Aki basho 2013 – 7ème journée (Nanoka-me)

Tout le monde veut prendre sa place...

Oui, le champion ultime du sumo des années 2010 ne manque pas d’adversité, comme les candidats du jeu télévisé éponyme du titre de cette chronique. Mais si l’adversité ne manque pas au plan numérique, il est sans doute plus difficile d’affirmer la même chose en parlant d’une adversité crédible au plan de l’affrontement direct comme sur la durée d’un basho. Asashoryu reparti vers ses steppes depuis belle lurette, Baruto en route vers une ferme des bords de la Baltique, que reste-t-il face à Hakuho ? Un yokozuna en mode pointillés, capable d’éclairs de génie et de lui fournir une adversité de temps à autres, le temps d’un zensho-yusho… mais Harumafuji a déjà concédé deux revers en première semaine, et l’on sait qu’il n’est plus à même d’être crédible par la suite dans de telles circonstances. Le paquet d’ozeki est lui constitué du Bulgare Kotooshu, parti vers les cimes des records de longévité mais plus crédible depuis longtemps. Blessé, il est d’ailleurs kyujo ce jour et ne devrait pas échapper à un (nouveau) kadoban). Kakuryu et Kotoshogiku sont à leur place mais n’ont jamais paru en mesure de viser autre chose que des accessits. Seul Kisenosato se détache, mais son manque de versatilité technique et une certaine fragilité mentale le condamnent sans doute à rester un joli numéro deux. Pour le reste, il n’est que de voir les jeunes pousses alterner exploits et grosses cagades pour se convaincre que le prochain yokozuna, Japonais ou Mongol, n’est pas encore en sanyaku ou en joi-jin. Bref, à la veille du nakabi, la route du 27^ème yusho est déjà bien ouverte pour le dai-yokozuna qui a ce jour égalé le nombre de victoires en carrière du yokozuna Musashimaru (dont le neveu Musashikuni fait de bons débuts pour son premier tournoi professionnel).
Vous l’aurez compris, ce n’est pas encore aujourd’hui qu’on aura vu Hakuho concéder sa neuvième kinboshi en carrière (chiffre déjà dépassé par Harumafuji, au passage). Il n’a pratiquement pas à lever le petit doigt face à Chiyotairyu (qui au passage a une fiche de 2-0 face à l’autre yokozuna), se contentant de contenir l’atari du jeunot avant de voir celui-ci glisser seul au sol, sonné par l’impact peut-être. Hakuho demeure seul invaincu.


Et la meute se réduit. Ils ne sont désormais plus que trois à la poursuite, dont deux ozeki. Kisenosato, assez détendu, enserre les bras de Myogiryu avant de placer un petit décalage mortel et de terminer tranquillement en oshidashi. La fin du basho pourrait être intéressante si l’ozeki ne grille pas une seule autre cartouche avant samedi prochain.


Sans doute moins dangereux pour le sprint final que le Japonais, Kakuryu gagne aux forceps un combat marathon contre Okinoumi, qui aurait pu se voir accorder un mono-ii, Kakuryu étant très proche de l’extérieur de la tawara au moment où il place son superbe tour de hanches pour vaincre son adversaire sur uwatenage.


Encore en course hier matin, Yoshikaze complète le trio des poursuivants après une victoire très frontale face au roublard Tokitenku.

Les poursuivants à cinq victoires sont eux bien plus nombreux (9). Kotoshogiku rejoint bien malgré lui ce groupe après une défaite nette en yorikiri aux mains de Tochiozan, bien aidé par un matta qui semble avoir déstabilisé l’ozeki.


Spéciale Isegahama (d’aucuns diraient henka) pour Harumafuji qui se rassure face à Toyohibiki (mais ne rassure peut-être pas le Rijicho…).


Kaisei fait subir sa loi au puissant Fujiazuma. Aoiyama se montre très puissant face à Aminishiki qu’il ballade sur la moitié du dohyo avant de l’attirer au sol, « à l’européenne ». Papy Kyokutenho est aujourd’hui totalement impuissant face au sumo direct et franc de Kotoyuki qui l’emporte avec aisance sur un oshidashi puissant. Henka vengeresse de Takekaze qui mystifie Tamawashi. Homasho n’est pas à sa place, cela se sent au niveau physique. Solide, l’Apache contient Sadanofuji avant de saisir le mawashi pour l’envoyer au sol. Sumo de recul efficace à défaut d’être spectaculaire pour Endo, en recherche de succès pour continuer sa marche avant.


Victoire expéditive de Kitataiki qui repousse facilement Tokushoryu. Bien trop haut après le tachiai, Aran se fait saisir le mawashi sous les bras et doit subir son premier revers en huit rencontres face à Shotenro qui n’en demandait pas tant. Toyonoshima s’en sort enfin face à un adversaire qui lui réussit. Sa manœuvre de contournement-poussée n’efface pas un basho pour l’instant bien manqué à son rang. Pas de côté de Jokoryu qui saisit le mawashi de Tochinowaka et déclenche un uwatenage net et sans bavures. Puissant et placé, Gagamaru applique avec justesse des tsuppari indéfendables pour Wakanosato, décidément très proche de la sortie (définitive ?).


En juryo, on assiste peut-être à un joli renouvellement, puisque parmi les quatre lutteurs occupant avec six succès la tête, le plus ancien chez les salariés n’est autre que Kyokushuho avec deux années d’expérience à ce niveau. Osunaarashi paraît clairement diminué par une blessure à la jambe gauche, ce qui ne l’empêche pas d’assurer une sixième victoire avec les moyens du bord (et un peu de naïveté de Homarefuji) sur un hatakikomi de raccroc. Le succès de Kyokushuho sur Daido est tout aussi « spectaculaire », d’ailleurs. Gros travail au mawashi de Kagamio qui fait pivoter Akiseyama de longues secondes avant de renverser le mouvement pour s’imposer sur uwatenage. Terunofuji ne se laisse pas impressionner par le gabarit de Chiyomaru ; plus vif, il le contre assez facilement pour l’expulser sans coup férir.

Henka monstrueuse de Sokokurai, bien décidé à faire feu de tout bois pour retrouver sa place en makuuchi, en attendant de retrouver son véritable niveau comme rikishi. Un affrontement en oshizumo pur entre deux Mongols, voilà qui est rare : C’est Takanoiwa qui, à ce jeu-là, domine en puissance Seiro dont la première semaine confine à la catastrophe. Grosse bataille rangée de tsuppari entre Satoyama et Chiyonokuni, ce dernier l’emportant d’extrême justesse avec l’appui des shimpan sur hatakikomi un combat toutefois mené de bout en bout. Le sumo en puissance de Wakakoyu n’est efficace que s’il y a de la puissance, justement. C’est une explication assez simple de son nouveau revers sur un uwatenage en contre du Mongol Azumaryu. Gros oshizumo de Chiytairyu, qui ne parvient pas à conclure. Mal lui en prend car dans le travail au mawashi qui s’ensuit, Tano trouve les ressources pour contrer l’uwatenage de son adversaire pour un succès mérité. Takanoyama ne trouve pas la solution ce jour, pris à la gorge au figuré puis au propre par Asasekiryu qui termine durement le travail sur okurinage. Oshidashi simplissime mais efficace pour Tokushinho, plus compact que le grand gabarit assez mou de Yoshiazuma. Oshizumo hyper-violent de Daikiho qui manque toutefois trop de lucidité et subit un décalage de Sotairyu qui le sort dans la foulée. Coup finement joué pour Chiyoo qui profite du barrage offert en décalé par Oniarashi pour renverser la vapeur et le choir sur un tout petit uwatenage. Avec Kotomisen, tombé sur watashikomi par Kitaharima dominé mais ultra-volontaire, ce sont donc deux prétendants à l’accession qui voient leurs ambitions douchées pour l’heure.