• Aki basho 2013 - 14ème journée (Juyokka-me)

    Citius altius fortius

    Difficile de dire si Hakuho a l’esprit olympique de Pierre de Coubertin (qui partageait cependant avec l’esprit du sumo japonais la défiance envers la gent féminine qu’il avait toujours voulu écarter de ses compétitions). L’autre adage attribué (faussement également) au père de l’olympisme, « l’important est de participer », n’est en effet pas dans les cordes du Mongol, pour qui seule la victoire, et la démonstration de supériorité, compte. Et le fait est que sa démonstration sur ce basho, hormis le revers concédé logiquement à Goeido, est flagrante. Au faîte de son art physiquement et techniquement, pas encore à un âge où le déclin peut être envisageable, Hakuho domine de la tête et des épaules un sumo en mal de leaders, comme Asashoryu l’avait fait avant lui. On ne regrettera que l’absence d’un deuxième rikishi capable de représenter une vraie concurrence, comme Asashoryu durant un trop court laps de temps, ou Harumafuji durant de trop courtes intermittences. Bien sûr, le dai-yokozuna, peut-être (sans doute ?) le plus fort lutteur de l’histoire du sumo, ennuie un peu par la mainmise qu’il a sur son sport. Mais dans dix ou vingt ans, quand on évoquera la mémoire de sa légendaire carrière, on pourra se féliciter d’avoir connu une telle époque.


    Tout un symbole…


    Tension énorme à l’approche du combat du jour, et peut-être du basho. Le niramiai entre Hakuho et Kisenosato atteint une rare intensité, les deux hommes tardant même à se mettre en position.


    On espère encore à ce moment-là…


    Après l’atari, ce sont deux prises main gauche qui sont décrochées, Kisenosato envoyant une puissance bien contrée par le yokozuna. Celui-ci prévaut au final sur un hatakikomi en brisant subtilement l’équilibre de l’ozeki. Basho joué ? Que nenni, un mono-ii est convoqué, Hakuho ayant peut-être éraflé l’argile de la main dans son mouvement. Ou bien le mage de son adversaire, comme en témoigne le cliché suivant.


    Asashoryu a dû se marrer en la voyant, celle-là. Moins en voyant le résultat, peut-être…


    Hakuho fait la moue.


    Long conciliabule, qui confirme toutefois ce que l’impression visuelle de départ donnait : victoire, et 27ème yusho de Hakuho (qui pour l’anecdote, rejoindra peut-être demain Kitanofuji au 15ème rang des victoires en carrière, à seulement 28 ans et demi). Pas de regrets au final sur la cagade d’hier de Kisenosato. L’ozeki voit par contre revenir sur lui Goeido et Harumafuji pour le jun-yusho.


    Chiyonofuji peut commencer à s’inquiéter…


    « C’est qui le boss ??? »


    Le musubi-no-ichiban n’a forcément pas la même intensité, Harumafuji assurant en vivacité et en okuridashi un passage par l’arrière de Kakuryu, blousé dans les grandes largeurs. Harumafuji échappera (peut-être) aux commentaires acerbes sur sa performance en demi-teinte (on pourrait mettre le pluriel). Enorme motivation de Goeido qui envoie du steak et éparpille façon puzzle Takayasu, pourtant l’une de ses bêtes noires, en prévenant toute prise de mawashi. Le sekiwake atteint un score à deux chiffres, ce qu’on n’attendait peut-être pas après une première semaine mitigée.


    Goeido serait déjà ozeki, avec un poil de constance en plus.

    Kotoshogiku déroule sa fin de basho tranquillement, face à Aminishiki qu’on va peut-être voire une énième fois de retour en sanyaku. Le vétéran essaie quelques-uns de ses trucs favoris en traînant l’ozeki sur un bon diamètre de dohyo, avant de se faire contrer par l’ozeki qui place ses gaburi-yori traditionnels, puis comme il le fait souvent désormais, n’insiste pas en renverse la vapeur pour achever le boulot en sukuinage.


    Le gyoji devrait s’écarter fissa…


    L’écart de Myogiryu au tachiai ne prend pas, et le sekiwake laisse Kaisei s’emparer du mawashi, pour un inéluctable yorikiri. Myogiryu devra limiter la casse demain pour rester au moins sanyaku. Pris par la patrouille, Tochiozan n’a pas encore assuré son kachi-koshi, la faute à un vif makikae de Toyonoshima qui lui assure une confortable prise de mawashi. Combinaison chute/expulsion entre Toyohibiki et Ikioi, avec le premier en maître d’œuvre. Le mono-ii logiquement convoqué délibère longuement, et décide logiquement d’un torinaoshi. Le combat suivant est plus sympa, et cette fois-ci c’est Ikioi qui profite de sa chance pour planter un kotenage magnifique sur Toyohibiki qui peut être frustré. Victoire de raccroc d’Aoiyama qui expulse Tokitenku en même temps que le Mongol ne l’amène au sol. Un mono-ii aurait pu être convoqué. Assaut mal placé d’Okinoumi qui se voit raccompagné vers l’argile par Takekaze qui n’en demandait pas tant.


    Takekaze pas malhereux.


    Chiyotairyu a bouffé du lion aujourd’hui : victoire facile en deux poussées mammouth. Kitataiki encaisse donc le make-koshi comme son adversaire du jour. Belle démonstration de force en yotsu de Jokoryu sur le vétéran Kyokutenho, qui connaît quelques limites physiques en cette fin de basho. C’est le cas aussi pour Aran, mais sur tout le basho. Le Russe n’est pas à son affaire, pas plus aujourd’hui contre Takarafuji facile. Masunoyama tente une henka, geste qui n’est pas forcément donné à tout le monde. Fujiazuma ne se laisse pas berner et accompagne sa sortie du bras. Au jeu de dupes poussées/tirages, Asahisho se montre aujourd’hui plus prompt que Kotoyuki. Make-koshi pour les deux lutteurs, donc. Belle performance technique de Tamaasuka qui soulève suffisamment les bras de Gagamaru pour empêcher tout mouvement efficace du Géorgien. Ce n’est plus après qu’une question de temps pour sortir le lourd adversaire. Sursaut de Wakanosato, pourtant bien mal embarqué et qui profite d’une finition déficiente de Shotenro pour le contrer avec plus d’habileté que de puissance. Cela n’obère pas la triste impression laissée par le vétéran sur ce tournoi. La prise du bras droit de Tokushoryu est déterminante pour le final de son combat contre Tenkaiho, mené de bout en bout. Tochinowaka gagne enfin face à Sadanofuji, de belle manière au mawashi et pour le kachi-koshi. De quoi passer une bonne journée. Rétablissement miraculeux pour Homasho pris en oshi à la tawara par Tamawashi après un échange de baffes homérique. L’Apache, pourtant en manque de condition, parvient alors à venir au mawashi pour un succès méritoire.

    Les jeux sont faits en juryo, même si la manière n’y est pas forcément aujourd’hui. Kagamio le veut, ce yusho. Et il se donne les moyens, quitte à laisser le panache en route. Henka magistrale sur un vétéran de la Mongolie sumoïstique, Asasekiryu. La course au yusho de juryo est belle est bien finie, car en sus de la victoire de Kagamio, ledit Mongol reçoit l’aide d’un compatriote pour se défaire de son autre frère de sang et dernier adversaire : Kyokushuho vainc en effet Terunofuji au terme d’un combat enlevé sur un magnifique uwatenage. Le beau gosse sera de retour en makuuchi.

    Sauvetage express d’Osunaarashi qui saute juste ce qu’il faut à la tawara après un tachiai manqué pour laisser l’infortuné Kitaharima, pas aidé par le torikumi, voir s’envoler ses derniers espoirs de se maintenir en juryo. Ca sent bon la makuuchi en revanche pour l’Egyptien. Chiyomaru, en revanche, sauve pour l’heure ses (imposantes) miches en imposant à Azumaryu un oshi-zumo sans possibilité de contact au mawashi, seule tactique viable pour un poids super-lourd face à un Mongol. Sokokurai va avoir quelques mois de plus en juryo pour revenir en pleine condition physique, sa défaite du jour face à Daido sur projection étant le témoin flagrant de son déficit en la matière. Finement joué de Daikiho qui soutient le premier atari et s’écarte sur son côté droit pour laisser Chiyonokuni continuer sur son erre. Magnifique affrontement entre Takanoiwa et Homarefuji, à base quasi exclusive de harite très violents. C’est Homarefuji qui finit par trouver l’ouverture sur la Mongol jeté à terre sur hatakikomi. Effort colossal de Chiyootori qui parvient à prendre l’avant du mawashi de Tokushinho mais doit s’employer comme un damné pour mettre à mal la résistance du poids lourd à la tawara. Combat solidement mené par Oiwato qui se rue sur Sotairyu à l’atari avant de conclure en hatakikomi. Seiro doit avoir une blessure ignorée, car si la technicité est toujours présente chez ce Mongol (un pléonasme), la puissance n’y est pas du tout dans ce tournoi. L’uchigake planté en dernière minute sur Chiyoo est cependant de toute beauté, mais un mono-ii est convoqué car la position de Seiro prête à confusion. Un torinaoshi est décidé, le nouveau combat montrant un déroulé semblable mais finalement une conclusion plus heureuse pour le fils de Genghis qui trouve un peu de consolation en cette fin d’Aki. Violent nodowa de Wakakoyu qui manque d’étrangler Satoyama, mais celui-ci résiste et applique un tirage sur la nuque de son adversaire qui manque une fois de plus de conclure son basho de manière positive. Nouvelle déconvenue pour Takanoyama, pris de court et incapable de se désaxer. Le Tchèque, qui finit sur un nouvel okuridashi, devrait se maintenir mais sera dos au mur en novembre. Grosse résistance d’Akiseyama, les bras coincés par le kimedashi de Tanzo. Sa double prise intérieure prévaut au final.

    Pour finir cette chronique, un petit point rapide sur les promotions/rétrogradations : en makuuchi, les descentes de Asahisho et Wakanosato sont assurées. Ils seront remplacés à priori par Kyokushuho et Osunaarashi, Takanoiwa pouvant venir jeter le trouble de cet ordonnancement en cas de victoire demain. Tamaasuka doit en outre l’emporter s’il veut échapper à la relégation. En juryo, l’intai de Baruto libère une place, et Kitaharima, make-koshi au fond du banzuke, est relégué. Les deux seuls lutteurs pouvant prétendre à la montée sont Kimurayama et Kotomisen.
  • Forum

    skydiver

    [ Akebono ] Présentation générale

    D’après divers médias japonais aujourd’hui, la cause du décès est bien une défaillance cardiaque, à l’hôpital où l’ex Yokozuna était traité.

    skydiver 16/04/2024, 18h45 Voir le dernier message
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    Les médias japonais donnent un large écho à cette disparition. Akebono Yokozuna, après ses prouesses sur le dohyo, restait une figure populaire au Japon.

    skydiver 12/04/2024, 00h44 Voir le dernier message
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    Le site de CNN propose un article consacré au Yokozuna depuis quelques minutes.

    skydiver 11/04/2024, 15h34 Voir le dernier message
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    Le 64eme Yokozuna a gagné 11 basho. Il laisse derrière lui son épouse, deux filles et un garçon. Hospitalisé depuis le début du mois, il est décédé d’une

    skydiver 11/04/2024, 15h28 Voir le dernier message
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    Je suis au Japon et la télévision publique NHK vient d’annoncer le décès d’Akebono, à l’âge de 54 ans.

    skydiver 11/04/2024, 12h31 Voir le dernier message
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    Osaka basho 2024

    Si vous avez accès à la chaîne NHK International, à compter de dimanche prochain, vous pourrez revoir les meilleurs moments de ce basho. Plusieurs rediffusions,

    skydiver 11/04/2024, 07h19 Voir le dernier message
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    Osaka basho 2024

    En effet. Information à confirmer mais, à ce jour, je ne trouve toujours pas de liste sur le site de la NSK ou ailleurs.

    skydiver 09/04/2024, 03h14 Voir le dernier message
    lolo

    Osaka basho 2024

    Si c'est le cas, ça fait un sacrée renouvellement.

    lolo 08/04/2024, 21h21 Voir le dernier message
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    Osaka basho 2024

    Petite exposition sympathique qui ne prend qu’une trentaine de minutes. Beaucoup de photos couvrant plusieurs générations de rikishi, des tegata

    skydiver 08/04/2024, 10h45 Voir le dernier message
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    Osaka basho 2024

    La salle où se déroule le basho d’Osaka reste ouverte jusqu’à la fin du mois pour une exposition sur le sumo. Photos, mawashi, tegata et vidéos

    skydiver 04/04/2024, 23h38 Voir le dernier message