La célèbre citation du Général De Gaulle qui répondait à un journaliste curieux de savoir ce qu’il adviendrait du paysage politique français en cas de retraite anticipée de celui qui était alors président peut sans peine être projetée au monde du sumo actuel : qu’adviendrait-il si Hakuho, pour l’une ou l’autre raison, devait quitter la scène ? A voir le champ de ruines que laisse le surdominateur yokozuna derrière lui, il est bien difficile d’apporter une réponse nette. Car après les combats de ce début de deuxième semaine, on est en droit de se demander si le suspense n’est pas déjà définitivement tué, et si Hakuho ne va pas (encore) remporter un nouveau yusho (le 27ème) dès jeudi ou vendredi prochain. Le yusho risque très bien en effet d’être aussi expéditif que la victoire du jour, qui voit le dai-yokozuna absorber la charge de Toyohibiki bien trop avancé (une erreur récurrente chez lui) et le laisser tomber seul immédiatement après. Alors, qui pour prendre une relève ? Question sans réponse, hélas.
Y avait-il encore suspense ?
Car Kisenosato rend (bêtement) les armes ce jour. La route est désormais plus que tracée pour le yokozuna, après le revers stupide de son principal adversaire. Kisenosato encaisse la lourde charge de Chiyotairyu mais semble en contrôle, se retirant en arrière pour laisser le joi-jin s’écrouler de tout son long. Hélas, l’ozeki a mal mesuré la distance qui le séparait de la corde, et son pied arrière vient balayer l’extérieur de la ligne avant la chute de son adversaire. Revers regrettable pour le suspense, quasi tué à l’entame de la deuxième semaine.
Hélas, trois fois hélas…
Encore raté.
Le champ de ruines derrière est quasi complet car des sept lutteurs qui évoluaient à deux victoires, il n’en reste plus que trois pour accompagner Kisenosato à distance respectable du leader. A défaut d’être encore en course de manière crédible pour le yusho depuis ses deux revers prématurés, Harumafuji semble déterminé à montrer au comité qu’il a encore sa place au top de l hiérarchie. Opposé à la valeur montante japonaise Myogiryu, le yokozuna effectue un combat net en puissance, ses tsuppari très placés répondant parfaitement à ceux du sekiwake, contraint de rendre rapidement les armes.
Encore une classe d’écart pour Myogiryu
Outre le yokozuna, Homasho, qui effectue un bon retour, et Kyokutenho, qui n’en finit pas de surprendre, son à la « fête ». Y a du basho dans le mawashi pour l’affrontement Aminishiki-Kyokutenho, qui voit le Mongol sortir son adversaire mais être bien proche de la tawara dans le mouvement. Un mono-ii est convoqué, qui confirme toutefois l’impression visuelle. Kyokutenho se rapproche des joi-jin.
Il n’y aura pas yusho, cette fois… quoi que ?
Homasho, tout en maîtrise, encaisse avec calme l’assaut furieux de Masunoyama en se décalant pour choir le poids lourd sur uwatenage.
Premier affrontement inter-ozeki ce lundi, avec un alléchant (d’habitude) Kotoshogiku-Kakuryu. C’est l’élève de Sadogatake qui a l’initiative, et l’emporte dès lors qu’il met sa deuxième main sur le mawashi du Mongol.
Trop fort, Kotoshogiku…
Goeido devrait se méfier : certes, le plan comptable compte beaucoup pour une promotion comme ozeki, mais des henka comme celle servie à Aoiyama ce jour ne fourniront pas une impression favorable. Sixième piètre succès pour le sekiwake. Combat sans (trop de) stress pour Tochiozan qui absorbe les assauts assez désordonnés de Shohozan et profite d’une maladresse pour l’envoyer à terre. Quelque peu désordonné, Takayasu est bien près de se faire attirer au sol par Ikioi mais, conservant son équilibre d’extrême justesse, il peut alors passer sa puissance supérieure pour une sortie en oshidashi. La main gauche ancrée sur le mawashi d’Okinoumi, Takarafuji ne parvient pas toutefois à contenir la puissance de son adversaire qui le sort en yorikiri. Sous la garde de Kaisei, Toyonoshima retrouve ses vieux réflexes et offre un joli combat technique avec un crochetage échoué mais qui le met en position favorable pour achever le Brésilien sur shitatenage. Pas d’échappatoire pour Tokitenku, le magicien mongol est sans défense face à la poussée directe de Kitataiki. Gros impact physique au tachiai pour Gagamaru qui, malgré une prise manquée, bat sans trop de difficultés Aran à la force physique. Oshizumo pur pour Sadanofuji qui domine totalement Fujiazuma à la dérive. Position basse pour Endo qui, très stable, encaisse les coups de hanches de Yoshikaze avant de profiter du déséquilibre que ceux-ci induisent pour placer un uwatenage tranquille. Beau sumo pour le wunderkind qui construit parfaitement son basho.
Endo toujours aussi solide.
Tamaasuka est complètement dépassé par la précision des tsuppari meurtriers de Kotoyuki, qui n’a besoin que de deux mouvements pour exécuter son opposant. Wakanosato se rassure un peu avec un succès assez convaincant, tout en physique et en prise de mawashi, sur Tokushoryu. La route reste encore longue pour l’ancien pour sauver sa place en makuuchi. Shotenro est trop solide pour Asahisho, vite expulsé du cercle. On se demande bien quel niveau de naïveté il faut à Jokoryu pour foncer tête (trop) baissée face au tirage très prévisible de Takekaze : victoire sans peine du vétéran face au naïf jeunot. Combat raté pour Tochinowaka qui laisse Tenkaiho lui passer en dessous de sa garde. A partir de là, le combat est joué, vu les centres de gravité respectifs. Tamawashi annihile en puissance Sokokurai encore trop léger physiquement pour évoluer à son vrai niveau.
La division juryo se met au diapason de la makuuchi avec un seul et unique leader, deux d’entre eux mordant la poussière. Auteur d’un basho très correct, Osunaarashi est performant sur son deuxième basho dans l’élite, y compris ce jour face au champion universitaire Daikiho. Si son tachiai reste perfectible, l’Egyptien montre une mobilité très convaincante et un physique à toute épreuve. La défaite subie au terme d’un combat très plaisant ne remet pas en cause ses qualités, on devrait le voir très prochainement en makuuchi. Auteur d’un basho exemplaire jusque là, Terunofuji rentre dans le lard (sans rire) d’Akiseyama mais le poids lourd l’attire et parvient à se décaler pour un succès à l’arrache. Ternunofuji et Osunaarashi écartés, c’est donc Kagamio qui prend les commandes. Le Mongol ne se laisse pas surprendre par l’assaut puissant mais trop tête baissée du frêle Kitaharima : il n’a qu’à appuyer sur la nuque de son adversaire pour rafler la mise, en l’occurrence le kachi-koshi et la tête du yusho.
Affrontement entre générations de Mongols avec Asasekiryu face à Takanoiwa : l’ancien veut en montrer au jeune et offre un sumo puissant et très vif, mais Takanoiwa encaisse avant de contrer en shitatenage. L’élève de Takanohana sera peut-être en novembre son premier deshi hiramaku. Chiyonokuni fait feu de tous bois pour vaincre Seiro, une henka puis des tirages qui finissent par avoir raison du Mongol déjà make-koshi. Très jolie victoire d’Azumaryu, auteur d’un tachiai très prudent face à Kyokushuho, avant de stabiliser un instant et de prendre l’initiative sur un pivot fulgurant pour tomber son adversaire sur uwatenage. Le souci majeur de Wakakoyu est que, à l’instar de Chiyotaikai sur la fin, ses tsuppari ne semblent plus vraiment faire bouger ses adversaires. Il suffit juste à Chiyootori d’encaisser et de plonger au moment opportun pour saisir le mawashi et l’affaire est dans le sac. Wakakoyu n’en a pas fini avec les difficultés. Tenter une henka en passant par dessus son adversaire est dangereux quand on a un grand gabarit : Yoshiazuma en fait l’amère expérience et se rapproche du make-koshi. Oiwato remporte une victoire facile. La chance de Tanzo dans son affrontement avec Tokushinho est de ne pas laisser son adversaire compléter son kimedashi, arme fatale en ce qui le concerne. Avec juste une demi-prise, Tokushinho se voit irrémédiablement repoussé vers l’extérieur. Combat nettement dominé pour Daido qui agonit Homarefuji de tsuppari avant de saisir son mawashi et, sans lui laisser une seconde de répit, déclenche un uwatenage mortel. Combat de très longue haleine entre Satoyama et Chiyoo, le premier et plus petit acquérant dès le départ une position assez favorable mais bloquée en dessous de l’aisselle gauche de son adversaire. Après deux minutes d’un affrontement très physique, c’est Satoyama qui, épuisé, parvient à sortir son adversaire du cercle. Dans la bataille de tsuppari entre Sotairyu et Chiyomaru, c’est le premier qui prend nettement l’avantage sur le poids lourd un peu vert et léger à ce niveau. Grand classique du sumo de vitesse de Takanoyama, le Tchèque bondit à l’atari pour saisir le bras de Nionoumi, l’attirer dans son mouvement et l’achever en oshidashi. Takanoyama revient à un score d’espoir et plombe le retour de Nionoumi.
En makushita, C’est Arawashi qui, au vu de son expérience, paraît le mieux placé pour accrocher un yusho qui lui permettrait en outre un retour chez les juryo. Absolument rien n’est joué quant aux montées puisque un seul lutteur en zone de promotion (le vétéran Kimurayama) est kachi-koshi à l’heure actuelle. En sandanme, Hitenryu a bien entendu la faveur des pronostics, alors que la jonidan devrait voir un parfait outsider triompher. Le neveu de Musashimaru, Musashikuni, ayant perdu hier, la route semble toute tracée pour un premier yusho de retour pour Keitenkai, infortuné blessé.
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