Aki basho 2013 – 8ème journée (Nakabi)

Au moins là c'est clair

Nakabi assez logique au final ce dimanche, avec le yokozuna toujours invaincu qui ne compte désormais plus qu’un poursuivant, en l’occurrence son adversaire régulièrement le plus sérieux. Le Mongol, qui a désormais en ligne de mire au plan comptable le mythique yokozuna Takanohana, qu’il pourrait dépasser au nombre de victoires en carrière comme en makuuchi lors du basho de Fukuoka, continue son cavalier seul entamé vendredi avec la défaite de Yoshikaze. Hakuho est en forme et décidé à le faire savoir et comprendre. Il fait surtout face à une résistance acharnée de Takarafuji en début de combat, ce qui amène la réaction classique de punition (Asashoryu était un spécialiste du style) : profitant de la position de blocage de son adversaire, il renverse alors subitement la vapeur pour renverser violemment ce dernier. Yobimodoshi, son 39^ème kimarite en carrière (encore loin des 46 d’Asashoryu, un nouveau défi ?). Bref, il semble mission impossible d’aller déloger l’ogre mongol d’ici le senshuraku.


Derrière lui, c’est donc l’ozeki Kisenosato qui pointe à un revers. Ayant (pour l’instant) récupéré au plan psychologique de son regrettable échec face à Okinoumi, le Nippon montre qu’il va falloir compter avec lui, jusqu’au bout on l’espère, pour le suspense. Démonstration de force et de calme de la part de Kisenosato, qui confirme qu’il est désormais le seul adversaire notable de Hakuho, dans ses combats comme sur le torikumi, où il est désormais seul à suivre le Mongol. Empoignant le mawashi de Toyohibiki de son seul bras droit, il ne précipite pas les choses et le reconduit dans un premier temps à la tawara avant de placer de solides mouvements de hanches qui finissent par mettre à bas la résistance de son adversaire. Du sumo solide à défaut d’être séduisant.


Derrière les deux leaders, ce sont sept hommes qui pointent maintenant à deux respectables longueurs. Harumafuji ne concède pas un troisième revers ce jour, aussi bien sur ce basho que face à son adversaire du jour, Chiyotairyu, qui a déjà deux kinboshi du Mongol dans son plan épargne retraite. Le yokozuna bout d’impatience, d’ou un matta. Le deuxième départ le voit bondir des lignes et se ruer sur Chiyotairyu, dont la résistance est vaine.


Grosse performance, plus notable que celle de Shohozan (voir plus loin), pour Myogiryu en pleine bourre qui pourchasse Kakuryu sur tout le pourtour du dohyo pour une victoire très nette. Le jeune sekiwake équilibre sa fiche et pourrait comme Goeido demeurer à sa position, en attendant mieux. Démonstration de force du Brésilien Kaisei qui annihile toute velléité de Yoshikaze, sorti sans coup férir en deux temps trois mouvements. Tenter une henka sur Aminishiki est un jeu dangereux, mais Aran est joueur. Le vétéran ne se laisse pas surprendre toutefois et contre, aboutissant à une chute mutuelle et un mono-ii logique. La victoire d’Aran est invalidée. Yorikiri simple et serein sur Takekaze pour le toujours vert Kyokutenho, dégagé de toute pression. Le Mongol se rapproche des joi-jin, voire qui sait des sanyaku. Impressionnant. De retour avec toute sa puissance, Homasho voit cependant Tamaasuka encaisser proprement ses assauts solides, et doit alors passer en phase de sumo de recul pour amener son adversaire au sol concomitamment à sa sortie. Mono-ii logique, avec torinaoshi à la clé. Mieux placé, Homasho remporte sans trop de soucis la deuxième confrontation sur yorikiri.

Henka ou tout comme pour Goeido qui se met en position favorable pour achever l’infortuné Ikioi sur oshidashi. Le sekiwake devrait maintenir son rang sans trop de soucis. Enorme henka de Shohozan qui laisse tomber Kotoshogiku tout seul, avec une expression qui en dit long au sortir du combat. Les retrouvailles en novembre promettent d’être intéressantes.


Tochiozan prévaut au terme d’un combat échevelé à base de tsuppari. Le komusubi équilibre sa fiche aux dépens de son alter-ego Takayasu, encore un peu tendre à ce rang. Double jeu de dupes entre Kitataiki et Aoiyama. Au jeu de l’esquive, les Européens sont souvent les plus forts, le Bulgare en profite pour remporter un précieux succès à son rang périlleux. Tokitenku n’a pas le temps de placer un de ses crochetages favoris, pris sous sa garde par Okinoumi qui le sort vite en oshidashi. Ecart subtil à la tawara pour Toyonoshima, qui ne trompe cependant pas : le lutteur de poche est loin du niveau qu’il a pu connaître. Shoterno va devoir lui batailler pour sauver sa place en makuuchi. Pourtant bien positionné au mawashi, Wakanosato a un mal fou à imposer le reste de son physique à Fujiazuma. Le sukuinage limite qui le voit enfin remporter son premier succès du basho ne cache pas la féroce impression de déjà-vu que le vétéran donne : Miyabiyama, sors de ce corps !


Kotoyuki a l’initiative au début de combat, mais Tokushoryu inverse la tendance et ne loupe pas, lui, l’occasion. Surclassé par la puissance de Gagamaru, Endo subit une lourde défaite en oshitaoshi aux mains du double quintal géorgien.


Victoire tranquille de Tochinowaka qui enserre Tamawashi pour une sortie imparable. Pas de veine pour Masunoyama qui bulldoze dans un premier temps Sadanofuji avant de tenter une projection contrée qui voit les deux poids lourds s’écrouler quasi simultanément au sol. Les shimpan confirment cependant la victoire de Sadanofuji. Combat de poids lourds entre Asahisho et Tenkaiho, le deuxième cité se voyant repoussé mais parvenant à attirer au sol son adversaire.


En juryo, le quartette devient trio. Kyokushuho quitte en effet la tête après son affrontement du jour face au hiramaku Jokoryu. L’ancien universitaire encaisse la poussée du Mongol et parvient alors à déclencher un shitatenage très aérien avec un magnifique lever de jambe. Belle conclusion à ce combat, sauf pour Kyokushuho, qui voit donc un trio s’échapper. Osunaarashi est encore un peu brouillon, mais il développe une vivacité qui lui permet de percer la cuirasse de Chiyonokuni, un peu naïf sur ce coup. Basho encore exemplaire pour l’Egyptien qui se rapproche de la makuuchi. Prise de mawashi plus profonde pour Kagamio qui poursuit sur sa lancée en battant Daikiho sur uwatenage. Plus vif et saisissant le mawashi à bras le corps, Terunofuji l’emporte nettement sur Satoyama. Les trois leaders cumulent seulement cinq basho complétés dans l’élite.

Combat patient d’Asasekiryu qui encaisse l’atari puis bloque Sokokurai. Le Mongol Intérieur entame alors un festival de tentatives, étant bien proche de projeter son adversaire à maintes reprises. Mais Asasekiryu est le Kotonowaka mongol et parvient au final, après avoir contré toutes les attaques adverses, à inverser la vapeur pour un joli succès. Combat quasi contre nature pour Takanoiwa qui accepte l’épreuve de force à base de tsuppari que lui impose Chiyootori. Le Mongol fait mieux que résister, conservant la lucidité qui lui permet d’attirer subtilement Chiyootori au sol au moment opportun quand celui-ci est trop avancé. Plus tactique qu’il n’y paraît au premier abord. Repoussé nettement à la tawara, Azumaryu fait preuve de plus d’intelligence et de lucidité que Tokushinho en profitant de la précipitation de son adversaire qui se voit mystifié par le décalage du Mongol à la tawara. Wakakoyu n’est toujours pas en forme olympique, mais face à Oiwato qui compte nombre d’occasions et ne sait les convertir, il décroche un succès précieux à défaut d’être tranquille. Toujours aussi « décharné », Kitaharima retrouve le temps d’un combat sa hargne typique pour contrer l’atari de Homarefuji (peut-être blessé) et l’envoyer furieusement hors les balles de riz. Grosse déconvenue pour Akiseyama qui surclasse Seiro en puissance mais se fait pivoter à la tawara et chute au contact. Les shimpan accordent cependant un torinaoshi car Seiro est sorti dans le même temps. Akiseyama ne loupe pas sa chance en échappant à la tentative de henka et aux projections du Mongol pour un succès en force. Gros manque de repères de Daido qui se fait emmener stupidement par Chiyoo au sol pour un revers piteux. Tanzo se fait blouser en hatakikomi par Yoshiazuma en gros besoin de victoires. Tout aussi dans le besoin, Takanoyama a la chance d’affronter un lutteur qu’il maîtrise bien, Sotairyu. Tout en vivacité comme son adversaire, le Tchèque est plus lucide et s’empare le premier du mawashi pour un yorikiri express. Invité pour la première fois de sa carrière au festin de juryo, Kairyu ne manque pas l’occasion de montrer sa faim de victoires en rivalisant de tsuppari avec l’imposant Chiyomaru pour le sortir en tsukidashi, s’il vous plait.

Bien difficile de distinguer des favoris dans les divisions non salariées, les grands favoris ayant pour la plupart enregistré des défaites casquettes, dont Tosayutaka, qui rechute puisque kyujo ce jour. Seuls Hitenryu et Keitenkai semblent pouvoir prétendre à un retour vainqueur de blessures.