurayama.

Vite fait bien fait pour Homarefuji qui soutient la charge de Takanoiwa avant de se décaler et projeter le Mongol en uwatenage. La makuuchi demeure bien difficile à atteindre pour l’élève de Takanohana. Le profonde prise de mawashi décrochée dès l’atari par Kagamio lui suffit à avoir une position maîtresse face au grand gabarit de Yoshiazuma, repoussé nettement en yorikiri. Gros combat en oshizumo entre Chiyonokuni et Sokokurai, le Mongol ne parvenant pas à garder suffisamment d’équilibre face aux décalages de son adversaire. Combat sanglant entre Terunofuji et Daido, le shimpan étant contraint de stopper le combat pour nettoyer le nez sanglant de l’un des deux protagonistes. C’est finalement Terunofuji qui prévaut en projetant habilement Daido. Tachiai d’une étonnante mollesse d’Akiseyama, comme hypnotisé par Wakanosato. Le vétéran en profite pour prendre la direction des opérations et renvoyer le lourd jeunot à ses études. Entre Daikiho qui recule et Wakakoryu qui chute en le faisant reculer, difficile de rendre un verdict, d’où le logique mono-ii. C’est le reculoir de Daikiho qui prime au final, pas très glorieusement. Oiwato enfonce d’un tirage assassin le dernier représentant d’une Sadogatake décidément aux abois sur ce tournoi. Kotomisen est make-koshi dès le nakabi et retournera sauf miracle improbable en makushita. Cameo en juryo pour le Tchèque Takanoyama, pas récompensé de sa prise de bras, plus mouvement tournoyant et tentative de crochetage en prime, que Tanzo parvient à contrer en puissance et à l’arrachée. Le retour sera compliqué pour le Tchèque.

En makushita, Arawashi avait assuré son retour en juryo dès hier. Les autres montées sont pour l’heure très hypothétiques. Tosayutaka poursuit son retour avec un kachi-koshi rapide sur une nette victoire. En sandanme, le jeune espoir Horikiri fait désormais figure de favori de la division, avec un seul revers en trois basho pour ce poids léger très technique. En jonidan, c’est Keitenkai, autre revenant de blessure, qui est l’homme à battre du paquet. Enfin, en jonokuchi, Kotoninsei et Kotonoshima, eux aussi de retour de blessures, apportent une bien maigre consolation à l’ex-Kotonowaka, shisho d’une Sadogatake-beya martyrisée ce basho.